Aujourd’hui, c’est avec Claudia Bielinsky que je vous propose de passer un moment. Autrice-illustratrice qui séduit les tout-petits (et les plus grands), elle nous parle de son parcours et de son travail. Ensuite, on a rendez-vous avec Hélène Vignal qui nous livre ses coups de gueule et ses coups de cœur, accrochez-vous ! Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Claudia Bielinsky
Parlez-nous de votre parcours.
Je suis Argentine, et je vis à Paris depuis 1987.
Dans ma « première » vie, après avoir fait mes études aux Beaux-Arts de Buenos Aires, la peinture et la gravure étaient mon quotidien.
Pendant mes études et aussi après, j’ai travaillé dans le domaine de l’art avec les enfants. Je ne sais pas pourquoi, communiquer avec les tout-petits a toujours été naturel et facile pour moi.
Quand j’ai décidé de « changer de métier » (ma deuxième vie) pour faire des livres jeunesse, travailler pour les enfants de 0-5 ans était une évidence pour moi.
Pouvez-vous nous parler de Valise surprise, sorti il y a peu aux éditions Casterman ?
J’essaye avec Valise surprise de faire un mini parcours où dans chaque page il y a un seul personnage (toujours des animaux anthropomorphisés) avec chacun une caractéristique et une surprise à l’intérieur de la valise qu’il porte.
Je travaille avec les flaps de façon à introduire la notion du temps et d’animation (avant- après, intérieur-extérieur) et dans le pop-up final la notion du groupe, un chouette voyage avec les amis !
Ce qui m’intéresse c’est que mes livres puissent avoir plusieurs « lectures », toujours avec de l’humour…
La maison des bisous est un classique chez moi ! C’est le livre dont on vous parle le plus ?
La maison des bisous c’est un livre que j’aime beaucoup et j’ai eu la chance qu’il ait été traduit dans plusieurs langues.
C’est très émouvant pour moi de savoir que des enfants d’autres pays, de cultures différentes, certaines que je ne connais même pas, peuvent lire mes livres, par exemple en Espagne, Italie Chine, Corée, Japon, etc., etc.
J’ai eu la chance récemment d’avoir reçu la demande de mes éditeurs de le refaire 10 ans après la première version, et je l’ai redessiné en entier en changeant un peu le texte.
Je dois vous avouer que maintenant la nouvelle version est ma préférée !
J’adore raconter La maison des bisous aux enfants quand je suis dans les écoles ou dans les bibliothèques.
Quelles techniques d’illustration utilisez-vous ?
Les premiers livres ont été faits de façon « traditionnelle » papier/pinceaux/acrylique.
Après j’ai commencé à travailler avec des collages et aux crayons de couleur sur papier, avec une petite intervention numérique sur les fonds (Le plus beau cadeau du monde), et, à partir de là, je me suis lancée à travailler complètement sur ordinateur, je scanne des textures qui m’intéressent et je mélange tout.
Je ne travaille pas en « vectorielle », mais je dessine, je coupe, je colle à l’ordi.
Les résultats me procurent de la satisfaction pour le moment…
Où trouvez-vous votre inspiration ?
Généralement en marchant, et c’est parfois une image ou une phrase qui déclenche une idée…
Quelles étaient vos lectures d’enfant et d’adolescente ?
Enfant et adolescente en Argentine, comme toutes les mômes de ma génération, Maria Helena Walsh (merveilleuse auteure et musicienne), mais aussi Monteiro Lobato (auteur brésilien). Adolescente, Julio Cortazar, Gabriel Garcia Marquez….
Parlez-nous de vos prochains ouvrages
En mars va sortir 1,2, 3 Varicelle !!! (chez Casterman), un livre animé pour apprendre à compter avec les boutons de varicelle (qui n’épargne aucun enfant à l’école). En même temps, on découvre une partie du corps et c’est très drôle, j’espère… !
Depuis 2017, je travaille pour Bayard Presse : je sors une histoire par an dans le magasin Tralalire. Cette année va sortir aux éditions Bayard (l’équivalent, côté livre) La rentrée de Roudoudou. Une petite bande de copains de maternelle, tous différents, mais complémentaires, pas de héros, chacun les problèmes selon ses caractéristiques, avec de l’humour et ses propres idées !
Bibliographie :
- 1, 2, 3 Varicelle, texte et illustrations, Casterman (à paraître, mars 2018).
- La maison des bisous, texte et illustrations, Casterman (nouvelle édition 2017).
- Valise surprise, texte et illustrations, Casterman (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Prêt pour le grand jour ?, texte et illustrations, Bayard Jeunesse (2017).
- C’est la ronde des saisons, texte et illustrations, Casterman (2016).
- Au dodo doudou !, texte et illustrations, Casterman (2016).
- 1, 2, 3… j’enlève tout !, texte et illustrations, Casterman (2015).
- Le plus beau cadeau du monde, texte et illustrations, Casterman (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Poisson, poissons !, texte et illustrations, Casterman (2010).
- Cache-cache à l’école, texte et illustrations, Casterman (2006).
Le coup de cœur et le coup de gueule de… Hélène Vignal
Régulièrement, une personnalité de l’édition jeunesse (auteur·trice, illustrateur·trice, éditeur·trice…) nous parle de deux choses qui lui tiennent à cœur. Une chose qui l’a touché·e, ému·e ou qui lui a tout simplement plu et sur laquelle il·elle veut mettre un coup de projecteur, et au contraire quelque chose qui l’a énervé·e. Cette semaine, c’est Hélène Vignal qui nous livre ses coups de cœur et ses coups de gueule.
Un seul coup de gueule c’est pas assez pour dénoncer nos vicissitudes, voici une courte liste de 10 coups de gueule (dans le désordre parce que je déteste aussi les classements) :
- L’État français qui continue de nier ses responsabilités en matière d’accueil de migrants et en particulier de mineurs étrangers.
- Les internautes qui se croient obligés d’écrire tous leurs posts sur un ton enjoué, qui finit par donner la nausée (particulièrement développé chez certaines autrices jeunesse, les filles reprenez-vous !)
- Le manque de place d’accueil d’urgence pour les adolescents en crise.
- La non-reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle.
- Les droits d’auteurs en dessous de 10 % et les à-valoir ridicules pour les auteurs jeunesse.
- Les media où les journalistes s’expriment comme si la France entière vivait à Paris.
- Les parents qui répondent à la place de leur enfant.
- Les arbres coupés pour des motifs futiles.
- Ceux qui achètent des prestations sexuelles.
- L’entre-soi.
Et un seul coup de cœur pour embrasser le monde, c’est bien trop peu, en voici 10 :
- Le roman « Je n’ai pas peur » de Niccolo Ammaniti.
- Les profs qui continuent de porter des projets malgré les freins de leur institution et aussi ceux qui, en plus, trouvent le temps de faire du bénévolat dans des associations pendant leur temps libre.
- Le discours de Françoise Nyssen du 7 février 2018 sur l’égalité femmes-hommes dans le domaine de la culture (http://www.culturecommunication.gouv.fr/Presse/Discours/Discours-de-Francoise-Nyssen-prononce-a-l-occasion-du-comite-ministeriel-pour-l-egalite-entre-les-hommes-et-les-femmes-dans-la-culture-et-la-communication-mercredi-7-fevrier).
- La chanson « pili pili » de Gaël Faye.
- Les dessins de Adrien Yeung (http://adrienyeung.tumblr.com).
- L’hebdomadaire « Le 1 ».
- Le talent de mes compatriotes pour les fêtes de village (en particulier grâce aux nombreux bénévoles cf. plus haut).
- Le nombre de salons du livre jeunesse qu’il y a dans ce pays.
- L’exploit des dames, dans les EHPAD, qui parviennent à rester douces et attentives malgré leurs conditions de travail.
- Des gens comme Cédric Hérrou, Françoise Gogois, Daniel Houdin, Martine Landry, Gérard Bonnet, Pierre-Alain Mannoni et tant d’autres qui se font poursuivre par l’État français pour avoir aidé des réfugiés.
Bibliographie :
- Manuel d’un garçon invisible, Rouergue (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Qui es-tu Morille ? /D’où viens-tu Petit-Sabre, Rouergue (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Casseurs de solitude, Rouergue (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Plan B pour l’été, Rouergue (2012), que nous avons chroniqué ici.
- La Fille sur la rive, Rouergue (2011).
- La Nuit de Valentine, Rouergue (2011).
- L’Ébouriffée, Rouergue (2009).
- Sorcières en colère, Rouergue (2008).
- Zarbi, Rouergue (2008).
- Gros dodo, Rouergue (2007).
- Trop de chance, Rouergue (2007).
- Bière Grenadine, Rouergue (2007).
- Les Rois du Monde, Rouergue (2006).
- Passer au rouge, Rouergue (2006).
- Le Grand Concours, Rouergue (2005).

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !