Cet été, on vous propose encore une nouvelle rubrique pour nos invité.e.s du mercredi. Après les questions sur les métiers et les questions des enfants, on a proposé cet été à des auteur.e.s et des illustrateurs.trices de poser trois questions à un.e auteur.e ou un.e illustrateur.trice de leur choix. Puis à l’interviewé.e d’en poser une à son tour à son intervieweur.euse d’un jour. Après Jean-Luc Englebert et Benjamin Chaud, Fred Bernard et Loïc Clément, Marine Carteron et Clémentine Beauvais, Clément Lefèvre et Matthieu Maudet, Dorothée de Monfreid et Clothilde Delacroix, Élice et Annelise Heurtier, cette semaine c’est à Michaël Escoffier que Laure Monloubou a choisi de poser des questions.
Laure Monloubou : Cher Michaël, je suis époustouflée par ta capacité de travail ; inventivité, drôlerie, trouvailles, que d’albums excellents (si, si) ! T’imposes-tu pour cela un régime de fer (sucres lents, vitamines et magnésium) et des horaires d’acier (à 4 h du matin comme Amélie Nothomb, ou la nuit, comme Dracula) ? Et, comme César dans Grododo, as-tu quelques rituels avant de te mettre au boulot ? (tu as toujours le même stylo, tu portes le même polo, tu bois un expresso ?)
Michaël Escoffier : Non, surtout pas de régime ! Un régime est synonyme de contrainte, de privation. J’ai besoin au contraire de prendre du plaisir dans mon travail, parce que mon but est de communiquer ce plaisir au lecteur. Et puis je suis incapable d’écrire sous la contrainte. Donc pas d’horaires précis. Par contre, il faut que j’arrive à m’enfermer dans une bulle pour trouver l’inspiration. Le seul rituel c’est de faire le vide dans ma tête, de mettre de côté tous les petits soucis qui peuvent à un moment ou un autre se rappeler à ma mémoire et faire éclater la bulle. Donc avant de me mettre au travail, je fais la vaisselle, je sors les poubelles, un petit coup d’aspirateur, répondre au courrier, payer les factures… et c’est seulement lorsque tout est en ordre que je me mets au travail. C’est en général à ce moment-là que Matthieu Maudet m’appelle pour me demander s’il peut supprimer une virgule page 13.
Laure Monloubou : J’ai découvert dans Les Punitions que tu écrivais des chansons ! Mais qu’écoutes-tu toi sur ton poste à CD ?
Michaël Escoffier : Eh bien figure-toi, Laure, que je n’ai pas de poste à CD. Ta question n’en demeure pas moins d’un intérêt crucial. J’écoute de la musique sur mon ordinateur (eh oui !), mais attention, pas n’importe quelle musique. Quand j’écris, je ne peux pas écouter des chansons françaises, parce que les paroles se télescopent avec mes mots. J’en suis donc réduit à écouter de la musique instrumentale ou des chansons en anglais auxquelles je ne comprends absolument rien, et c’est tant mieux parce que la plupart du temps ça ne veut absolument rien dire.
Laure Monloubou : si tu ne faisais pas ce métier d’auteur jeunesse, quel autre métier de rêve ferais-tu ? (docteur, facteur, pompier ?)
Michaël Escoffier : Oh oh, je vois que tu fais allusion à ces petits cartonnés que j’ai commis avec mon camarade Matthieu, susnommé ! Je pense que je ne pourrais exercer qu’une activité dans laquelle je me sente libre, et qui soit dans le partage. Ce sont deux notions essentielles dans mon travail. Du coup, sans vouloir dévoiler les prochains projets à venir, je ne vois qu’un seul autre métier répondant à ces critères : Père Noël !
Michaël Escoffier : Et toi Laure, nombre de tes livres mettent en scène des enfants complexés. Tu vois arriver ma question ? Étais-tu toi-même une enfant bourrée de complexes, si oui lesquels, et comment as-tu réussi à t’en débarrasser ?
Laure Monloubou : Hé hé, et bien disons Michaël que je n’étais pas « bourrée de complexes », mais j’étais trèèèèèèès réservée et j’avais, comme mes personnages, un nez patate en plein milieu du visage ! Pour moi demander une baguette à la boulangère était une épreuve digne des 12 travaux d’Hercule, et réciter le fameux poème devant toute la classe était hors de portée (je frôlais l’évanouissement !), en bref l’invisibilité m’aurait plu !
Et si j’ai réussi à m’en débarrasser, à ne pas finir ermite au fin fond d’une grotte à manger des racines et boire l’eau de pluie, c’est sans doute grâce aux autres, grâce à la confiance que les autres m’ont apportée, en passant par mes maîtresses, mes profs, ma famille, mes amis, mes collègues… c’est ça que je veux dire aux enfants dans les livres : qu’il ne faut pas rester seul, que ce sont les autres qui nous font, tout au long de sa vie on rencontre des personnes qui y croient, quelques fois plus que soi, qui nous montrent des chemins, et du coup bin on y va, on change et on avance ! Encore aujourd’hui je suis très bien entourée !
Pour ce qui est du nez patate, et bien mon visage a un peu grandi tout autour ; il me semble moins énorme du coup ! Et je fais avec !
Bibliographie sélective de Michaël Escoffier :
- Le gardien des océans, album illustré par Antoine Guilloppé, Gautier Languereau (2016) que nous avons chroniqué ici.
- Au voleur, album illustré par PisHier, Les 400 coups (2016) que nous avons chroniqué ici.
- Grododo, album illustré par Kris Di Giacomo, Frimoüsse (2016) que nous avons chroniqué ici.
- Ce n’est pas l’histoire, album illustré par Amandine Piu, Frimoüsse (2016) que nous avons chroniqué ici.
- On verra demain, album illustré par Kris Di Giacomo, Frimoüsse (2014) que nous avons chroniqué ici.
- Ouvre-moi ta porte, album illustré par Matthieu Maudet, L’école des loisirs (2014) que nous avons chroniqué ici.
- Le chevalier noir, album illustré par Stéphane Sénégas, Frimoüsse (2014) que nous avons chroniqué ici.
- La maîtresse vient de Mars, album illustré par Clément Lefèvre, Frimoüsse (2014) que nous avons chroniqué ici.
- L’anniversaire, album illustré par Kris di Giacomo, Kaléidoscope (2013) que nous avons chroniqué ici.
- La croccinelle, album illustré par Matthieu Maudet, Frimousse (2013) que nous avons chroniqué ici.
- Le ça, album illustré par Matthieu Maudet, L’école des loisirs (2013) que nous avons chroniqué ici.
- Trois petits riens, album illustré par Kris di Giacomo, Balivernes (2013) que nous avons chroniqué ici.
- Le jour où j’ai perdu mes super pouvoirs, album illustré par Kris di Giacomo, Kaléidoscope (2013) que nous avons chroniqué ici.
- Zizi, Zézette, mode d’emploi, album illustré par Séverine Duchesne, Frimousse (2012) que nous avons chroniqué ici.
- 20 bonnes raisons d’aller à l’école, album illustré par Romain Guyard, Frimoüsse (2012) que nous avons chroniqué ici.
- Bonjour facteur, album illustré par Matthieu Maudet, L’école des loisirs (2012) que nous avons chroniqué ici.
- Sans le A, album illustré par Kris di Giacomo, Kaléidoscope (2012) que nous avons chroniqué ici.
- Vacances à la ferme, album illustré par Nicolas Gouny, Balivernes (2011) que nous avons chroniqué ici.
- Le moustoc, album illustré par Matthieu Maudet, Frimousse (2011) que nous avons chroniqué ici.
- 20 bonnes raisons de croire au Père Noël, album illustré par Romain Guyard, Frimoüsse (2010) que nous avons chroniqué ici.
- Moi d’abord !, album illustré par Kris Di Giacomo, Frimoüsse (2010) que nous avons chroniqué ici.
- Le grand lapin blanc, album illustré par Eléonore Thuillier, Kaléidoscope (2010) que nous avons chroniqué ici.
- Bonjour docteur, album illustré par Matthieu Maudet, L’école des loisirs (2010) que nous avons chroniqué ici.
- La plume, album illustré par Nicolas Gouny, Frimousse (2009) que nous avons chroniqué ici.
- Tous les monstres ont peur du noir, album illustré par Kris di Giacomo, Frimousse (2008) que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Michaël Escoffier sur son blog : http://www.michaelescoffier.com.
Bibliographie de Laure Monloubou :
- La diamanterie, Amaterra (à sortir)),
- C’est à moi !, Amaterra (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Perdus au musée, Kaléidoscope (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Maman arrive, illustration d’un texte de Zaza Pinson, Kaléidoscope (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Je veux un cocodrile, Amaterra (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Au bain !, Auzou (2013).
- Mais pourquoi ?!, Kaléidoscope (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Danse, Prosper, danse !, Kaléidoscope (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Myriam la tomate farcie !, Kaléidoscope (2009).
- Patrick et Gilbert, frères et paresseux, Kaléidoscope (2008).
- Jacinthe, Kaléidoscope (2007), que nous avons chroniqué ici.
- Hippopo & Sourisso, Kaléidoscope (2006).
- Ghislain, Kaléidoscope (2006).
- Louise et ses petits tracas, Milan (2004).
Retrouvez Laure Monloubou sur son blog : http://monloubou.blogspot.fr
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !