Célia a fait la route toute seule, elle arrive, seule, au village de sa grand-mère. Celle-ci n’est plus. Il faut faire à nouveau entrer la vie dans cette maison, la faire respirer. Seule porte qui reste close, celle de la chambre de la grand-mère, Célia n’en a jamais eu la clef, elle n’a jamais eu le droit d’y entrer. Que cache-t-elle ? Célia se souvient avoir vu des gens, l’air maussade, entrer dans la pièce avec sa grand-mère, que venaient-ils y faire ? Une jeune femme est une institutrice qui vit dans un petit village où les jeunes filles disparaissent. Elle a fui son village à elle, où elle a vécu l’inqualifiable. Quelque chose lie ces deux jeunes filles, elles sont les louves.
Mais comment résumer un roman aussi riche que Le cœur des louves de Stéphane Servant. Un roman qui rend hommage au courage des femmes ? Un roman social ? Un thriller ? Une histoire de secrets de famille ? On y parle aussi d’homosexualité, de filiation, de transmission… et tant d’autres choses encore. L’écriture de Stéphane Servant est belle, et l’on se surprend à relire certaines phrases pour le plaisir des mots. Il nous entraîne avec lui dans cette histoire de femmes, de femmes qui se battent, de femmes humiliées. C’est un gros roman (près de 550 pages), mais on a du mal à le poser, l’auteur sait nous tenir tant dans les moments de suspense que dans le reste. Un roman fort, très fort.
Un magnifique roman hommage aux femmes proies qui deviennent femmes louves, autant (plus ?) pour les adultes que pour les ados.
(Petit aparté, j’ai tellement été pris par Le cœur des louves, que j’ai eu énormément de mal à passer à un autre livre… Je les trouvais tous insipides… j’en ai abandonné 4 avant de lire celui qui suit…)
Amélia est de celle qu’on remarque à cause de son surpoids. Dès qu’elle est contrariée, le chocolat est son meilleur remède. Son père est médecin, sa mère magistrate, Amélia vit dans une famille aisée. Ses parents sont particulièrement préoccupés par les autres et le monde qui les entoure, sa mère envoie d’ailleurs chaque année une grosse somme à une association en Mongolie. C’est un véritable choc lorsqu’elle apprend que le responsable de l’ONG est décédé. Le père d’Amélia décide que toute la famille doit aller là-bas le temps d’un été pour aider l’association, mais à cause d’un concours de circonstances, Amélia partira seule. Un été qui risque de changer sa vie.
Annelise Heurtier écrit généralement des romans forts, là encore. On est entraîné avec Amélia dans des bidonvilles où les enfants sont battus, vivent dans la rue, où des adolescentes accouchent seules dans des endroits sordides… Et pourtant, même s’il y a des moments forts, ce n’est jamais glauque, jamais violent. Amélia, 16 ans, va découvrir plein de choses à l’autre bout du monde, des choses sur elle-même notamment. Annelise Heurtier parle essentiellement de ça, d’apprendre à se connaître, d’apprendre qui l’on est. Elle ouvre des portes qu’elle ne referme par carrément, à nous de nous faire l’histoire.
Un nouveau roman très fort d’un auteur qu’on aime décidément beaucoup.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué des ouvrages de Stéphane Servant (Le gros goûter, Nos beaux doudous, Boucle d’ours, Le machin, Le crafougna et Le masque) et d’Annelise Heurtier (Combien de terre faut-il à un homme ?, L’affaire du chien, Babakunde, On déménage !, Drôle de rentrée !, Sweet Sixteen, Le carnet rouge et La fille aux cheveux d’encre). Retrouvez aussi notre interview d’Annelise Heurtier.
Le cœur des louves Texte de Stéphane Servant Rouergue dans la collection DoAdo 17,50 €, 140×205 mm, 541 pages, imprimé en France, 2013. |
Là où naissent les nuages Texte d’Annelise Heurtier Casterman 12 €, 146×220 mm, 199 pages, imprimé en Italie, 2014. |
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Deux bons titres, deux belles histoires, deux bons auteurs…de quoi être séduite et avoir envie de les découvrir.
Le coeur des louves de Stéphane Servant m’avait tapé dans l”oeil depuis un bon bout de temps. Et du coup, je l’ai acheté pour la bibliothèque mais pas eu le temps de le lire car déjà emprunté!!! Le deuxième me tente beaucoup, Là où naissent les nuages. Je voulais savoir, c’est destiné pour quel public? Collégien ou grands ados?
à partir de 12-13 ans je pense…
Ok merci!! Les plus vieux de nos lecteurs ont 14 ans à peu près!!