Aujourd’hui, je vous propose de faire plus ample connaissance avec Marie Mignot, qui a illustré un très beau documentaire sur les Roms qui vient de sortir aux éditions Gallimard, puis de partir en vacances avec la dessinatrice de la très bonne série Le grimoire d’Elfie, Mini Ludvin.
L’interview du mercredi : Marie Mignot
Les mondes roms, que vous avez illustré, vient de sortir aux éditions Gallimard Jeunesse. J’aimerais que vous nous présentiez cet ouvrage.
Les mondes roms, c’est un documentaire illustré qui vise à combattre les préjugés et les idées reçues à l’encontre de ces communautés. On y découvre l’histoire, la diversité et la culture des Roms. Moi qui suis sensible à l’histoire des hommes, aux couleurs et aux motifs, j’ai tout de suite été enthousiaste à l’idée d’explorer cette thématique.
Comment s’est passé le travail avec l’auteur, Olivier Peyroux ?
Je n’ai croisé Olivier Peyroux qu’une seule fois, il y a trois ans, à Montreuil. Il m’a justement parlé de ses rencontres roms à travers le monde, de la genèse et de l’écriture de ce livre.
Par la suite, je n’ai pas eu de contact direct avec lui.
Mais durant la phase de croquis, il y a eu énormément d’allers-retours entre lui, Gaëlle Souppart (directrice artistique chez Gallimard) et moi. Car en effet c’est un sujet complexe qui nécessitait de la précision. Et qui mieux que le sociologue Olivier Peyroux pouvait nous guider et nous éclairer sur cette réalité ?
Avez-vous fait des recherches pour ce livre ?
C’est un sujet que l’on ne peut traiter sans recherches. Encore une fois, Olivier Peyroux m’a été d’une grande aide au niveau iconographique (gravures, peintures, photos anciennes ou récentes).
Et j’ai regardé de nombreux reportages vidéo et des photos dont j’ai tiré des croquis. J’ai notamment été très touchée par le reportage Les Gorgan de Mathieu Pernot, qui a photographié une famille rom dans leur quotidien sur plusieurs décennies.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Je grandis à Marseille, et après un BTS en graphisme en poche je décide de m’orienter vers le dessin. Grâce à l’aide précieuse de l’illustratrice Amélie Jackowski, j’intègre les Arts décoratifs de Strasbourg (HEAR) et j’en sors diplômée en 2013 (j’ai littéralement adoré ces années d’études !).
Depuis, je travaille régulièrement pour la presse jeunesse et adulte. Et je publie des albums chez Milan, Sarbacane, Gallimard, Casterman et Didier Jeunesse.
Quelles techniques d’illustration utilisez-vous ?
Pour ce livre, j’ai utilisé le crayon gras et la tablette graphique, pour un rendu moins « propre ».
Mais j’aime bien varier les techniques selon le projet. J’utilise beaucoup le crayon de couleur. Et j’ai redécouvert la gouache aux Arts décoratifs, technique que j’utilise assez régulièrement dans mes images.
Il y a-t-il des illustrateurs et des illustratrices dont le travail vous touche ou vous inspire ?
J’adore l’univers de Carson Ellis, je suis touchée par le dessin si vivant et riche de détails de Beatrice Alemagna, fascinée par les images élégantes de Miroslav Šašek, la composition et le dessin de Fanny Blanc, l’humour de Vincent Pianina, les bandes dessinées expérimentales de Guy Peellaert, les couleurs de Charlotte Lemaire, Blexbolex, Atak, Élizabeth Ivanovsky, Nathalie Parain… et tant d’autres !
Après, il n’y a pas que l’illustration au sens strict qui m’inspire, il y a aussi l’image de façon générale : une vieille réclame, un papier peint, une assiette en céramique, une affiche de cinéma, un tableau de Edward Hopper ou Matisse, une pochette d’album, une photographie et son cadrage particulier, les intrigues de la série Chapeau melon et bottes de cuir, l’esthétisme des films de Hitchcock…
Comment choisissez-vous vos projets ?
Pour être tout à fait franche, je ne choisis pas vraiment mes projets. C’est plutôt un éditeur qui me contacte et qui me propose un projet. Si l’histoire et le sujet me parlent, je fonce. Pour le moment je travaille exclusivement avec des auteurs, mais j’aimerais bien développer mes propres projets de livre. J’ai des idées, mais pas de temps à y consacrer. Je n’ai pas encore trouvé l’équilibre entre les commandes et les projets personnels. Mais j’ai l’impression que c’est une problématique récurrente, lorsque j’en parle autour de moi.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Enfant, j’ai lu la Famille Souris, les livres d’Anthony Browne, les Caroline, J’aime lire (dont Tom-Tom et Nana), beaucoup de BD franco-belges (Tintin et Spirou particulièrement) et l’indispensable Copain des bois.
J’allais souvent à la bibliothèque du coin avec mes frères, et je lisais toutes les BD qui me passaient sous le nez. J’y ai découvert Les 4 As et Yoko Tsuno, qui m’ont beaucoup marquée.
Je lisais aussi des « vrais livres » (dixit mes parents). Roald Dahl, Émile Zola, Maupassant, Alice détective, Agatha Christie, Edgar Alan Poe, Alexandre Dumas, pour ne citer qu’eux.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Je viens de finir les images d’un album jeunesse qui raconte la rencontre entre un loup et une petite fille qui ne s’en laisse pas conter. Et je commence tout juste à travailler sur une histoire de poule et de restaurant rue d’Aubagne, à Marseille. C’est un peu décousu, dit comme ça, mais ça s’annonce chouette à illustrer.
Bibliographie sélective :
- Les mondes roms, documentaire, illustration d’un texte d’Olivier Peyroux, Gallimard Jeunesse (2022).
- C’est obligé que les petits cochons se fassent manger par le loup ?, album, illustration d’un texte de Marie-Agnès Gaudrat, Casterman (2022).
- Picasso, documentaire, illustration d’un texte de Béatrice Fontanel, Gallimard Jeunesse (2021).
- L’art et la manière de bien s’ennuyer, album, illustration d’un texte de Didier Lévy, Sarbacane (2021).
- Molière, documentaire, illustration d’un texte de Béatrice Fontanel, Gallimard Jeunesse (2020).
- L’anniversaire et autres poèmes, poésies, illustration de textes d’Andrée Chedid, Gallimard Jeunesse (2019).
- Les écrans, documentaire, illustration d’un texte d’Audrey Guiller, Milan (2017).
- Pic de La Mirandole et l’ange jaloux, roman, illustration d’un texte d’Hélène Malard, Les petits Platons (2016).
En complément de cette interview, je vous conseille d’écouter celle d’Olivier Peyroux, l’auteur du documentaire Les mondes roms, dans Écoute il y a un éléphant dans le jardin ici.
En vacances avec… Mini Ludvin
Régulièrement, nous partons en vacances avec un·e artiste. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi j’adore partir comme ça avec quelqu’un·e, on apprend à la·le connaître notamment par rapport à ses goûts… Cet·te artiste va donc profiter de ce voyage pour nous faire découvrir des choses. On emporte avec nous que ces choses-là, on ne se charge pas trop… Des livres, de la musique, des films… sur la route on parlera aussi de 5 artistes qu’iel veut me présenter et c’est elle·lui qui choisit où l’on va… 5 destinations de son choix. Cette fois-ci, c’est avec Mini Ludvin que nous partons ! Allez, en route !
- Les rues à la fois dépaysantes et familières d’Osaka au Japon
- La forêt amazonienne dans laquelle on s’immerge depuis le village Hmong de Cacao en Guyane
- La presqu’île de mon enfance : pinèdes, garrigue et mer à Saint-Mandrier-sur-Mer
- La ville d’Annecy pendant le Festival international du film d’animation
- Les vieilles rues médiévales d’Angoulême
Mini Ludvin est autrice, directrice artistique, dessinatrice et illustratrice. Elle est notamment la dessinatrice de la série Le grimoire d’Elfie dont le deuxième tome est sorti il y a quelques mois. Dans cette série de BD scénarisée par Audrey Alwett et Christophe Arleston et éditée par Drakoo, on retrouve une jeune fille aux pouvoirs magiques qui vit dans une librairie ambulante.
Bibliographie :
- Série Le grimoire d’Elfie, BD, deux tomes actuellement, dessins sur un scénario d’Audrey Alwett et Christophe Arleston, Drakoo (2021-2021), que nous avons chroniqué ici.
- Colombe à l’hôtel du lac. Le début d’une nouvelle vie, roman, illustration d’un texte de Sophie Rigal-Goulard, Rageot (2022).
- Série Je suis en CM, six tomes actuellement, romans, illustration de textes de Magdalena, Flammarion (2018-2021).
- Embrouilles au comptoir de la Fesse Plate, illustration d’un texte de Gilles Abier, Poulpe Fictions (2021).
- La bataille du Triple-Buse, roman, illustration d’un texte de Gilles Abier, Poulpe Fictions (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Le trésor de l’île sans nom, roman, illustration d’un texte de Gilles Abier, Poulpe Fictions (2018).
- Série Rose et Titouan sur l’île du Grand Vent, trois tomes, romans, illustration de textes de Karine-Marie Amiot, Mame (2015-2016).
Retrouvez Mini Ludvin sur son site.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !