À sa naissance, sa différence était toute petite, mais en grandissant, sa différence a grandi aussi… et les gens ont commencé à la trouver gênante, ils la qualifiaient même de « vilain défaut ». Alors forcément ça a commencé à l’empêcher d’avancer, à se faire des amis. La différence devenait tellement un handicap dans sa vie qu’il commença à consulter des docteurs…
Le vilain défaut est un magnifique ouvrage. Magnifique grâce aux illustrations de Csil, grâce à la poésie des mots d’Anne-Gaëlle Balpe et grâce à l’édition soignée de Marmaille & compagnie (fourreau autour du livre, des pages de calques dans l’histoire). Malgré tout ça, quelque chose m’a gêné… Sans doute pour être plus universel, le « défaut » n’est jamais cité et parfois on évoque une piste… pour s’en éloigner aussitôt. J’ai l’impression, mais je me trompe peut-être, qu’à force de vouloir toucher un maximum de monde, on ne touche plus personne. Il n’en reste que passé ce bémol, Le vilain défaut est un album superbe tant au niveau de l’objet que du contenu.
Des extraits sur le site de l’éditeur et l’avis de Maman Baobab et de La bibliothèque de Noukette qui n’ont pas eu le même souci que moi.
Constance n’est pas constante. Mi-ange, mi-démon, tantôt à se prendre pour une star, tantôt renfermée, Constance n’est jamais la même, Constance est multiple. Elle aime le doux et l’amer, l’ombre et la lumière… et s’il y en a que ça agace, tant pis pour eux, Constance est comme ça.
On retrouve toujours avec un grand plaisir la poésie de Martine Delerm. Ici encore, elle nous propose un texte profond, le genre de texte qui se lit et se relit, qui n’arrive pas tout mâché, qui fait son chemin. On pense à Je suis comme je suis de Prévert. Ses illustrations pleines de délicatesse accompagnent, comme toujours, à merveille son texte qui l’est tout autant.
Un bel album, plein de philosophie, pour se rappeler l’importance d’être soi.
Quand Mademoiselle Julie, son institutrice de l’année dernière, a annoncé à ses parents qu’il était surdoué, Augustin a senti leurs regards changer. Pourtant lui, il le savait bien qu’il ne pouvait pas être surdoué, il y avait tant de choses qu’il ne savait pas. Et puis il n’avait pas envie d’être le petit garçon parfait que ses parents pensaient maintenant avoir. Ce petit garçon dont ils parlaient avec tant de fierté à leurs amis en n’oubliant jamais d’insister sur le mot « surdoué ». À l’école aussi les choses avaient changé, personne ne voulait plus jouer avec celui qui les faisait passer pour des « sous-doués ». Non vraiment, Augustin ne voulait pas être un surdoué, mais juste un garçon comme les autres.
Entre le roman jeune lecteur et l’album, Comme les autres nous présente donc Augustin, un enfant diagnostiqué surdoué et qui vit mal cette différence. Françoise Cruz, raconte à la première personne, avec beaucoup de justesse le regard des enfants qui voudraient être comme les autres. Elle évoque d’autres sujets comme les Roms, l’orgueil des parents.
Un très beau texte, illustré par des photos, qui nous présente un enfant qui ne veut pas être super, mais juste normal.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué des ouvrages d’Anne-Gaëlle Balpe (Le ballon de Simon, Le roi maladroit, D’où il vient ce gros chagrin ?, Une pizza pour Monsieur Wolf, La lanterne magique, Noël à l’endroit, Où va-t-on quand on disparaît ?, Chez moi, Mon cartable, De vrais amis, Le grand n’importe quoi, Rouge bitume, Noël en Juillet, On n’a rien vu venir, Bonhomme et le caillou bleu, Quand je serai grand, je serai grand méchant loup, Les potions de Papi-guérit-tout, et Fées d’hiver), Csil (55 oiseaux, C’est la mienne, Paul et Rien qu’une fois) et Martine Delerm (Juste en soi, Jeanne cherche Jeanne et La petite fille sans allumettes). Retrouvez aussi notre interview d’Anne-Gaëlle Balpe.
Le vilain défaut Texte d’Anne-Gaëlle Balpe, illustré par Csil Marmaille & Compagnie 20 €, 310 x252 mm, 40 pages, imprimé chez un imprimeur éco-responsable (lieu d’impression non indiqué), 2015. |
Les inconstances de Constance Texte de Martine Delerm Seuil Jeunesse 13,50 €, 240×240 mm, 28 pages, imprimé en France, 2014. |
Comme les autres Texte de Françoise Cruz, illustré par un collectif Naïve 12 €, 142×190 mm, 19 pages, imprimé en Belgique, 2014. |
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Merci pour cette chronique Gabriel ! Tu as effectivement que je n’avais pas été gêné comme toi par le côté générique du vilain défaut qui tend de mon point de vue à l’universalité du coup… Je suis particulièrement intéressée par l’album de Naïve que tu présentes et que je découvre avec ta chronique ! Merci !
S’il était totalement universel, pas de souci. Y’a des albums comme ça ou rien n’est cité… mais ici on parle de lunettes puis on part sur autre chose comme si on voulait citer plein de choses pour toucher plein de gens (alors qu’il aurait mieux valu ne rien citer). Je trouve…