Connaissez-vous Malika Ferhjoukh ? Un auteur a découvrir absolument ! Voici deux de ses romans.
Valentin vit seul avec son père, une partie de l’année sur une péniche abandonnée et l’autre (quand il fait trop froid) dans la loge d’une amie gardienne d’immeuble. Leur vie se résume à faire la manche dans le métro, récupérer de la nourriture après les marchés et aller aux bains douches municipaux deux fois par mois. Pas d’école pour Valentin, son père le répète « ce n’est pas obligatoire », c’est l’instruction qui l’est, et instruire son fils, ça, il sait le faire. Mais un jour un événement vient troubler ce quotidien fait de débrouille, un assassin rôde dans le quartier et Valentin et son père vont l’identifier. Pourtant pas question de témoigner, le père de Valentin sait qu’il sera amené à Nanterre, lieu étrange d’où les SDF reviennent rasés et plus vraiment eux-mêmes.
Je n’avais lu qu’un seul roman de Malika Ferdjoukh, Angie change de peau, et décidément j’aime la plume et l’humour de cet auteur. On retrouve d’ailleurs quelques similitudes entre ces deux romans : la vie faite de débrouille et la confrontation des gens vivant dans la rue avec ceux vivant dans la richesse. Même si on affaire ici à un roman policier ça va bien au-delà. On parle ici de ceux qui vivent dans la rue, de l’illettrisme, des différences sociales. Mais sans lourdeur, avec humour (lorsque Valentin s’imagine qu’un homme qui parle de ses SICAV a six caves ou qu’il entend quelqu’un dire « je ne veux pas me jeter des fleurs » et qu’il s’imagine cette femme en train de s’envoyer des fleurs en pleine figure par exemple). C’est aussi un magnifique roman sur Paris. Un petit polar très riche.
Un mort… il y a un mort dans le potager. Les cousins Hermès (14 ans), Colin-six ans, et les jumelles Annette et Violette (9 ans) ne savent pas comment réagir face à ce mort… qui prévenir ? Et puis ça tombe assez mal c’est l’anniversaire de Papigrand, le moment de l’année où Mamigrand convoque tout le monde, ça va gâcher la fête… il vaut le mieux le cacher. Mais il y a quand même une autre question importante… qui a tué cet homme ? Papigrand, qui avait une conversation musclée avec lui peu de temps avant ? La très sèche Mamigrand ? L’oncle Gil qui est confus sur son emploi du temps ? Le professeur de piano qui semble mentir sur ses allers et venues ? L’étrange tante Edith ? Et surtout qui était cet homme ?
Le roman commence donc par la découverte d’un corps et nous raconte ensuite ce qu’il s’est passé avant … et c’est tout simplement passionnant ! Entre Agatha Christie et le film Godford Park. Les personnages nous sont présentés un par un et la plupart sont un peu troubles. Malika Ferdjoukh plante directement le décor, on entre dans cette famille étrange où tous les adultes sont assez antipathiques, où les secrets semblent être nombreux. Histoires d’amour cachées, morts suspectes, secrets pleins les placards,… le portrait d’une famille où chaque personnage est divinement croqué, de la grand-mère qui règne sur son monde au fils de la domestique frêle et maladif en passant par les jumelles espiègles, le garçon de 14 ans fou amoureux de sa cousine de 16 ou le grand-père qui semble ne plus se préoccuper de ce qui se passe autour de lui. Un roman qui tient en haleine jusqu’au bout, qu’on a du mal à refermer avant la fin, un petit bijou. Le roman a d’ailleurs reçu le Prix Sorcières en 2000.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué des livres de Malika Ferdjoukh (Les quatre sœurs, 4 saisons, bandes dessinées illustrées par Lucie Durbianon, Aggie change de vie et Quatre Soeurs, illustré par Cati Baur).
L’assassin de papa de Malika Ferdjoukh Syros dans la collection Souris noire 6€, 121×181 mm, 90 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2013. |
Sombres citrouilles Texte de Malika Ferdjoukh L’école des loisirs dans la collection Médium 9,20€, 125×190 mm, 222 pages, imprimé en France, 1999. |
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !