Ce mois-ci encore, deux invités pour un même livre. Cette fois-ci, c’est l’album aussi beau que passionnant On nous appelait les mouches, qui vient de sortir chez Sarbacane. On a tout d’abord rendez-vous avec l’illustrateur du livre, Maurizio A. C. Quarello puis c’est son auteur, Davide Cali qui est l’invité de la rubrique (sonore !), Du tac au tac de Véronique Soulé. Bonne lecture, bonne écoute et bon mercredi !
L’interview du mercredi : Maurizio A. C. Quarello
Parlez-nous de votre parcours.
J’ai fait des études d’arts graphiques et d’architecture. Même si je n’ai pas mis en pratique les arts graphiques et l’architecture, ce que j’ai appris m’a été très utile pour mon métier. Quand j’ai terminé mes études, j’ai fait un peu d’illustration naturaliste et publicitaire. Puis à un certain moment j’ai « découvert » l’album illustré, et mieux, j’ai découvert les albums de certains éditeurs comme Orecchio Acerbo en Italie, et Rouergue et Sarbacane en France ; j’ai alors décidé que ce serait le domaine dans lequel je travaillerais. Ensuite, mon histoire ressemble à celles de tant d’autres illustrateurs : j’ai commencé à aller dans les salons et les foires, j’ai sollicité mille rendez-vous auprès d’éditeurs de la moitié du monde, j’ai travaillé sur mes projets, et finalement j’ai commencé à publier mes livres. Et je n’ai plus arrêté !
Vous venez d’illustrer On nous appelait les mouches, un album proche du roman graphique dans lequel on plonge dans un monde dystopique. Comment avez-vous travaillé sur cet album ?
Cela n’a pas été difficile car je suis un lecteur impénitent de science-fiction ; aussi, quand j’ai lu les textes, j’ai tout de suite imaginé des scènes, des ambiances et des personnages. Puis, naturellement, il a été nécessaire de créer un monde qui soit différent du nôtre, mais néanmoins crédible. J’ai pioché des idées et me suis inspiré à diverses sources : le mouvement Shin-hanga, Star Wars, l’architecture futuriste ou les costumes des années trente. Puis j’ai réinterprété tout ça pour donner de la cohérence à l’ensemble. La partie la plus amusante a consisté à créer des animaux, en combinant des parties de vrais animaux. Les plantes, en revanche, sont toutes inspirées directement de la réalité parce qu’il en existe déjà tellement d’étranges, voire extraterrestres, que ce n’était pas nécessaire d’en rajouter.
Vous avez fait plusieurs albums avec Davide Cali, parlez-nous de votre collaboration.
Cela fait longtemps que nous travaillons ensemble. C’est moi qui lui avais proposé de faire un projet ensemble, mais au début Davide n’était pas très convaincu. Puis, quand il s’est décidé et a commencé à me proposer des textes à illustrer, je les ai déchirés l’un après l’autre, jusqu’à ce qu’il me fasse lire « Mon papa pirate », et là, j’ai eu un coup de foudre ! A partir de là, notre collaboration est devenue régulière ; travailler avec Davide est très simple parce que c’est un grand professionnel qui sait s’adapter aux différents commanditaires et il possède un talent précieux : il sait organiser des mariages heureux entre textes et illustrateurs.
Quelles techniques d’illustrations utilisez-vous (ici et en général) ?
Pour ce livre, j’ai utilisé de la peinture acrylique utilisée comme de l’aquarelle et des mines de crayons tendres parce que je voulais obtenir un effet un peu sale, comme si dans l’air flottait un nuage de poussière. Sinon, j’utilise beaucoup de techniques différentes que je choisis et expérimente en fonction du thème et du type de projet : aquarelle, huile, encres, pastels, mine de plomb et diverses techniques mixtes.
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Ma réponse va vous paraitre banale mais c’est vrai : partout ! Dans les films car je suis un passionné de cinéma, dans les chefs-d’œuvre des grands maîtres de l’histoire de l’art, dans ce que je lis, dans ce que je vois dans la rue. Et si l’inspiration ne veut vraiment pas venir (ça arrive parfois), j’ai un remède infaillible : faire une longue belle promenade dans les bois. Au retour, l’inspiration est là, qui m’attend à ma table de travail !
Comment choisissez-vous vos projets ?
De deux façons : ou je les aime beaucoup et ils m’inspirent immédiatement des images et des atmosphères, ou s’ils sont très bien payés…
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
Les bandes dessinées, en particulier Tintin et Astérix, et puis les classiques comme L’Île au trésor, Tom Sawyer ou Les Chevaliers de la Table ronde, ou encore les fables et les contes d’Italo Calvino. Et puis, naturellement, les romans de science-fiction.
Des projets en cours ?
Je viens juste de terminer d’illustrer un grand classique qui sortira en France chez Sarbacane, et je vais travailler sur un autre classique (peut-être en version sans texte) pour Orecchio Acerbo.
Bibliographie sélective :
- On nous appelait les mouches, album, illustration d’un texte de Davide Cali, Sarbacane (2020).
- Et parfois ils reviennent…, album, illustration d’un collectif, Sarbacane (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Le petit Triclinio et la belle Dorotea, album, illustration d’un texte de Jorge Ibargüengoitia, Marmaille et Compagnie (2019).
- Le voyage de Darwin, album, illustration d’un texte de Giacomo Scarpelli, Sarbacane (2019).
- Comment lire un livre ?, album, illustration d’un texte de Daniel Fehr, Kaléidoscope (2019).
- L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, album, illustration d’un texte de Robert Louis Stevenson, Sarbacane (2018).
- Le partisan, BD, scénario et dessin, Les Éditions des Éléphants (2017).
- Cours !, illustration d’un texte de Davide Cali, Sarbacane (2016).
- Le dernier voyage, album, illustration d’un texte d’Irène Cohen-Janca, Les Éditions des Éléphants (2015).
- L’appel de la forêt, album, illustration d’un texte de Jack London, Sarbacane (2015).
- Mon papa pirate, album, illustration d’un album de Davide Cali, Sarbacane (2013).
- Le bus de Rosa, album, illustration d’un texte de Fabrizio Silei, Sarbacane (2011).
- La sorcière grince-dents, album, illustration d’un texte de Tina Meroto, OQO (2010)
- Les arbres pleurent aussi, album, illustration d’un texte d’Irène Cohen-Janca, Le Rouergue (2009).
- Titiritesse, album, illustration d’un texte de Xerardo Quintiá, OQO (2007), que nous avons chroniqué ici.
Merci à Michel Goti et Véronique Soulé pour la traduction et à Arianna Tamburini pour son aide pour les mots techniques.
Du tac au tac… Davide Cali
Une fois par mois, Véronique Soulé (de l’émission Écoute, il y a un éléphant dans le jardin) nous propose une capsule sonore, Du tac au tac. Avec la complicité du comédien Lionel Chenail, elle pose des questions (im)pertinentes à un·e invité·e que nous avons déjà reçu·e sur La mare aux mots. Aujourd’hui, c’est Davide Cali qui répond à ses questions.
Davide Cali est auteur.
Bibliographie sélective :
- On nous appelait les mouches, album illustré par Maurizio A. C. Quarello, Sarbacane (2020).
- Odette fait des claquettes, album illustré par Clothilde Delacroix, Sarbacane (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Les adultes ne font jamais ça !, album illustré par Benjamin Chaud, Hélium (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Où finit le monde ?, album illustré par Maria Dek, Hélium (2020), que nous avons chroniqué ici.
- L’écrivain, album illustré par Monica Barengo, Passepartout (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Tyranno petite sœur, album illustré par Sébastien Mourrain, Sarbacane (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Top Car, album illustré par Sébastien Mourrain, Les Éditions des Éléphants (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Cendrillon et la pantoufle velue, album illustré par Raphaëlle Barbanègre, Talents Hauts (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Eléctrico 28, album illustré par Magali Le Huche, ABC Melody (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Un jour, sans raison, album illustré par Monica Barengo, PassePartout (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Bronto Megalo Saure, album illustré par Sébastien Mourrain, Sarbacane (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Crotte !, album illustré par Christine Roussey, Nathan (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Blanche-Neige et les 77 nains, album illustré par Raphaëlle Barbanègre, Talents Hauts (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Je suis en retard à l’école parce que…, album illustré par Benjamin Chaud, Hélium (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Quand un éléphant tombe amoureux, album illustré par Alice Lotti, Passepartout (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Je n’ai pas fait mes devoirs parce que…, album illustré par Benjamin Chaud, Hélium (2014), que nous avons chroniqué ici.
- (Bons) Baisers ratés de Venise, album illustré par Isabella Mazzanti, Gulf Stream Editeur (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Le grand livre de la bagarre, album illustré par Serge Bloch, Sarbacane (2013)
- Mon papa pirate, album illustré par Maurizio A. C. Quarello, Sarbacane (2013)
- Super Potamo, BD, dessins de Raphaëlle Barbanègre, Bang Ediciones (2013), que nous avons chroniqué ici.
- (Bons) Baisers ratés de Venise, album illustré par Anna Rouquette, Gulf Stream Editeur (2012), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Davide Cali sur son site : http://www.davidecali.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !