Ah ! Les voyages
Aux rivages lointains,
Aux rêves incertains,
Que c’est beau, les voyages
Qui effacent au loin
Nos larmes et nos chagrins,
Mon dieu !
Ah ! Les voyages.
Comme vous fûtes sages
De nous donner ces images
Les voyages, Barbara
Aujourd’hui on part en voyage avec trois beaux albums.
Depuis que sa famille a dû quitter le pays des Vents si chauds, Nils et les siens voyagent. Ils voguent dans les cieux grâce aux Géantes, des montgolfières construites par leurs ancêtres. Un jour peut-être qu’ils trouveront un pays à eux, comme ils l’espèrent, alors ils ne seront plus nomades et se poseront définitivement. En attendant ils se posent où ils peuvent, de temps en temps, le temps d’une escale. Ces escales sont l’occasion de grandes fêtes, où la musique résonne autour du feu. Mais les habitants des lieux où ils se posent les méprisent et les traitent de voleurs… alors il faut repartir.
C’est un très beau conte que signe Séverine Vidal, un conte plein de sens avec des tas de choses derrières. Ici on parle donc des peuples nomades, ceux sans terres qui sont méprisés, insultés quand ils arrivent chez nous. Parler de sujets délicats avec poésie et délicatesse n’est pas toujours aisé (c’est souvent très lourd), mais on sait maintenant que Séverine Vidal est douée pour ça. Au fond, au premier degré, son livre peut être vu comme une fable, une histoire complètement inventée sans aucun lien avec notre monde, mais on pourra aussi y trouver un goût (amer) de déjà-vu. Un bien bel album.
Trois géants marchent, lentement. L’un tout de blanc vêtu, le second en rouge et vert et le dernier en jaune et brun. Ils marchent, sans arrêt, inexorablement. Au premier arrêt le géant habillé de rouge et vert enlève son manteau et l’étale sur la colline, c’est l’été. Ils sont déjà repartis et ont repris leur cadence, ils marchent, marchent et marchent encore. Lorsqu’ils s’arrêtent c’est le géant au manteau jaune et brun qui va recouvrir le paysage, c’est l’automne. Puis ce sera au tour de l’hiver avec son manteau blanc… mais où est le printemps ?
Ici aussi c’est un livre très poétique que signent Zemanel et Aline Bureau, un conte aux couleurs chaudes et aux grandes illustrations. L’histoire des saisons, du temps qui passe. On cherche souvent des livres pour expliquer le principe des saisons aux enfants, je n’ai jamais vu un album aussi beau sur ce thème. C’est une très belle histoire, pleine de métaphores qui vont pourtant être très bien comprises des enfants. Un très bel album.
Tous les voyages ne sont pas simples, certains sont plus tortueux, plus étranges. On ne sait pas où on va et on se doute que le chemin ne sera pas facile. Et en fait… quel est le but ?
Chaparrón est un livre très étrange, très particulier. Graphiquement il est superbe (même si j’ai du mal avec les visages des personnages), on tourne les pages et on est en admiration devant ses grandes illustrations particulières. On plonge dans un vrai univers. Au niveau du texte j’avoue que je ne suis pas certain d’avoir tout compris, c’est là aussi un texte très particulier. C’est le genre d’album qui ne peut en aucun cas laisser indifférent, qui fait s’interroger, qui laisse des tas de portes ouvertes, qui nous fait vraiment voyager… N’est-ce pas le but d’un livre ?
Quelques pas de plus
Nous avons déjà interviewé Séverine Vidal et chroniqué “quelques” uns de ses livres (Petit Minus, Le laboureur de nuages & autres petits métiers imaginaires, La grande collection, Mon papa est zarzouilleur, Clovis & le pain d’épices, Rien qu’une fois, Philo mène la danse, Plus jamais petite, Comment j’ai connu papa, Arsène veut grandir, Lâcher sa main, Rouge Bitume, Comme une plume, J’attends Mamy, Roulette Russe tome 1 Noël en juillet, Je n’irai pas, Léontine, princesse en salopette, Mamythologie, On n’a rien vu venir, Du fil à retordre, Prune, tome 1 : La grosse rumeur, Prune, tome 2 : Le fils de la nouvelle fiancée de papa, Prune, tome 3 : Prune et la colo d’enfer, 5h22, Les petites marées et La meilleure nuit de tous les temps), nous avons aussi chroniqué un livre illustré par Bruno Pilorget (Le roi cheval) et un livre écrit par Zemmanel (Un travail de fourmis).
Au pays des vents si chauds de Séverine Vidal, illustré par Bruno Pilorget L’élan Vert 13,90€, 236×296 mm, 32 pages, imprimé en Chine, 2013 |
Les quatre géants de Zémanel, illustré par Aline Bureau Père Castor 13,50€, 248×310 mm, 32 pages, imprimé en France, 2013 |
Chaparrón de Federico Combi Balivernes 13€, 256×298 mm, 32 pages, imprimé en Belgique, 2013 |
Comme vous le savez La mare aux mots ne chronique pas de numérique (notre partenaire DéclicKids le fait si bien). Mais quel plaisir de relayer leurs chroniques quand il s’agit d’auteurs que nous adorons ! Nicolas Gouny vient de faire les illustrations d’une histoire sur l’amour (et l’absence de mère) sortie chez La souris qui raconte (qui, décidément, signe avec de bons auteurs et illustrateurs) et vous pouvez retrouver la chronique de Déclickids ici : http://www.declickids.fr/il-suffit-parfois-dun-cygne-une-belle-histoire-damitie-flash. Nous l’avons testé avec ma fille et c’est superbe ! Il a vraiment du talent cet homme là et La souris qui raconte fait décidément de belles choses.
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Trois très beaux albums, vraiment.
J’ai particulièrement aimé l’univers du troisième très singulier, me^me si côté texte on est moins emporté.