Aujourd’hui, je reçois Nathaniel H’Limi, auteur/illustrateur du très bel album Un nouveau monde, sorti chez La Martinière Jeunesse. Ensuite, c’est l’éditrice d’une des plus belles maisons d’édition jeunesse, Christine Morault de MeMo, qui est l’invitée de Véronique Soulé pour sa rubrique (sonore !) Du tac au tac qu’elle réalise pour nous une fois par mois.
L’interview du mercredi : Nathaniel H’Limi
Un nouveau monde, ça parle de quoi ?
Cet album est assez personnel puisque j’y raconte mes premiers pas dans la vie de papa. Les premiers jours de mon fils furent pour moi un moment d’étrangetés, de découvertes et de joies surprenantes.
Pouvez-vous nous raconter comment est née cette idée et comment vous avez travaillé sur ce projet ?
Lorsque j’ai annoncé à mes proches que j’allais avoir un enfant, la réaction qui revenait souvent était la même : « Profites-en, ça passe très vite les premiers jours, et après, on oublie. »
Lorsqu’il est né, j’ai vite ressenti le besoin d’immortaliser ces quelques semaines très particulières de ma nouvelle vie de papa. Mon fils est né à domicile, entre deux confinements. C’était comme être dans une bulle hermétique à tout, partager cela avec lui et ma compagne m’a donné l’impression d’être un explorateur à la découverte d’un nouveau continent. C’est ce que j’ai voulu raconter, un voyage immobile à la découverte d’un monde inconnu.
Quelles techniques d’illustration utilisez-vous ?
Je dessine essentiellement à la plume, au pinceau et à l’encre de Chine. J’aime utiliser des encres noires très denses et travailler la matière en me servant de pinceaux usés. Pour la couleur, je couvre des grandes feuilles de gouaches et d’aquarelles avec de gros pinceaux ou des chiffons, puis j’assemble encre et couleur à l’ordinateur en utilisant des palettes réduites, mais en travaillant les nuances et les contrastes.
Vous êtes également réalisateur de films d’animation, est-ce que cette autre casquette a une influence sur votre écriture ?
Je pense en effet que ces deux modes d’expression sont très liés. Le rythme, le phrasé, la mise en scène et le cadrage d’un livre se pensent différemment d’un film, mais mon interrogation principale reste la même. Comment mettre cette histoire en images pour que ce soit le plus touchant et sincère possible ? Sous les deux casquettes, j’essaye d’être au plus proche du réel. Je travaille beaucoup d’après nature, je fais toujours beaucoup de photos, de croquis, de prises de notes et de notes vocales à moi-même. Le vrai travail commence lorsque j’assemble tout cela pour en faire une histoire qui me ressemble.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Après des études d’arts appliquées, j’ai fait les Beaux-Arts, où j’ai expérimenté la gravure, la photographie et la vidéo expérimentale. Je me suis finalement concentré sur l’illustration et l’animation qui sont les modes d’expression me permettant d’être au cœur de mon amour de la narration et des récits. Après cela, j’ai fait une multitude de boulots : graphiste, animateur, illustrateur, monteur, scénographe, retoucheur… Toutes ces expériences m’ont permis de définir mon vocabulaire graphique et de me concentrer sur l’essentiel : raconter des histoires.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
Je n’ai aucun souvenir des albums jeunesse de mon enfance. J’ai grandi dans un étrange mélange des livres de peinture italienne de mon père et les mangas japonais qui arrivaient en France. Ma véritable culture des livres s’est plutôt forgée à la fin de l’adolescence, et des années 90, lorsque j’ai découvert la bande dessinée française contemporaine avec des auteurs comme Joann Sfar, Christophe Blain ou Marjane Satrapi. J’étais un immense fan du travail de la maison d’édition L’Association qui mettait en avant une bande dessinée nouvelle, des narrations originales et qui m’ont permis de comprendre qu’il existait mille manières de raconter une histoire. En revanche, je découvre la littérature jeunesse depuis que je suis père, et je suis fasciné de voir que les récits qui parlent le plus à mon fils sont les récits sombres qui font appel aux peurs enfouies en nous.
Travaillez-vous actuellement sur un nouvel album ?
J’illustre actuellement un projet de fiction sonore éditée par l’école des loisirs en partenariat avec Arte Radio : Jean-Chat voit dans le noir. Créé et écrit par Sabine Zovighian, il devrait paraître courant 2024. Je poursuis également la réalisation de ma série animée La vie de Château avec Clémence Madeleine-Perdrillat. L’adaptation en livre est déjà en librairie et nous prévoyons de publier le tome 5 en début d’année prochaine. Pour finir, j’ai commencé à écrire la suite du Nouveau Monde qui devrait s’appeler Terrible et qui racontera la rencontre mouvementée entre l’amour inconditionnel d’un parent et l’irrationalité d’un terrible two carabiné.
Bibliographie :
- Un nouveau monde, texte et illustrations, La Martinière Jeunesse (2023), que nous avons chroniqué ici.
- La vie de château, illustration d’un texte de Clémence Madeleine-Perdrillat, L’école des loisirs (4 tomes, 2021-2023).
Retrouvez Nathaniel H’limi sur son compte Instagram.
Du tac au tac… Christine Morault
Une fois par mois, Véronique Soulé (de l’émission Écoute, il y a un éléphant dans le jardin) nous propose une capsule sonore, Du tac au tac. Avec la complicité du comédien Lionel Chenail, elle pose des questions (im)pertinentes à un·e invité·e que nous avons déjà reçu·e sur La mare aux mots. Aujourd’hui, c’est Christine Morault qui répond à ses questions.
Christine Morault est, avec Yves Mestrallet, la créatrice de la belle maison d’édition MeMo.
Les titres MeMo que nous avons chroniqués :
- La petite famille à fourrure, texte de Margaret Wise Brown, illustré par Garth Williams (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Maddi dans la grotte, de Pauline Barzilaï (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Pouet !, de Claire Garralon (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Au lit Frances, texte de Russell Hoban, illustré par Garth Williams (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Le plus grand, de Malika Doray (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Pas pareil, d’Émilie Vast (2021), que nous avons chroniqué ici.
- Un pull pour te protéger, de Malika Doray (2020), que nous avons chroniqué ici.
- L’oiseau bleu, d’Isaure Fouquet (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Dans la forêt, de Ghislaine Herbéra (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Je veux un super pouvoir !, d’Émilie Vast (2020), que nous avons chroniqué ici.
- La fête d’anniversaire, de Malika Doray (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Attends que la lune soit pleine, texte de Margaret Wise Brown, illustré par Garth Williams (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Quelque chose de merveilleux, texte de Shin Sun-Jae, illustré par Émilie Vast (2019), que nous avons chroniqué ici.
- L’arbre de Ploc, de Mélanie Rutten (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Jusqu’en haut, d’Émilie Vast (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Quel est ce fruit ? et Quel est ce légume ?, d’Anne Crausaz (2019), que nous avons chroniqués ici.
- Trois petits animaux, texte de Margaret Wise Brown, illustré par Brown Garth Williams (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Chnourka, de Gaya Wisniewski (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Laurent le flamboyant, texte de Karen Hottois, illustré par Julia Woignier (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Moi, j’ai peur du loup, d’Émilie Vast (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Mon bison, de Gaya Wisniewski (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Poule Bleue, de Claire Garralon (2018), que nous avons chroniqué ici.
- L’hiver d’Isabelle, de Jeanne Macaigne (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Chat noir chat blanc, de Claire Garralon (2018), que nous avons chroniqué ici.
- La graine de carotte, texte de Ruth Krauss, illustré par Crockett Johnson (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Alphabet des plantes et des animaux, d’Émilie Vast (2017), que nous avons chroniqué ici.
- L’heure bleue, de Ghislaine Herbéra (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Chez un père crocodile, de Malika Doray (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Ton cauchemar, de Malika Doray (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Quand ils ont su…, de Malika Doray (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Perdu !, d’Alice Brière-Haquet (2011), que nous avons chroniqué ici.
- La surprise, de Janik Coat (2010), que nous avons chroniqué ici.
Le site MeMo : https://www.editions-memo.fr.

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
