On ne connait pas forcément leurs noms (et encore moins leurs têtes), mais dans les maisons d’édition il y a des éditeurs et des éditrices qui font un travail magnifique. Parce que j’aime particulièrement les romans du Rouergue, j’ai eu envie de poser quelques questions à l’un des éditeurs maison, Olivier Pillé. Ensuite, je vous propose de partir en vacances avec Régis Lejonc. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Olivier Pillé
Parlez-nous de votre parcours jusqu’à votre arrivée au Rouergue.
Avant de poser mes bagages au Rouergue, j’ai eu la chance de faire mes premières armes au sein de la formidable équipe de Didier Jeunesse (bises virtuelles à eux tous !). Ma mission était de participer au lancement de leur collection de romans et c’était à la fois très excitant et absolument terrifiant ! C’était un gros chantier et je n’avais vraiment pas beaucoup d’expérience… Heureusement mes super collègues étaient là et ça n’a pas été trop douloureux. Puis, petit à petit, j’ai pu faire entrer au catalogue des auteurs dont j’admire toujours autant le travail : Pascal Ruter, Taï-Marc Le Thanh et Tristan Koëgel (sans oublier Éric Senabre qui était déjà là à mon arrivée, mais que j’adore tout autant). À la fin de mon contrat, j’ai enchaîné les petits boulots : lecteur, éditeur freelance, libraire et même un passage au service communication/marketing du Rouergue. Je commençais un peu à me décourager quand Sylvie Gracia (éditrice litté adulte et jeunesse au Rouergue) m’a appelé pour me parler d’un poste à pourvoir à ses côtés, c’était l’euphorie totale, un poste dans la maison de mes rêves avec la possibilité d’apprendre le métier avec THE éditrice. Je n’ai pas hésité cent mille ans…
Quel est votre rôle au sein des éditions du Rouergue ?
Je suis éditeur sur les romans jeunesse. Avec Sylvie Gracia, nous travaillons en binôme pour animer ce secteur et on expérimente, on fait les chimistes. Elle a su développer un espace éditorial très créatif où les idées peuvent éclore. Du coup, j’ai pu apporter ma touche personnelle et donner corps à mes projets. Rapidement, j’ai pu faire entrer de nouveaux auteurs au catalogue, créer une collection, en refondre d’autres ou découvrir des auteurs étrangers… j’ai les deux mains dans le cambouis et j’adore !
Qu’est-ce qui fait que vous avez envie de publier une histoire ?
L’histoire justement ! Je grossis volontairement le trait, mais c’est réellement ça qui me fascine dans ce métier, ce flot continu d’histoires qui nous passe entre les mains. Alors quand il y en a une qui sort de l’ordinaire, qui est incarnée par un regard très personnel, l’envie d’en faire un livre, de le faire découvrir pointe le bout de son nez.
Vous avez une totale liberté sur les romans que vous décidez de publier ?
Oui ! Et je me sens très chanceux de pouvoir l’affirmer. Cette liberté me semble importante pour proposer aux lecteurs des livres parfois surprenants ou qu’a priori ils ne liraient pas. Puis cette liberté permet aussi de travailler sur le long terme avec nos auteurs et de les suivre pas juste sur des projets où l’on sait que ça va cartonner. Sans tout cela, il n’y aurait pas de surprise et ce serait plutôt ennuyeux !
Quand on est éditeur on doit passer son temps à lire des manuscrits, avez-vous encore le temps de lire d’autres romans ?
Non seulement j’ai le temps, mais j’en prends aussi pas mal pour tout le reste : les films, les séries, la musique ou les jeux vidéos. Ce sont autant de territoires où j’aime braconner. Il y a de l’écriture et des histoires ailleurs que dans les livres. Puis, j’ai aussi cette peur un peu irrationnelle qu’un jour en lisant un manuscrit, par exemple où l’on parle de hip-hop, je sois incapable de voir que les clichés s’enchaînent.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
Mon premier grand plaisir de lecture a été les Chair de poule de R. L. Stine, pétard, je ne sais pas combien j’en ai lu, mais c’était compulsif ! Ensuite, au collège, en 4e, une prof de français m’a fait lire Stephen King et là, je me suis mis à être accro aux livres. La pétoche que j’ai eue en lisant les Danse macabre a été si forte qu’après je n’avais qu’une seule idée en tête : retrouver ce sentiment, cette intensité un maximum de fois.
Sur quels romans travaillez-vous actuellement ?
Pour ne pas faire une liste de deux kilomètres, je ne vais en citer qu’un, celui sur lequel j’ai travaillé le plus récemment. Il s’agit du prochain roman de Stéphane Servant, Sirius, et c’est un bijou. Il arrive à revisiter le roman post-apocalyptique de la plus belle des manières, la sienne. Et il y a quelque chose de réellement excitant à voir un auteur s’approprier un genre déjà bien exploré et en tordre les frontières, lui ajouter de nouveaux codes. En plus, Stéphane Servant avec ce roman a voulu proposer quelque chose de différent de ses précédentes histoires, il y a un rythme nouveau, plus urgent, et plus rude aussi. J’admire beaucoup cette capacité à se mettre en danger, à partir sur de nouveaux chemins. Bref, vous l’aurez deviné, j’y crois énormément ! Ah ! et il sort en librairie le 23 août…
Quelques romans parus au Rouergue :
- Comment maximiser (enfin) ses vacances, d’Anne Percin (2017).
- Ma grand-mère est une terreur, de Guillaume Guéraud (2017).
- Grizzli et moi, d’Alex Cousseau (2017).
- Moi et ma bande / Zélie et moi, de Cathy Ytak et Thomas Scotto (2017).
- La plus grande chance de ma vie, de Catherine Grive (2017).
- Qui es-tu Morille ? / D’où viens-tu Petit-Sabre, d’Hélène Vignal (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Les aventures rocambolesques de l’oncle Migrelin, d’Elzbieta (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Ma fugue chez moi, de Coline Pierré (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Série Les autodafeurs, de Marine Carteron (2014-2015), que nous avons chroniqué ici et là.
En vacances avec… Régis Lejonc
Régulièrement, nous partons en vacances avec un.e artiste. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi j’adore partir comme ça avec quelqu’un, on apprend à la.le connaître notamment par rapport à ses goûts… cet.te artiste va donc profiter de ce voyage pour nous faire découvrir des choses. On emporte ce qu’elle.il veut me faire découvrir. On ne se charge pas trop… 5 de chaque ! 5 albums jeunesse, 5 romans, 5 DVD, 5 CD, sur la route on parlera aussi de 5 artistes qu’il.elle veut me présenter et c’est elle.lui qui choisit où l’on va… 5 destinations de son choix. Cette fois-ci, c’est avec Régis Lejonc que nous partons ! Allez, en route !
- PAUVRE ZOZZO – Pelton – Rue du Monde
- GISÈLE DE VERRE – Beatrice Alemagna – Seuil jeunesse
- JOJO LA MACHE – Olivier Douzou – ed du Rouergue
- MAGASIN ZINZIN – Frédéric Clément – Albin Michel
- AU POINT DU CŒUR – Rascal – Pastel – École des Loisirs
- LE MAÎTRE ET MARGUERITE – Mikhail Boulgakov
- WORLD WAR Z – Max Brooks
- DEMANDE À LA POUSSIÈRE – John Fante
- LE GARÇON – Marcus Malte
- TROIS MILLE CHEVAUX VAPEUR – Antonin Varenne
5 BD
- ROSE PROFOND – Jean-Pierre Dionnet – Michel Pirus – Casterman
- LE GRAND POUVOIR DU CHNINKEL – Van Hamme – Rosinski – Casterman
- LE RAYON U – Edgar P. Jacobs – Dargaud
- COME PRIMA – Alfred – Delcourt
- CHARLY 9 – Richard Guérineau – Delcourt
- FAUT PAS PRENDRE LES ENFANTS DU BON DIEU POUR DES CANARDS SAUVAGES – Michel Audiard
- HAIR – Milos Forman
- SNATCH – Guy Richie
- LES INDESTRUCTIBLES – Brad Bird
- À BOUT DE SOUFFLE – Jean-Luc Godard
5 CD
- THE VELVET UNDERGROUND and NICO – (éponyme)
- THE SMITH – The Queen is dead
- THE BEATLES – White Album
- BJORK – Debut
- PORTISHEAD – Roseland Live in New-York
5 ARTISTES
- GUSTAVE KLIMT pour ses esquisses
- CARL LARSSON pour son humanité
- EDWARD HOPPER pour son art du temps suspendu
- WINSOR MC CAY pour son dessin inégalé depuis plus d’un siècle
- ANTONI TAPIES pour la spontanéité et la matière
5 LIEUX
- LA GUINGUETTE CHEZ ALRIQ À BORDEAUX
- L’ÎLE DE KOH PHA NGAN (KOH SAMUI – THAÏLANDE)
- LA POINTE DU CAP FERRET (BASSIN D’ARCACHON)
- AUBERGE DU PÈRE BISE – BAIE DE TALLOIRES SUR LE LAC D’ANNECY (HAUTE-SAVOIE)
- LE MUSÉE DES ARTS POPULAIRES DE MEXICO (MEXIQUE)
Régis Lejonc est auteur et illustrateur.
Bibliographie sélective :
- Bagdan et la louve aux yeux d’or, illustration d’un texte de Ghislaine Roman, Seuil jeunesse (2016), que nous avons chroniqué ici.
- La promesse de l’ogre, illustration d’un texte de Rascal, Pastel (2015).
- Kodhja, avec Thomas Scotto, Thierry Magnier (2015).
- L’Ogre Babborco, illustration d’un texte de Muriel Bloch, Didier Jeunesse (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Ianos et le dragon d’étoiles, illustration d’un texte de Jean-Jacques Fdida, Didier Jeunesse (2015), que nous avons chroniqué ici.
- La poupée de Ting-Ting, illustration d’un texte de Ghislaine Roman, Seuil jeunesse (2014), que nous avons chroniqué ici.
- La mer et lui, illustration d’un texte d’Henri Meunier, Notari (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Loup ?, collectif, Association Mange-Livre (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Lumières, l’encyclopédie revisitée, collectif, L’édune (2013), que nous avons chroniqué ici.
- La rue qui ne se traverse pas, illustration d’un texte d’Henri Meunier, Notari (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Obstinément Chocolat, illustration d’un texte d’Olivier Ka, L’édune (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Le Petit Chaperon rouge ou La Petite Fille aux habits de fer-blanc, illustration d’un texte de Jean-Jacques Fdida, Didier Jeunesse (2010), que nous avons chroniqué ici.
- La boîte à joujoux, illustration d’un texte de Rascal, Didier Jeunesse (2005), que nous avons chroniqué ici.
- Fait pour ça, texte illustré par David Merveille, Actes Sud Junior (2004), que nous avons chroniqué ici.
- Ma voisine est amoureuse, texte et illustrations, Actes Sud Junior (2003), que nous avons chroniqué ici.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Le Rouergue <3 …Sympa cet interview. En tout cas Olivier Pillé fait d'excellents choix. Belle brochette d'auteurs publiés.