Aujourd’hui, je vous propose une interview de l’autrice Lucile de Pesloüan dont le roman, Une année pour toujours, paraîtra le 22 septembre chez Talents Hauts, puis de partir en vacances (oui déjà !) avec l’autrice-illustratrice anglaise Jane Massey (dont j’adore les illustrations).
L’interview du mercredi : Lucile de Pesloüan
Pouvez-vous nous parler d’Une année pour toujours, votre roman qui sort le 22 septembre aux éditions Talents Hauts ?
Une année pour toujours raconte la dernière année de collège de Malou, cette année charnière où l’on est un peu entre deux eaux. Malou a 14 ans et témoigne de son quotidien au fil des saisons, elle dresse des listes, raconte ses rêves. Elle tombe amoureuse deux fois au cours de cette fameuse année, d’abord de Victor puis d’Eliza. Elle découvre le féminisme et le militantisme avec ses meilleures amies. Elle en a assez que les adultes lui disent quoi faire, elle veut se tenir droite pour ses idées. À la fin de l’été, Malou a 15 ans et décide de faire sa capsule temporelle pour ne rien oublier quand elle sera adulte à son tour.
La forme d’écriture est un peu particulière, j’aimerais que vous nous en parliez et que vous nous disiez pourquoi avoir choisi d’écrire cette histoire de cette façon.
C’est un récit en vers libre. J’aime les livres hybrides, j’aime les lire et les écrire ! J’ai relu mes journaux intimes d’adolescence quand j’ai eu ce projet d’écriture et je me suis rendue compte qu’il y avait de tout dans mes journaux. Des fragments, des poèmes, des listes, des lettres, des collages… Ce n’était pas un « simple » monologue. Chaque poème est un instantané de la vie de Malou. Je trouve l’écriture poétique vivante, sensible et intime. C’est ce qui me semblait juste pour raconter l’année de Malou.
Comment est née cette histoire ?
Je trouve qu’on ne prend pas assez les adolescent·es au sérieux. On se moque d’eux, gentiment peut-être, mais on se moque, on ne prend pas au sérieux les transformations physiques et psychologiques auxquels ils et elles font face. J’avais envie d’exprimer ça, de le raconter de l’intérieur. Et de parler de cet âge charnière où on dépend encore tellement des adultes et où on cherche aussi à s’affranchir.
Quel·les ont été vos premier·ères lecteur·rices ?
Des adolescentes proches de moi de 14 à 16 ans. Des lectrices assidues et d’autres qui sont moins familières avec l’objet livre mais avec qui je discute beaucoup.
Est-ce que vous lisez de la littérature jeunesse ou faites-vous partie de ceux/celles qui ont peur que ça influence leur écriture ?
Je lis de tout. Tout m’inspire. La littérature jeunesse, la littérature adulte, la poésie, la BD, les albums. En cours d’écriture, je suis tombée par hasard à la librairie sur En apnée. J’ai été subjuguée. C’est comme si Meg Grehan (l’autrice) m’avait pris la main pour que je termine l’écriture de mon livre et d’ailleurs c’est ainsi que, tout simplement, Talents Hauts s’est imposée comme maison. Tout récemment j’ai (enfin) lu Songe à la douceur de Clémentine Bauvais, cette lecture m’a beaucoup marquée, j’ai été conquise. J’ai adoré aussi Violante paru l’an dernier à l’école des loisirs. Et je viens de lire Poete X de Elizabeth Acevedo, traduit par Clémentine Beauvais, j’ai trouvé ça très beau et c’est typiquement le genre de livre qui m’inspire et me donne envie de continuer !
Vous vivez en France actuellement, il y a peu vous viviez au Québec. Est-ce que vous voyez une différence entre la littérature de jeunesse d’ici et celle de là-bas ?
La littérature québécoise rue peut-être plus dans les brancards. Elle n’hésite pas à parler de santé mentale (Ma maison tête de Vigg), de violence domestique (Le grand méchant loup dans ma maison de Valérie Fontaine et Nathalie Dion)… Je dirais qu’elle est aussi assez novatrice. Par exemple, la poésie pour ados s’est beaucoup développée dans les dernières années au Québec, il y a plusieurs maisons d’édition qui ont créé leur collection poésie-ado, et ça marche !
J’aimerais que vous nous parliez de votre parcours.
J’ai commencé à publier sous forme de fanzine il y a dix ans, au Québec, sous le nom de Shushanna Bikini London. C’était mon atelier d’écriture, ma façon d’aller au bout de mes projets, de faire lire ce que j’écrivais. Puis, plusieurs de mes fanzines sont devenus des livres, comme Les histoires de Shushanna Bikini London (recueil de nouvelles et poésie pour adultes chez Rodrigol) et Pourquoi les filles ont mal au ventre ? (illustré par Geneviève Darling chez Hachette). Depuis, je n’arrête pas d’écrire. Littérature jeunesse, poésie et littérature générale. Depuis trois ans, je me consacre pleinement à l’écriture et ses activités satellites. Suite à une résidence d’écriture que j’avais obtenue pour écrire C’est quoi l’amour ?, je me suis rendue compte que je ne pouvais plus laisser passer l’écriture en deuxième position dans ma vie, il fallait que cela devienne mon travail principal. Et effectivement depuis, j’ai mis les bouchées doubles et j’ai écrit plusieurs livres dont je suis très fière. Une année pour toujours, Le monde de Maxime (un album jeunesse illustrée par Jacques Goldstyn à La Pastèque) et Surtout, ne pas faire de listes (recueil de poésie chez Rodrigol).
