Cet été, comme l’été dernier, vous pourrez lire, tous les mercredis, une question d’enfant et la réponse d’auteur-e-s, illustrateur-trice-s, éditeur-trice-s… Aujourd’hui, c’est une question de Madeleine, 7 ans : « Comment font les auteurs pour ne jamais faire de fautes d’orthographe ? Est-ce qu’ils faisaient zéro faute dans leurs dictées quand ils étaient à l’école ? ». Les auteur-e-s Clémentine Beauvais, Bertrand Santini, Charlotte Moundlic, Jean-Luc Englebert, Annelise Heurtier, Cathy Ytak et Mymi Doinet ont accepté de lui répondre, vous découvrirez, en même temps qu’elle leurs réponses. Chacune des questions retenues fait en plus gagner un ouvrage à l’enfant qui l’a posée. Cette question permet donc à Madeleine d’avoir la chance de recevoir, grâce aux éditions du Seuil Jeunesse, Mon chien qui pue de Christine Roussey, un album aussi drôle que beau (et sans faute), que nous avions chroniqué ici.
« Comment font les auteurs pour ne jamais faire de fautes d’orthographe ? Est-ce qu’ils faisaient zéro faute dans leurs dictées quand ils étaient à l’école ? » (Madeleine 7 ans)
Clémentine Beauvais :
Ça dépend des auteurs! Moi j’adorais les dictées, d’autres les détestaient. En fait, ça n’a que peu d’importance, car les histoires que l’on écrit sont relues par des éditeurs ou des éditrices qui sont champion-nes en orthographe. Donc les fautes sont corrigées. Parfois on en oublie, et elles se retrouvent dans le livre fini. Argh!!! ça s’appelle des ‘coquilles’. Rien à voir avec les escargots…
Clémentine Beauvais écrit des romans (le dernier : Les petites reines, sorti chez Sarbacane) et des albums (le dernier : Lettres de mon hélicoptêtre, chez Sarbacane également). À la rentrée, on découvrira Les bébés ça pue chez Hachette.
Retrouver ici l’interview que nous avions réalisée d’elle.
Le site de Clémentine Beauvais : http://www.clementinebeauvais.com.
Bertrand Santini :
Non, les auteurs ne font jamais zéro faute et on peut avoir une belle imagination même si on est nul en orthographe… Néanmoins, l’orthographe n’est pas une invention uniquement destinée à faire enrager les enfants. Sans le savoir, apprendre l’orthographe vous apprend à penser. Plus vous maitrisez l’orthographe, mieux vous savez utiliser votre esprit. Ça vaut le coup de faire des efforts, non ? Et puis rassurez-vous ! Vous avez toute la vie pour faire des progrès.
Et pour répondre plus précisément à la question de Madeleine, le texte que l’auteur remet à l’éditeur est relu plusieurs fois par des super héros que l’on appelle “les correcteurs” et qui arrivent avec leurs yeux bionics à détecter toutes les fautes d’orthographe, mais également les erreurs de grammaire ou les lourdeurs de style.
Bertrand Santini est auteur et illustrateur de romans et d’albums. Son dernier roman, Le journal de Gurty, vacances en Provence, est sorti il y a peu chez Sarbacane. Avant cela, il a sorti, entre autres, Le Yark et Jonas le requin mécanique chez Grasset Jeunesse.
Retrouver ici l’interview que nous avons réalisée de lui.
Charlotte Moundlic :
Chère Madeleine,
pour pouvoir te répondre je dois te livrer un secret de fabrication…
afin de ne pas faire de fautes d’orthographe, l’auteur a une potion magique à deux ingrédients.
– Le premier d’entre eux, est un livre très précieux qu’on appelle un dictionnaire (!)
Il permet de vérifier les mots sur lesquels l’auteur a un doute.
– L’ingrédient suivant est absolument indispensable il s’agit du correcteur (ou une correctrice).
C’est une sorte d’humain surdoué qui connait toutes les règles de grammaire et autres pièges de notre chère langue française.
Ce dernier a un œil de lynx et son métier est de traquer, de vérifier et de corriger toutes les erreurs qui se cachent dans les textes.
C’est une personne impitoyable pour les fautes et très précieuse pour un auteur.
C’est ainsi que des gens qui ont fait des tas de fautes dans leurs dictées lorsqu’ils étaient enfants ont la possibilité d’écrire des histoires sans avoir de mauvaises notes.
Charlotte Moundlic est auteure. Elle alterne les albums et les romans. Son dernier roman, Je suis le fruit de leur amour, est sorti chez Thierry Magnier, son dernier album, Le papa de Simon (d’après une histoire de Maupassant, illustré par François Roca), chez Milan.
Retrouvez l’interview que nous avons réalisée d’elle ici.
Jean-Luc Englebert :
Je fais encore des fautes d’orthographe quand j’écris la première version d’un texte, ensuite je corrige. Mon texte est ensuite à nouveau corrigé par mon éditeur.
Je faisais des fautes pendant les dictées mais en général je n’étais pas trop mauvais en orthographe. Juste dans la moyenne.
Jean-Luc Englebert est auteur et illustrateur. Il vient de sortir Donne-moi une histoire (Pastel) dont il a fait le texte et les illustrations et Ulysse 15 de Christine Avel (l’école des loisirs) qu’il a illustré. À la rentrée, on découvrira Un ours à l’école (Pastel).
Son site : http://englebert.ultra-book.com/portfolio.
Annelise Heurtier :
En fait, tous les auteurs ne sont pas forcément des champions de l’orthographe. Bien sûr, certains sont très forts – à l’école, ils ne devaient pas faire de faute en dictée, comme tu le dis – mais d’autres sont “moyens”, et certains sont peut-être même archi-nuls !
Heureusement, être mauvais en orthographe n’empêche pas d’écrire des livres et il existe tout un tas de techniques pour éliminer ces vilaines fautes… La plus efficace reste l’examen du texte par le correcteur/correctrice. Cet employé de la maison d’édition est une sorte de super-champion de l’orthographe. Son travail consiste à débusquer la moindre petite faute dans chaque manuscrit. Fautes d’orthographe, de grammaire, typographiques (qui concernent les majuscules et la ponctuation), de syntaxe (construction de la phrase), manque de clarté et de cohérence : rien ne lui échappe ! Enfin, le plus souvent 🙂
Annelise Heurtier est auteure de romans et d’albums. Son dernier roman Refuges est sorti chez Casterman. Son dernier album, Combien de terre faut-il à un homme, chez Thierry Magnier.
Retrouver ici une interview que nous avions réalisée d’elle.
Le site d’Annelise Heurtier : http://histoiresdelison.blogspot.fr.
Cathy Ytak :
Aïe aïe aïe… De mon côté, lorsque j’étais à l’école primaire, je collectionnais les fautes d’orthographe et les zéros en dictée. Et, au collège, je ne comprenais rien au cours de grammaire. Cela ne m’a jamais empêché d’écrire ! Mais, une fois adulte, lorsque j’ai voulu faire de l’écriture un métier, j’ai repris des cours d’orthographe et de grammaire, pour m’améliorer. Aujourd’hui, cela va nettement mieux.
Il existe aussi des logiciels de corrections orthographiques, dans les ordinateurs, qui permettent de corriger certaines fautes. Mais ça ne suffit pas ! Lorsque l’on donne un manuscrit à un éditeur, lui-même va le confier à une personne que l’on appelle un « correcteur », ou une « correctrice ». Eux (ou elles) sont des spécialistes de l’orthographe et de la grammaire. Rien ne leur échappe ! Et ils sont irremplaçables. Tous les manuscrits des écrivains passent entre leurs mains (parfois deux fois de suite), pour donner un texte dans lequel il n’y aura plus aucune faute, même toute petite.
Cathy Ytak écrit non seulement des romans jeunesse mais aussi des livres de cuisine. Et quand elle n’écrit pas ses propres histoires, elle traduit celles des autres ! Son dernier roman vient tout juste de sortir chez Nathan et s’intitule La seule façon de parler.
Son site : http://www.cathy-ytak.net.
Mymi Doinet :
Gamine, je n’étais pas une flèche en maths, mais assez championne en dictées. À ce propos, je conseille souvent aux pioupious qui me posent cette question que le bon moyen de devenir imbattable en orthographe, c’est de bouquiner encore et encore. Comme notre cerveau est un peu plus performant que celui d’un gentil poisson rouge, à force de les lire, les mots finissent par s’imprimer dans la mémoire de notre fantastique disque dur !
Mymi Doinet est auteure. Elle a notamment écrit la série Les animaux de Lou et Les copains du CP (tous deux chez Nathan). Elle vient de sortir la suite de La tour Eiffel à des ailes, La tour Eiffel à New York, illustré par Mélanie Roubineau chez Nathan là encore.
Son site : http://mymidoinet.blogspot.fr.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Madeleine est rassurée. Elle n’est pas très bonne (euphémisme car faute à chaque mot) en orthographe (et pourtant elle en lit des livres , surtout ceux de Mymi Doinet) mais elle adore inventer des histoires.
Pour l’instant c’est maman qui corrige les fautes (mais je ne suis pas une super héroïne des fautes d’orthographe comme un correcteur).