Aujourd’hui je vous parle de trois livres aux illustrations pleines de couleurs : Alice & Alex, Mon tour du monde imaginaire et La passoire. Mais aussi de deux jeux pour développer son imagination et ses connaissances en s’amusant : Les Histoires les plus courtes du monde et les Grands écrivains. Exploration, rêveries et apprentissage sont au rendez-vous !
C’est un jour comme les autres : Alice une jeune femme très élégante, et Alex, un jeune homme fort apprêté, se rendent respectivement chez le couturier. Et là, leurs regards croisent, le rouge leur monte aux joues et leurs cœurs s’emballent ! Chacun·e rentre de son côté, encore tout·e chamboulé·e par ce qu’il vient de se passer, alors qu’il et elle ne se sont même pas dit un mot.
À partir de là, Alice et Alex ont la tête ailleurs, enchainent les maladresses et sentent bien que quelque chose les préoccupe… Quelque chose d’immense et d’étincelant, qui habite même leurs rêves ! Que leur arrive-t-il ? Les médecins sont là pour les rassurer : il s’agit tout simplement d’un coup de foudre ! Il ne leur reste alors plus qu’à patienter jusqu’aux retrouvailles chez le tailleur, et à préparer les plus belles tenues possibles !
Attention, explosion de couleurs ! Alice & Alex est un album aux illustrations incroyablement luxuriantes et élégantes, mêlants éléments naturels et urbains, dans lesquels les personnages évoluent comme au milieu d’une jungle surréaliste. On peut s’amuser à chercher ici un fourmilier, là un tamarin empereur, ou encore des perroquets et des girafes qui évoluent tranquillement aux côtés des citadin·es. Des fleurs tropicales poussent de toute part et des motifs chamarrés décorent aussi bien les tenues que les bâtiments. Voici un univers qui vraiment rêver !
Alice et Alex passent par une foule d’émotions et d’états : la légèreté, l’appréhension, la rêverie, l’impatience… Il et elle se parent de leurs plus beaux atours, comme deux oiseaux préparant soigneusement leurs parades. Mais au final, habit d’apparat ou allure échevelée, le livre nous rassure : ce n’est pas l’habit de l’autre qui compte quand on est amoureux·se !
Un livre coup de cœur, au texte musical et aux illustrations incroyables.
Une petite fille tente de retracer son rêve, ce voyage nocturne et élastique peuplé de couleurs indéfinissables, de baleines comiques et de gens qui vont et qui viennent, comme des courants d’air. Malgré ses efforts, impossible de se rappeler avec exactitude de toutes les choses incroyables qu’elle a vues et ressenties. C’est même l’effet inverse qui lui arrive : dès qu’elle a l’impression de remettre le doigt sur un souvenir, voilà qu’il lui échappe, se transforme et s’enfuit. C’est comme si sa mémoire était une passoire.
On a tous et toutes déjà tenté de raconter ou de se remémorer un rêve si intense qu’il semblait être vrai, pour au final se retrouver avec la sensation frustrante que notre mémoire nous joue des tours. Impossible de vraiment se réapproprier ces moments où notre imagination est en roue libre ! Et quel dommage, car il se passe des choses tellement incroyables dans les rêves !
Clarisse Lochmann parvient tout de même à en extraire un peu l’essence dans La passoire. En mixant digital et encre, elle modèle une ambiance tout en jeux de transparences et de matières, un monde insaisissable pareil à celui des songes. Des couleurs vives tranchent sur des bleus sourds, qui rappellent la profondeur des océans ou l’immensité de l’univers et des abysses : autant d’atmosphères invitant à la rêverie. Le corps démultiplié de la fillette est lancé dans une chorégraphie étrange, comme si elle voyageait à travers son rêve en dansant avec ses souvenirs. Parfois elle crée des formes circulaires, pour renforcer l’impression de non-linéarité et de lâcher prise, de ballet en mirage.
Propice à la contemplation, La passoire est un album onirique. Il retranscrit à la perfection les tours que l’esprit nous joue, en tissant des histoires fabuleuses pendant que l’on dort, pour nous en laisser que quelques bribes impalpables au réveil.
Dans son chalet en plein cœur de la forêt, une petite fille imagine le tour du monde incroyable qu’elle fera quand elle sera plus grande. Un ciré jaune, un grand chapeau et son ami Tatou à ses côtés, la voilà équipée pour gravir les buildings, traverser les déserts et les océans et partir à la découverte des îles tropicales comme des villages enneigés. Un univers merveilleux se déroule alors sous nos yeux, aux côtés de cette aventurière en herbe.
Mon tour du monde imaginaire est un album grand format très immersif, où le texte laisse entièrement place aux illustrations pleines pages, fourmillantes de détails. L’autrice s’inspire de la cartographie, mais l’adapte à sa guise, en jouant avec les paysages, les couleurs et les textures. La planisphère qui en découle ne ressemble pas tout à fait à celle de la Terre, mais regorge pourtant d’architectures, d’animaux et de paysages bien connu·es. Les références et détails distillé·es tout au long du livre sont répertorié·es à la fin, pour un jeu de « cherche et trouve » qui permet aux lecteurs et lectrices de s’amuser à dénicher aussi bien les personnages d’un film de Wes Anderson que le château de Dracula ou encore un tout petit crabe. L’héroïne et son ami le tatou sont aussi à retrouver au milieu de ces décors. Même lorsque surviennent des avaries, il et elle restent toujours positif·ves et continuent d’aller de l’avant.
Ce livre est une ode à la liberté, celle d’aller où l’on veut quand on veut, dans le respect de la nature et des cultures. Il met en scène une fille forte, pleine de rêves et de courage, prête à surmonter tous les obstacles avec le sourire pour explorer le vaste monde et s’émerveiller de ses richesses.
Mon tour du monde imaginaire nous invite à l’évasion le temps d’une lecture, rappelle la beauté du monde qui nous entoure et l’importance de le préserver. Un livre magique qui pourra peut-être même créer des vocations.
52 cartes aux illustrations vives, trois déclinaisons de jeu et plusieurs modes de lecture possibles : voici ce que l’on trouve dans le joli coffret aux allures de livres de contes Les histoires les plus courtes du monde. Il suffit simplement de choisir entre les deux cartes de début puis d’en rajouter d’autres, autant qu’on le souhaite, pour voir une aventure se dérouler. D’un côté se trouvent des images aux couleurs vives, de l’autre du texte avec des jeux de mots ou des références aux contes populaires. Les participant·es peuvent donc imaginer l’histoire la plus courte du monde avec l’une ou l’autre des faces des cartes, ou bien même en mixant les deux. On peut surenchérir autant que l’on veut, prolonger ou stopper le jeu à sa guise. On y trouve entres autres l’histoire d’une gomme romantique, d’un haussement d’épaules ou celle d’un corbeau fourré au fromage.
D’autres déclinaisons sont également proposées, toujours sur la base des cartes : un jeu de mémoire et un de théâtre et d’improvisation. Il est possible d’imaginer d’autres manières de s’amuser avec ce coffret, il suffit de laisser parler sa créativité.
Les histoires les plus courtes du monde peut aussi bien se jouer à plusieurs que tout·e seul·e. Comme le format des cartes est assez grand, il est facile de les attraper et leurs dessins sautent tout de suite aux yeux, ainsi les petites mains peuvent facilement les saisir et créer leurs propres aventures. Les plus grand·es pourront mixer cartes recto et verso et s’amuser des clins d’œil faits aux classiques de la littérature. Il suffit de se laisser guider par les mots et/ou les images pour inventer une histoire rigolote ou poétique, toujours pleine de rebondissements et un brin absurde.
Les illustrations sont à la fois marrantes, attractives et suffisamment épurées pour laisser l’imagination des participant·es s’exprimer. D’ailleurs, l’illustratrice s’est amusée à y glisser un ruban rouge qui se balade de carte en carte… Il s’agit peut-être du fil narratif de l’histoire qu’elle a elle-même créée ? À nous de la dénicher !
Un jeu aux combinaisons multiples et aux dessins rigolos, qui permet de développer aussi bien l’imagination que le vocabulaire.
Les grands écrivains est un jeu de familles où le but est de réunir quatre cartes correspondant à un auteur ou à une autrice. Et ici, il n’y a pas 7, mais 12 familles à recomposer ! On y trouve Sand, Rabelais, Prévert, Tournier, Balzac, La Fontaine, Molière, Perrault, Saint Exupéry, Hugo, Voltaire et Dumas : des grands noms de la littérature française dont les textes nous font encore voyager et qui sont toujours étudiés à l’école.
Chaque carte possède son propre code couleur et est illustrée d’une image : ainsi les enfants qui lisent déjà un peu parviennent facilement à se repérer et peuvent jouer sans difficulté. Un livret est également fourni dans le coffret, où l’on retrouve aussi bien des fables que des citations, des explications synthétiques sur certains mouvements littéraires ou encore plein d’anecdotes sur les écrivain·es. Ainsi, la découverte et l’apprentissage se joignent naturellement au jeu et l’on en apprend beaucoup sur tout ce petit monde, que l’on soit enfant ou adulte !
Grâce à ce format ingénieux, Sylvie de Soye dépoussière les auteurs et autrices classiques et propose de les aborder sous un nouveau jour, et ce dès le plus jeune âge. Les cartes sont très belles et invitent à s’attarder sur les images qui les décorent, et ainsi à se diriger naturellement vers le livret explicatif. Le jeu de familles possédant des règles faciles à expliquer et à assimiler, une partie des Grands écrivains peut aussi bien se dérouler en classe qu’à la maison, et promet un moment vraiment convivial. L’expression « apprendre en s’amusant » prend alors tout son sens !
Alice & Alex Texte de Hugo Zaorski, illustré par Claire ZaorskiÉditions Sarbacane 16,50 €, 270 x 330 mm, 48 pages, imprimé en France, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
La passoire de Clarisse LochmannL’atelier du poisson soluble 16 €, 185 x 260 mm, 56 pages, imprimé en République tchèque, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Mon tour du monde imaginaire de Lucie BrunellièreAlbin Michel jeunesse 16,90 €, 280 x 342 mm, 32 pages, imprimé en Chine, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
| Les histoires les plus courtes du monde de János Lackfi et Tamás Ijjas, Illustré par Mattea Gianotti Helvetiq Prix : 22 € Âge d’après l’éditeur : Dès 5 ans Nombre de joueur·euses : N.C. Temps de jeu d’après l’éditeur : N.C. Fabriqué en Chine. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires |
| Les grands écrivains, jeu de familles de Sylvie de Soye Jeux de Sylvie de Soye Prix : Autour de 22 € Âge d’après l’éditeur : 6-7 ans Nombre de joueur·euses : N.C. Temps de jeu d’après l’éditeur : N.C. Fabriqué en France |

Approche de la trentaine, et en a profité pour perfectionner ces petites choses si importantes qui font un tout. Vivre les livres, dessiner et créer des trucs, pour relier le dehors au dedans. Aime la nature, les histoires qui donnent espoir, celles aux allures de vieux grimoires, les BD hypersensibles et les images colorées.
Se retrouve dans le travail de Tarmasz, de Tayou Matsumoto, de Bretch Evens.





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