Cet été, on vous propose à nouveau la rubrique du berger à la bergère tous les mercredis. Cette rubrique vous avait tellement plu l’été dernier, nous nous devions de la reprendre (il faut dire qu’à nous aussi elle plaît beaucoup) ! Donc tous les mercredis jusqu’à la rentrée, ce sont des auteur.trice.s et des illustrateur.trice.s qui posent trois questions à un auteur.trice ou une illustrateur.trice de leur choix. Puis c’est à l’interviewé.e d’en poser trois à son tour à son intervieweur.euse d’un jour. On commence ces mercredis de l’été avec Janik Coat qui a choisi de poser des questions à Régis Lejonc !
Janik Coat : De quel livre aurais-tu aimé être l’auteur (roman compris) ?
Régis Lejonc : Pour être honnête, il n’y a pas de livre dont j’aurais eu envie d’être l’auteur, parce que la distance littéraire que propose le livre par rapport à soi est la source même de mon plaisir de lecteur. Ce que le livre d’un autre déclenche en soi…
Je pourrais envier le succès d’un livre, ou fantasmer la vie d’un auteur, mais pas son livre.
Ceci étant dit, je dévierais ma réponse à ta question en répondant que le livre qui m’a le plus marqué, pour ne pas dire changé, est Le maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov. C’est le roman qui m’a ouvert à tous les autres romans.
Janik Coat : Quel est ton personnage fétiche de la littérature jeunesse ?
Régis Lejonc. : J’ai adoré pendant toute mon enfance le personnage de Thorgal Ægirsson, héros de la série créée par Jean Van Hamme et Grzegorz Rosinski. Il était publié chaque semaine dans le journal de Tintin, et c’était l’impatience pour moi d’attendre chaque samedi. Plus tard, en devenant dessinateur, j’ai découvert et décortiqué Little Nemo de Winsor Mac Cay… et là, j’ai découvert ce qui reste pour moi le dessin absolu.
Janik Coat : Ton dernier coup de cœur en librairie jeunesse ?
Régis Lejonc : Il y en a deux que je ne peux dissocier en termes d’émotions personnelles :
- Un grand jour de rien de Beatrice Alemagna, un livre puissant, subtil et bouleversant, comme seule Beatrice est capable d’en faire.
- D’entre les ogres de Baum et Thierry Dedieu, la claque de l’année pour moi.
Régis Lejonc : Pourquoi as-tu choisi à un certain moment de ton chemin artistique, de faire des livres pour les enfants, et plus précisément pour les petits ?
Janik Coat : Je n’ai pas le sentiment d’avoir choisi ! J’ai plutôt la sensation que le dessin que je pratique depuis petite m’a amené, vers la trentaine, à dessiner des formes rondes, donc enfantines, épurées ; très éloignées des croquis filiformes « à la Giacometti » dont je remplissais mes carnets bien avant.
Ces formes parlent aux touts petits. Mais je pense que certains de mes albums parlent et touchent un public d’adultes également. Et c’est ce que je souhaite.
Régis Lejonc : Ton travail sur les formes et le graphisme renvoie au design. Quelle est la place du design dans ta vie ? Y a-t-il des artistes qui t’ont inspirée ?
Janik Coat : Je ne suis pas une férue de design mais je suis très sensible à la forme, à l’ergonomie et au bien-être qu’un objet peut apporter dans le quotidien.
Je suis inspirée par beaucoup d’artistes, certains consciemment, d’autres inconsciemment bien sûr… Mais la première inspiration qui me vient en tête est l’Art égyptien quand j’étais toute jeune. Je suis toujours fascinée. L’élégance de la ligne reconnaissable entre toutes !
J’ai dessiné Popov, mon hippopotame rouge, ma mascotte en quelque sorte, après mon séjour au Caire en 2002.
Le graphisme japonais des années 70 m’a aussi donné très envie de dessiner.
Je suis sensible au design scandinave également.
Régis Lejonc : Avec l’avènement de l’image numérique, ton travail s’est imposé avec une signature graphique très reconnaissable. Je sais que tu cherches à t’en éloigner maintenant. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?
Janik Coat : L’outil numérique est merveilleux car il permet d’aller plus vite et plus loin. Mais il y a une « dématérialisation » du dessin qui commençait à me gêner. Je suis attachée à la dimension charnelle du papier et de la peinture. Voir et tenir un dessin original dans les mains reste un plaisir très fort ; peut-être même encore plus fort aujourd’hui…
J’ai découvert la technique du pochoir pour retransposer mes dessins retravaillés à l’ordinateur en peinture. Cela correspond aussi à mon envie d’exposer et de sortir du format du livre. Mes formes s’adaptent bien aux très grands formats.
D’une manière générale, j’explore tout en suivant le fil que je déroule depuis des années.
Bibliographie sélective de Janik Coat
- Aujourd’hui, Amos, illustration d’un texte d’Anne Cortey, Grasset (2016).
- Le cube rouge, avec Bernard Duisit, Hélium (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Romi à la maison, texte et illustrations, Sarbacane (2015), que nous avons chroniqué ici.
- 1 poisson, 3 voleurs, 1 dragon, illustration d’un texte de René Gouichoux, Nathan (2014).
- Romi à la plage, texte et illustrations, Autrement (2014).
- Le voyage de Loti, texte et illustrations, MeMo (2014).
- Clotaire se déguise, texte et illustrations, Autrement (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Ça dépend, illustration d’un texte de Bernard Duisit, Hélium (2013).
- Joni et Vatanen, illustration d’un texte d’Anne Cortey, Albin Michel Jeunesse (2013).
- Une vie d’escargot, illustration d’un texte d’Anne Cortey, Autrement (2008), que nous avons chroniqué ici.
- Mon hippopotame, texte et illustrations, Autrement (2010), que nous avons chroniqué ici.
- Pour un carré de chocolat, illustration d’un texte d’Élise Fontenaille et Clarisse Buono, Grasset jeunesse (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Une vie d’ours, illustration d’un texte de Christophe Fourvel, Le Baron perché (2012), que nous avons chroniqué ici.
- La surprise, texte et illustrations, MeMo (2010), que nous avons chroniqué ici.
- Popov et Samothrace, texte et illustrations, MeMo (2005).
Retrouvez Janik Coat sur son blog : http://janikkinaj.free.fr.
Bibliographie sélective de Régis Lejonc :
- Le Jardin du Dedans-Dehors, illustration d’un texte de Chiara Mezzalana, Les éditions des éléphants (à paraître en septembre 2017).
- Bagdan et la louve aux yeux d’or, illustration d’un texte de Ghislaine Roman, Seuil jeunesse (2016), que nous avons chroniqué ici.
- La promesse de l’ogre, illustration d’un texte de Rascal, Pastel (2015).
- Kodhja, avec Thomas Scotto, Thierry Magnier (2015).
- L’Ogre Babborco, illustration d’un texte de Muriel Bloch, Didier Jeunesse (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Ianos et le dragon d’étoiles, illustration d’un texte de Jean-Jacques Fdida, Didier Jeunesse (2015), que nous avons chroniqué ici.
- La poupée de Ting-Ting, illustration d’un texte de Ghislaine Roman, Seuil jeunesse (2014), que nous avons chroniqué ici.
- La mer et lui, illustration d’un texte d’Henri Meunier, Notari (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Loup ?, collectif, Association Mange-Livre (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Lumières, l’encyclopédie revisitée, collectif, L’édune (2013), que nous avons chroniqué ici.
- La rue qui ne se traverse pas, illustration d’un texte d’Henri Meunier, Notari (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Obstinément Chocolat, illustration d’un texte d’Olivier Ka, L’édune (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Le Petit Chaperon rouge ou La Petite Fille aux habits de fer-blanc, illustration d’un texte de Jean-Jacques Fdida, Didier Jeunesse (2010), que nous avons chroniqué ici.
- La boîte à joujoux, illustration d’un texte de Rascal, Didier Jeunesse (2005), que nous avons chroniqué ici.
- Fait pour ça, texte illustré par David Merveille, Actes Sud Junior (2004), que nous avons chroniqué ici.
- Ma voisine est amoureuse, texte et illustrations, Actes Sud Junior (2003), que nous avons chroniqué ici.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
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