Aujourd’hui, on reçoit tout d’abord l’autrice Olivia Godat à l’occasion de la sortie d’un joli livre au principe très original, Le temps des mirabelles (publié par La Martinière Jeunesse). Puis, c’est Hualing Xu, qu’on est heureux·ses de retrouver, qui est l’invitée de la rubrique Quand je crée à l’occasion de la sortie de Par une nuit d’hiver chez Didier Jeunesse.
L’interview du mercredi : Olivia Godat
Pouvez-vous nous parler de l’album Le temps des mirabelles qui vient de paraître aux éditions La Martinière Jeunesse ?
Monsieur Jean n’aime rien ni personne. Il passe sa vie à s’ennuyer le plus possible afin d’empêcher le temps de fuir trop vite. Il a développé des stratégies pour que chaque minute s’étire au maximum : compter les carreaux de sa salle de bain, lire et relire l’annuaire téléphonique ou encore parler à son ficus. Jusqu’au jour où une petite dame se présente à sa porte et où il découvre un pot de confiture devant sa fenêtre…
Ce livre a un principe original, pouvez-vous nous raconter ce concept et comment l’idée vous est venue ?
La collection des Histoires à trois vitesses permet aux parents et aux enfants de choisir ensemble la version de l’histoire qui sera lue : une version courte avec toutes les étapes importantes, une intermédiaire avec davantage de détails, et une plus longue qui offre des scènes et des explications supplémentaires — une lecture accumulative repérée par des couleurs (vert, orange et rouge).
Quand l’enfant commencera à maîtriser la lecture, il pourra aussi lire la version la plus courte, et le parent complètera avec les autres couleurs, pour un temps de lecture partagée.
Ce concept peut également être utilisé lors de l’apprentissage en classe : le professeur peut proposer un même livre à des enfants ayant des niveaux de lecture différents car chaque enfant apprend à son rythme.
L’idée m’est venue lorsqu’un soir je m’occupais de ma nièce. Elle avait bien compris que j’étais encore novice dans cet exercice et ajoutait chaque fois, l’air de rien, un livre supplémentaire à la pile du soir. S’en suivent en général d’intenses négociations que même des spécialistes en relations internationales auraient du mal à mener !
Comment s’est passée la collaboration avec Camille Ferrari, l’illustratrice ?
C’est Garance Giraud, ma formidable éditrice, qui a eu l’idée de contacter Camille Ferrari. Elle trouvait que son dessin rond et chaud allait bien coller avec l’ambiance et l’histoire du Temps des mirabelles. Le mariage entre l’image et le texte s’est fait très naturellement.
Comment naissent vos histoires ?
Je n’ai, hélas, pas de recette magique et secrète pour faire naître une histoire.
Mais j’ai toujours été fascinée par l’écriture… Comment les histoires se racontent ? Comment nous sont-elles données à lire ou à voir ?
Parfois, les idées me viennent quand je les attends le moins : à vélo, sous la douche ou en pleine nuit. J’ai un petit carnet sur ma table de chevet pour noter ce qui me vient. Neuf fois sur dix, je trouve ça vraiment très nul au petit matin. Alors je recommence.
Et petit à petit, l’histoire se tisse.
Qui sont vos premier·ères lecteur·rices ?
Garance, mon éditrice, lit et commente mes textes. Je suis toujours un peu nerveuse quand je lui confie une histoire. Ses retours de lecture sont pertinents, justes et m’aident à avancer. J’ai beaucoup de chance de travailler avec des gens aussi passionnés et brillants !
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J’ai grandi en Suisse — où j’ai étudié la littérature, la philosophie et le cinéma. Petite, je voulais devenir journaliste. C’est finalement vers l’édition que je me suis tournée quelques années plus tard.
J’ai également été autrice pour une émission de radio. Et j’ai collaboré à l’écriture de séries télé et pour un podcast musical.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Ma grande passion d’enfant, celle qui m’a vraiment habitée longtemps, c’était la mythologie grecque. Je lisais tout ce que je trouvais sur le sujet.
J’ai aussi une grande affection pour les livres de Babar, un grand classique qui me rappelle mon arrière-grand-mère Babette.
D’autres livres à venir bientôt ?
Deux autres Histoires à trois vitesses arrivent en 2023. Et j’ai également un projet de livre sur les dragons — dans la même collection que Sirènes de légendes qui est sorti en 2020.
Je souhaiterais aussi avancer sur un roman que j’ai dans mes tiroirs depuis quelque temps, mais le courage et la ténacité me manquent.
Bibliographie :
- Le temps des mirabelles, album illustré par Camille Ferrari, La Martinière Jeunesse (2022).
- Sirènes de légende, album co-écrit avec Rémi Giordano, illustré par Laura Pérez, La Martinière Jeunesse (2020), que nous avons chroniqué ici.
- La toute petite Olga, album illustré par Raphaëlle Barbanègre, La Martinière Jeunesse (2018).
Quand je crée… Hualing Xu
Le processus de création est quelque chose d’étrange pour celles et ceux qui ne sont pas créateur·trices eux·elles-mêmes. Comment viennent les idées ? Est-ce que les auteur·trices peuvent écrire dans le métro ? Les illustrateur·trices, dessiner dans leur salon devant la télé ? Peut-on créer avec des enfants qui courent à côté ? Faut-il de la musique ou du silence complet ? Régulièrement, nous demandons à des auteur·trices et/ou illustrateur·trices que nous aimons de nous parler de comment et où ils·elles créent. Cette semaine, c’est Hualing Xu qui nous parle de quand elle crée.

Je peux dessiner n’importe où, mais je préfère quand même travailler chez moi, parce qu’il y a tout le matériel que je ne peux prendre avec moi n’importe où. En général, quand je suis ailleurs alors je fais des photos et des croquis sur le vif.
C’est absolument nécessaire pour moi d’écouter de la musique en dessinant. J’écoute toutes sortes de musiques d’œuvres du répertoire de musique classique au r’n’b américain en passant par de l’électro expérimental (sauf la variété et le rap français, je ne peux pas).
Les bruits des enfants et autres ne me posent aucun problème pour travailler.
De plus, je mets souvent mon casque audio pour écouter la musique, ce qui permet une réelle immersion dans ma bulle.
Je préfère travailler le matin et le soir jusqu’à 1 heure du matin souvent et bien plus tard encore parfois.
Hualing Xu est peintre et illustratrice. Après plusieurs années à s’être consacrée uniquement à la peinture (allez voir son travail ici), elle revient à la littérature jeunesse avec l’illustration d’un texte de Catherine Pallaro, Par une nuit d’hiver publié par Didier Jeunesse… et un autre album est déjà à venir.
Bibliographie
- Par une nuit d’hiver, illustration d’un texte de Catherine Pallaro, Didier Jeunesse (2022).
- Ma crèche de Noël, illustration, Hatier (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Les perles de Jade, illustration d’un texte de Gaëlle Callac, Le buveur d’encre (2013).
- Manon et la caverne aux brigands, illustration d’un texte de Viviane Koenig et Annie Moser, Oskar (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Mia des nuages, illustration d’un texte de Janine Teisson, Oskar (2012), que nous avons chroniqué ici.
- L’étoile de Grand’pa, illustration d’un texte de Jean-Marie Robillard, Le buveur d’encre (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Cerise et ses amis au rythme des saisons, illustration d’un texte de Gaëlle Callac et Isabelle Durack-Bown, Le buveur d’encre (2010).
- Le sommeil esquimau, illustration d’un texte d’Aurélie Capobianco, Le buveur d’encre (2010).
Retrouvez Hualing Xu sur son site : http://www.xuhualing.com et sur Instagram.

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !