Till the Cat (Benjamin Buhot pour l’administration) est l’une des personnes qui me fait le plus rire, donc forcément quand j’ai vu qu’il sortait une série jeunesse (Martin) je me suis précipité. C’est bien entendu un tout autre style que ses bêtises sur twitter, mais j’ai beaucoup aimé cette série dans laquelle il croque avec beaucoup de justesse le quotidien des enfants. J’ai voulu profiter de la sortie des tomes 3 et 4 de sa série (aujourd’hui même !) pour l’interviewer. À la suite de cette interview, je vous propose de partir en vacances avec une illustratrice dont la série Les carnets de Cerise a fait un carton et qui vient d’illustrer (magnifiquement) Coraline, Aurélie Neyret ! Bon mercredi à vous.
L’interview du mercredi : Till the Cat (Benjamin Buhot)
On vous a découvert par votre blog sur lequel vous racontiez votre vie de père au foyer, puis vous avez sorti un livre de cuisine et maintenant une série jeunesse… Parlez-nous votre parcours ?
Avant cela, j’ai suivi des études de communication puis j’ai travaillé dans le secteur du tourisme et des relations commerciales. Mais, en effet, j’étais père au foyer quand j’ai commencé à comprendre que mes mots pouvaient être lus par le biais du blog. Puis on m’a sollicité pour écrire sur des sites web parentaux et quelques sites de presse online sur le sujet de la paternité et de la parentalité. Ensuite, on m’a proposé l’écriture d’un livre destiné aux futurs Papas Le journal de moi papa, chez Larousse et, peu après, on m’a proposé l’écriture de mon livre de cuisine avec de véritables recettes mais qui sont écrites avec une approche humoristique.
Puis est donc venu Martin, dont les 3e et 4e tomes sortent aujourd’hui, comment est née cette série ?
Là encore, j’ai une chance incroyable… Un jour, j’ai reçu un mail de la directrice éditoriale de chez Hachette Enfants, Brigitte Leblanc. Elle me contactait pour me demander si un projet de création d’une nouvelle série avec un petit héros miroir pour les 3-6 ans pouvait me tenter. Sur le coup, j’ai eu du mal à croire qu’on pouvait penser à moi pour un projet si incroyable, n’ayant aucune expérience préalable en écriture jeunesse. J’ai accepté une rencontre au cours de laquelle j’ai pris note de tous les conseils, les règles et contraintes d’écriture, le cadre souhaité pour le projet et je suis revenu chez moi avec le cerveau en ébullition. Quelques semaines plus tard, j’avais imaginé chaque profil des personnages, leur cadre de vie, toute la structure familiale et relationnelle, comment je souhaitais conclure chaque histoire… Puis j’ai choisi un prénom pour mon héros sans penser une seule seconde à son illustre collègue Martine. Enfin, je me suis mis à l’écriture du premier tome, celui sur les écrans, car c’était un bon test pour savoir si j’étais capable d’intégrer un thème moderne dans une histoire originale.
Ce que vous me dites sur la construction de la série me fait penser à la bible d’une série télé. C’est la prochaine étape ? Oui, c’est exactement dans cet esprit que j’ai abordé le projet. Je pense que j’avais besoin d’un cadre bien défini avant de pouvoir imaginer comment construire des histoires autour de ce petit héros. Si la question concerne une éventuelle prochaine étape pour Martin, je trouverais ça complètement dingue mais, qui sait… ? Si la question me concerne comme auteur, je ne ferme aucune porte. Je crois même que j’adorerais tester l’écriture de chansons. Mais ce sont des compétences que je n’ai pas encore :).
Comment s’est passée la collaboration avec l’illustratrice, Carine Hinder ?
Après avoir livré la « bible » et, il me semble, le premier texte, mon éditrice s’est mise en quête de l’illustrateur. De mon côté, ayant une admiration folle pour celles et ceux qui maitrisent cet art, j’avais en tête quelques noms d’illustrateurs et d’illustratrices avec qui je rêvais de collaborer. Il se trouve que Carine Hinder et Jérôme Pélissier figuraient dans ma petite liste. Mon éditrice avait déjà pensé que l’univers de Carine collerait bien. J’ai eu la joie d’apprendre qu’elle acceptait le projet puis une joie encore plus grande en découvrant comment elle avait si bien su donner vie à l’univers que j’avais imaginé. Petite anecdote en passant, je souhaitais que la maman de Martin soit métissée mais je n’avais pas précisé les origines du métissage. C’est Carine qui a pensé et imaginé un métissage asiatique. À chaque album, je suis en admiration totale du travail de Carine. Les couleurs, les mises en scène, le cadrage… tout me plait. C’est un bonheur qu’elle soit la « Maman » de Martin.
Vous aviez abordé l’addiction des enfants aux écrans et leurs fameux « j’aime pas » dans les deux premiers tomes, de quoi parlent ces deux tomes qui sortent aujourd’hui ?
Une nouvelle fois, nous avons opté pour deux thèmes dont l’un est proche du quotidien de l’enfant et l’autre plus en lien avec un grand thème actuel de société. Le tome 3, On peut réparer ? aborde le thème de l’écologie sous un angle qui ne se veut absolument pas « donneur de leçon ». L’histoire autour du jouet cassé permet d’aborder un éventail de petites choses en lien avec la protection de notre planète. Le tome 4 parle des difficultés liées à l’heure de se coucher. Martin aime beaucoup les « soirs de grand », quand il a le droit de dépasser un peu l’heure du dodo. Mais il va apprendre à ses dépens qu’il ne faut pas en abuser. Avec, comme à chaque histoire, un debrief final entre Martin et son confident Doudou Lapin.
Les recettes drôles et savoureuses de Papa et Le journal de moi… papa étaient sortis sous votre vrai nom, la série Martin sort sous votre pseudo, une raison à ça ?
Je ne m’étais pas du tout posé la question jusqu’au jour où j’ai reçu la première maquette sur laquelle mon pseudo était inscrit. J’avais le choix entre les deux. J’ai conservé le pseudo en me disant que mon identité sur les réseaux était fondée autour de lui depuis toujours. Pour les deux premiers livres, cette identité était également présente, sous une forme différente, puisque le chat noir que j’ai dessiné il y a 15 ans pour me représenter y figure visuellement. Et puis, Till the Cat, ça colle plutôt bien avec l’univers des enfants.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
Quand j’étais enfant et préado, j’ai lu quelques Bibliothèque rose, Club des cinq, pas mal de bandes dessinées avec Tintin, Asterix, Lucky Luke et Gaston Lagaffe. Ado, j’ai préféré la musique et le cinéma à la lecture. Mais je me suis rattrapé en devant père avec les tonnes de livres jeunesse que nous leur lisions le soir.
Est-ce que vous avez déjà en tête les prochains Martin ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
En tout, 2021 verra la naissance de six Martin. Je peux déjà vous annoncer que La couleur des mains, un Martin avec une importance particulière à mes yeux, sortira le 14 avril. Celui-ci fut probablement le plus complexe à écrire car il aborde les origines, les petites différences physiques qui peuvent questionner, l’acceptation des autres. Complexe dans le sens où nous souhaitions garder cet esprit bienveillant qui caractérise la série, sans vouloir être donneur de leçon. Avec Carine, je pense que nous avons réussi à relever le challenge et nous avons hâte de lire les retours à son sujet. Il y aura également un Martin sur le thème de l’école « La nouvelle maitresse » et d’autres qui ne sont pas encore annoncés mais sur lesquels Carine et moi travaillons encore.
Je crois qu’il y a aussi un autre album qui va sortir… sur un sujet pas facile…
En effet, le 7 avril sort un album édité par Gautier Languereau, intitulé Mamie rêve et illustré par Gérald Guerlais. Cet album aborde le thème de la maladie d’Alzheimer qui peut toucher les grands-parents. Je l’ai écrit en me posant la question « comment aurais-je expliqué à mes filles tous les changements comportementaux qui découlent d’une maladie telle qu’Alzheimer chez leur mamie ? ». Les accès de colère inexpliqués, les fois où elle ne reconnait pas ceux qui viennent la voir, les moments d’absence, les anniversaires qui ne sont plus souhaités… J’ai souhaité l’aborder sous un angle tendre et poétique. Il compte énormément pour moi. Il commence par « Mamie se moque de l’heure, du jour, du mois ou de l’année. Pour elle, il est toujours l’heure de rêver. »
Après le blog, l’écriture de livres de cuisine puis de livres de fiction, les tutos bricolage et les chroniques sur YouTube, le compte twitter (qui personnellement me fait énormément rire) et, donc, avant l’écriture de chansons et de série télé… d’autres projets ? (candidat à la présidentielle ? Une émission de la télé-réalité ? La présentation de l’Eurovision ?)
Oui, j’adorerais me lancer dans les podcasts ! Mais je ne sais pas encore trop comment m’y prendre et je passe beaucoup trop de temps à dire des bêtises sur Twitter dans le but de faire rire Gabriel et quelques autres pour avoir le temps de me lancer 🙂
Présenter l’Eurovision, ce serait tellement bien, aussi…
Une petite vidéo pour faire connaissance avec Martin :
Bibliographie :
- Série Martin, illustrée par Carine Hinder, Hachette (2020-2021).
- Les recettes drôles et savoureuses de Papa, Larousse (2016).
- Le journal de moi… papa, Larousse (2015).
Retrouvez Till the Cat sur son site : http://www.tillthecat.com.
En vacances avec… Aurélie Neyret
Régulièrement, nous partons en vacances avec un·e artiste. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi j’adore partir comme ça avec quelqu’un, on apprend à la·le connaître notamment par rapport à ses goûts… cet·te artiste va donc profiter de ce voyage pour nous faire découvrir des choses. On emporte ce qu’elle·il veut me faire découvrir. On ne se charge pas trop… Des livres, de la musique, des films… sur la route on parlera aussi de 5 artistes qu’il·elle veut me présenter et c’est elle·lui qui choisit où l’on va… 5 destinations de son choix. Cette fois-ci, c’est avec Aurélie Neyret que nous partons ! Allez, en route !
5 albums :
- Au revoir Blaireau de Susan Varley
- Le tour du monde de Mouk de Marc Boutavant
- Partir au-delà des frontières de Francesca Sanna
- L’extraordinaire tableau de Felix Clousseau de Jon Agee
- Odyssée de Peter Van Den Ende
(Je me rends compte qu’ils sont tous sur le thème du voyage, de différentes manières)
5 romans :
- Moi, Tituba, sorcière noire de Salem de Maryse Condé
- L’Alchimiste de Paolo Coelho
- À la croisée des mondes de Philip Pullman
- Dans la forêt de Jean Hegland
- Hurlevent de Emily Brontë
5 BD :
(que des gros pavés pour ne jamais s’ennuyer)
- Moi ce que j’aime c’est les monstres de Emil Ferris
- Maus de Art Spiegelman
- Magasin général de Régis Loisel et Jean Louis Tripp
- Persepolis de Marjane Satrapi
- Calvin et Hobbes de Bill Waterson
- The Royal Tenenbaums de Wes Anderson
- Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki
- Mustang de Deniz Gamze Ergüven
- Un poisson nommé Wanda de Charles Crichton
- The big Lebowsky des frères Cohen
5 CD :
- Silk & soul de Nina Simone
- Recomposed by Max Richter: Vivaldi – The Four Seasons de Max Richter
- La Llorona de Lhasa de Sela
- Sandinista des Clash
- Mule Variations de Tom Waits
- Henry Lee de PJ harvey & Nick Cave and the Bad seeds
(j’ai triché)
5 artistes :
- Hiroshi Yoshida
- John Singer Sargent
- Andrew Wyeth
- Sergio Toppi
- Mary Blair
5 endroits :
- La cabane de mon enfance
- Les rizières en terrasse de Sapa au Vietnam
- La maison de ma meilleure amie en Tasmanie
- Les jardins et les bougainvilliers à Cartagena en Colombie
- Les escaliers et les traboules de la Croix Rousse à Lyon
- Coraline, illustration d’un texte de Neil Gaiman, Albin Michel Jeunesse (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Série Lulu et Nelson, dessins d’après des scénarios de Charlotte Girard et Jean-Marie Omont, Soleil (2019-2020).
- Les carnets de Cerise et Valentin, dessins d’après un scénario de Joris Chamblain, Soleil (2018).
- Série Les carnet de Cerise, dessins d’après des scénarios de Joris Chamblain, Soleil (2012-2017), que nous avons chroniqué ici.
- Les vacances de monsieur Rhino, illustration d’un texte de Raphaël Baud, Chocolat (2012).
Retrouvez Aurélie Neyret sur son site : https://captainaurelieneyret.tumblr.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !