Une fois par mois, avec Véronique Soulé, nous mettons en avant deux invité·es lié·es par un livre. Cette fois-ci, c’est La fin du train-train, sorti chez Glénat Jeunesse qui nous a fait réunir l’’illustratrice Qu Lan et l’auteur Guillaume Nail. La première est mon invitée pour l’interview, le second répond à la rubrique (sonore !) Du tac au tac de Véronique Soulé.
L’interview du mercredi : Qu Lan
J’aimerais que vous nous disiez quelques mots sur La fin du train-train. Ça parle de quoi ?
Femke, une conductrice de train néerlandaise qui menait jusqu’ici une vie monotone et prudente, est partie en aventure un dimanche matin, avec tous ses passagers à bord jusqu’au sommet des Pyrénées, pour rendre une carte d’identité d’un bel inconnu, trouvée sur le quai. Ça a l’air d’une histoire d’amour fou, mais en fait, c’est une histoire de courage, de dépassement de soi.
Comment s’est passée la collaboration avec Guillaume Nail ? Y a-t-il eu une intervention de l’un·e sur le travail de l’autre ?
Aude Sarrazin, l’éditrice de Glénat Jeunesse, m’a proposé ce projet. Nous avons eu beaucoup d’échanges tout au long de la réalisation des illustrations. Guillaume m’a fait parvenir ses idées via Aude aussi. Mais je ne l’ai rencontré en personne qu’après avoir terminé mon travail. Dans la plupart des cas, je ne connais pas l’auteur du texte. Des fois, on fait connaissance lors de dédicaces pour promouvoir le livre ensemble.
Quelles techniques d’illustration utilisez-vous ?
Je dessine souvent sur Photoshop. C’est le cas ici. Dans ce livre, j’ai ajouté une texture douce et feutrée, qui ressemble un peu aux crayons de couleur. Au début de l’histoire, une palette de couleurs réduite et pâle évoque la vie train-train de notre héroïne. Quand l’aventure commence, les couleurs se réveillent et les formes dansent, poussent peu à peu l’émotion vers l’explosion. La double page qui se déplie en quatre est le point final grandiose de tous ces événements et ces vibrations émotionnelles.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai fait des études de beaux-arts à Hangzhou, en Chine, avant de m’installer en France, d’abord en tant que graphiste, puis comme illustratrice indépendante. Depuis douze ans, j’ai publié des albums jeunesse en France (L’oiseau de brindilles, Toile de dragon, Le chat Bonheur…), en Angleterre (Adventure starts at bedtime, Bugs save the world…) et en Chine (Un garçon sur un chemin…). Je travaille aussi pour les romans, la presse, la pub et toutes sortes de communication visuelle. Je suis toujours curieuse et j’aime les nouveaux défis. C’est pour cela que je change souvent de style et même de domaine créatif.
Comment choisissez-vous vos projets ?
Forte de mes nombreuses années d’expérience, je peux choisir parmi les propositions les projets qui m’intéressent et les textes qui me touchent. Ces dernières années, j’ai été particulièrement intéressée par les livres documentaires. J’ai illustré une variété de sujets allant de l’univers au fond de l’océan, de l’humanité aux insectes et aux plantes. J’ai toujours envie d’aborder de nouveaux thèmes, avec de nouvelles idées.
Où trouvez-vous votre inspiration ?
J’ai passé ma jeunesse dans plusieurs villes en Chine comme Shanghai, Suzhou, Hangzhou, et aussi dans des villes européennes comme Paris, Bruxelles. Maintenant j’habite à la campagne, en Poitou-Charentes. Je fais de la peinture à l’encre chinoise, de la peinture à l’huile, de la gravure et du design graphique, même un peu d’animation. Ma vie est riche en couleurs. Mon inspiration vient donc de mes expériences, des endroits où j’ai vécu ou que j’ai visités, des livres, des films, d’art traditionnel et contemporain, etc.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Quand j’étais petite, il n’y avait pas d’album jeunesse colorés en Chine. J’ai une série de quinze volumes de littérature classique mondiale. Ces livres illustrés en N/B ont été une illumination littéraire et artistique pour mes pairs. Je connaissais donc dès le collège L’Iliade, La Divine Comédie, Le Décaméron, Hamlet, Les Misérables, Madame Bovary, Le Ramayana, Le Dit du Genji… Ces livres sont encore chez mes parents. J’adore les feuilleter, ça me ramène à mon enfance. Aujourd’hui, c’est avec honneur et fierté que je travaille régulièrement avec cette maison d’édition chinoise.
Travaillez-vous sur de nouveaux ouvrages actuellement ?
Je suis en train de terminer un grand documentaire sur la rivière. C’est un projet passionnant mais très méticuleux, qui demande beaucoup de recherche et du travail acharné. Après ça, pour changer un peu le rythme, j’aurai quelques contes et un livre CD à illustrer. J’essaye d’y aller tranquillement et de ne pas me mettre trop de pression.
Bibliographie sélective :
- La fin du train-train, album, illustration d’un texte de Guillaume Nail, Glénat Jeunesse (2022).
- Ouli, le cheval couleur nuage, album, illustration d’un texte de Laurence Gillot, L’élan vert (2021), que nous avons chroniqué ici.
- Un garçon sur un chemin, album, illustration d’un texte de Peng Xuejun, Le Diplodocus (2021).
- La petite fille du port de Chine, album, illustration d’un texte d’Agnès Bertron-Martin, Père Castor (2021).
- Contes de frissons – Histoires fantastiques d’Asie, roman, illustration de textes de Caroline Laffon et Martine Laffon, illustré par Qu Lan, La Martinière jeunesse (2019), que nous avons chroniqué ici.
- L’oiseau de brindilles, album, illustration d’un texte d’Agnès Bertron-Martin, Gautier-Languereau (2021).
- Corbeau noir, Cygne blanc, album, illustration d’un texte d’Isabelle Genlis, Picquier Jeunesse (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Toile de dragon, album, illustration d’un texte de Muriel Zürcher, Picquier Jeunesse (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Le rossignol et l’empereur de Chine, album, illustration d’un texte de Kochka d’après Andersen, Chan-Ok (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Le chat bonheur, album, texte et illustrations, Père Castor (2011), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Qu Lan sur son site et sur Instagram.
Du tac au tac… Guillaume Nail
Une fois par mois, Véronique Soulé (de l’émission Écoute, il y a un éléphant dans le jardin) nous propose une capsule sonore, Du tac au tac. Avec la complicité du comédien Lionel Chenail, elle pose des questions (im)pertinentes à un·e invité·e que nous avons déjà reçu·e sur La mare aux mots. Aujourd’hui, c’est Guillaume Nail qui répond à ses questions à l’occasion de la sortie de La fin du train-train.
Guillaume Nail est auteur. Son album, La fin du train-train, illustré par Qu Lan (voir ci-dessus), vient de paraître aux éditions Glénat Jeunesse. Côté adulte, son ouvrage Les artistes peuvent-iels tout dire ? vient de sortir aux éditions Monstrograph.
Bibliographie jeunesse :
- La fin du train-train, album illustré par Qu Lan, Glénat Jeunesse (2022).
- Ton absence, roman, Le Rouergue (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Le cri du homard, roman, Glénat (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Tracer, roman, Le Rouergue (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Série L’inversion des pôles, romans, deux tomes, Slalom (2019-2020).
- Magda, roman, Auzou (2019).
- Cro-man, l’album du film, album, Seuil Jeunesse (2018).
- Cro-man, roman, Seuil Jeunesse (2018).
- Bande de Zazous !, roman, Le Rouergue (2017).
- Qui veut la peau de Barack et Angela ?, roman, Le Rouergue (2016).
Retrouvez Guillaume Nail sur son site et sur Intagram.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !