Cet été encore, on vous propose à nouveau la rubrique du berger à la bergère tous les mercredis. Cette rubrique vous avait tellement plu les deux derniers étés, nous nous devions de la reprendre (il faut dire qu’à nous aussi elle plaît beaucoup) ! Donc tous les mercredis jusqu’à la rentrée, ce sont des auteur·trice·s et des illustrateur·trice·s qui posent trois questions à un·e auteur·trice ou un·e illustrateur·trice de leur choix. Puis c’est à l’interviewé·e d’en poser trois à son tour à son intervieweur·euse d’un jour. Après Rémi Courgeon et Albertine, Martin Page et Éric Pessan, Alexandre Chardin et Lucie Pierrat-Pajot on continue ces mercredis de l’été avec Franck Prévot qui a choisi de poser des questions à Hélène Delbart de l’association Grains De Lire – les nomades du livre !
Franck Prévot : Ça sert à quoi d’organiser des résidences, des formations, des ateliers, des tournées nomades… ? Est-ce que l’école ne suffit pas pour que les enfants apprennent à lire ?
Hélène Delbart : … Vaste question ! Pour nous tout est lié. Lire-Lier une lettre est déplacée et tout prend sens. Chacune de ces actions existe avec les autres.
Une certitude (une certitude c’est ce qui sert !?) : notre objectif commun. Plaisir de lire, de faire lire, de partager les histoires.
Au-delà de ce point de départ, dans la littérature jeunesse (domaine essentiel de la rencontre entre mots et images) s’ouvre la possibilité de donner à voir et comprendre le monde.
Raconter, découvrir, lire le monde, celui dans lequel on vit et celui dans lequel on va être, vivre, avancer avec les autres autrement et ensemble.
Lire, c’est avancer chacun avec ses images sur le chemin. Lire, c’est rentrer en relation avec les mots, la pensée, le regard des auteurs-créateurs. Une re-création. Nous, on veut juste que cette relation soit vivante, alors on passe par la pratique et pour la rendre encore plus sensée et tangible, on invite les créateurs que sont les auteurs et les illustrateurs à nous prêter des clés, aiguiser notre regard, partager leurs chemins.
Les livres sont vivants ; derrière, autour, dedans, il y a des êtres humains. Le livre se partage, passe et voyage de mains en mains. Des mains parfois toutes différentes, le jeu c’est d’y trouver une petite part qui va à chacun. Les publics doivent connaître rencontrer vivre des choses avec les créateurs… C’est la base de l’éducation populaire : allier la pratique et la rencontre avec les artistes créateurs… le rapport au monde du livre passe par quelqu’un de vivant, qui pense, essaie, explore, joue, compose.
Lire des livres, même à voix haute et en partage ne suffirait pas, c’est l’ensemble des actions de pratique « artistique » qui fait que notre projet peut essaimer, s’adresser à des différents niveaux de publics. Pratiquer, lire, écrire, dessiner, illustrer, composer, inventer, c’est aussi rendre le lecteur vivant, avec une autre écoute et un autre regard sur les histoires.
Si nous organisons des ateliers c’est pour préparer les tournées nomades, s’il y a des tournées nomades c’est parce qu’il y a des formations et des ateliers. Les formations c’est pour ouvrir des portes hors du temps de l’école… à tous les niveaux de la co-éducation, aux adultes.
Peut-être faut-il dire ce qu’est la Tournée Nomades ; elle tient en deux particularités : le duo auteur-illustrateur et le déplacement vers les publics en « tous genres » dans des lieux variés (librairies, écoles, bibliothèques, prisons, rues…)
Le duo… c’est une rencontre, un temps dédié à deux. C’est la « mise en scène vivante » de tout ce qui fait la littérature jeunesse dans son articulation mots-images… Sont présents ensemble l’auteur et l’illustrateur (et parfois l’éditeur).
C’est peut-être un peu une mise en danger, il faut laisser de côté son ego, et laisser accompagner dans ce qu’est vraiment l’objet livre, deux êtres humains qui s’aiment bien, qui travaillent ensemble de près ou de loin, qui partagent les mêmes livres parfois différemment… ça désacralise, le rapport à l’écriture, au dessin, à la création… ça met l’humain au cœur de la rencontre.
Mener des ateliers ça sert à découvrir des livres, mais pas que… on fait le pari qu’en menant des ateliers en jouant avec les mots, ses propres mots, ceux des autres, ceux des livres et en jouant avec les images… on aimera écrire donc lire et créer… C’est aussi un peu comme une permission d’imaginaires. Devant des portes entrouvertes, offrir un trousseau de clés, un passe, pour les ouvrir entièrement en grand et pour « se découvrir » pas si éloignés des mots et des images donc des livres… ça reste un pari, un enjeu quotidien.
Nous naviguons dans toutes ces formes de rencontres parce que l’enrichissement se fait au travers des échanges, des partages, des discussions avec des « gens différents ».
Sur l’école, c’est clair, la réponse est plus courte : l’école est là aussi (voire surtout) pour faire comprendre que tout ce qui s’y apprend ne reste pas dans la sphère scolaire, n’est pas réservé uniquement au cercle de l’école.
Alors non l’école ne suffit pas parce qu’elle doit être ouverte sur l’en dehors. C’est sa mission première. La pédagogie c’est accompagner sur le chemin, c’est donc pour mieux avancer et sortir du bois. Éduquer c’est élever, conduire « hors ». L’école ne peut se suffire à elle même au risque d’enfermer au lieu d’élever.
Et je ne lancerai pas le débat sur le manque de formation des enseignants sur la littérature jeunesse par exemple…
Franck Prévot : Que penses-tu de la production et des choix éditoriaux actuels en jeunesse :
Hélène Delbart:
- À titre personnel,
- à titre professionnel ?
La réponse est encore plus courte, je ne fais aucune distinction entre le personnel et le professionnel. Ce qui me va personnellement ira forcément professionnellement et vice-versa ; l’exigence de la qualité et de la sincérité, de la beauté, de l’émotion je l’ai pour les deux « titres ».
Je veux juste dire qu’il y a matière à travailler ensemble, entre professions et personnes avec tous les acteurs de la chaîne du livre (et c’est en chemin, et c’est bien, et nous serons là pour y réfléchir). Nous sommes à un tournant parce que oui il y a surproduction, oui les choix éditoriaux sont parfois plus commerciaux que qualitatifs ou courageux.
Parce que oui les auteurs et les illustrateurs ne sont pas assez reconnus dans leurs métiers.
Parce que oui c’est un vrai problème pour nous les passeurs, médiateurs de ne plus pouvoir trouver des livres qui nous semblent incontournables. La vie d’un livre est trop courte et en cause des exigences purement commerciales, ce n’est pas durable !
Parce que oui c’est triste, vraiment triste de savoir que dans vos bibliographies, la majorité parfois de vos livres ne sont plus en vente. Et pourtant, on sait, mais peut-être pas assez, qu’un livre autour duquel il y a médiation est un livre « à fort potentiel de vente ».
Avoir envie de garder à vie entre les mains l’objet trace de ce qu’on a partagé à voix haute, en écriture, en illustration, c’est une évidence.
Parce que oui il faut dire haut et fort que votre travail est un métier, que le nôtre aussi, et que l’économie doit se repenser dans la répartition plus juste. Vous êtes le maillon principal de la chaîne mais si le premier maillon ne tient pas, pas de réaction en chaîne possible…
Franck Prévot : Avec les autres nomades, vous faites un travail hors norme. Que faudrait-il de plus à Grains De Lire pour faire encore mieux ? Quels sont vos rêves ?
Hélène Delbart : De plus en plus courtes mes réponses. Déjà, merci de penser que notre travail est hors norme. Ça nous va bien.
Clairement pour faire mieux, je commence par le plus évident, le moins intéressant, le moins innovant, le plus attendu : une reconnaissance financière de la part des partenaires, et surtout sur du plus long terme. Une sorte d’engagement contractuel sur plusieurs années. J’ai parfois l’impression de ne faire que de la course aux subventions, il faut justifier, comptabiliser, mettre les bons mots aux bons endroits. Inventer des actions, trouver des nouvelles formes, ce n’est pas un problème, mais être reconnus dans des choix politiques ça l’est… Et c’est parfois inquiétant.
Mais il faut continuer, continuer à donner de l’importance à la littérature jeunesse qui propulse, qui construit, qui donne des étincelles dans les yeux aux enfants, aux parents, aux ados, aux jeunes adultes, aux séniors… des lectures qui percutent pour qu’une autre réalité soit possible.
Notre lieu « nomade » (c’est notre paradoxe), est passé de « boutique éphémère » à « Maison des Utopies ». Ces mots en disent long sur notre chemin de grand écart !
Notre rêve il est là précisément, en deux parties : avoir un lieu et rester nomades. Restaurer une vieille friche industrielle et une caravane !
Un lieu d’accueil, d’ateliers, d’expositions, de « lectures variées spectaculaires », de vente de livres, de convivialité, de mixité… Un lieu de croisements, de partages où se retrouveraient autour des livres et des arts vivants tous ceux qui veulent changer le monde, c’est simple non ? Le dossier est prêt si jamais ça dit à quelqu’un…
Notre rêve est juste que ça ne s’arrête pas…
Hélène Delbart : Est-ce que tu te sens parfois comme un funambule ? Un funambule cherchant l’équilibre entre la force qu’il faut pour écrire et publier et les rêves d’ailleurs, d’autrement, d’autres mondes ou rivages que tu voudrais atteindre en prenant le temps ? Un funambule entre littérature jeunesse et littérature adulte ?
Franck Prévot : Écrire m’aide à garder le contact avec le fil de mes « rêves d’autrement et d’ailleurs » parce qu’écrire est aussi une poursuite de l’ailleurs. J’y trouve donc justement une partie de mon équilibre, ce qui est précieux pour un funambule ! Ceci dit, je ne pense pas qu’à l’écriture, ou qu’aux livres !
Les gens que je rencontre à l’occasion des salons, enfants comme adultes, me demandent parfois si j’ai un… « vrai métier », contribuant ainsi à installer l’idée que l’écriture ne peut pas vraiment être une activité professionnelle, ou que si elle l’est, elle est pour le moins à part des autres.
Même si l’écriture est une activité envahissante pour l’esprit, je veux parvenir à la considérer parfois « juste » comme un métier, un boulot même, pour parvenir à poursuivre d’autres rêves. Je ne voudrais surtout pas que le fait d’écrire des histoires devienne exclusif de tout le reste : je ne suis pas rentré dans les ordres de l’écriture et je suis rétif à tout discours qui sacralise le fait d’inventer une histoire et de la poser sur une feuille de papier.
Quant à la littérature adulte, j’espère que mes livres sont autant de fils tendus entre adultes et enfants, et que ce que j’écris peut tout simplement se ranger sous l’étiquette « littérature », sans précision d’âge. Je m’efforce d’écrire des textes littéraires, que les enfants peuvent lire.
Mais je ne perçois jamais cela comme un exercice de funambulisme ! Je ne cherche pas à garder l’équilibre entre enfants et adultes lorsque j’écris, ou à doser mes phrases de manière à ce que tous y trouvent leur compte. J’écris, c’est tout ! Je raconte.
Je raconte une histoire, comme j’ai envie de la raconter. En veillant, éventuellement, à ce que les enfants puissent y entrer.
Hélène Delbart : En quoi est-ce important pour toi d’aller à la rencontre des lecteurs ?
Franck Prévot : Je vois deux grandes raisons à cette volonté : le désir de la rencontre, de l’échange, et, soyons honnêtes…, l’argent !
Je pense être aussi passionné par la diffusion des histoires, sous forme imprimée ou non, que par l’écriture elle-même. J’emploie le mot « diffusion » au sens le plus large qui soit, c’est-à-dire tout moyen permettant à une histoire de circuler, de continuer à vivre. Rencontrer mes lecteurs est donc pour moi une manière de poursuivre le dialogue que j’ai entamé en écrivant et en publiant un livre.
J’ai aussi une grande fascination pour cette idée qu’une fois le livre publié, l’histoire ne nous appartient plus, et que chaque lecteur de nos pages termine en quelque sorte le travail, chacun à sa manière. Mille lecteurs fabriquent donc mille livres différents à partir de cette pièce unique que nous pensions avoir publiée. Et cela me plaît de les rencontrer. Les mille !
L’argent aussi, ben oui !
Comme tous les auteurs et illustrateurs que je connais, je suis contraint de développer d’autres activités à côté de la création puisque la multiplication des nouveautés, combinée à la répartition, entre ses différents acteurs, de la valeur créée par la chaine du livre, ne permet pas aux auteurs de vivre de leurs droits d’auteurs. Dans l’état actuel des choses, si on ne parle que des revenus, nos livres deviennent alors de simples cartes de visite nous permettant d’être sollicités pour de telles rencontres (qui seraient donc notre « vrai métier » ?). Heureusement, j’ai toujours grand plaisir à rencontrer lecteurs et médiateurs du livre, pour travailler avec eux en ateliers, satisfaire leur curiosité quant à nos métiers et… faire vivre les histoires avec eux ! Alors je vis mes nombreux déplacements avec plaisir, et non pas comme on va au turbin pour faire bouillir la marmite !
Hélène Delbart : Queneau disait « c’est en lisant qu’on devient liseron… c’est en écrivant qu’on devient écriveron », quand tu partages tes textes en lecture à voix haute, quand tu proposes des ateliers d’écriture, quelque part tu fais écho à cette idée. En ce sens, nous sommes sur la même longueur d’ondes… peux-tu nous dire pourquoi de ton point de vue c’est important de continuer à faire vivre cette idée, et de le faire avec « nous » les Nomades du livre ici et là.
Franck Prévot : Queneau avait un vocabulaire approximatif, comme chacun sait : le liseron est une plante herbacée de la famille des Convolvulaceae et je ne vois pas le rapport avec la lecture. Quant à l’écriveron… le correcteur de mon ordi le souligne en rouge alors… Mais pardonnons à Queneau : malgré ses approximations langagières il a raison sur le fond et oui, je suis convaincu que plus un enfant fréquente les livres et l’écrit en général, dans des occasions aussi variées que possible, mieux il s’approprie la langue et la littérature. Cela paraît presque niais d’évidence mais ce n’est pas forcément clair pour tout le monde, pas même pour les concepteurs des programmes de l’Éducation nationale ! Le site gouvernemental qui présente les cinq domaines du fameux « socle commun » sous forme de vidéos pour les parents d’élèves (www.education.gouv.fr), est assez révélateur. Il y est question de la langue française, dans le domaine intitulé « Des langages pour penser et communiquer » mais on y évoque seulement « les codes, les signes, les systèmes de représentation, par exemple le vocabulaire et la grammaire de la langue française ». Les mots « livre », ou « littérature » ne sont pas prononcés. On retrouve quand même le mot « littéraire » dans la présentation du dernier domaine (« Les représentations du monde et de l’activité humaine ») lorsque le Président du Conseil Supérieur des Programmes lui-même explique que « le français est convoqué, pour aborder les grandes œuvres du patrimoine littéraire ».
Dans les documents destinés aux enseignants, on aborde plus la littérature (il ne faut pas exagérer) mais ce choix de ne pas en parler, ou si peu, dans la présentation « grand public » me semble assez révélateur de la place que les programmes réservent aux « liserons » et aux « écriverons » ! Raymond si tu m’entends, je te salue bien bas !
Pour ma part, j’ai été instit’ pendant dix ans et j’aime toujours partager et transmettre, accompagner les gamins dans leurs chemins vers les histoires et les livres, leur proposer des ateliers au cours desquels on « travaille la langue française » en tant qu’objet de plaisir plus qu’en tant que code, ce qui permet d’ailleurs de travailler le code en mettant « les mains à la pâte », et donc en donnant du sens aux apprentissages, même si oui, à un moment, il faut bien parler « accord sujet-verbe » ou « complément d’objet direct ».
Mais voici que, saisi par la passion pédagogique, je m’égare et oublie de répondre à ta question : pourquoi travailler avec les médiateurs du livre en général, et avec vous les Nomades de Grains De Lire en particulier ?
Le livre dit « jeunesse » a en effet cette particularité que quelqu’un l’amène à son lecteur, voire le lui lit, et sans ce moment de médiation, nos livres n’arriveraient pas à leurs lecteurs. C’est aussi pour cela qu’on ne devrait pas parler de « littérature jeunesse » puisque si un enfant lit un livre, c’est souvent parce qu’un adulte l’a lu avant lui et qu’il l’a aimé, en tant qu’œuvre littéraire. Il me parait donc impossible d’envisager une relation auteur-lecteur en jeunesse, sans travailler avec les médiateurs, inlassables et remarquables travailleurs de la culture (médiathécaires, enseignant·e·s, organisateur·trice·s de salons, libraires, bénévoles d’associations…). Nous partageons la passion de la transmission et de la collaboration avec les gamins. Conjuguer nos efforts et accorder nos savoir-faire a donc du sens, pour que les « liserons » se régalent de lire, d’inventer, d’écrire, et de jouer de « notre belle langue française » comme on jouerait de la trompinette à cordes ou du violineau à coulisse. Et le solfège attendra encore un peu que le plaisir les guide vers lui.
Enfin, pourquoi aimé-je travailler avec vous, les Nomades de Grains De Lire ?
Ben… juste…
… parce que vous savez tout ça à merveille
… parce que grâce à la confiance que vous accordez aux gens, un atelier chez vous devient souvent une véritable création collective
… parce que ce faisant, vous écrivez une vraie grammaire des semailles de graines de littérature
… parce que vous osez marcher sur les chemins de traverse où fleurissent librement les liserons,
et… parce que je vous aime bien, tiens !
Bibliographie sélective de Franck Prévot :
- Oddvin, le prince qui vivait dans deux mondes, album illustré par Régis Lejonc, HongFei (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Dix ans tout juste, album co-écrit avec Liqiong Yu, illustré par un collectif, HongFei (2017).
- Je serai cet humain qui aime et qui navigue, album illustré par Stephane Girel, HongFei (2016).
- Voleuse !, roman, Thierry Magnier (2015).
- Lumières, l’encyclopédie revisitée, album illustré par un collectif, Éditions L’Édune / CRDP de Champagne-Ardenne (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Le roman de Râ, roman, Thierry Magnier (2013).
- Au fil de l’amour, album illustré par Judith Gueyfier, Le buveur d’encre (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Wangari Maathai la femme qui plante, album illustré par Aurélia Fronty, Rue du monde (2011).
- Paradiso album illustré par Carole Chaix, Éditions L’Édune (2010).
- Les Indiens, album illustré par Régis Lejonc, Éditions l’Édune (2009).
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !