Aujourd’hui, je vous propose de faire la connaissance de Linnea, 15 ans, et d’Evie, 11 ans, les héroïnes de deux romans qui m’ont bouleversé.
Linnea a 15 ans. Dans le placard de sa grand-mère, elle parle au mur. Les murs, eux, se taisent, ils ne font pas de remarques idiotes, c’est bien mieux que les gens. Avec ce mur, Linnea essaye d’oublier. Mais pour oublier, il faut d’abord se souvenir, lui a dit sa grand-mère. Alors Linnea se rappelle… Elle pense à sa grande taille qui la complexe, à Henrik qui ne la lâche pas du regard et à Markus qui ne fait pas attention à elle, à son père absent qui ne la comprend pas, aux gens de Stockholm qui prennent les habitant·es de son village pour des idiot·es. Elle pense surtout à Pia, son amie si chère. Linnea qui est morte.
Parfois, le destin se joue de nous. J’ai acheté ce livre en me disant car j’avais envie de lire pendant mes vacances de la littérature adulte pour changer (allant en Suède, j’avais eu envie de lire de la littérature suédoise)… et je me retrouve avec un livre qui parle d’une adolescente et peut clairement être lu par les grand·es ados (donc j’ai décidé d’en parler ici). Je connaissais Katarina Mazetti pour sa série Les cousins Karlsson dont j’ai souvent parlé ici et j’avais lu un de ses romans (son plus connu, Le Mec de la tombe d’à côté) que j’avais beaucoup aimé. J’ai eu un énorme coup de cœur pour ce roman-ci (qui est le début d’une trilogie). On y fait la rencontre d’une jeune fille qui n’a pas la langue dans sa poche, qui réfléchit au monde avec sa copine (j’ai pris énormément de plaisir à lire leurs échanges). J’aime énormément l’écriture de Katarina Mazetti et j’ai lu des passages entiers à voix haute aux personnes autour de moi tant ils étaient savoureux. Je suis passé régulièrement du rire aux larmes (ce n’est pas une formule toute faite, j’ai réellement ri et j’ai réellement pleuré). Le roman parle de l’adolescence, de l’amitié, du deuil (on sait dès le départ que l’amie de l’héroïne va mourir, mais il faudra attendre la fin du roman pour savoir comment). C’est un magnifique roman que je n’arrête pas de conseiller autour de moi et dont j’ai hâte de lire la suite.
Cela fait vingt-quatre heures que Cilla est partie, pourtant elle lui manque déjà. Evie aime tellement sa sœur ! Elles n’ont pas l’habitude d’être séparées, mais là, pas moyen de faire autrement. Puisqu’elle est enceinte, Cilla va vivre pendant un moment chez la Tante Mollie, qui vit isolée, sans Internet. Elle ne l’a pas décidé, ce sont ses parents qui l’ont chassée. Pour une famille aussi pieuse, une fille non mariée qui tombe enceinte, c’est la honte. Enceinte… ça semble fou à Evie, qui n’a rien vu venir. Les vomissements de sa sœur auraient dû lui mettre la puce à l’oreille, mais à 11 ans, ce ne sont pas des choses auxquelles on pense. Surtout à propos de sa sœur de 16 ans. Evie a décidé que leur lien ne se brisera pas, elle écrira, et tant pis si sa sœur ne lui répond pas. Elle lui racontera sa vie, comment ses parents la traînent à l’église et sa rencontre avec June, une fille noire de son âge qui la trouble énormément.
Le roman épistolaire de Jen Petro-Roy, P.-S. : Tu me manques, m’a beaucoup touché. La façon dont la jeune héroïne raconte les choses, sa façon de voir ce qu’il se passe autour d’elle, sa relation avec sa sœur, ses premières amours, son combat… Difficile de ne pas en dire trop en racontant un tel roman (et impossible de dire ici pourquoi ce roman m’a tant marqué). Au-delà de parler de grossesses qui surviennent trop tôt, des secrets de famille ou des relations entre sœurs, le roman parle aussi avec beaucoup de justesse des premiers émois homosexuels et des familles qui vivent dans la peur du jugement et prennent, au nom de leur religion, des décisions qui font énormément de mal. Ce roman aborde avec une apparente légèreté des sujets forts. Un roman bouleversant.
Au moment de mettre les références de ce livre, je vois qu’il est épuisé… En attendant sa réédition, vous le trouverez peut-être en occasion, en bibliothèque ou dans le stock de certaines librairies. Il existe également en numérique.
Entre Dieu et moi, c’est fini![]() de Katarina Mazetti (traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss) Actes Sud, dans la collection Babel 7,10 €, 109×175 mm, 136 pages, imprimé en France, 2011. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
P.-S.: tu me manques![]() de Jen Petro-Roy (traduit de l’américain par Maud Ortalda) PKJ 17,90 €, 140×230 mm, 286 pages, imprimé en France, 2019. Achetez ce livre* via LaLibrairie.com ou Place des libraires. |

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !

