Aujourd’hui, on reçoit tout d’abord l’éditeur Loïc Théret dont les choix éditoriaux me bluffent toujours. Puis, c’est l’autrice-illustratrice Georgette qui est l’invitée de la rubrique Quand je crée à l’occasion de la sortie de Bonne nuit monsieur Monsieur chez Nathan.
L’interview du mercredi : Loïc Théret
Parlez-nous de votre parcours.
Mon parcours est assez classique. Après un baccalauréat littéraire, j’ai étudié les lettres et sciences humaines à l’université Paris Cité, dans le cadre d’une licence parcours édition qui m’a donné l’opportunité de me familiariser avec le milieu à travers deux stages aux éditions du Regard et aux éditions Play Bac. J’ai poursuivi avec un passage éclair à la Sorbonne Université, en Master métiers de l’édition et de l’audiovisuel, un deuxième stage aux éditions Rue de Sèvres, et enfin un Master en Politiques éditoriales à l’université Sorbonne Paris Nord, que j’ai pu suivre en parallèle d’un apprentissage à l’école des loisirs.
Depuis 2017, vous travaillez donc à l’école des loisirs, quel est votre rôle au sein de la maison ?
Depuis mon arrivée à l’école des loisirs en 2017, mon rôle a beaucoup évolué ! J’ai commencé comme assistant éditorial et marketing stagiaire aux éditions Rue de Sèvres, avant de basculer à l’école des loisirs comme assistant éditorial et maquettiste au pôle fiction. J’occupe aujourd’hui la fonction d’éditeur romans, en charge du recrutement et de l’accompagnement de nouveaux auteurs au catalogue, aussi bien français qu’étrangers, avec une prédilection pour les littératures de l’imaginaire, historiquement assez peu représentées à l’école des loisirs.
J’aimerais que vous nous présentiez quelques romans dont vous vous êtes occupé.
Côté Français, j’ai l’immense chance d’accompagner Mickaël Brun-Arnaud et Sanoe dans leur travail autour de l’univers des Mémoires de la forêt. Il s’agit d’une série de romans que je qualifierais d’« intergénérationnelle » et « familiale », même si elle s’adresse en premier lieu aux lecteurs de 8 à 10 ans. Pour autant, comme tout bon roman jeunesse, les lecteurs adultes peuvent entrer en résonance avec. Elle rend un bel hommage aux grands classiques de la fantasy animalière, et il est vrai qu’on ne peut s’empêcher de penser en le parcourant aux œuvres de Beatrix Potter (Pierre & Jeannot Lapin), mais aussi aux textes d’Arnold Lobel (Porculus), Kenneth Grahame (Le vent dans les saules) ou Kazuo Iwamura (La famille souris). Il y a cette coloration délicieusement surannée que Mickaël a souhaité donner à son univers, qui ne l’empêche pas par ailleurs d’aborder des sujets plus contemporains, qu’on rencontre pour le coup beaucoup moins en littérature de jeunesse. Dans le premier volume, il est ainsi question de la maladie d’Alzheimer (qu’il nomme très joliment « maladie de l’Oublie-tout »), et de célébrer la puissance évocatoire des souvenirs, de la mémoire et du passé, là où le deuxième tome nous parle davantage de filiation, de ce que le passé nous laisse en héritage, et du poids que cet héritage peut parfois peser lorsqu’il est mêlé au secret. Mémoires de la forêt a été pensée comme une série en quatre volumes, tel un hommage au cycle de la nature et à ses quatre saisons, chacun pouvant se lire indépendamment, et il me tarde de continuer à explorer cet univers avec Mickaël et Sanoe !
J’ai également le plaisir d’accompagner Jolan C. Bertrand, dont les deux premiers romans jeunesse, Les sœurs Hiver, illustré par Tristan Gion, et Là où règnent les baleines, illustré par Hélène Let, rencontrent un franc succès qui confirme, s’il le fallait, sa vocation d’écrivain. Le premier s’inspire du folklore viking et finlandais, dont Jolan s’empare pour en faire quelque chose de tout à fait personnel. Il y présente un héros extrêmement attachant, et à travers la quête duquel sont abordées avec beaucoup de pudeur et de justesse, sans jamais trop en faire ou que ça prenne le pas sur le plaisir simple de raconter une bonne histoire, des thématiques finalement très sérieuses. Qu’est-ce qui nous lie à l’autre, et comment ce lien nous façonne en tant qu’individu ? Il y est également question, avec toute la subtilité qu’on est en droit d’attendre dans le traitement de tels sujets, de transidentité et de dépression. Dans Là où règnent les baleines, Jolan joue davantage avec les codes du roman gothique anglais à la Bram Stoker, Oscar Wilde ou Mary Shelley. Tous les ingrédients sont là, à commencer par le cadre : un paysage naturel de bord de mer, des éléments déchaînés, un phare en ruines que l’on dit hanté… Pour autant, le récit finit par emprunter une direction plutôt inattendue, qui flirte avec le merveilleux des contes traditionnels, comme La Petite Sirène d’Andersen. Et, à l’instar des Sœurs Hiver, on retrouve en filigrane des sujets extrêmement forts, comme le harcèlement scolaire et la grossophobie, les métamorphoses, les transformations et l’identité, sans oublier la dimension écologique et politique, qui passe en particulier par une critique du capitalisme, de la croissance infinie, de la pollution des océans et de la surpêche. Tout un programme !
Côté étranger, je suis les publications jeunesse de l’autrice américaine d’origine nigériane Nnedi Okorafor, à qui l’on doit la série des Nsibidi (Akata Witch et Akata Warrior), et dont le dernier roman, Sankofa : la fille adoptive de la mort, est un véritable ovni littéraire ! Il se situe pile à cet endroit merveilleux de la fiction où les genres se heurtent, relevant tout à la fois de la science-fiction, du conte, du récit de passage à l’âge adulte ou du roman de route, voire du récit survivaliste avec des éléments de fantasy. C’est un texte court et percutant, qu’on pourrait qualifier de conte afroféministe mettant en scène une héroïne absolument inoubliable, et dans lequel Nnedi Okorafor trouve l’espace pour nous parler de deuil, de solitude, de culpabilité, de pouvoir et de contrôle. L’œuvre de Nnedi Okorafor est passionnante à bien des égards, très éloignée des sentiers battus. Elle imagine une littérature aux racines africaines qui constitue une vraie nouveauté par rapport aux littératures de l’imaginaire occidentales.
Voilà pour mes dernières publications. J’accompagne également des auteurs comme Jean-Laurent Del Socorro (Une pour toutes) et Ariel Holzl (Bpocalypse et Pax Automata), dont il y aurait évidemment beaucoup à dire — mais la réponse à cette question est déjà bien assez longue !
Comment choisissez-vous vos projets ?
S’il est vrai que j’ai une appétence certaine pour les littératures de l’imaginaire, je reste un lecteur éclectique, attentif aux voix singulières des auteurices, au travail sur la langue, aux personnages et à leur trajectoire dans la narration, mais aussi à la vision du monde que le texte laisse transparaître, indépendamment de la question du genre littéraire. Pas de limitations, donc, même si je reconnais que les projets que je choisis de suivre relèvent très souvent de l’imaginaire.
Je suis bluffé par les romans que vous proposez et surtout les thèmes qui y sont abordés au sein d’une maison comme l’école des loisirs. Vous avez une totale liberté sur vos choix éditoriaux ?
J’ai cette chance, à l’école des loisirs, au même titre que mes collègues éditrices, d’avoir une liberté quasi totale quant aux projets et aux auteurs que je décide d’accompagner. Je travaille très bien, et en toute confiance, avec mes responsables Guillaume Fabre et Marie Labonne. Mais je crois qu’il a toujours été dans l’ADN de l’école des loisirs de ne s’interdire aucun sujet et même, au contraire, de s’emparer de sujets dits « sensibles ». C’est en tout cas l’image que j’avais de la maison lorsque j’en étais moi-même plus jeune lecteur, et les projets que j’ai pu publier ces deux dernières années m’ont prouvé que je ne me trompais pas.
Ce que j’aime particulièrement dans les romans que vous éditez, c’est la représentation qui y est présente (notamment LGBTQI+), j’aimerais que vous nous disiez pourquoi c’est important pour vous que ces questions soient abordées dans les romans jeunesse.
Parce qu’il me semble primordial que des romans s’adressant à une jeunesse qui constituera les citoyens de demain reflètent l’humanité dans toute sa diversité. Il ne s’agit pas de faire du prosélytisme : l’humanité est diverse, et cette diversité est sans doute ce qu’elle a de plus beau, il faut la célébrer. Je n’en avais pas forcément conscience à l’époque, mais je reconnais aujourd’hui, sans doute parce que je suis désormais suffisamment déconstruit pour le percevoir, avoir manqué de modèles, de personnages auxquels j’aurais pu moi-même m’identifier, et qui auraient pu m’aider à mieux me comprendre. Existe-t-il plus merveilleux médium que la littérature pour donner corps à toute la complexité de l’âme humaine ? La production jeunesse actuelle est bien plus diversifiée dans ses représentations, mais il y a encore du chemin à parcourir, et je suis fier d’y contribuer à ma petite échelle. C’est un combat de tous les instants, dans lequel la langue, les mots, l’écriture ont plus que jamais un rôle à jouer, et qui ne sera vraiment gagné que lorsque cette question des représentations ne se posera plus du tout.
Pour vous, qu’est-ce qu’un bon livre jeunesse ?
Comme je le disais, un bon roman jeunesse, c’est avant tout pour moi un récit avec de bons personnages, indépendamment du genre duquel il se réclame. Si je ne devais retenir qu’un seul critère, ce serait probablement celui-ci, car je crois profondément qu’il n’y a pas d’excellente histoire sans d’excellents personnages pour la faire vivre. Une fois la dernière page tournée, ce sont eux qui nous habitent et qu’on retient, au-delà de l’univers et de la plume, qui devraient être au service de ces personnages et de leur trajectoire individuelle (et collective) dans le récit.
Ce qui m’intéresse également, ce sont les plis, les creux, ces frontières entre les genres dans lesquelles les œuvres se nichent parfois — je le dois probablement à mon parcours de lecteur éclectique. J’aime à dire que je publie une littérature jeunesse qui a de l’ambition littéraire, mais qui n’oublie jamais le lectorat abreuvé de pop culture et d’imaginaires auquel elle s’adresse, et qui a surtout du sens, quelque chose à dire sur notre monde.
Et un·e bon·ne éditeur·trice jeunesse ?
Joker ? La relation auteur-éditeur est tellement particulière ! Et, en même temps, après avoir dit ça, je me dois de préciser qu’il existe probablement autant de façons d’exercer ce métier que d’éditeurs. Il serait présomptueux d’affirmer qu’il y en a une meilleure que les autres. J’apprends moi-même un peu plus chaque jour à incarner ce rôle. Tout comme chaque auteur possède une voix, chaque éditeur possède sa patte. Tous ne peuvent pas travailler ensemble, et c’est sans doute très bien ainsi, ne serait-ce que pour garantir cette diversité éditoriale qui caractérise le marché français. C’est avant tout une question de ressentis, de visions du monde partagées ou non, de compatibilités entre êtres humains…
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
Je suis arrivé à la lecture par des œuvres comme Harry Potter, les romans de Philip Pullman (À la croisée des mondes), Roald Dahl (Sacrées Sorcières, Charlie et la chocolaterie, Matilda…), Lian Hearn (Le Clan des Otori), Patrick Ness (Quelques minutes après minuit) et, côté français, ceux de Pierre Bottero (Ewilan), Timothée de Fombelle (Tobie Lolness), Marie Desplechin (Verte) ou Jean-Claude Mourlevat (La Rivière à l’envers), et j’en ai gardé ce goût pour l’imaginaire et les univers d’auteur. Au collège, j’ai dévoré avec avidité les histoires de Moka (Le petit cœur brisé), Malika Ferdjoukh (Quatre sœurs, Sombres citrouilles…) et Marie-Aude Murail (Oh, boy ! et Miss Charity), qui relèvent pourtant de genres plus réalistes (un lecteur éclectique, je vous disais !). Au lycée, j’ai continué mon exploration des littératures de l’imaginaire avec Lois Lowry (Le passeur et ses suites), Isaac Asimov (Robots et, surtout, le Cycle de Fondation), J. R. R. Tolkien et son Seigneur des anneaux, C. S. Lewis et ses Chroniques de Narnia, mais aussi Neil Gaiman et la merveilleuse Ursula K. Le Guin, dont les romans m’ont durablement marqué, au point que je les ai relus plusieurs fois ! Je pourrais en citer d’autres, mais ces quelques titres dessinent à eux seuls les contours du lecteur (et de l’éditeur) que je suis devenu.
Quelques mots sur les prochains livres que vous allez nous proposer ?
Après Une pour toutes en 2022, roman de cape et d’épée qui retraçait le parcours incroyable de Mademoiselle Maupin, Jean-Laurent Del Socorro délaisse la France du Roi Soleil et l’ambiance de cape et d’épée pour investir la Grèce antique avec Vainqueuse. Ce nouveau récit s’attache à mettre en mots la vie de Cynisca, princesse spartiate ayant vécu à la toute fin du Ve siècle avant notre ère, et que notre histoire contemporaine a oubliée alors même que sa destinée résonne aujourd’hui plus que jamais avec une extraordinaire modernité. Élevée au sein d’une société patriarcale, viriliste et guerrière, elle s’est libérée des conventions de son temps pour devenir la première femme de l’histoire à remporter une épreuve aux Jeux olympiques — et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit de la mythique course de chars ! Quand on pense qu’à l’époque, la plupart des femmes grecques ne pouvaient obtenir le statut de citoyenne (Sparte faisait, à cet égard, figure d’exception), et qu’elles n’avaient non seulement pas le droit de participer aux Jeux, mais aussi ne serait-ce que d’entrer dans l’enceinte du stade pour y assister, on peut dire que cela relève de l’exploit — et sans doute le mot est-il encore trop faible. Cynisca a tellement inspiré ses contemporains par son parcours de « vainqueuse » qu’une statue de bronze a été érigée en son honneur dans le temple de Zeus, à Olympie, mais aussi à Sparte. Sa victoire a ouvert une voie que d’autres femmes ont suivie après elles, en remportant à leur tour des épreuves aux Jeux. C’est un roman passionnant, qui traite des questions de genre, des masculinités, mais aussi des sexualités, tout en rendant hommage, par la vivacité de son écriture, au théâtre et à la poésie antiques. Comme souvent dans les récits de Jean-Laurent, on y retrouve également une touche d’imaginaire, la déesse de la fertilité et du monde sauvage, Artémis Orthia, jouant un rôle majeur dans l’intrigue. Il me tarde que les lecteurs le découvrent !
Le mois d’octobre verra enfin la parution du troisième volume des Mémoires de la forêt : l’esprit de l’hiver, que Mickaël Brun-Arnaud a imaginé comme un conte de Noël aux accents de polar. Une fois encore, sous couvert d’une aventure qui nous entraîne loin, très loin dans les contrées jusque-là inexplorées du Grand Nord (à bord d’un train qui a tout de l’Orient-Express !), Mickaël trouve les mots justes pour nous parler, avec toute la nuance qui caractérise ses textes, et sans jamais verser dans le misérabilisme, de deuil et de dépression. Et toujours avec les illustrations de Sanoe, qui sont telles des gourmandises pour sublimer la poésie des mots !
S’il est encore un peu tôt pour vous parler en détail de 2024, je peux d’ores et déjà vous dire que l’année s’annonce pleine de beaux projets. Au programme : de la fantasy africaine avec la suite et fin de la série des Nsibidi : Akata Woman, par Nnedi Okorafor, le dernier volume des Mémoires de la forêt : la saison des adieux, consacré au printemps, ainsi que de la science-fiction aussi intense que Le Passeur, par une autrice incroyable et déjà bien installée dans le paysage éditorial, et que nous sommes ravis d’accueillir au catalogue. La deuxième partie d’année verra également, je l’espère, les retours de Jolan C. Bertrand et Ariel Holzl, qui travaillent actuellement sur deux nouveaux projets. Mais, en attendant, laissons toute la place aux romans de 2023 pour s’exprimer et trouver leur public !
Quelques livres édités par Loïc Théret :
- Là où règnent les baleines, de Jolan C. Bertrand et Hélène Let, L’école des loisirs (2023).
- Mémoires de la forêt, de Mickaël Brun-Arnaud et Sanoe, deux tomes sortis actuellement, L’école des loisirs (2022-2023).
- Sankofa : la fille adoptive de la mort, de Nnedi Okorafor, L’école des loisirs (2023).
- Les sœurs hiver, de Jolan C. Bertrand et Tristan Gion, L’école des loisirs (2022).
- Pax Automata, d’Ariel Holzl et Léonard Dupont, L’école des loisirs (2022).
- Une pour toutes, de Jean-Laurent Del Socorro, L’école des loisirs (2022).
- Bpocalypse, d’Ariel Holzl et Léonard Dupont, L’école des loisirs (2020).
Quand je crée… Georgette
Le processus de création est quelque chose d’étrange pour celles et ceux qui ne sont pas créateur·trices eux·elles-mêmes. Comment viennent les idées ? Est-ce que les auteur·trices peuvent écrire dans le métro ? Les illustrateur·trices, dessiner dans leur salon devant la télé ? Peut-on créer avec des enfants qui courent à côté ? Faut-il de la musique ou du silence complet ? Régulièrement, nous demandons à des auteur·trices et/ou illustrateur·trices que nous aimons de nous parler de comment et où ils·elles créent. Cette semaine, c’est Georgette qui nous parle de quand elle crée.
Mon atelier :
Je partage mon temps de travail entre deux endroits : un bureau dans un atelier partagé, un peu comme une grosse coloc à Montreuil en banlieue parisienne, avec plein d’artistes qui font de la peinture, de la couture, du design, et mon appart où je bosse sur la grande table de la cuisine et où je suis seule pendant la journée. J’aime avoir ces deux possibilités : pouvoir être entourée de gens avec qui échanger et partager un quotidien de boulot et pouvoir aussi être une ourse dans sa tanière, à boire des litres de thé sans parler à personne (sauf à la chatte Rourou).
J’ai vraiment besoin de ces deux ambiances pour travailler.
Les idées :
La plupart du temps, je laisse les idées venir à moi. Elles me sautent dessus par surprise, dans la rue, au détour d’une conversation, en regardant un film, en achetant du gorgonzola au marché… C’est très variable. Un petit rien peut servir de terreau où faire pousser une idée.
Mes carnets en sont pleins ; pleins d’embryons d’idées, d’idées moyennes, de mauvaises idées, mais aussi d’idées qui sont presque déjà des livres. Quand l’une d’entre elles s’accroche, qu’elle s’installe pour de bon dans ma tête, alors je sais que je dois en faire un album.
Cela se fait, pour moi, en plusieurs phases assez différentes :
celle de l’écriture, qui est une phase timide, qui n’aime pas qu’on la brusque, où l’idée a besoin de grandir toute seule dans un coin de ma tête. Si j’essaye de la faire sortir trop tôt, elle fuit et disparaît. Je la laisse tranquille jusqu’à ce qu’elle soit prête à être posée sur le papier. Puis je vais ensuite la travailler au corps, l’écrire, la réécrire, la réréréécrire. En général, j’écris beaucoup au début et petit à petit je coupe dans la masse, je simplifie, j’essaye de trouver les bons mots, je la lis mille fois à voix haute, jusqu’à ce qu’elle rebondisse comme il faut, qu’elle soit une histoire.
Je travaille sur les crayonnés, soit en même temps que l’écriture, soit dans un deuxième temps. Pour cette phase je dois mobiliser tout mon cerveau, j’ai besoin de silence et de concentration.
Ces deux phases de travail sont souvent des périodes d’oursification dans ma cuisine.
Vient ensuite celle de la couleur et là je me mets plutôt en pilote automatique, je peux discuter en travaillant, écouter de la musique (surtout electro, en ce moment j’écoute beaucoup « Dombrance ») ou des podcasts et des livres audio (souvent des enquêtes policières ou des romans post-apocalyptiques).
Georgette est autrice et illustratrice. Son dernier album en date, Bonne nuit monsieur Monsieur, est sorti chez Nathan en février.
Bibliographie sélective :
- Bonne nuit monsieur Monsieur, album, texte et illustrations, Nathan (2023).
- Mon bébé, album, texte et illustrations, Flammarion Jeunesse (2023).
- L’amour, album, texte et illustrations, Didier Jeunesse (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Une cuillère pour qui ?, album, texte et illustrations, Amaterra (2020).
- 1, 2, 3 bébés, album, texte et illustrations, Amaterra (2020).
- Familles, album, texte et illustrations, Didier Jeunesse (2020), que nous avons chroniqué ici.
- La moustache de monsieur Monsieur, album, texte et illustrations, Nathan (2020).
- Le chien de monsieur Monsieur, album, texte et illustrations, Nathan (2020).
- Qui fait ce bruit ?, album, texte et illustrations, Auzou (2020).
- Mes premiers animaux à écouter, album, texte et illustrations, Auzou (2020).
- C’est moi, album, texte et illustrations, Nathan (2020).
- Vroum Tut-Tut, album, texte et illustrations, Auzou (2020).
- Mes premières gommettes — La mer, loisir créatif, Mila éditions (2019).
- Mes premières gommettes — Les transports, loisir créatif, Mila éditions (2019).
- Le carton de Robinson, album, illustration d’un texte d’Anne Clairet, Auzou (2019).

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !