Aujourd’hui, on reçoit Marie Novion, dont j’ai beaucoup aimé l’album Amour flou publié chez Actes Sud Jeunesse. Elle est l’invitée de l’interview. Ensuite, c’est de directeur de création d’Actes Sud Jeunesse (ça tombe bien !) Kamy Pakdel qui est l’invité de Véronique Soulé pour sa rubrique (sonore !) Du tac au tac qu’elle réalise pour nous une fois par mois.
L’interview du mercredi : Marie Novion
Pouvez-vous nous parler d’Amour flou ?
C’est Émile Cucherousset qui a écrit Amour flou. Je le trouve très rigolo et vraiment à la hauteur des enfants. Ce sont des petits furets qui voient leur grand-père tomber amoureux d’une chouette dame taupe, mais qui ne leur plaît pas trop à eux. Ils se font ensuite une image très effrayante du coup de foudre et font tout pour lui échapper pendant tout l’album.
Quelles techniques d’illustration utilisez-vous ?
Mon outil favori est le crayon à papier que j’utilise avec des feutres et des crayons de couleur, ou bien je fais la colorisation sur ordi.
En tant qu’illustratrice, comment choisissez-vous vos projets ?
Je choisis les projets selon trois critères : le planning : est-ce que le planning correspond au mien et est-ce que les délais sont raisonnables pour moi ? (car je suis lente) Est-ce que c’est assez rémunéré ? Est-ce que l’histoire ou le projet me plaît ? C’est important pour moi de me retrouver dans les textes que j’illustre, y trouver une sorte d’écho à mon univers.
Vous illustrez aussi vos propres histoires. Dans ces cas-là, qu’est-ce qui arrive en premier, les dessins ou l’histoire ?
En premier, c’est le dessin avec un personnage auquel je m’attache et que j’ai envie de faire vivre. Alors des idées de situations et de dialogues me viennent. Alors je les dessine, et ainsi de suite : ce sont des allers-retours qui se nourrissent les uns les autres. Quand je commence à être perdue avec tous ces éléments, je me pose pour mettre de l’ordre dans tout ça à l’écrit. Je construis l’histoire plus ou moins facilement. Parfois, ça se fait simplement, parfois je m’arrache les cheveux, alors je reprends les choses plus en amont.
Alterner les projets solo et ceux avec un·e autre auteur·rice, c’est un choix ?
J’aime bien faire les deux, je prends une commande de livre quand une histoire me plaît beaucoup. Pour le projet personnel, il faut que j’y consacre du temps non rémunéré pour le faire démarrer et ce n’est pas toujours possible.
Où trouvez-vous votre inspiration ?
Dans les choses qui me touchent, me fascinent et me font rire. Dans mon histoire de vie et celles des autres. Ensuite, certaines de ces choses se rencontrent et créent une idée. Et puis il y a une grande part d’inconscient. Des éléments émergent à l’écriture sans que l’on s’en rende compte tout de suite. Ça me paraît magique et un peu effrayant.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J’ai fait une année de prépa à l’école d’art de Bayonne, avant d’aller à l’école de l’image d’Épinal. À l’époque, c’était un DNAT (diplôme national d’art et techniques, NDLR) images narratives et design graphique, qui me correspondait très bien. J’ai ensuite continué le DNSEP (diplôme national supérieur d’expression plastique, NLDR) aux Beaux-Arts de Saint-Étienne où j’étais plus libre de travailler sur des projets personnels.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Enfant, je réclamais beaucoup d’histoires : je me souviens de la très belle série de Kazuo Iwamura et sa famille souris. J’avais aussi un livre qui s’appelait Aglaé la petite abeille qui me fascinait. Adolescente, j’étais une très petite lectrice, je lisais les BD franco-belges de mes cousins et les livres imposés au collège et au lycée. La lecture m’est venue plus tard, grâce aux BD de l’Association. J’ai découvert la magie des bibliothèques pendant mes études aux Beaux-Arts de Saint-Étienne.
Y a-t-il des illustrateurs et des illustratrices dont le travail vous touche ou vous inspire ?
Il y en a beaucoup : je suis admirative du travail d’Anne Simon, Camille Jourdy, Sophie Guerrive, Tove Jansson et beaucoup d’autres !
Quelques mots sur vos prochains ouvrages ?
Je travaille sur une grande compilation des histoires de Panpi & Gorri parues dans le Magazine Georges. J’espère que l’on pourra aussi faire une chouette expo pour accompagner la sortie.
Bibliographie :
- Amour flou, album, illustration d’un texte d’Émile Cucherousset, Actes Sud Jeunesse (2023), que nous avons chroniqué ici.
- Petits contes des pourquoi, album, illustration d’un texte d’Alain Serge Dzotap, Albin Michel Jeunesse (2023).
- L’Amicale du chocolat, album, texte et illustrations, Sarbacane (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Le croco blues band, album, illustration d’un texte d’Alexandre Lacroix, Père Castor (2020).
- Tape dans ma patte !, album, illustration d’un texte de Dorothée Copel, Didier Jeunesse (2019).
- Notre neige à nous, album, illustration d’un texte de Thomas Scotto, Mango Jeunesse (2019).
- Coyote et le chant des larmes, album, illustration d’un texte de Muriel Bloch, Seuil Jeunesse (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Mordicus un jour, Mordicus toujours !, album, illustration d’un texte de Didier Lévy, Sarbacane (2017).
- La véritable histoire du grand méchant Mordicus, album, illustration d’un texte de Didier Lévy, Sarbacane (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Série Panpi et Gorri, BD, scénario et dessins, Éditions Grains de Sel (2 tomes, 2014-2016), que nous avons chroniquée ici.
Du tac au tac… Kamy Pakdel
Une fois par mois, Véronique Soulé (de l’émission Écoute ! Il y a un éléphant dans le jardin) nous propose la capsule sonore Du tac au tac. Avec la complicité du comédien Lionel Chenail, elle pose des questions (im)pertinentes à un·e invité·e que nous avons déjà reçu·e sur La mare aux mots. Aujourd’hui, c’est Kamy Pakdel qui répond à ses questions.
Kamy Pakdel est le directeur de création des éditions Actes Sud Jeunesse.
Les derniers livres Actes Sud Jeunesse que nous avons chroniqués :
- La grâce du moment, roman de Juliette Moraud (2023), que nous avons chroniqué ici.
- Amour flou, album d’Émile Cucherousset et Marie Novion (2023), que nous avons chroniqué ici.
- L’année où j’ai compris que je n’avais rien compris, roman de Marion Achard et Bruno Salamone (2023), que nous avons chroniqué ici.
- Bienvenue dans les maisons extraordinaires, album de Peggy Nille (2023), que nous avons chroniqué ici.
- Jean-Michel ne sait pas dire non, album de Magali Le Huche (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Pops & Mimosa — Mission salade, album d’Émile Cucherousset et Thomas Baas (2023), que nous avons chroniqué ici.
- La parité filles & garçons, album de Carina Louart et Eva Coste (2020), que nous avons chroniqué ici.
- En avant la musique, album d’Ingrid Seithumer et Bruno Gibert (2021), que nous avons chroniqué ici.
- Lulu et le Macabouc, album de Laurent Gaudé et Charles Berberian (2023), que nous avons chroniqué ici.
- Chercher le bonheur, album de Peggy Nille (2022), que nous avons chroniqué ici.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !