Une fois par mois, avec Véronique Soulé, nous mettons en avant deux invité·es lié·es par un livre. Cette fois-ci, c’est l’album Touche à tout, sorti chez L’atelier du poisson soluble, qui nous a fait réunir l’éditeur Olivier Belhomme et l’autrice/illustratrice Anne Letuffe. Le premier est mon invité pour l’interview, la seconde répond à la rubrique (sonore !) Du tac au tac de Véronique Soulé. Bonne lecture et bonne écoute !
L’interview du mercredi : Olivier Belhomme
Comment est né L’atelier du poisson soluble et d’où est venu ce nom ?
L’histoire est connue : nous étions au lycée, Stéphane Queyriaux, mon associé, et moi, lorsque nous nous sommes rencontrés dans notre ennui pour nous inventer une histoire, écrite et illustrée par nous, et qui fut la première publication de la maison d’édition, que nous créâmes alors sous forme associative.
Les plus lettrés d’entre vous auront reconnu l’emprunt à André Breton, dans le nom dont nous l’avons dotée.
Parlez-nous de l’équipe et du rôle de chacun·e ?
Si nous fumes jusqu’à 5 permanents, 6 même lorsque nous accueillions un apprenti, nous ne sommes plus que 3 (et plus vraiment à plein temps), depuis que nous avons décidé de déléguer notre diffusion et notre distribution aux Belles lettres, après plus de 25 ans d’indépendance totale, en supprimant les postes de représentant et de préparateur de commandes que nous ne pouvions plus financer. Désormais Laure Grémillon assure l’ensemble des missions, secondée par Stéphane sur la partie graphique et par moi-même pour la gestion, l’administration et la communication.
Quelle est la spécificité, d’après vous, de votre maison d’édition ?
Longtemps nous nous sommes distingués par une certaine liberté éditoriale.
Comment choisissez-vous les projets que vous éditez ?
Les quelques projets qui passent la pré-sélection de l’un ou l’autre, sont étudiés lors de réunions éditoriales où toute l’équipe décide.
Je sais que la question n’est pas facile, mais si vous deviez me citer quelques albums qui ont marqué la maison…
Du point de vue « audace éditoriale » : Savoir vivre de Yann Fastier, puis Marius de Latifa Marcotte, illustré par Stéphane Poulin, puis Corrida de Yann Fastier.
Du point de vue commercial : Le Type de Philippe Barbeau, Bou et les 3 zours d’Elsa Valentin, illustré par Ilya Green et Les Jours bêtes de Delphine Perret.
Du point de vue notoriété : Le Tracas de Blaise de Raphaële Frier, illustré par Julien Martinière, puisqu’il a reçu la Pépite d’or en 2018, sorte de consécration pour notre maison.
Du point de vue personnel : Zapata est vivant !, de Yann Fastier, parce que peu de maisons sont capables aujourd’hui de tels livres, qui proposent un discours sur le monde, à la fois théorique et pratique.
Vous venez de sortir Touche à tout, le nouvel album d’Anne Letuffe, c’est votre septième album avec elle ! Parlez-nous de votre collaboration et de cet album en particulier.
Troisième imagier d’Anne Letuffe, nous l’avons accompagnée tout au long de sa création pour réagir à ses propositions, suggérer et structurer un album afin qu’il explore un vaste de champ d’analogies.
Pour vous qu’est-ce qu’un bon livre jeunesse ?
Un bon livre jeunesse est un livre qui s’adresse avant tout aux adultes, ai-je l’habitude de répéter depuis tellement longtemps que je ne me souviens plus à qui j’ai emprunté la formule.
Et un bon éditeur ?
Un bon éditeur est celui qui sait limiter le nombre de ses publications à des titres essentiels.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
Dès que j’ai su lire, j’ai toujours pratiqué cette activité avec boulimie (excepté quelques rares périodes de sevrage, essentiellement pour des raisons professionnelles), fixant peu de limites à ma curiosité. Je crois que mon premier « auteur préféré » fut Marcel Aymé (les nouvelles et les romans « champêtres », pas les Contes du chat perché). Au collège, j’ai dévoré intégralement le rayon science-fiction de la médiathèque qui venait d’ouvrir dans les quartiers nord de Clermont-Ferrand, obtenant une dérogation pour accéder au rayon adulte. Plus jeune, je pense avoir surtout grandi entouré d’ouvrages très classiques (bibliothèque rose, puis verte), avant d’être plus indépendant dans mes choix.
À 20 ans, lorsque nous avons créé la maison d’édition, je n’avais aucune culture en littérature jeunesse, puis je me suis formé, en étant pendant deux ans objecteur de conscience au secteur jeunesse de la médiathèque d’Issoire.
Quelques mots sur vos prochains ouvrages ?
Un nouvel album de Jennifer Dalrymple sur le « réenchantement du monde » et un détournement de conte qui traitera de l’entraide et du dépassement des préjugés (mais très subtilement bien sûr). Deux histoires qui parlent du livre comme source de savoir qui permet d’aboutir à une pratique « vertueuse ».
Parmi les derniers livres des éditions de L’atelier du Poisson Soluble que nous avons chroniqués :
- La forêt de Monsieur Chip, de Patrick Pasques (2021), que nous avons chroniqué ici.
- Gloups (histoire vraie), de Judith Chomel (2021), que nous avons chroniqué ici.
- Sénégal, texte d’Arthur Scriabin, illustré par Joanna Concejo, L’atelier du poisson soluble (2020), que nous avons chroniqué ici.
- La passoire, de Clarisse Lochmann (2020), que nous avons chroniqué ici.
- J’aimerais bien être autiste, d’Héloïse Breuil, L’atelier du poisson soluble (2020), que nous avons chroniqué ici.
- L’Abominable Monsieur Steuple, texte de Grégoire Kocjan, illustré par Hyppolite (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Les Puces et le Renard, de Laura Bellini (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Dans la file, de Clarisse Lochmann (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Le casting de Léonard, de Nathalie Vessié-Hodges (2019), que nous avons chroniqué ici.
- La Porte, de JiHyeon Lee (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Catrina, de Michael Soutif (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Ça change tout !, texte de Cathy Ytak, illustré par Daniela Tieni (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Le tracas de Blaise, texte de Raphaële Frier, illustré par Julien Martinière (2017), que nous avons chroniqué ici.
Le site de L’atelier du maison soluble : https://www.poissonsoluble.com.
Du tac au tac… Anne Letuffe
Une fois par mois, Véronique Soulé (de l’émission Écoute, il y a un éléphant dans le jardin) nous propose une capsule sonore, Du tac au tac. Avec la complicité du comédien Lionel Chenail, elle pose des questions (im)pertinentes à un·e invité·e que nous avons déjà reçu·e sur La mare aux mots. Aujourd’hui, c’est Anne Letuffe qui répond à ses questions à l’occasion de la sortie de l’album Touche à tout.
Anne Letuffe est autrice et illustratrice.
Bibliographie sélective :
- Touche à tout, album, L’Atelier du poisson soluble, (2021).
- Je suis tout, album, album, L’Atelier du poisson soluble, (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Le tout petit, album, L’Atelier du poisson soluble, (2013), que nous avons chroniqué ici.
- La masure aux confitures, album, illustration d’un texte de Sylvie Chausse, L’Atelier du poisson soluble, (2010).
- Le prince au petit pois, album, illustration d’un texte de Sylvie Chausse, L’atelier du poisson soluble (2007).
- Le loup du Louvre, album, Éditions du Louvre et L’Atelier du poisson soluble (2006).
- 3 petites culottes, album, illustration d’un texte de Sylvie Chausse, L’Atelier du poisson soluble (2004).
- Meunier, tu dors, album, Didier Jeunesse (2004).
- Nouvelles de printemps, nouvelles sans texte, Éditions Grandir, (1998).
- Au bois d’Ardène, album, Didier Jeunesse (1998).
- Le rêve d’Oscar, album, Éditions Frimousse, (1997).
Retrouvez Anne Letuffe sur son site : https://anneletuffe.ultra-book.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !