Aujourd’hui, on a la chance de recevoir Benji Davies, auteur illustrateur anglais pour notre interview de la semaine, à l’occasion de la sortie, aux éditions Milan, de L’enfant, la baleine et la tempête. Ensuite, pour la rubrique Ce livre-là, c’est Mathilde, de la librairie L’atelier, qui nous parle d’un livre qu’elle aime particulièrement.
L’interview du mercredi : Benji Davies
Pourriez-vous nous parler de L’enfant, la baleine et la tempête ?
L’enfant, la baleine et la tempête s’inscrit dans la tradition d’une histoire à l’intérieur d’une histoire. Une nuit de tempête, la grand-mère de Noé lui raconte une histoire. L’histoire d’une petite fille, d’une baleine et d’une amitié qui dure depuis des générations. Je voulais écrire un album qui connecterait les différents personnages de mes livres et mettrait en lumière différentes séquences familiales que j’avais racontées jusqu’ici.
C’est le dixième anniversaire de L’enfant et la baleine, comme voyez-vous ce livre dix ans plus tard ?
L’enfant et la baleine me tient toujours beaucoup à cœur. C’était le premier album que j’ai à la fois écrit et illustré et c’est le premier livre qui m’a lancé sur le chemin sur lequel je suis aujourd’hui.
Comment vos histoires sont-elles nées ? Est-ce que vous commencez avec des illustrations ou avec l’histoire ?
Je pense que l’histoire commence avec des images… parce qu’il y a des images dans mon esprit, donc la question est : comment mettre sur le papier les idées qui sont dans mon esprit ? Vous pouvez dessiner ou vous pouvez écrire. Le plus souvent maintenant, je raconte l’histoire telle qu’elle se déroule avec des mots. Je trouve que, de cette manière, je suis capable de construire quelque chose de plus authentique. Si je dessine les images en premier, il y a un plus gros problème : quels sont les mots qui vont le mieux avec les images ? Je trouve donc que c’est plus facile de commencer avec les mots. Je peux améliorer le processus d’écriture en dessinant, et parfois, un dessin que j’ai pu faire se transforme en une histoire ou en un personnage, mais la plupart du temps, le dessin n’a lieu que lorsque l’histoire existe.
Quelle partie de vous-même mettez-vous dans vos histoires ?
J’essaie d’écrire en restant le plus fidèle au personnage. Cela peut seulement venir d’idées auxquelles je crois. C’est ainsi que je m’inclus toujours dans mes histoires. Noé a plusieurs traits de caractère que je peux mettre en parallèle avec ma propre personnalité, et plus particulièrement ceux que j’avais quand j’étais un enfant. Mais je ne vivais pas sur une plage ! Cependant, il existe d’importantes similarités entre nous.
Qui sont vos premiers lecteurs ?
Je teste rarement mes livres sur des enfants. Parfois, je montre mon travail à ma femme et ma fille, mais la plupart du temps j’aime surtout travailler seul ou avec mon éditeur.
Quel genre de techniques d’illustration utilisez-vous ?
Je travaille de manière numérique pour réaliser mon œuvre finale, mais j’ai toujours dessiné au crayon de papier ou à l’encre pour les parties les plus difficiles de mon travail. J’expérimente aussi la peinture et d’autres matériaux pour créer des textures que je pourrais intégrer à mon travail numérique.
Pourriez-vous nous parler de votre carrière ?
Mon premier projet était un livre d’images semi factuel sur les voyages en fusée vers la lune. J’ai étudié l’animation à l’université et j’ai commencé à travailler dans ce domaine en faisant des publicités, des clips vidéo et quelques courts-métrages d’animation. J’ai donc travaillé dans l’animation pendant plusieurs années tout en étant tant illustrateur d’albums jeunesse. Finalement, j’ai décidé de faire une pause de l’animation pour travailler sur mon propre livre en tant qu’auteur-illustrateur et c’est comme ça que L’enfant et la baleine est né. Depuis, je n’ai pas fait de retour en arrière et maintenant j’espère que certains de mes livres seront adaptés en films d’animation.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
Je me souviens avoir lu Le tigre qui s’invita pour le thé de Judith Kerr quand j’étais petit. Nous avions beaucoup de livres à la maison qui tombaient en lambeaux, car mes sœurs aînées me les avaient transmis.
En grandissant et en commençant à lire, mes livres préférés ont été des histoires sur la nature et les animaux. Parmi celles-ci, il y en avait beaucoup de Dick King Smith, mais aussi la série Les Animaux du Bois de Quat’Sous de Colin Dann ou encore Les Petits Hommes Gris de BB. Plus tard, j’ai apprécié les Rougemuraille.
Quelques mots sur vos futurs livres ?
Actuellement, j’ai des idées pour des nouveaux albums illustrés et j’ai commencé une fiction beaucoup plus longue sur laquelle j’espère concentrer mon temps au cours de l’année 2024.
Un grand merci à Flora Meaudre pour sa traduction.
Bibliographie francophone sélective :
- Le phare aux oiseaux, illustration d’un texte de Michael Morpurgo, Gallimard Jeunesse (2023), que nous avons chroniqué ici.
- Série Pompon l’ourson, texte et illustrations, Gallimard jeunesse (19 tomes, 2012-2021).
- Capitaine papy, texte et illustrations, Milan (2021), que nous avons chroniqué ici.
- Le flocon de Noëlle, texte et illustrations, Milan (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Série Dis ours, illustration de textes de Jory John, Little Urban (4 tomes, 2017-2019), que nous avons chroniquée ici et là.
- Mia, texte et illustrations, Milan (2019), que nous avons chroniqué ici.
- L’enfant et grand-mère, texte et illustrations, Milan (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Le Gristiti, texte et illustrations, Milan (2018).
- L’enfant, la baleine et l’hiver, texte et illustrations, Milan (2017), que nous avons chroniqué ici.
- L’histoire d’une pieuvre fan de ukulélé qui rêvait de voyages intergalactiques, illustration d’un texte de Maggie Tokuda-Hall, Little Urban (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Les copains de la colline, illustration d’un texte de Linda Sarah, Milan (2014), que nous avons chroniqué ici.
- L’enfant et la baleine, texte et illustrations, Milan (2013).
Ce livre-là… Mathilde
Ce livre-là… Un livre qui touche particulièrement, qui marque, qu’on conseille souvent ou tout simplement le premier qui nous vient à l’esprit quand on pense « un livre jeunesse ». Voilà la question qu’on avait envie de poser à des personnes qui ne sont pas auteur·trice, éditeur·trice… des libraires, des bibliothécaires, des enseignant·e·s ou tout simplement des gens que l’on aime, mais qui ne font aucun de ces métiers. Cette semaine, notre invitée c’est Mathilde, libraire de la section jeunesse de la librairie L’atelier.
Mon enfance a été bercée par les légendes bretonnes, allant des simples korrigans à l’histoire du roi Arthur en passant par la fameuse île d’Ys. La Faucheuse ne m’a jamais fait peur, en revanche ne me parlez pas de l’Ankou ! Selon moi, les histoires des Moomins ont quelque chose du mystique et du fascinant qui émanent de ces légendes, et qu’est-ce que j’aurais aimé découvrir ces petits trolls blancs enfant !
Avec ses Moomins, Tove Jansson a créé un univers unique, chaleureux et réconfortant. Une fois entré dedans, on n’en sort plus vraiment. C’est un peu comme retrouver sa famille aventure après aventure, et quelle famille alors ! Une maman douce et généreuse, un papa rêveur en manque d’aventures, un petit que l’on voit grandir au fur et à mesure des tomes, puis tous leurs amis qu’ils accueillent à bras ouverts avec un grand pichet de grenadine au frais. Tous ont leur petit caractère, mais tout le monde est toujours le bienvenu dans la maison bleue construite par Papa Moomin.
Les Moomins, c’est aussi une apologie de la nature et des paysages finlandais. Tove Jansson était elle-même fascinée par cette nature qu’elle côtoyait tous les jours et l’a parsemée dans ses romans. Notre lecture est toujours accompagnée par le clapotis de la rivière ou le souffle du vent, on imagine aisément les forêts, montagnes et ravins que traversent nos héros, les plantes qu’ils croisent, la mer envoûtante. On aimerait vraiment se balader dans cette vallée imaginaire.
Ces histoires ont le pouvoir de fasciner les enfants, mais aussi les adultes. Les folles épopées dans lesquelles se lance Moomin et la minutie des détails captivent les plus jeunes lecteurs (ou auditeurs) qui aiment croire en l’existence de ces petits personnages. Les plus grands lisent entre les lignes des thématiques plus dures que Tove Jansson aborde, notamment dans le dernier tome Tard en novembre. Elle y parle du deuil, de nostalgie, d’abandon. Elle y construit aussi une nouvelle famille, sans les Moomins qui sont partis vers un nouveau monde.
Qu’on les lise en famille ou seul, les Moomins auront toujours quelque chose à nous offrir : de la tendresse, de l’aventure, de l’amour, des rires. Alors si ce n’est pas déjà le cas, lisez les Moomins !
Mathilde est l’une des libraires de la section jeunesse de la super librairie L’atelier.
La librairie est située au 3, rue Constant-Berthaut dans le XXe arrondissement de Paris.
Retrouvez la librairie sur Facebook et sur Instagram.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !