Je connais le travail de Lili la baleine depuis quelque temps déjà, mais je ne l’avais encore jamais interviewée. La sortie récente de son très beau livre musical Les saisons en musique, était l’occasion idéale. À la suite de cette interview, on partira en vacances avec l’autrice-illustratrice Judith Gueyfier. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Lili la baleine
Racontez-nous votre parcours, comment devient-on Lili La Baleine ? (et pourquoi ce pseudo d’ailleurs ? Est-ce pour protéger votre vie privée et que les paparazzis ne vous trouvent pas ?)
Je dessinais peu pendant l’enfance (oui, ça commence bien). Licenciée en STAPS, « la fac de sport » (c’est bien connu, les règles du Judo sont une ressource indispensable pour une illustratrice), j’ai été ensuite prof des écoles. Je me suis transformée en baleine une fois, puis deux (pendant 9 mois ^^). Au cours de la seconde transformation, je me suis adonnée à différentes bavures artistiques. Poussée par un souci d’originalité féroce, j’ai créé en 2009 un blog BD (non personne ne faisait ça à l’époque voyons) sous le pseudo : « Lili la baleine ». J’illustrais ma vie quotidienne fascinante (ah non, ça c’était déjà pris). Au bout d’un petit moment, un gentil éditeur m’a contactée et après quelques ratés, un premier livre est paru. Comme mon nom était le plus porté de France, j’ai gardé mon pseudo sans imaginer que de fil en aiguille je dessinerais de plus en plus, et en ferais mon métier.
Pouvez-vous nous parler de votre dernier album, Les saisons en Musique, et sur la façon dont vous avez travaillé dessus ?
C’est un album musical pour les touts petits publié aux éditions Hatier. J’ai également écrit et illustré le titre précédent de la collection Un monde en musique.
J’ai vraiment beaucoup aimé le processus sur cet album. En plus de l’écriture et de l’illustration, j’ai pu m’impliquer avec Hatier sur le choix des titres musicaux. Les saisons sont souvent associées à Vivaldi, ici nous avons travaillé avec des morceaux de jazz.
Quelles sont les techniques d’illustrations que vous utilisez et comment choisissez-vous laquelle vous allez utiliser pour un projet ?
Je travaille intégralement sur ma tablette graphique. Dès les premiers croquis de recherche jusqu’à la mise en couleur, tout est réalisé numériquement. C’est par cette technique que je suis entrée dans le dessin de manière autodidacte. Chaque outil amène un rendu différent avec lequel on peut jouer pour s’adapter à chaque projet. On me demande régulièrement si je suis attirée par les techniques traditionnelles. Pour l’instant, j’ai beaucoup à explorer avec les outils numériques mais peut-être qu’un jour un projet m’amènera à basculer de l’autre côté de la force. 😉
Quelle technique vous aviez utilisée pour À petits pas dans la ville, le très beau cahier de coloriage que vous avez sorti chez Maison Eliza ?
Oh merci ! 🙂 Là aussi, tout est numérique. Maison Eliza n’avait pas de coloriage dans son catalogue : j’avais envie de leur en proposer un. Il fallait trouver une idée adaptée à leur identité. Je suis donc partie sur une histoire à colorier.
Très vite l’idée d’un album sans texte s’est imposée pour laisser place à un maximum de détails (des petites histoires parallèles, des clins d’œil à d’autres titres de Maison Eliza…). J’ai choisi un pinceau moins lisse que pour un coloriage habituel et un joli pantone « moutarde » pour dynamiser les illustrations.
Vous avez sorti plusieurs ouvrages dans cette jolie maison d’édition, parlez-nous de cette collaboration.
C’est une jeune maison dont j’aime beaucoup la ligne éditoriale et la philosophie solidaire et responsable, chaque livre est réfléchi singulièrement sur tous ces aspects. J’ai eu la chance d’illustrer un de leurs premiers albums et je collabore depuis régulièrement avec eux. Au fil des ouvrages, une amitié s’est créée. La liberté et l’écoute qu’elle m’offre me poussent à me renouveler à chaque nouveau projet.
Quel·le·s sont les illustrateurs et illustratrices dont le travail vous touche tout particulièrement ? Certain·e·s vous inspirent ?
Dur de choisir, la liste risque d’être longue comme un teckel. J’ai envie de dire, Isabelle Arsenault pour la poésie qui se dégage de l’ensemble de son travail, c’est assez incroyable. Je suis aussi une grande fan de Sasek.
Il y en a beaucoup d’autres bien sûr : Sébastien Pelon, Benjamin Chaud, Maurèen Poignonec…
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Je crois que Chante pinson de Romain Simon (Père Castor) est mon tout premier souvenir de lecture. Pendant très longtemps, ça a été ma référence de ce que doit être un album jeunesse. J’ai encore mon exemplaire d’enfant… il a bien vécu. ^^
Plus tard, j’ai été fascinée par toutes les histoires farfelues des Contes de la rue Broca de Pierre Gripari. À l’adolescence, j’étais une lectrice très irrégulière (je le suis toujours) mais mon premier vrai souvenir de lectrice est Le blé en herbe de Colette : c’est le premier roman que j’ai lu d’une traite pour le plaisir sans obligation.
Quelques mots sur vos prochains ouvrages ?
Je viens de finir Sur le chemin de l’école d’Anne Loyer qui paraitra au printemps chez Maison Eliza (encore eux 😉 ). Je m’apprête à retrouver l’équipe d’Hatier et Ingrid Chabbert pour les tomes 3 et 4 de Noémie Broussailles, une série de première lecture. De nouvelles collaborations sont prévues en 2020, j’ai hâte !
Bibliographie sélective :
- Les saisons en musique – De grandes mélodies pour découvrir le jazz, texte et illustrations, Hatier Jeunesse (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Les bonnes résolutions du Père Noël, illustration d’un texte de François Morel, Michel Lafon (2019).
- Les saisons en musique, textes et illustrations, Hatier (2019).
- Les plus belles lettres de Noël (et la mienne !), textes et illustrations, Langue au chat (2019).
- Tino Rossi chante Petit papa Noël, illustration de textes de Tino Rossi, Playbac (2019).
- Tristan joue avec le vent, illustration d’un texte d’Anne Clairet, Auzou (2019).
- À petits pas dans la ville, texte et illustrations, Maison Eliza (2019).
- Ce géant, mon ami, illustration d’un texte d’Ingrid Chabbert, Maison Eliza (2018).
- Mamie est partie, illustration d’un texte de Pog, Gautier-Languereau (2017), que nous avons chroniqué ici.
- La part du singe, illustration d’un texte de Pog, Bilboquet (2017).
- Lady Moon, illustration d’un texte de Bénédicte Prats, Éditions Cépages (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Colos mystères avec des codes, illustration d’un texte d’Aurélie Desfour, Deux coqs d’Or (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Colo géant jardin merveilleux, Deux coqs d’or (2015), que nous avons chroniqué ici
- Bracelets du monde, illustration d’un texte de Karine Thiboult, Deux coqs d’or (2014), que nous avons chroniqué ici.
Le site de Lili la baleine : https://www.lililabaleineverte.fr.
En vacances avec… Judith Gueyfier
Régulièrement, nous partons en vacances avec un·e artiste. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi j’adore partir comme ça avec quelqu’un, on apprend à la·le connaître notamment par rapport à ses goûts… cet·te artiste va donc profiter de ce voyage pour nous faire découvrir des choses. On emporte ce qu’elle·il veut me faire découvrir. On ne se charge pas trop… Des livres, de la musique, des films… sur la route on parlera aussi de 5 artistes qu’il·elle veut me présenter et c’est elle·lui qui choisit où l’on va… 5 destinations de son choix. Cette fois-ci, c’est avec Judith Gueyfier que nous partons ! Allez, en route !
5 albums jeunesse
- Jean-Michel et la révolution en Poponie, Magali Le Huche
- Costumes, Joëlle Jolivet
- 52 petits mensonges et autres vérités, David Dumortier et Évelyne Mary
- Capricieuse, Lucile Placin et Béatrice Fontanel
- Première année sur la terre, Zaü et Alain Serres
5 romans
- L’autre moitié du Soleil, Chimamanda Ngozie Adichie
- Le charme des après-midi sans fin, Dany Laferrière
- La chorale des maîtres bouchers, Louise Erdrich
- Le chemin des Âmes, Joseph Boyden
- La ballade de l’impossible, Haruki Murakami
5 DVD
- Le labyrinthe de Pan, Guillermo Del Toro
- J’ai perdu mon corps, Jérémy Clapin
- Tetro, Francis ford Coppola
- Julie and Julia, Nora Ephron
- Total Recall, Paul Verhoeven
5 CD
- Toumani Diabaté, Boulevard de l’indépendance
- Kate Bush, The dreaming
- Fatoumata Diawara, Fenfo
- Odeia, Escale et Parlami
- Oum, Zarabi
5 artistes
- Ousmane Sow
- Anselm Kiefer
- Sally Mann
- Hassan Hajjaj
- Malik Sidibé
5 BD
- L’année du lièvre, Tian
- Come Prima, Alfred
- Les années douces, Taniguchi et Kawakami
- Aya de Yopougon, Marguerite Abouet et Clément Oubrerie
- La guerre d’Alan, Emmanuel Guibert
5 livres de cuisine (j’en lis plus que des BD haha, et en vacances, la cuisine, quel plaisir)
- L’Inde Gourmande, Jean Papin
- Cuisinière du Maghreb, Sonia Ezgulian
- Sirocco, Sabrina Ghayour
- Festins, Sabrina Ghayour
- La Bible culinaire des Sœurs Scotto, de Michèle Carles, Marianne Comolli et Élisabeth Scotto (trouvé chez Lucile Placin)
5 lieux
- Etel, mon village d’origine, dans le Morbihan
- La Maison européenne de la Photographie
- Belle Île
- Le delta du Siné Saloum au Sénégal
- La forêt de bambous géants à Kindia en Guinée
Judith Gueyfier est illustratrice
Bibliographie sélective :
- Tu préfères quel arbre ?, texte et illustrations, Rue du monde (2019).
- Tu travailles où ?, texte et illustrations, Rue du monde (2019).
- Comptines de cajou et de coco, illustration de chansons collectée par Nathalie Soussana, Didier Jeunesse (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Tu ressembles à quoi ?, texte et illustrations, Rue du monde (2018).
- Tu habites où ?, texte et illustrations, Rue du monde (2018).
- Mon papa roulait les R, illustration d’un texte de Françoise Legendre, Tom’poche (2017).
- Le livre aux oiseaux, illustration d’un texte de Nathalie Tordjman, Belin Jeunesse (2017).
- Le grand rendez-vous, illustrations de textes d’Hubert Ben Kemoun (avec Nicolas Duffaut et Sébastien Pelon), Nathan (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Trois frères pour un seul trésor, illustration d’un texte d’Annelise Heurtier, Rue du Monde (2016).
- Les haïkus des tout-petits, illustration d’un texte d’Alain Serres, Rue du monde (2016).
- Une cuisine du monde pour les bébés, illustration d’un texte d’Anne Kerloc’h (avec Zaü), Rue du monde (2015).
- Kupi, l’enfant de la forêt, illustration d’un texte de Sabine du Faÿ, L’Élan vert (2015).
- On a le droit de le chanter !, illustration d’un texte de Fabien Bouvier, Rue du monde (2014).
- Le peintre de la beauté, illustration d’un texte d’Alice Brière-Haquet, L’Élan vert (2014).
- Diarabi et Mansa, illustration d’un texte de Souleymane Mbodj, Milan (2012).
- Au fil de l’amour, illustration d’un texte de Franck Prévot, Le buveur d’encre (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Tao et Léo, illustration d’un texte d’Ingrid Thobois, Rue du Monde (2011).
- La Couverture du papa soldat, illustration d’un texte de Gianni Rodari, Rue du monde (2010).
Le site de Judith Gueyfier : http://judithgueyfier.over-blog.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !