Cet été, on vous propose à nouveau la rubrique du berger à la bergère tous les mercredis. Cette rubrique vous avait tellement plu l’été dernier, nous nous devions de la reprendre (il faut dire qu’à nous aussi elle plaît beaucoup) ! Donc tous les mercredis jusqu’à la rentrée, ce sont des auteur.trice.s et des illustrateur.trice.s qui posent trois questions à un.e auteur.trice ou un.e illustrateur.trice de leur choix. Puis c’est à l’interviewé.e d’en poser trois à son tour à son intervieweur.euse d’un jour. Après Régis Lejonc et Janik Coat, Stéphane Servant et Madeline Roth, Patrick Pasques et Sévérine Vidal, Thanh Portal et Maurèen Poignonec, Coline Pierré et Loïc Froissart, Taï-Marc Le Thanh et Flore Vesco et Jean Leroy et Christian Voltz, pour cette dernière semaine cette semaine c’est Émile Jadoul qui a choisi de poser des questions à Stephanie Blake !
Émile Jadoul : Bonjour Stephanie, où prends-tu rendez-vous avec Simon pour une nouvelle aventure ? Dans le train, dans ta cuisine, ton atelier….?
Stephanie Blake : Simon sort directement de mes tripes ! Je me nourris de tout, de mes obsessions, de mes amours, de mes cris du cœur, de mes cris de rage ou de joie. En gros, Simon est fait de tout ce que je suis.
Émile Jadoul : La charte graphique d’une série a-t-elle été facile à intégrer pour toi ?
Stephanie Blake : Le dessin animé Simon est un travail de longue haleine, j’ai du créer des décors car dans mes livres il n’y en a pas beaucoup… ce qui était rigolo c’est que l’équipe qui travaillait sur mes dessins et adaptait mes décors n’arrivait pas à dessiner comme moi… je fais des raccourcis de dessins qu’ils ont eu du mal à saisir et moi beaucoup de mal à transmettre… mais au bout d’un moment on a pigé !
Émile Jadoul : À quel moment te dis-tu « ça y est une nouvelle aventure démarre » ? Qui arrive en premier le dessin ou l’histoire ?
Stephanie Blake : Un livre commence par un cri de révolte ou de joie qui varie selon mon humeur, mon entourage, le monde dans lequel je vis, les échanges que j’ai avec les autres, etc.…
Il faut que cette chose extérieure vienne toucher quelque chose de bien installé en moi pour que le cri sorte… ensuite je fais un pas de côté pour l’adapter au monde des enfants, ils sont comme nous les enfants, ils traversent les mêmes doutes, angoisses, bonheurs, joies… on en parle un peu différemment c’est tout, c’est ce que j’appelle mon « pas de côté »..
Stephanie Blake : Dans la plupart de tes livres, il y a une dédicace spéciale. Est-ce que tu écris en pensant à cette personne en particulier avec une problématique ou quelque chose lié à elle ou bien est-ce que tu te rends compte lorsque tu as fini ton histoire que « inconsciemment » c’était lié à cette personne ? Je ne sais pas si je suis très claire !
Émile Jadoul : La dédicace, j’y pense juste un peu avant de rendre mes images, elle n’est pas forcément liée à la thématique de l’album et bien souvent pas du tout. Par contre, elle est très régulièrement destinée à des enfants et il m’est arrivé d’avoir un retour des parents qui trouvent que l’histoire dédicacée à leur petit lui convient parfaitement, le hasard sans doute.
J’aime bien cette idée de dédicace, c’est toujours un plaisir d’offrir l’album à l’enfant à qui il est destiné, de découvrir sa réaction. J’ai certains albums qui ne sont pas dédicacés, c’est de l’ordre du sentiment.
Stephanie Blake : Il est souvent question de partage et d’attention aux autres, accepter les différences… est-ce que c’est conscient lorsque tu te mets à ta table de travail ? Tes livres transmettent la douceur en tout cas !
Émile Jadoul : J’aime l’idée de partage, de complicité entre les personnages de mes histoires.
J’aime aussi quand ce n’est pas forcément le plus grand qui gagne, j’aime la coopération qui va aider à avancer. J’essaye d’associer une pointe d’humour et la douceur dans mes albums, ce qui ne va pas forcément ensemble. Ce mélange d’humour et de tendresse, oui, j’y pense quand je me mets à ma table pour le début d’une nouvelle aventure, je débute toujours par quelques dessins, les mots viennent après, peut-être que cette idée de douceur arrive plus facilement par le dessin.
Stephanie Blake : Il est beaucoup question aussi d’émancipation, d’avancer, d’arriver à grandir et à se détacher. Le livre que j’affectionne particulièrement que tu as écrit c’est Les mains de papa : va-vit et devient ! Un livre qui « accompagne » et je trouve qu’à tout moment on a besoin de ça, d’être encouragé, d’être « accompagné ». Est-ce l’enfant en toi qui parle ou l’adulte ?
Émile Jadoul : Je crois énormément à l’enfant, à sa capacité d’aller loin mais pour ça, il a besoin d’être encouragé, guidé pour après avancer seul. Je pense que c’est à la fois l’enfant en moi qui parle, cette envie d’encore être accompagné parfois dans mes choix mais aussi l’adulte qui rencontre beaucoup d’enfants dans les classes, qui sont parfois malmenés, j’ai tendance à aller vers ce petit qui est un peu bousculé pour l’aider…
Dans Les mains de papa, j’ai revécu les moments où j’accompagnais mes enfants des deux mains et puis d’un ou deux doigts et puis sans les mains, cet album a été un vrai bonheur, il me touche d’autant plus que j’ai réalisé mes images entièrement à la peinture aux doigts,
Il y avait quelque chose de l’ordre du symbolique dans la réalisation de cet album.
Bibliographie sélective d’Émile Jadoul :
- On fait la taille, texte et illustrations, Pastel (2017)
- Va, mon Achille, texte illustré par Catherine Pineur, Pastel (2016).
- Un bisou tout là-haut, texte et illustrations, Pastel (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Cerf… Cerf… ouvre-moi !, texte et illustrations, Casterman (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Mes premiers livres de bébé, texte et illustrations, Casterman (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Dans mes bras, texte et illustrations, Pastel (2016).
- Grand Lapin es-tu là ?, texte et illustrations, Pastel (2015).
- Gros boudeur, texte et illustrations, Pastel (2015).
- Papa-île, texte et illustrations, Pastel (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Ça sent bon la maman, texte illustré par Claude K. Dubois, Pastel (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Comme un secret, avec Catherine Pineur, Pastel (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Série Canaille, illustration de textes de Jean Leroy, Casterman (2013-2014), chroniqué ici, là, ici, là ou ici.
- Hiver long, très long (et froid, très froid), texte et illustrations, Pastel (2012).
- Les mains de papa, texte et illustrations, Pastel (2012), que nous avons chroniqué ici.
- À l’eau, texte et illustrations, Casterman (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Mon bonnet, texte et illustrations, Casterman (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Hourra, texte et illustrations, Casterman (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Au feu les pompiers…, texte et illustrations, Casterman (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Aglagla, texte et illustrations, Casterman (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Gros pipi, texte et illustrations, Pastel (2010), que nous avons chroniqué ici.
- À la folie, texte et illustrations, Casterman (2009), que nous avons chroniqué ici.
- À la douche, texte et illustrations, Pastel (2008), que nous avons chroniqué ici.
- C’est la petite bête…, texte et illustrations, Casterman (2006), que nous avons chroniqué ici.
- Tout le monde y va, texte et illustrations, Casterman (2003), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Émile Jadoul sur son site : http://www.emilejadoul.be.
Bibliographie sélective de Stephanie Blake :
- Mais… c’est pas juste, texte et illustrations, l’école des loisirs (2017).
- Je veux pas déménager !, texte et illustrations, l’école des loisirs (2016).
- NULtiplications, texte et illustrations, l’école des loisirs (2015).
- Je suis le plus grand, texte et illustrations, l’école des loisirs (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Un bébé dans le ventre de maman ?, texte et illustrations, l’école des loisirs (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Non pas le pot !, texte et illustrations, l’école des loisirs (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Noyeux Joël !, texte et illustrations, l’école des loisirs (2011).
- Non pas dodo !, texte et illustrations, l’école des loisirs (2010), que nous avons chroniqué ici.
- Poux !, texte et illustrations, l’école des loisirs (2009).
- Je veux des pâtes, texte et illustrations, l’école des loisirs (2008), que nous avons chroniqué ici.
- Je veux pas aller à l’école, texte et illustrations, l’école des loisirs (2007), que nous avons chroniqué ici.
- Caca boudin, texte et illustrations, l’école des loisirs (2002), que nous avons chroniqué ici.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !