Aujourd’hui, j’ai choisi de recevoir l’autrice de la trilogie historique Le secret des cartographes : Sophie Marvaud. Elle nous raconte son parcours, ses premiers émois littéraires? mais aussi son goût certain pour l’histoire ainsi que ses projets futurs ! Puis, c’est Gaya Wisniewski qui nous livre son coup de cœur (très british) et son coup de gueule.
L’interview du mercredi : Sophie Marvaud
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
En découvrant la lecture à l’école, j’ai été bouleversée. Mes parents avaient des problèmes psychiatriques et, dans les livres, je découvrais d’autres manières de vivre. Cela me donnait le courage d’attendre de devenir adulte. Et comme j’avais l’impression que les livres me sauvaient la vie, j’ai décidé d’être autrice moi-même pour aider d’autres enfants. Une vision naïve, évidemment, mais je suis heureuse d’avoir réalisé ce rêve.
Quelles étaient vos lectures d’enfance et d’adolescence ?
Enfant, j’ai surtout lu les livres de la Bibliothèque rose. C’était ceux que je pouvais acheter quand mes grands-parents me donnaient un peu d’argent. Je passais des heures à choisir chaque exemplaire en essayant d’imaginer quelle histoire serait la plus passionnante, en fonction de la quatrième de couverture… J’étais toujours très embêtée de découvrir qu’elles semblaient toutes m’intéresser. La libraire était d’une patience infinie !
Vous écrivez à la fois pour les adolescent⸱es et les adultes, travaillez-vous de manière différente en fonction du public ?
J’ai beau me creuser la tête, je ne vois pas de différence. Comme j’écris surtout des romans historiques, je passe beaucoup de temps à me documenter. Ensuite, je construis le squelette de l’histoire. Enfin, je passe à l’écriture, en me relisant au fur et à mesure pour améliorer mon texte. Je suis perfectionniste ! Ce qui change suivant les publics, c’est le rythme de l’histoire. En littérature jeunesse, les évènements doivent se dérouler rapidement.
Comment naissent vos histoires ?
En général, c’est un sujet qui me happe… Je suis passionnée par la préhistoire. C’est pourquoi, il y a dix ans, j’ai proposé à une éditrice d’écrire un polar préhistorique. Cela n’avait jamais été fait à l’époque et sa première réaction a été : « Impossible. Pas de policier à au paléolithique. » J’ai répondu qu’il pouvait y avoir une enquête, menée en l’occurrence par une chamane, et elle m’a fait confiance. Merci à elle !
Vous avez publié de nombreux romans historiques, pourquoi avoir choisi ce genre en particulier ?
Parce que je trouve nos ancêtres courageux. Ils ont surmonté bien des épreuves et c’est grâce à eux que nous sommes ici. En immergeant mes lecteurs dans des époques anciennes, j’espère qu’ils pourront s’imaginer à leur place. Qu’ils seront dépaysés mais aussi que cela les fera réfléchir.
Magellan et Cie republie votre roman Le secret des cartographes. Pouvez-vous nous en parler ?
J’en suis très heureuse car cette série de trois volumes est parfois considérée comme un classique. Au XVIIe siècle, Apollonia, une jeune peintre italienne, et ses compagnons originaires de différents pays, acceptent d’embarquer à la recherche du continent caché du Pacifique. Ils font le tour du monde en espérant trouver une terre où ils pourront enfin être libres de vivre comme ils le souhaitent…
Avez-vous de nouveaux projets littérature jeunesse ?
J’ai écrit cette année deux nouvelles, une pour J’aime Lire Max et une pour Je Bouquine. Je travaille également sur l’adaptation télévisuelle de ma série Les enquêtes du camping-car publiée par les éditions du Sud-Ouest. Ce sont des aventures policières humoristiques inspirée par le patrimoine et l’écologie. Le pauvre Charly, 11 ans, passe toutes ses vacances dans un camping-car avec sa grand-mère adorée, mais celle-ci a décidé de devenir détective privée. Lui qui n’est pas spécialement courageux est bien obligé de la protéger…
Bibliographie jeunesse :
- Le secret des cartographes : piégés par l’Asie, roman, Magellan et Cie (2024).
- Le secret des cartographes : à l’assaut du Pacifique, roman, Magellan et Cie (2023) que nous avons chroniqué ici.
- Le secret des cartographes, roman, Magellan et Cie, (2022) que nous avons chroniqué ici.
- Hermès détective : pour la tête de Méduse, Magellan et Cie, (2021).
- Hermès détective : Ulysse a disparu, Magellan et Cie, (2020).
- Hermès détective : Le mortel le plus fort du monde, Magellan et Cie (2019).
- Hermès détective : à la barbe de Zeus, Magellan et Cie, (2019).
- Suzie la rebelle (compilation), roman, Nouveau Monde (2014)
Retrouvez Sophie Marvaud sur son site.
Le coup de cœur et le coup de gueule de Gaya Wisniewski
Régulièrement, une personnalité de l’édition jeunesse (auteur·trice, illustrateur·trice, éditeur·trice…) nous parle de deux choses qui lui tiennent à cœur. Une chose qui l’a touché·e, ému·e ou qui lui a tout simplement plu et sur laquelle il·elle veut mettre un coup de projecteur, et au contraire quelque chose qui l’a énervé·e. Cette semaine, c’est Gaya Wisniewski qui nous livre ses coup de cœur et coup de gueule…
Coup de cœur :
Mon dernier coup de cœur… Londres !
Je viens de revenir de quelques jours là-bas… C’est toujours une ville inspirante. J’ai dû y vivre dans une autre vie, peut-être ?
À chaque fois que j’y vais, je m’y sens à la maison…
Une ville où j’ai toujours l’impression d’être entre le présent et le passé.
Ces vieilles bâtisses, certaines ressemblent à des maisons de poupées.
Covent Garden, Piccadilly, Pimlico… ces noms qui m’emportent loin.
Mon lieu préféré : un dimanche à Camden Town et repartir par Regent’s Canal…
Londres, une ville chargée d’histoire…
Mais c’est aussi le pays qui m’inspire beaucoup : la langue, la culture…
Cela résonne en moi. L’Angleterre, une grande source d’inspiration pour mes dessins.
Baignée depuis toujours dans les histoires de Beatrix Potter, Sherlock Holmes, Agatha Christie… Le charme anglais !
Et bien sûr, 4 o’clock, tea time ! Un Earl Grey avec un nuage de lait qui accompagne le trait de crayon.
Mon coup de gueule…
Je crois que ça a toujours été là et ça sera toujours : l’administratif.
Cette paperasse interminable pour tout…
Cette paperasse qui me fait tourner en rond.
Souvent je rencontre des situations kafkaïennes.
Pour moi, l’énergie que l’on consacre aux choses et aux gens est précieuse, et parfois je perds patience à dépenser mon temps à remplir une facture, des formulaires, des devis de rencontres auteurs…
Je trouve que notre métier d’auteur nous impose de plus en plus de paperasse.
Il y a des jours où je ne fais que ça pour ensuite pouvoir libérer des journées plus créatives.
Gaya Wisniewski est autrice et illustratrice. Son dernier livre, Piccadilly Circus, est paru chez MeMo. Elle y illustre un texte d’Alex Cousseau.
Bibliographie sélective :
- Piccadilly Circus, album, illustration d’un texte d’Alex Cousseau, MeMo (2024).
- NEB, roman, illustrations d’un texte de Caroline Solé, L’école des loisirs (2024).
- Le voyage de Chnourka, album, texte et illustrations, MeMo (2023).
- Ma plus belle ombre, album, illustration d’un texte de Carl Norac, MeMo (2022).
- L’été de Chnourka, album, texte et illustrations, MeMo (2021).
- Papa ! Écoute moi !, album, texte et illustrations, MeMo (2020).
- Ours à New York, album, texte et illustrations, MeMo (2020).
- Akita et les grizzlys, roman, illustration d’un texte de Caroline Solé, L’école des loisirs (2019).
- Chnourka, album, texte et illustrations, MeMo (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Mon bison, album, texte et illustrations, MeMo (2018), que nous avons chroniqué ici.
Née au début des années 90s, tour à tour professeure, amoureuse de la vie, de la littérature, de la musique, des paysages (bourguignons de son enfance, mais pas que…), des films d’Agnès Varda, des vers de Cécile Coulon et des bulles de Brétecher. Elle a fait siens ces mots de Victor Hugo “Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent”.