Une nouvelle chronique sur les livres qui promeuvent l’antisexisme, parce que ça fait du bien. Et en plus, c’est une chronique croisée avec Maman Baobab, c’est chouette, non ?
Et si l’on commençait par rappeler les droits de chacun ?
L’article 1 des droits des garçons le rappelle, oui ils ont le droit de pleurer et de se faire dorloter ! Ils ont aussi le droit d’être coquets, de jouer à la poupée, d’être bons en lecture et nuls en bricolage ou encore de faire de la danse ou de la couture. Les filles, elles, ont le droit d’être débraillées, d’être fortes en maths, de grimper aux arbres, de faire du foot ou du judo, de regarder des films d’horreur ou encore d’avoir les cheveux courts. Filles et garçons ont le droit d’aimer qui leur plaît, filles ou garçons !
Douze articles chacun et tous pleins de bons sens, voire même évidents… mais pas pour tout le monde (hélas). Génial (disons les choses) support pour parler des stéréotypes, Elisabeth Brami et Estelle Billon-Spagnol nous livrent deux petits livres qu’il faudrait absolument placer dans toutes les écoles (d’ailleurs, je propose à Talents Hauts de décliner chaque page en affiche) ! Estelle Billon-Spagnol, à partir des petits textes d’Elisabeth Brami, a fait des dessins hilarants dont elle a le secret. Les raconter serait contre-productif (racontés comme ça, c’est forcément pas drôle), mais vous pouvez voir quelques extraits en ligne (ici par exemple). Deux petits ouvrages absolument IN-DIS-PEN-SA-BLES !
Pavlina n’était pas une petite fille ordinaire. Elle grandissait dans une famille où il n’y avait que des garçons pas vraiment méchants, juste un peu lourdauds. À côté d’eux, Pavlina semblait toute petite, on la surnomma Brindille. Seule fille, c’était à elle qu’incombait les tâches domestiques et quand elle essayait d’y couper il fallait se battre… et c’est parfois avec un œil au beurre noir qu’elle s’en sortait. Un jour, Brindille en eut assez et sous l’hilarité générale elle annonça qu’elle voulait se mettre à la boxe !
On adore les héroïnes comme Brindille. Une petite fille au fort caractère, capable de boxer autant que de faire du piano. Et surtout, qu’elles sont belles les illustrations de Rémi Courgeon ! OK, ce n’est pas nouveau (j’en parlais encore vendredi), mais quel bonheur ! Surtout qu’ici le livre est très grand et donc elles sont magnifiquement mises en valeur (avec un beau papier qui plus est). On parle donc ici de se battre pour avoir les mêmes choses que les garçons, qu’il n’y a pas de fatalité. Un magnifique album signé par un de nos plus talentueux illustrateurs.
Le même vu par Le cabas de Za (avec de nombreuses illustrations intérieures).
Au parc retentissent des BLANG ! CLONG ! BLANG ! CLONG ! C’est Max qui a un nouveau tambour ! Et il annonce un spectacle ! Un spectacle ? Tout le monde y croit, c’est malin maintenant faut le préparer. Allez c’est parti, Exaucée a une histoire et distribue les rôles : Tarek fera les décors, Cindy s’occupera des accessoires, Max jouera le prince et Zazie la princesse. PARDON ??? La princesse ? Genre la robe rose bonbon et tout ça ? HORS DE QUESTION ! Zazie veut bien jouer un dragon à la limite, mais la princesse non non non !
Pedro est catastrophé ! Il vient de voir son meilleur ami Max avec une poupée dans les mains. Comme il n’a pas suivi le début, il ne sait pas, lui, qu’en fait ce n’est pas une princesse nunuche, mais une guerrière de l’espace ! Lui ne voit qu’une poupée, forcément ! Alors d’un coup il a peur, si Max commence comme ça bientôt il aura des couettes et se transformera en fille ! Vite, il faut agir, faire tout ce qui est possible pour le faire lâcher sa poupée, quitte même à utiliser Jim Barroud, un mannequin en plastique qui n’a rien d’une poupée, lui.
Deux albums d’un personnage que les enfants connaissent bien, Zazie. On avait déjà parlé de l’adaptation en livres de l’adaptation en dessin animé des livres de Thierry Lenain et Delphine Durand (oui, c’est pas simple), et je vous avais dit tout le mal que je pensais des illustrations, surtout comparées aux super dessins des originaux. Mais là encore, ce sont des histoires très sympas qui luttent aussi contre les clichés sexistes. Même s’il vaut mieux se procurer les premiers livres, les enfants seront heureux de retrouver ici un personnage qu’ils aiment voir à la télévision.
Ras-le bol d’être une princesse vu par Chez Clarabel.
Quand j’ai vu qu’était sorti un livre sur le sexisme, Les mots indispensables pour parler du sexisme, j’étais vraiment très intéressé. On parle beaucoup (trop ?) du féminisme, et pas assez du sexisme. Comme je le dis souvent, c’est ensemble qu’on avancera dans l’égalité des sexes et pas les uns envers les autres. C’est en déconstruisant tous les clichés sexistes qu’on fera reculer les inégalités. Bref, je commençai donc, réjoui, la lecture de ce petit livre sorti chez Syros… J’avoue avoir été un peu déçu parfois. Même si c’est un très bon livre (mais je le dirai ensuite, évacuons tout de suite ce qui fâche pour vite l’oublier et se concentrer sur les points positifs), ici c’est quand même surtout un livre féministe. On parle de la difficulté des filles qui font du foot… mais pas un mot sur les garçons qui font de la danse (par exemple). On parle du viol et tout le chapitre concerne les femmes (sauf quand il est rappelé qu’un-e violé-e sur dix est un garçon… mais juste ça…). On parle des soucis des femmes à accéder à certains métiers, mais pas l’inverse (alors que, croyez-moi d’expérience, ça existe). Dans le chapitre sur la rumeur, on nous explique à quel point ça détruit surtout les filles (alors que de nombreux garçons se suicident aussi à cause de vidéos lancées sur internet, notamment par rapport à l’homosexualité). On nous explique que s’il y a moins d’enfants confiés aux pères lors des divorces c’est à cause de « la plus forte proportion d’hommes violents à qui on ne peut pas confier d’enfants » (si ça, ce n’est pas un propos sexiste…). Dans la partie sur les kilos on nous parle du diktat de la minceur chez les femmes, notamment à cause de la pub, sans nous dire que chez les hommes on y arrive de plus en plus avec des mannequins toujours imberbes et bodybuildés. J’ai eu aussi quelques doutes sur l’utilité de certaines entrées (alors que, d’après moi, il y a quelques manques, comme parler de l’image des pères au foyer dans la société ou de la difficulté des pères de prendre leurs congés parentaux), mais bon… Bref, j’avoue qu’à plusieurs moments j’ai eu quelques remontées acides ! Mais passons ce sujet de discorde (qui ne choquera peut-être que moi), donc, pour nous concentrer sur le reste. Construit comme un abécédaire, Les mots indispensables pour parler du sexisme est un livre très bien fait. Le genre de livre très bien construit dans lequel on peut piocher plein de choses (ou lire d’une traite, car il est vraiment intéressant). Les auteurs ont vraiment réussi à aborder beaucoup de thèmes, généralement avec justesse, complétant leurs propos avec des chiffres. On trouve ici, donc, des chapitres sur le rose et le bleu, le genre, les métiers, les seins, la jupe mais aussi quelques entrées sur des personnalités (Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir, Angela Davis…). Parce qu’il est temps que ça change, qu’on en finisse avec le sexisme, voilà un petit livre indispensable (à partir de 14 ans d’après l’éditeur) !
Quelques pas de plus…
Retrouvez donc la chronique du jour de Maman Baobab, sur le même sujet.
Nous parlons régulièrement des livres qui combattent les clichés sexistes. Tout ceux dont nous avons parlé sont regroupés ici (et retrouvez ma chronique radio sur le sujet là).
Nous avons déjà chroniqué des livres d’Estelle Billon-Spagnol (Grong, Bonne nuit Eddie, La catcheuse et le danseur, Bad Lino, Les chaussettes qui puent, Les sœurs Tsss, La planète des mius, Ti-Jack, Chiche !, La rentrée de Jacotte, Jacotte en vacances, 5h22, Petit Lagouin, Le jardin du secret, Jacotte, Le petit bois du dimanche soir, À table et Mister Mok), Elisabeth Brami (Moi j’adore, maman déteste et vice-versa) et Rémi Courgeon (Gros Chagrin, Le grand arbre et autres histoires, Contes d’Afrique, Pieds nus, Toujours debout, Pas de ciel sans oiseaux et Elvis Presley). Nous avons également interviewé Estelle Billon-Spagnol et Rémi Courgeon.
La déclaration des droits des filles![]() ![]() Texte d’Élisabeth Brami, illustré par Estelle Billon-Spagnol Talents Hauts 11,90 €, 157×217 mm, 32 pages, imprimé en Italie, 2014. |
La déclaration des droits des garçons![]() ![]() Texte d’Élisabeth Brami, illustré par Estelle Billon-Spagnol Talents Hauts 11,90 €, 157×217 mm, 32 pages, imprimé en Italie, 2014. |
Brindille![]() ![]() de Rémi Courgeon Milan 16,95 €, 264×368 mm, 32 pages, imprimé en Belgique, 2012. |
Ras-le-bol d’être une princesse![]() ![]() Texte de L. Nord d’après un scénario de Maud Garnier et David Robert Nathan dans la collection Mademoiselle Zazie 5,95 €, 174×222 mm, 30 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2014. |
Les poupées musclées![]() ![]() Texte de L. Nord d’après un scénario de Joris Morio Nathan dans la collection Mademoiselle Zazie 5,95 €, 174×222 mm, 30 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2014. |
Les mots indispensables pour parler du Sexisme![]() ![]() de Jessie Magana et Alexandre Messager Syros dans la collection Les documents Syros 12 €, 120×168 mm, 168 pages, imprimé en France, 2014. |
À Saint Ouen (93), au collège Joséphine Baker, Alice, professeur de français, et Isabelle, professeur d’art plastique, tentent d’enseigner devant des classes qui ne sont pas toujours attentives. En plus du programme, il faut sans arrêt faire des rappels à l’ordre, enseigner la discipline, séparer les élèves qui se battent, supporter le brouhaha presque incessant, les élèves qui arrivent au milieu du cours, ceux qui ont leur portable à la main. Armées d’humour, elles affrontent le quotidien, tentent de faire s’élever, parfois contre leur volonté, des élèves qui ne sont pas tous nés avec les mêmes armes. Tempête sous un crâne était sorti au cinéma l’année dernière, il vient de sortir en DVD. Loin d’être plombant (comme le sont parfois des films et documentaires tournés dans les écoles, généralement du 93), on voit ici aussi les rires, les bons moments. Alors bien sûr il y a aussi les moments où l’on se demande comment Alice tient face à une classe aussi dissipée, les réunions du personnel encadrant se demandant quelles sont les solutions face à un élève qui semble dealer dans l’établissement, certains ados qui ne connaissent que la violence comme langage, mais il y a aussi les œuvres créées en cours d’art plastique qu’expose Isabelle et les lettres écrites en français sur le modèle du J’accuse de Zola. Ces moments qui en disent long, qui nous prennent aux tripes. Il y’a les rires en plus des cris, l’espoir est plus présent que l’envie de baisser les bras. Un très beau documentaire sur une classe parmi tant d’autres dans une école de la République Française.
Vous pouvez vous procurer ce DVD notamment sur le site du Point du jour.
Bande annonce :
Gabriel

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Chouettes les deux premiers. Et le trait graphique d’Estelle s’y prête à merveille.
Brindille très beau oui avec les illustrations de Rémi Courgeon.
Et pas de commentaire pour ma part sur ceux de la collection Zazie car je n’accroche vraiment pas l’adaptation, bien éloigné du trait de Delphine Durand.