Aujourd’hui, c’est l’illustratrice Maud Legrand que nous recevons. À l’occasion de la sortie d’un nouvel album de la série Mon imagier des sensations (aux éditions Casterman), j’avais envie d’en savoir un peu plus sur son parcours et son travail. Elle a accepté de répondre à mes questions. Ensuite, c’est Violette, 9 ans, pour notre rubrique qui laisse la parole aux enfants, qui nous parle d’une BD qu’elle aime !
L’interview du mercredi : Maud Legrand
Pouvez-vous nous parler de la collection Mon imagier des sensations que vous illustrez aux éditions Casterman ?
Mon imagier des sensations est avant tout né d’une rencontre avec une auteure.
J’ai rencontré Virginie Le Pape dans le cadre d’un projet tout particulier, porté par l’Association Bébés En Avance. Petit mais costaud est un album autoédité, en circuit court qui permet à chaque enfant né prématurément de mieux comprendre son parcours de petit combattant et d’en échanger en famille. Suite à cela, Virginie est revenue vers moi en me proposant les textes des imagiers et j’ai de suite été séduite. Le projet : illustrer des petits bonheurs simples à expérimenter, mettre en images une collection de sensations qui révèle la saveur des petits moments volés et laisse la place à l’évocation et l’imaginaire. J’ai donc réalisé quelques crayonnés puis textes et dessins sous le bras, je suis allée proposer cette collection à mon éditrice. Ainsi sont nés Les Imagiers des sensations aux éditions Casterman.
Juste avant, vous aviez illustré A Beautiful Day aux éditions La Montagne secrète. Pouvez-vous également nous en dire quelques mots ?
A Beautiful Day est aussi né d’une rencontre avec les éditions de La Montagne secrète il y a quelques années de cela. J’aime les livres sonores, l’idée que le texte se lie aux images, que le petit lecteur soit transporté dans l’imaginaire par le biais d’une histoire contée, d’une musique, d’un son me plaît beaucoup.
A Beautiful Day est un de ces albums. Il a le défi d’éveiller l’oreille des enfants, de les faire aimer l’anglais. Les chansons folk-pop mélodieuses de Sunflowers ont été conçues pour qu’ils se familiarisent avec les intonations de la langue et apprennent à saisir le sens général de différentes phrases. Ils s’amuseront à découvrir le vocabulaire de base ainsi qu’une palette de sentiments humains tout en fredonnant des refrains accrocheurs. De mon côté, je me suis régalée à construire l’univers graphique de cet album en faisant écho à la musique, j’ai tâché de mettre en images le pétillant, le coloré, la joie et l’amour qu’il en ressort.
Et l’aventure ne s’arrête pas là, puisque ce projet se décline maintenant sous forme de concert dessiné. Après Montreuil en décembre 2021, « Little Villette » en janvier, Aaron, Julie du duo Sunflowers et moi-même seront au festival America en septembre prochain pour deux nouveaux concerts !!!
Où trouvez-vous votre inspiration ?
L’inspiration vient d’une somme de choses. Le plus souvent, je me laisse porter par une association de couleurs, une forme, un motif. Tout est sujet à être réinterprété ou retranscrit sur le papier. Évidemment, un texte, une bribe d’histoire vient déclencher tout un tas d’associations d’idées, d’images visuelles, voilà les points de départ d’un album.
Quelles techniques d’illustration utilisez-vous ?
J’aime tester et chercher. Chaque projet est différent et mérite d’être réfléchi en tant que tel. Souvent, je mixe les techniques, j’aime jouer avec les matières, les transparences, les superpositions. Cela me permet aussi de raconter encore autre chose.
Je dessine et redessine beaucoup, passe sans cesse de ma table à dessin à l’ordinateur, je bidouille, transforme, imprime, redessine, rescanne, rebidouille jusqu’à obtenir le résultat convenu.
C’est assez laborieux, mais j’aime voir se construire petit à petit le dessin, rencontrer les personnages et les faire évoluer au fil des pages, le temps de la création de l’album.
Est-ce qu’il y a des illustrateurs et des illustratrices dont le travail vous touche ou vous inspire ?
Sans réfléchir, Quentin Blake pour la justesse de son trait à la plume et à l’aquarelle, sa drôlerie, sa délicatesse.
Ce qui me touche surtout chez des illustrateurs, illustratrices, c’est de voir comment le texte est interprété et quel moyen technique ou graphique est mis en place pour retranscrire au mieux leur version de l’histoire. De fait, j’achète beaucoup d’albums jeunesse et je suis le travail de pas mal d’illustrateurs : Violaine Leroy, Stéphane Kiehl, Marie Dorléans, Marine Schneider, Mari Kanstad Johnsen…
Comment choisissez-vous vos projets ?
Quand j’ai le choix, je choisis des projets qui me parlent. Qui, dès les premières lignes, me mettent des images dans la tête. Je choisis aussi les projets qui me déplacent, j’aime les défis.
Parlez-nous de votre parcours
Mon parcours commence par un baccalauréat en arts appliqués où je découvre les pratiques des arts visuels et l’apprentissage des technologies appliquées au design et aux métiers d’art. Puis je passe une année à Paris en atelier préparatoire en vue de me présenter aux concours des Arts décoratifs de Paris et de Strasbourg. Après avoir eu le choix entre ces deux écoles, c’est sans hésitation que je file m’installer à Strasbourg où je me spécialise trois ans plus tard en illustration dans la section portée par Claude Lapointe.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Enfant, mes lectures étaient beaucoup de BD, les classiques Tintin, Astérix, les Schtroumpfs, Caroline, Picsou Magazine gagné au club Mickey, puis la découverte de Road Dahl m’a régalée par son impertinence, son humour noir. J’écoutais aussi beaucoup d’histoires sur cassette ou 45 tours comme Émile Jolie ou Pierre et le Loup.
Quelques mots sur vos prochains ouvrages ?
Je travaille justement sur un conte musical qui paraîtra à la fin de l’année aux éditions Nathan.
Ce projet est né une nouvelle fois d’une rencontre. Morgane Raoux est une clarinettiste de talent.
Depuis une dizaine d’années, je réalise les affiches de ses spectacles. En 2015, elle m’a sollicitée pour l’affiche de son spectacle L’Enfant de l’Orchestre. En 2020, le disque du conte est sorti chez le label Victorie Music. Et c’est chez Nathan, que l’aventure se poursuit avec un bel album musical.
L’Enfant de l’Orchestre est l’histoire d’une petite fille née dans un grand orchestre symphonique dirigé par sa maman, elle est ponctué de délicieuses comptines écrites sur des thèmes classiques : la Marche turque de Mozart, Casse-Noisette de Tchaïkovsky, le Boléro de Ravel ou Les Quatre Saisons de Vivaldi. Ainsi, les tout-petits pourront s’approprier les grands standards du répertoire de façon aussi simple que ludique !
En parallèle, je travaille sur la suite de la série Cet enfant que j’aime infiniment. Après Cette maman…, Ce papa paraîtra au mois de mai et d’autres surprises suivront.
Et sinon, je suis toujours à la recherche de nouveaux projets et d’histoires dans lesquelles embarquer !
Bibliographie sélective :
- Série Mon imagier des sensations, illustration de textes de Virginie Le Pape, Casterman (2020-2022).
- Ma petite valise, illustration d’un texte de Rhéa Dufresne, Les 400 coups (2022).
- Je t’aime grand comme ça, illustration d’un texte d’Erine Savannah, La langue au chat (2021).
- A beautiful day, illustration de chansons de Sunflowers, La Montagne secrète (2021), que nous avons chroniqué ici.
- Nocturne, illustration d’un texte d’Emmanuel Simard, D’eux (2021).
- L’enfant et la nuit, illustration d’un texte d’Albena Ivanovitch-Lair, Kilowatt (2019).
- Comment on fait les bébés ?, illustration d’un texte d’Isabelle Jameson (2019), que nous avons chroniqué ici.
- L’école maternelle, illustration d’un texte de Mariette Nodet, Glénat Jeunesse (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Les bateaux, illustration d’un texte de Stéphane Frattini, Glénat Jeunesse (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Aux sports d’hiver, illustration d’un texte de Stéphane Frattini, Glénat Jeunesse (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Oh ! Zanimo, illustration de chansons de Steve Waring, Les Éditions des Braques (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Oh ! Zoo, illustration de chansons de Steve Waring, Les Éditions des Braques (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Oh ! My songs, illustration de chansons de Steve Waring, Les Éditions des Braques (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Le loup à la bonne odeur de chocolat, illustration d’un texte de Paule Battault, L’élan vert (2015), que nous avons chroniqué ici.
Les premier·ères concerné·es
Régulièrement, un·e enfant nous parle d’un livre qu’il ou elle a aimé, avec ses mots. Aujourd’hui c’est Violette, 9 ans qui nous parle de l’album Les petites cartes secrètes Si l’un de vos enfants veut être le ou la prochain·e, écrivez-nous !
C’est l’histoire de deux frère et sœur, Tom et Lili. Tom habite avec le père et Lili, la mère, car ils sont séparés. Ils essayent de faire un plan pour qu’ils soient à nouveau ensemble, mais le père présente à Tom Sylvaine et dit qu’elle va vivre avec eux. Apparemment c’est sa NOUVELLE petite amie. Tom va tester plein de manières pour qu’elle parte…
J’ai beaucoup aimé ce livre, car il y a de l’aventure, c’est un peu triste et même à des moments c’est un tout petit peu drôle.
Les petites cartes secrètes, scénario d’Anaïs Vachez, illustré par Cyrielle, Delcourt dans la collection Une case en moins, 17,95 € (2018).
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !