Cette semaine, je vous propose d’en savoir plus sur les talentueux Louis Rigaud et Anouck Boisrobert, un duo qui nous propose toujours des ouvrages surprenants. À la suite de cette interview vous pourrez tenter de gagner leur dernier album pop-up, le magnifique Oh ! Mon chapeau. Ensuite, c’est avec Stéphane Nicolet que nous avons rendez-vous pour la rubrique Parlez-moi de… il revient sur un ouvrage magnifique, Carnet de voyage en Gitanie. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Anouck Boisrobert et Louis Rigaud
Pouvez-vous chacun nous parler de votre parcours ?
Anouck Boisrobert : j’ai fait une mise à niveau métiers d’art à l’école Estienne, un DMA illustration à l’école Estienne puis je suis entrée aux Arts décoratifs de Strasbourg dans l’atelier Didactique visuelle.
Louis Rigaud : J’ai fait un an aux ateliers de Sèvres à Paris avant d’aller à Strasbourg en didactique visuelle où j’ai croisé la route d’Anouck.
Que lisiez-vous quand vous étiez enfant/adolescent-e ?
A.B. : J’avais toute une collection de vieux J’aime lire qui appartenait à un grand cousin et que j’ai lu et relu. Les romans de l’école des loisirs, Le club des 5, Le petit Nicolas, les Kamo de Daniel Pennac… Je lisais beaucoup de bandes dessinées aussi. Adolescente on m’a offert un livre de conte illustré par Lizbeth Zwerger et ça a été mon premier coup de foudre pour une illustratrice.
L.R. : Je lisais pas mal de choses différentes, avec une prédilection pour les livres jeux, ou livres dont vous êtes le héros. Je passais beaucoup de temps aussi à décortiquer les Copains des bois et autres livres de bricolages, d’expériences scientifiques ou de petites bêtes. Adolescent je lisais beaucoup de nouvelles, souvent fantastique. J’adorais Lovecraft ou Poe par exemple.
Parlez-nous de votre collaboration, comment travaillez-vous ensemble ?
On est assez complémentaire et le pop-up nous permet de nous retrouver pour travailler ensemble facilement.
Louis s’occupe maintenant de l’ingénierie papier, et Anouck des illustrations.
Ça commence par une petite idée, une envie qui vient de l’un ou l’autre. On en discute, on laisse mûrir un peu. Et puis on fait des petites maquettes en papier tous les deux, on gribouille pour trouver une piste graphique, on essaie de trouver un fil conducteur, on continue à faire de plus en plus de maquettes jusqu’à être envahi. On fait le point, on discute avec notre éditrice, et on se lance pour aboutir sur une maquette définitive.
Louis aime bien les défis techniques et Anouck aime bien trouver des idées compliquées à réaliser.
Tip Tap, un de vos premiers livres, ressort. Avez-vous été tenté de le retravailler ?
On a refait la couverture et changé un peu les couleurs pour que ce soit un peu plus vif. Le livre est maintenant plus beau, et le jeu peut fonctionner directement en ligne sans avoir besoin du CD. Il marche même sur Linux.
On aurait aimé travailler d’autres univers, en faire une version pour tablette, imaginer une version multilingue… Peut être qu’un jour tout ça se fera, mais nous avions déjà passé tellement de temps sur ce projet que passer à autre chose a aussi du bon.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre dernier ouvrage Oh ! Mon chapeau ?
C’est encore un pop-up ! Mais nous avons cette fois-ci imaginé une histoire autour d’un petit garçon, d’un chapeau et d’un singe voleur. C’est une course poursuite dans une ville, il y a tout un jeu graphique sur les formes et le pop-up sert ici à dévoiler « l’envers du décor ». On joue à cache-cache avec le petit singe, c’est une histoire sur l’imagination, sur le dessin…
Quels sont vos projets ?
On travaille sur un nouveau projet avec Hélium, on aimerait parallèlement développer une application ensemble et aussi mener chacun de notre côté des idées de livre pour l’une et de jeu pour l’autre.
Bibliographie ensemble :
- Oh ! Mon chapeau, Hélium (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Océano, Hélium (2013).
- Liberté, Flammarion (2012).
- Dans la forêt du paresseux, Hélium (2011).
- Tip-Tap, Hélium (2011), que nous avons chroniqué ici et là.
- Popville, Hélium (2009).
Bibliographie d’Anouck Boisrobert seule
- Tremblement de tête, illustration de textes d’Hervé Suhubiette, Didier Jeunesse (2010).
Retrouvez Louis Rigaud sur son site et Anouck Boisrobert sur le sien.
Concours :
Grâce aux éditions Hélium, je vais pouvoir offrir à l’un-e de vous le magnifique Oh ! Mon chapeau (que nous avons chroniqué ici). Pour cela, dites-nous en commentaire à cet article quel est votre pop-up préféré, vous participerez au tirage au sort. Vous avez jusqu’à mardi 20 h.
Parlez-moi de… Gitanie, carnet de voyage
Régulièrement, on revient sur un livre qu’on a aimé avec son auteur, son illustrateur et/ou son éditeur. L’occasion d’en savoir un peu plus sur un livre qui nous a plu. Cette fois-ci, c’est sur Gitanie, carnet de voyage (chroniqué ici), un magnifique album/documentaire (plus proche de l’album que du documentaire). Stéphane Nicolet, illustrateur, a accepté de nous en parler.
Stéphane Nicolet : Le documentaire Gitanie carnet de voyage est certainement le livre dont je suis le plus fier.
Il est vraiment le résultat d’un travail à 4 mains et n’aurait pas du tout ressemblé à cela si Emmanuelle ou moi y avions travaillé seuls, tant au niveau de sa forme, de son écriture, que de ses illustrations.
Le travail préparatoire a été très long (presque deux ans d’ateliers avec les petits voyageurs de mon côté et tout autant de lectures ethnomanouchisantes et de chapitrage pour Emmanuelle) mais la réalisation rapide.
Le point de départ de ce livre, c’est une série de tableaux que j’avais réalisés : un imagier gitan, des figures classiques, un peu romantiques du monde gitan, bref la partie plaisante et bohème qui plaît tant aux gadjés. Emmanuelle Garcia (editions Mama Josefa) avait très envie de les éditer, mais pas sous une forme d’album comme j’avais imaginé, plutôt en documentaire, avec beaucoup plus de fond.
Après des négociations pas trop violentes, nous sommes tombés d’accord sur un carnet de voyage immobile (à l’image de la sédentarisation des voyageurs) avec une partie narrative (tirée des mes rencontres avec les gens du voyage) qui introduit à chaque page un contenu documentaire.
C’est un livre qui a l’ambition de marave les idées reçues à coups de pouchka (je vous laisse chercher la traduction) et je crois bien qu’il y parvient !
Grâce à une asso (d’ici et d’ailleurs) qui a cofinancé le livre, nous avons pu l’offrir à toutes les familles de voyageurs du bergeracois, et d’ailleurs, la meilleure critique qu’on ait pu recevoir, c’est une délégation de 5 papas manouches qui me l’a offerte :
« c’est bien le gadjo ! t’as pas mis trop des conneries dans le bouquin ».
![]() Gitanie carnet de voyage d’Emmanuelle Garcia et Stéphane Nicolet (avec une nouvelle de Didier Daeninckx) Sorti chez Mama Josefa (2013) Chroniqué ici. |