Aujourd’hui, nous recevons Sébastien Pelon, un illustrateur dont j’ai découvert le travail il y a peu et que j’avais envie de vous faire découvrir (et j’avais aussi envie d’en savoir plus sur lui). Ensuite, pour notre rubrique Parlez-moi de… j’ai eu envie de revenir sur le très beau roman Léo et Célestin (que nous avons chroniqué ici) avec ses auteurs et son éditeur. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Sébastien Pelon
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai grandi à Besançon avec un passage par le Havre puis Amiens avant d’atterrir à Paris pour mes études d’Arts.
Je suis diplômé de l’école Supérieure des Arts-Appliqué Duperré, j’ai commencé par travailler comme graphiste dans l’édition et à illustrer des livres en parallèle. Depuis deux ans je suis complètement indépendant. Je partage toujours mon temps entre graphisme et illustration avec maintenant une dominante pour cette dernière.
Y a-t-il des livres qui ont particulièrement marqué votre enfance et votre adolescence ?
Je me souviens des livres de Tomi Hungerer, Le géant de Zeralda en particulier. Et des petits livres d’or que me racontait ma grand-mère pendant les vacances, comme Les 5 petits pompiers et Sambo le petit noir.
Quelles techniques d’illustrations utilisez-vous ?
Je travaille principalement sur ordinateur, ma technique s’apparente à de la gouache. Si on devait la comparer à une technique traditionnelle. Je fais également quelques albums en peinture (Matriochka, La Befana, et prochainement La Mamani à paraître chez Flammarion Père Castor), huile et acrylique principalement.
Parlez-nous de votre travail sur Robin des bois, avez-vous fait des recherches, vous êtes-vous inspiré de certains films… ?
J’ai effectivement regardé Robin des bois avec Kevin Kostner et le nouveau de Ridley Scott avec Russell Crowe. J’ai également revu le Walt Disney pour l’occasion. Je m’en suis un peu servi comme appui pour les costumes et décors mais sans plus. J’avais globalement en tête des choses assez différentes. Et puis ce qui est intéressant dans le fait de revisiter un classique, c’est justement d’essayer d’apporter quelque chose d’autre. Pour Robin, la forêt est un personnage important, je voulais qu’elle soit présente dans la mesure du possible et du découpage du livre, j’ai donc pris et regardé beaucoup de photos de forêt.
Quels sont vos projets ?
Je termine tout juste un album pour Flammarion Père Castor, l’histoire d’une gentille sorcière bolivienne qui aide une petite fille à sortir sa sœur des griffes d’un méchant sorcier qui lui a volé ses rêves. Il fait suite en quelque sorte à Matriochka et La Befana, du même auteur, comme un petit tour du monde des sorcières…
Toujours chez Flammarion, sortira prochainement un recueil des aventures de Sinbad le marin, un « gros morceau » que j’ai pris un grand plaisir à illustrer.
Bibliographie sélective :
- Robin des bois, illustration d’un texte de Stéphane Frattini, Milan (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Brune du lac, illustration d’un texte de Christelle Chatel, Nathan (2014).
- Contes de Russie, illustrations de textes de Robert Giraud, Père Castor (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Mon livre des doudous : Où sont-ils cachés ?, Père Castor (2014).
- Pourquoi les éléphants aiment-ils tant leur trompe ?, illustration d’un texte de Rudyard Kipling, Larousse (2013), que nous avons chroniqué ici.
- La Befana, illustration d’un texte de Sandra Nelson, Père Castor (2012),
- Matriochka, illustration d’un texte de Sandra Nelson, Père Castor (2012),
- Blanche Neige, illustration d’un texte d’Agnès de Lestrade, Milan (2011).
- Ali Baba et les 40 Voleurs, illustration d’un texte d’Anne Royer, Lito (2011).
- Un loup à la maison, illustration d’un texte de Mim, Milan (2010).
- Série Nitou l’indien, illustrations de textes de Marc Cantin, Castor Benjamin (2004-2011).
- Le loup et l’agneau et 3 autres fables de La Fontaine, illustrations de textes de Jean de La Fontaine, Père Castor (2003).
Retrouvez Sébastien Pelon sur son site : http://sebastienpelon.com.
Parlez-moi de… Léo et Célestin
Régulièrement, on revient sur un livre qu’on a aimé avec son auteur, éventuellement son illustrateur et son éditeur. L’occasion d’en savoir un peu plus sur un livre qui nous a plu. Cette fois-ci, c’est sur un de nos coups de cœur, Léo et Célestin (chroniqué ici), d’Isabelle Wlodarczyk et Thanh Portal que j’ai eu envie de revenir (avec aussi l’éditeur, L’escamoteur).
Isabelle Wlodarczyk (auteur) :
Léo et Célestin est un court roman né d’une expérience un peu folle : c’est un livre inspiré d’un autre livre… écrit et illustré par Thanh et moi.
Avec Thanh, nous avions publié quelques mois auparavant un album autour de la thématique de la mémoire : l’histoire d’un renard qui se fait voler ses souvenirs. C’est Thanh qui a eu cette idée, je crois bien ! Nous souhaitions parler de la perte de mémoire, sans l’aborder frontalement.
Si le texte d’album a l’avantage de dire « sans dire », de suggérer, de donner à penser, à imaginer, le roman offre évidemment d’autres possibilités : donner vie aux personnages sur plusieurs chapitres, développer leurs marottes, leur donner un passé, les immerger dans un monde à eux qui les dépasse et leur donne sens. Avoir de l’espace. Je le confesse : j’ai bien du mal à rester dans le format album, je trouve l’exercice redoutable, quoique captivant ! Thanh et moi avions encore à dire sur la thématique du souvenir : nous avons pris la liberté de développer un deuxième livre, sur un sujet similaire, tout en faisant un livre différent… un petit roman policier.
Notre renard s’est donc réincarné en vieux renard, un inspecteur à la retraite, un jeune renard est venu le seconder. La relation qui unit les deux personnages sert de moteur au roman, puisque c’est par amour pour son grand-père que le petit-fils va tenter de le retrouver. Le format roman m’a aussi permis d’introduire un personnage secondaire — Arsène Lapin, un lapin voleur de grand chemin qui devient ami avec notre jeune renard — et de créer un petit monde, tout à eux. J’ai d’ailleurs pensé à une suite autour d’Arsène et du renardeau.
Léo et Célestin est donc une micro-expérience littéraire,… et c’était passionnant à réaliser.
Le site d’Isabelle Wlodarczyk : http://papierbrouillard.blogspot.fr.
Thanh Portal (illustratrice) :
Isabelle et moi avons des affinités et des goûts communs, on partage notamment le même amour du polar. Mémoire et Souvenir sont des concepts qui par ailleurs m’intéressent depuis longtemps.
C’est ainsi qu’un soir en papotant avec Isabelle une histoire est née.
Je crois me souvenir qu’au départ il s’agissait juste d’un personnage qui entrait dans le bureau d’un détective pour l’engager à retrouver un de ses souvenirs.
Nous en avons d’abord fait un album mais nous voulions prolonger l’aventure et accentuer l’aspect polar avec un personnage de vieux détective : c’est devenu Léo et Célestin, un roman.
J’ai choisi un traitement à l’encre avec beaucoup de traits noirs et de la gouache dans les tons bleus, puis orangés, de façon à poser une ambiance sombre et brumeuse.
Le roman est plus proche de notre idée de départ par rapport à l’album qui représente certaines contraintes narratives mais laisse plus de place à l’illustrateur.
J’ai vraiment adoré cette expérience !
Le site de Thanh Portal : http://thanh.ultra-book.com.
L’escamoteur (éditeur) :
Léo et Célestin est arrivé dans notre boîte aux lettres très rapidement après l’annonce des ouvertures des soumissions de projets Jeunesse. Une enveloppe marron contenant une lettre de présentation accompagnée du manuscrit. Sur la première page du livret A4, il y avait une illustration de deux renards marchant dans une forêt ; le dessin nous a tout de suite plu.
Chaque personne du comité de lecture a reçu tour à tour Léo et Célestin entre les mains. À chaque fois, le manuscrit était validé avec des commentaires toujours positifs tant sur la forme légère et poétique que sur le fond : l’histoire qui ne nous est pas indifférente, l’aventure et le courage de ce petit renard, les différents niveaux de lecture possibles, la quête du souvenir perdu et la maladie sans jamais en faire trop. Bref, Léo et Célestin était un livre qu’il fallait publier. Nous nous sommes rapprochés d’Isabelle puis de Thanh. Enfin, nous avons tous pris la décision de faire ce livre, ensemble.
Le travail avec Isabelle et Thanh a été formidable pour tous les acteurs de la maison d’édition. Le livre a été imprimé en octobre 2013 et depuis il est lu par de nombreux enfants mais aussi par des adultes qui le lisent puis l’offrent.
Le site de L’escamoteur : http://www.lescamoteur.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
J’avais adoré “Renardot et le souvenir volé” d’Isabelle Wlodarczyk et Thanh Portal, vraiment un magnifique album…
Je n’avais pas eu vent de la sortie d’un roman sur le même thème ! (J’avoue, au mois d’août, j’étais en vacances, donc j’ai un peu moins suivi vos chroniques…) Je note précieusement cette référence.
Je découvre également les illustrations de Sébastien Pelon que j’aime beaucoup.
Vive les mercredis de la mare aux mots !