Aujourd’hui, on reçoit Delphine Méau qui vient de sortir deux jolis albums qui mettent en scène la langue des signes. Ensuite, c’est Tilda, 7 ans et demi, pour notre rubrique qui laisse la parole aux enfants, qui nous parle d’un roman qu’elle aime ! Bon mercredi !
L’interview du mercredi : Delphine Méau
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Mon bac scientifique en poche, je me suis orientée vers des études de médecine, et à défaut de devenir pédiatre, j’y ai rencontré ma bande d’amis qui aujourd’hui encore m’est vitale. Après une licence de sciences, le monde de l’enfance m’intéressait toujours autant et c’est naturellement que je me suis décidée à devenir enseignante en maternelle.
Vous venez de sortir les deux premiers tomes de la série Fais-moi signe, pouvez-vous nous présenter cette série et nous raconter comment elle est née ?
C’est une collection qui a été pensée par Raphaëlle, la fondatrice des micro-crèches et des éditions La Marmotière. En effet, Raphaëlle voulait répondre à un besoin qu’elle rencontrait dans ses micro-crèches, à savoir des livres sur le quotidien des petits avec certains mots de l’histoire qui peuvent être signés par les adultes aux enfants.
Avez-vous fait des recherches particulières pour cette série ?
Pas spécialement, étant enseignante en maternelle je lis beaucoup d’albums à mes élèves, je crois connaître leurs préoccupations. Je voulais raconter une scène de la vie quotidienne avec des mots simples. Qui puisse être lue aussi bien par le petit frère que par la grand-mère, et pour cela, il ne fallait pas noyer le lecteur sur comment signer correctement. Je voulais que ce livre soit abordable pour n’importe qui sans aucune connaissance du signe. Que cela soit un livre « normal » avec un petit plus en quelque sorte.
Comment s’est passé le travail avec Charlotte Roederer, l’illustratrice ?
C’est l’équipe de La Marmotière qui a « joué les intermédiaires » ! Charlotte a su créer un univers haut en couleur et des personnages attachants qui en plus de servir l’histoire, présentent la gestuelle des signes en début et en fin d’ouvrage. Je suis très contente du résultat, j’aime beaucoup son travail d’une manière générale.
Personnellement je connais l’intérêt de signer avec les enfants, l’ayant fait avec mes deux filles, mais j’aimerais que vous expliquiez les bienfaits de cette pratique.
Ces 6 dernières années, j’ai enseigné en classe de Toute Petite Section (moins de 3 ans) avec des enfants non francophones, et pour calmer les frustrations, les angoisses, et les peurs, je signais avec eux quelques mots simples (maman, dormir, manger, tétine, doudou…). Les enfants réalisent alors que sans la parole on peut quand même entrer en communication.
Plus généralement, cette pratique est perçue par les enfants comme un jeu, un moment de complicité avec leur parent. Cette séquence privilégiée favorise vraiment l’échange et la fluidité́ dans la communication des enfants qui n’ont pas encore acquis le langage.
On peut trouver des vidéos pour apprendre à signer sur le site de la maison d’édition, pouvez-vous nous en parler ?
Là aussi c’est une volonté de La Marmotière d’apporter aux lecteurs un autre support que celui du papier. La maison d’édition propose pour presque tous ses titres un autre support, qu’il soit audio ou vidéo. Ce petit « bonus » est très appréciable et fait la différence. Pour Fais-moi signe, je me suis prêtée au jeu de la caméra, accompagnée d’une super équipe ! Le résultat ? Des vidéos très courtes qui présentent chacune un mot signé de l’histoire. Ce format est particulièrement adapté à la communication gestuelle.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Enfant, la lecture m’intéressait peu, lire c’était comme se couper du monde et j’étais curieuse de découvrir le monde. Mes premiers souvenirs de lecture sont les Belles Histoires, Pomme d’Api, les BD et les J’aime lire. Il fallait des illustrations pour que cela m’intéresse ! Adolescente, j’ai souvenir que la lecture de Germinal m’avait transportée, en fermant le livre j’avais faim et envie de me battre contre les injustices ! Le plaisir de lire m’est venu à l’âge adulte.
Travaillez-vous déjà sur la suite ? D’autres projets ?
Oui, d’autres titres sont prévus. En décembre 2021, c’est Pio a perdu son doudou et Mia dit toujours non qui viendront enrichir la collection. Le doudou incarne l’objet transitionnel entre la maison et la crèche/la nounou, il nous a semblé essentiel de lui consacrer un titre. Quant à l’opposition, il est évident que c’est sous un prisme bienveillant que nous l’aborderons. Ces deux thématiques vont nous permettre d’ajouter de nouveaux mots à signer, les lecteurs auront alors une sorte de banque de mots dans laquelle piocher pour communiquer de façon simple et efficace avec les tout-petits.
Concernant les projets, je fais confiance à Raphaëlle qui fourmille d’idées créatives !
Bibliographie :
- Pio va à la crèche, album illustré par Charlotte Roederer, La Marmotière éditions (2020).
- Mia va au parc, album illustré par Charlotte Roederer, La Marmotière éditions (2020).
Les premier·ères concerné·es
Régulièrement, un·e enfant nous parle d’un livre qu’il ou elle a aimé, avec ses mots. Aujourd’hui c’est Tilda, 7 ans et demi qui nous parle du roman Le journal de Gurty tome 2 – Parée pour l’hiver. Si l’un de vos enfants veut être le ou la prochain·e, écrivez-nous !
Gurty est une chienne et son maître s’appelle Gaspard.
Gurty fête l’hiver en Provence avec sa meilleure amie Fleur. Leur pire ennemi est un chat qui s’appelle Tête de fesse.
La fiancée de Gaspard, Myrtille, était allergique aux poils de chiens mais elle devient allergique aux poils de chat.
Pendant leurs vacances, ils vont voir un écureuil qui fait hihi et ils vont attaquer Tête de fesse.
J’ai aimé ce livre parce qu’il m’a fait rigoler par exemple quand Myrtille prend le tracteur du maître de Fleur et qu’elle essaie d’écraser tout le monde.
Je le conseille à des gens qui aiment l’humour et les cascades. Et aussi aux enfants qui aiment les chiens.
J’aime bien car je sais qu’après j’ai encore plein d’autres tomes à lire.
Le journal de Gurty tome 2 — Parée pour l’hiver, de Bertrand Santini, Sarbacane (2016).
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !