Aujourd’hui, je voulais mettre en lumière deux personnes formidables qui œuvrent à faire bouger les mentalités en ce qui concerne la planète et la biodiversité. Pour l’interview c’est Victor Noël, un jeune auteur qui a écrit un essai passionnant autant pour les ados que pour les adultes sur la biodiversité. À la suite de cette interview, c’est François Lasserre auteur et conférencier (que j’ai eu la chance d’entendre), dont je viens de dévorer le documentaire Infox sur la nature — L’intégrale, qui est l’invité du coup de cœur et du coup de gueule. Ces deux livres sont sortis chez Delachaux & Niestlé, l’occasion de mettre en avant cette belle maison d’édition qui met constamment à l’honneur la nature et la biodiversité.
L’interview du mercredi : Victor Noël
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et lectrices ?
J’ai 16 ans. Je suis passionné par le monde vivant. De cette passion est né mon engagement associatif. J’essaie de sensibiliser à mon échelle notamment à travers mon blog ou mes animations dans les écoles.
Vous venez de sortir Je rêve d’un monde, aux éditions Delachaux et Niestlé, pouvez-vous nous parler de cet ouvrage et nous dire comment il est né ?
Suite à la Marche pour la Biodiversité en mars 2019 dont j’étais à l’initiative, Philippe Jacques Dubois, directeur des éditions Delachaux et Niestlé, m’a proposé une carte blanche pour m’exprimer sur le sujet de la biodiversité et donner mon ressenti face à sa détérioration. Dans ce livre, j’évoque l’émerveillement à l’égard du vivant, mais aussi l’engagement, le militantisme… J’y donne ma vision du vivant et prône une société moins destructrice et plus respectueuse de ce dernier.
À qui s’adresse ce livre ?
Il s’adresse au plus grand nombre, aux jeunes et aux moins jeunes.
De quand date votre engagement pour la biodiversité ?
Je me suis toujours intéressé à la nature. Vers 8 ans cela s’est transformé en une véritable passion. Au fil du temps, et notamment grâce aux associations auxquelles j’avais adhéré, j’ai eu envie de m’investir pour le monde vivant. Il me semblait contradictoire d’observer et photographier ce qui m’entourait sans me remettre en question et tenter à ma petite échelle de sensibiliser sur les problématiques qui touchent la biodiversité.
Dans l’ouvrage, vous faites une grande place aux associations, c’était important pour vous ?
Oui c’était important pour moi de donner la parole aux associations. Elles ont été très importantes pour moi et m’ont beaucoup appris. Cela a aussi été l’occasion de rappeler leur travail et d’inciter à les soutenir. Les associations ont également une expertise à transmettre que j’ai souhaité partager dans le livre.
Une chose m’a marqué avec votre livre, ce n’est jamais un ouvrage plombant comme peuvent l’être beaucoup d’ouvrages sur l’état de notre planète. Pourtant vous dites les choses. Vous avez fait attention à ça ou vous êtes d’un naturel optimiste ?
Merci. Il est vrai que j’ai essayé de ne pas avoir un ton moralisateur vis-à-vis des lecteur·rices. Mais pour autant, j’espère que le message du livre n’a pas été perçu comme trop optimiste. Beaucoup de livres sur l’écologie peuvent paraître plombant, mais cela va de pair avec le fait que la réalité elle — même est lourde à porter.
J’ai beaucoup aimé que vous parliez d’anthropocentrisme. Je ne connaissais pas le terme, mais c’est très intéressant. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs et lectrices ?
L’anthropocentrisme tend à mettre l’humain au centre. Notre société fonctionne dans la seule perspective humaine, et ne prend pas assez en considération les autres espèces vivantes. Même quand il s’agit d’écologie, il arrive que les motivations soient purement anthropocentriques : le vivant doit uniquement être préservé car nous en dépendons et qu’il nous est utile. Bien sûr qu’il faut comprendre qu’il en va de notre survie d’ainsi détruire la biodiversité, mais donner de la valeur aux autres espèces en tant que telles est un pas obligé pour mettre en place une société plus écologique, moins destructrice et plus éthique. Il nous faut donc trouver l’humilité de prendre en considération le reste du vivant, les autres espèces. Mais également l’humilité de ne pas vouloir tout gérer, tout contrôler. Il convient donc de changer nos liens avec le vivant : de lui donner de la valeur, de s’en émerveiller, de le prendre en considération, de ne pas s’en dissocier, de lâcher prise sur notre envie constante de contrôle, de domination et d’exploitation… tout cela est fondamental.
Quelles étaient vos lectures d’enfant ?
J’ai toujours lu des livres documentaires ou des guides naturalistes Delachaux et Niestlé.
Et aujourd’hui, que lisez-vous ? Des livres à nous conseiller ?
Je lis toujours des guides naturalistes mais aussi des livres qui me font réfléchir sur nos liens avec le vivant : Baptiste MORIZOT, Virginie MARIS… Je peux citer « Raviver les braises du vivant » de Baptiste Morizot.
Quels sont vos projets ? D’autres livres en préparation ? Autre chose ?
Pas de gros projets en vue, mais je tiens à continuer à mon échelle de tenter de faire évoluer les consciences, à m’engager associativement…
Bibliographie
- Je rêve d’un monde, essai, Delachaux et Niestlé (2020).
Pour aller plus loin, je vous conseille fortement l’émission du formidable Denis Cheissoux, CO² Mon amour qui lui était consacré.
Le blog de Victor Noël : https://leblogdevictor.webnode.fr.
Le coup de cœur et le coup de gueule cœur de… François Lasserre
Régulièrement, une personnalité de l’édition jeunesse (auteur·trice, illustrateur·trice, éditeur·trice…) nous parle de deux choses qui lui tiennent à cœur. Une chose qui l’a touché·e, ému·e ou qui lui a tout simplement plu et sur laquelle il·elle veut mettre un coup de projecteur, et au contraire quelque chose qui l’a énervé·e. Cette semaine, c’est François Lasserre qui nous livre ses coups de cœur et ses coups de gueule cœur.
Coup de cœur :
L’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) vient de fêter ses 50 ans et tout le monde semble apprécier les insectes désormais, enfin presque ! Est-ce parce qu’ils sont moins nombreux ? Que la biodiversité, même à 6 pattes, devient fréquentable ? Ou parce que je vois ça de ma lorgnette (le monde de la protection des animaux sauvages) et que nous sommes encore nombreuses∙eux à les craindre ou avoir une mauvaise image ? Je sens quand même que les choses changent et s’accélèrent très fortement depuis ces dernières années. D’abord les abeilles, et bientôt les frelons ? Oui, réjouissons-nous !
Coup de cœur bis
Enfin, le sujet « frelons asiatiques », très doucement, n’est plus systématiquement vu sous le seul angle des apiculteurs. Que ce soit dans certains médias, des réseaux sociaux ou des études, leur « cas » est enfin débattu de façon plus objective. Oui, je suis un grand défenseur de ces insectes, surtout sur le côté sociologique et philosophique qu’ils nous permettent d’aborder. Que penser en effet de cette dichotomie qui est d’aimer les abeilles domestiques (qu’on élève pour leur voler du miel), et de détester les frelons à pattes jaunes ? Ce sujet nous amène à réfléchir sur notre attitude subjective (inquiète parfois) à propos du vivant, et je pense qu’une vie sans frelons, même venus d’ailleurs, serait triste !
François Lasserre est auteur et conférencier.
Bibliographie sélective :
- Infox sur la nature —L’intégrale, illustré par Roland Garrigue, Delachaux & Niestlé (2020).
- Inventaire des petites bêtes des jardins, Hoëbeke (2020).
- Beaux d’ailleurs, Belin (2020).
- Mon cahier d’observation et d’activités les bêtes qui font peur, illustré par Isabelle Simler, Nathan (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Je sauve les insectes — 10 missions pour ma terre, illustré par Mélody Denturck, Rustica (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Sauvons les insectes ! Les 10 actions pour (ré)agir !, Rustica (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Nos voisins les insectes, illustré par Amélie Fallière, De la Martinière Jeunesse (2019).
- Les super pouvoirs des petites bêtes, illustré par Gilles Macagno, Delachaux & Niestlé (2018).
- Mon cahier des 4 saisons – Cahiers nature Colibri, illustré par Isabelle Simler, Nathan (2018).
- Encore plus de bêtises sur la nature, illustré par Roland Garrigue, Delachaux & Niestlé (2018).
- Le petit peuple des chemins, illustré par Stéphane Hette, Plume de carotte (2017).
- Mon cahier d’observation et d’activités : Les insectes, illustré par Isabelle Simler, Nathan (2017).
- Mon cahier d’observation et d’activités : Les arbres, illustré par Isabelle Simler, Nathan (2017).
- Musée vivant des insectes, illustré par Anne De Angelis, De la Martinière Jeunesse (2017).
- Araignée du soir, espoir. et autres dictons animaliers incertains, illustré par Ronan Badel, Delachaux & Niestlé (2015).
Son site : https://francois-lasserre.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
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