Un saut dans le temps au siècle dernier, ça vous tente ?
Le 15 Juillet 1903, un gardien du zoo du Jardin des Plantes de Paris a été attaqué par un hippopotame. Arrivé quelques années plus tôt d’Afrique alors qu’il était encore très jeune, l’animal divertissait le public, derrière les barreaux de sa cage et ne semblait pas malheureux. Mais c’était sans doute une impression : Kako reste un animal sauvage. Un jour, apeuré par les bruits effrayants de la ville en fête, et affamé à cause d’une panne de réveil du gardien, sa nature première ressurgit…
Délicat sujet que celui des zoos, d’autant plus ceux du début du siècle dernier… Inspirée d’un véritable fait divers, cette histoire rappelle à tous que les animaux sont avant tout faits pour vivre dans leur milieu naturel, aussi précautionneux soient les lieux qui les accueillent. Emmanuelle Polack raconte cela de manière très neutre, en se contentant de relater l’arrivée de l’animal, ses premières années, et enfin le drame. Pas de pathos, ni dans un sens ni dans l’autre, mais chacun se fait sa propre opinion. Il y a une ambiance particulière, qui nous plonge vraiment dans le Jardin des Plantes de l’époque (même si vous me direz, aucun de nous n’était né…). Je pense que c’est également grâce aux très belles illustrations de Barroux, mêlant dessins pleins de mouvements et collages d’anciennes photos (pour former l’hippopotame), le tout dans une unité de couleurs. Intéressant, pas larmoyant, c’est une réussite ! Et puis, ça faisait un moment que je ne vous avais pas parlé des hippopotames, ça me manquait !
En 1946, à Paris, deux bandes d’enfants s’affrontent, pour défendre leurs terrains de jeux respectifs. Les Socquettes Blanches ce sont les filles, et Les Chats Crevés, les garçons. On se bat, on se chamaille, on élabore des plans pour protéger son camp ou son terrain vague,… C’est de bonne guerre ! Mais lorsque tous apprennent qu’un promoteur immobilier lorgne sur leurs territoires, adieu les disputes ! Ils se rassemblent, oublient leurs rancœurs et ne font plus qu’un face à ces adultes irresponsables. Garçons, filles, tout le monde se serre les coudes !
Cette fois encore, on plonge vraiment dans l’ambiance de l’époque, période d’après-guerre qui porte encore les stigmates de plusieurs années de combat. Les expressions, les jeux, les vêtements, les références historiques, on fait vraiment un bond en arrière. Et les belles illustrations d’Alexandra Pichard (illustratrice que je découvre avec beaucoup d’intérêt), au style rétro, à la fois simples et vivantes, y sont pour beaucoup. Vincent Cuvellier (que j’apprécie beaucoup décidément) écrit pourtant bien de nos jours, en 2013, avec sensibilité et tendresse. Je pense que certains termes ou certains éléments de l’histoire, trop en lien avec l’époque, échapperont aux plus jeunes, mais il n’en demeure pas moins qu’on a affaire à une belle histoire sur l’enfance. Ce moment de la vie qui nous ferait déplacer des montagnes, où tous les événements prennent des airs d’aventure !
Quelques pas de plus…
Kako le terrible chroniqué par Les lectures de Kik.
Nous avons déjà chroniqué d’autres livre de Vincent Cuvellier (La fille verte, La première fois que je suis née, Émile veut une chauve-souris, Émile fait la fête, Émile est invisible, Émile veut un plâtre, Émile se déguise), Alexandra Pichard (Muette, Nina et les oreillers), Emmanuelle Polack (Rose Valland, l’espionne du musée du jeu de paume), Barroux (La rentrée de Noé, Histoires pour se poiler).
Kako le terrible Texte d’Emmanuelle Polack. Illustrations de Barroux La joie de lire 14,90 €, 267 x 207 mm, 26 pages, lieu d’impression non précisé, 2013 |
Les socquettes blanches Texte de Vincent Cuvellier. Illustrations d’Alexandra Pichard. Gallimard Jeunesse Giboulées 14,50 €, 230 x 290 mm, 36 pages, imprimé en Italie, 2013 |
Marianne
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Deux beaux albums que tu nous présentes là…..intéressants par le thème et attirants par les illustrations.
Des sujets intéressants et pas habituels dans cette chronique.
Alexandra Pichard m’avait énormément bluffée avec Muette (un album magnifique pour son texte d’Anne Cortey et ses illustrations d’Alexandra Pichard).
J’avais chroniqué Muette, j’adore cet album !
Le thème inhabituel est vraiment intéressant! Bravo Marianne! Cela m’a vraiment donné envie de découvrir! Merci
j’avais vu (la chance !) les dessins de Barroux en direct dans son atelier… quelle beauté… le livre a l’air superbe, je craque pour cet hippo 😉
bravo d’avoir repéré cette pépite.