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Petite, je lisais tout ce qui me passait sous la main. Je viens d’un village en Bretagne et j’allais à la bibliothèque tous les jeudis, je repartais avec une énorme pile. Je me souviens des romans Cascade, Castor Poche… J’ai lu beaucoup de livres sur la Seconde Guerre mondiale, des journaux, comme celui d’Anne Frank et je me souviens aussi du journal d’une jeune fille Zlata, en Bosnie. Rapidement je suis passée au rayon adulte et pareil, je lisais tout, beaucoup de littérature populaire comme Danielle Steel, Henri Troyat, Patrick Cauvin ou Mary Higgins Clark. Puis ma grand-mère m’a mis Colette entre les mains, elle m’a aussi fait lire des classiques. Je me suis beaucoup réfugiée dans les histoires, j’étais boulimique de lecture, sûrement pour échapper à mon environnement familial et chercher des issues plus heureuses !
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
La poésie m’appelle. Je travaille sur deux projets en parallèle, un roman pour ados en vers libres et un recueil de poésie pour adultes. Avec, toujours, mes thèmes de prédilection : le militantisme, le féminisme, le respect des droits des femmes et des enfants, la révolution !
Bibliographie :
- Une année pour toujours, roman, Talents Hauts (à paraître le 22 septembre 2022).
- Le monde de Maxime, album illustré par Jacques Goldstyn, La Pastèque (à paraître le 16 septembre 2022).
- C’est quoi l’amour ?, album illustré par Geneviève Darling, Isatis (2020).
- Pourquoi les filles ont mal au ventre ?, album illustré par Geneviève Darling, Hachette (2019), que nous avons chroniqué ici.
- J’ai mal et pourtant, ça ne se voit pas…, album illustré par Geneviève Darling, Isatis (2018).
Retrouvez Lucile de Pesloüan sur Instagram : https://www.instagram.com/shushannabikinilondon.
En vacances avec… Jane Massey
Régulièrement, nous partons en vacances avec un·e artiste. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi j’adore partir comme ça avec quelqu’un·e, on apprend à la·le connaître notamment par rapport à ses goûts… Cet·te artiste va donc profiter de ce voyage pour nous faire découvrir des choses. On emporte avec nous que ces choses-là, on ne se charge pas trop… Des livres, de la musique, des films… Sur la route on parlera aussi de 5 artistes qu’iel veut me présenter et c’est elle·lui qui choisit où l’on va… 5 destinations de son choix. Cette fois-ci, c’est avec Jane Massey que nous partons ! Allez, en route !
5 albums jeunesse
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Olivia – Ian Falconer [NDLR sorti en France sous le même titre]
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A Fresh Look at Cats – Abner Graboff
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One Snowy Night – Nick Butterworth [NDLR sorti en France sous le titre Il fait si froid]
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I will not never ever eat a tomato – Lauren Child [NDLR sorti en France sous le titre Moi j’aime pas les tomates]
5 romans
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Charlie and the Chocolate Factory – Roald Dahl [NDLR sorti en France sous le titre Charlie et la Chocolaterie]
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A Kestrel for a Knave – Barry Hines [NDLR sorti en France sous le titre Kes]
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A Christmas Carol — Charles Dickens [NDLR sorti en France sous le titre Un chant de Noël]
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Saturday Night & Sunday Morning – Alan Sillitoe [NDLR sorti en France sous le titre Samedi soir dimanche matin]
5 DVD
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Rain Man
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Le ballon rouge
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Paddington 2
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ELVIS
5 CD
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Ulrich Schnauss – Far Away Trains Passing By
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Multiplex — Pinghaus Frequencies
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Elvis Presley — The 50 Greatest Hits
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Taylor Swift — 1989
5 artistes
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Dick Bruna
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L.S. Lowry
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Shirley Hughes
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Quentin Blake
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Ezra Jack Keats
5 lieux
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Copenhagen [NDLR : Copenhague]
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The Lake District – England
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Amsterdam
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New York
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The Greek Islands [NDLR : Les îles grecques]
Jane
Massey est autrice et illustratrice. Je vous conseille de suivre son compte Instagram (personnellement je suis très fan de ses illustrations). Son dernier album paru est Petiote, chez Nathan et celui juste avant Bye Bye doudou chez Mijade.
Bibliographie francophone :
- Petiote, texte et illustrations, Nathan (2022).
- Bye Bye doudou, illustration d’un texte de Tom Elyas, Mijade (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Mon livre de bébé, texte et illustrations, Hachette (2019).
- Florence Boucles Folles, illustration d’un texte de Claire Freedman, Mijade (2022).

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !