Aujourd’hui, on reçoit Tacméla, auteur et invité de l’interview. Puis, c’est une bookstagrameuse, Emeline (@em.bookstaaa sur Instagram), qui nous parle d’un roman qui l’a marquée.
L’interview du mercredi : Tacméla
Pourrais-tu nous parler de Porte-Bonheur ?
Porte-Bonheur, c’est l’histoire de Clément, un adolescent anxieux et déprimé, qui voit du jour au lendemain apparaître l’incarnation de ses angoisses sous la forme d’un petit fantôme, Angst. L’histoire va suivre son quotidien de lycéen, avec tous les questionnements et les bouleversements que cela amène : ses futures études, ses relations aux autres, etc.
La déprime est le thème central de ton récit. Était-ce important pour toi d’aborder ce sujet et si oui, pourquoi ?
Oui, la déprime et l’anxiété, et à une plus grande échelle la santé mentale, ce sont des thèmes qui sont importants pour moi. C’est à la fois dans une démarche personnelle, car je suis moi-même, et j’ai des personnes dans mon entourage, directement concerné par ces thématiques, mais aussi dans une démarche de sensibilisation et de mise en lumière du sujet. La santé mentale, c’est quelque chose qui nous concerne tous, mais qui est toujours considérée comme tabou (un peu moins depuis le confinement) ou comme moins importante que la santé physique, et donc ça me paraît nécessaire d’aborder ce thème pour en parler, mais aussi pour que les personnes concernées se sentent moins seules.
Il y a une dimension un peu fantastique dans ton roman graphique, avec le personnage de Angst. Comment est venue l’idée d’incarner dans un petit fantôme la déprime et l’anxiété de Clément ?
Au début, c’était une idée purement pratique : j’avais besoin que Clément exprime ses doutes, ses peurs, etc., mais je ne voulais pas que ce soit par ses pensées, ça manquait de dynamisme. Du coup j’ai ajouté l’idée d’un ami imaginaire à qui il pourrait parler, et de fil en aiguille cet ami imaginaire est devenu l’incarnation de ses angoisses. Le côté fantôme, c’est pour l’aspect d’Angst qui le suit partout, qui le hante littéralement (comme les pensées angoissantes peuvent le faire), et j’aimais aussi cette forme fluide qui peut être très expressive comme envahissante.
Quand as-tu commencé à dessiner ? À écrire ?
J’ai commencé à dessiner et à écrire quand j’étais tout petit. Même avant de savoir écrire je m’amusais à dessiner des histoires, parce que ma mère en écrivait et est artiste peintre, et je voulais faire comme elle, tout simplement. À l’adolescence, j’ai eu une période où j’ai arrêté de dessiner parce que je me trouvais nul par rapport aux autres, mais quelques années plus tard, au final, j’ai repris le dessin. Par contre, je n’ai jamais arrêté d’écrire, j’utilisais ça comme une échappatoire.
Quelles techniques d’illustration utilises-tu ?
Je dessine majoritairement au digital sur ma tablette graphique, pour des raisons d’efficacité et de praticité dans mon travail. Mais quand je veux varier, je dessine au traditionnel avec de la gouache ou de l’aquarelle avec de l’encre de Chine pour l’encrage.
Y a-t-il des illustrateurs et des illustratrices dont le travail te touche ou t’inspire ?
Il y a beaucoup d’artistes dont j’admire énormément le travail, mais certains m’ont marqué plus que d’autres : j’ai grandi en lisant Lou ! de Julien Neel, qui est vraiment mon modèle en termes de tranche de vie et même une inspiration pour Porte-Bonheur. J’ai aussi été profondément marqué par la lecture de Le Bleu est une couleur chaude de Jul’ Maroh, qui est une de mes BD préférées, et depuis j’aime énormément le travail de cet⸳te auteur⸳ice. En termes graphiques, j’aime aussi beaucoup le travail de Marie Spénale, de Cy et de Léa Mazé.
Qui ont été tes premier⸳ères lecteur⸳rices ?
Mes proches majoritairement ! À l’époque où j’ai commencé à écrire Porte-Bonheur, c’était des mini-bd que je faisais dans la marge de mes cours et que je faisais lire à mes amies.
Que lisais-tu quand tu étais plus jeune ?
Je lisais beaucoup de romans fantastiques et policiers, qui sont d’ailleurs des genres que j’affectionne toujours actuellement. Une série de livres qui m’a beaucoup marqué c’est Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire, j’avais adoré le côté un peu décalé et bien sûr tout le mystère qu’on suit au fur et à mesure des livres.
Et que lis-tu en ce moment ? Un coup de cœur à nous partager ?
Dernièrement, j’ai lu la bande dessinée Rivages lointains d’Anaïs Flogny, et ça a été un coup de cœur, à la fois pour l’histoire que j’ai trouvé passionnante et pour les dessins qui sont extrêmement expressifs !
À part Porte-Bonheur, as-tu d’autres projets ? Peux-tu nous en parler ?
À part Porte-Bonheur j’ai réalisé un deuxième webtoon l’année dernière, qui s’appelle Science infuse, et j’ai participé à une bande dessinée collaborative Petits gestes et grandes actions sorti le 1er mars 2024 aux éditions Leduc Graphic. Et j’ai aussi un projet en préparation, pour l’instant je ne peux pas en dire plus, mais ça sortirait cette année.
Bibliographie :
- Petits gestes et grandes actions, scénario et dessin, Leduc Graphic (2024).
- Science infuse, scénario et dessin, WEBTOON France (2023).
- Porte-Bonheur, scénario et dessin, Leduc Graphic (2023).
- Porte-Bonheur, scénario et dessin, WEBTOON France (2021-2022).
Retrouvez Tacméla sur Instagram.
Ce livre-là… Emeline
Ce livre-là… Un livre qui touche particulièrement, qui marque, qu’on conseille souvent ou tout simplement le premier qui nous vient à l’esprit quand on pense « un livre jeunesse ». Voilà la question qu’on avait envie de poser à des personnes qui ne sont pas auteur·trices, éditeur·trices… des libraires, des bibliothécaires, des enseignant·e·s ou tout simplement des gens que l’on aime mais qui sont sans lien avec la littérature jeunesse. Cette fois, notre invitée est Emeline, lectrice passionnée, qui partage ses lectures sur son compte Instagram @em.bookstaaa.
“Si tu attaches une ficelle rouge à ta lanterne avant de la poser sur le fleuve, les grues sacrées remettront ton fil du destin à la personne que tu devras aimer. »
Ayant adoré le Twisted Tale Réflexion écrit par Elizabeth Lim, je me suis intéressée à ses autres livres dont Six couronnes écarlates, le premier tome d’une trilogie. Et je n’ai pas été déçue : j’ai adoré me plonger dans cette réécriture du conte Les Six Cygnes, dans un univers asiatique fait de poésie, de légendes et de magie.
On suit Shiori, dernière des sept enfants de l’empereur de Kiata, dans un empire où toute magie est interdite. Elle en est pourtant dotée sans savoir la maîtriser, animant une de ses grues en papier, nommée Kiki, sa plus fidèle amie.
Tout son quotidien est bousculé lorsqu’elle comprend que sa belle-mère Raikama, la Reine-sans-nom est dotée d’une magie noire. Elle et ses six frères s’y confrontent. En conséquence, Raikama les maudit. Elle fait transformer ses six frères en grues et la condamne en prononçant ces mots : « Tant que ce bol sera sur ta tête, l’un de tes frères mourra à chaque parole que tu prononceras. »
Ainsi commencent les aventures de Shiori exilée et contrainte de ne plus parler. Elle passe par des épreuves éprouvantes physiquement et mentalement dans le but de retrouver ses frères et de briser le sort. Elle se fait aider de son fiancé qu’elle a rejeté.
Je me suis fortement attachée au personnage de Shiori, forte et courageuse. Son amour pour ses frères lui permet de réaliser l’impossible et de braver tous les dangers. Le fait de la connaître avant la malédiction ajoute de l’empathie envers elle, cette jeune fille dont la vie a brusquement et tristement changé. Bon nombre de personnes la traitent de démon, mais elle tient toujours bon.
Mon cœur a fondu lorsque j’en ai appris davantage sur Takkan, ce mystérieux jeune homme qui lui avait été promis en mariage. Takkan est fort, sensible, loyal et droit. Je suis très sensible à l’idée de destin et de fil rouge.
C’est donc un grand coup de cœur pour moi qui m’aura fait voyager, rêver et pleurer.
Six couronnes écarlates, d’Elisabeth Lim est sorti chez Rageot en 2023.
Emeline parle de ses lectures sur son compte Instagram @em.bokstaaa ! Vous pouvez lire ses chroniques ici.
Passionnée de lecture depuis toujours, j’adore découvrir de nouvelles histoires et de nouveaux univers. J’aime échanger autour de ma passion, parler pendant des heures du dernier roman que j’ai lu, réarranger sans cesse ma bibliothèque et me balader en brocante à la recherche de petites pépites.