Aujourd’hui, je vous présente trois albums très très différents, qui ont tous les trois pour thème la parentalité.
“Quand je n’étais pas née, Maman ne s’appelait pas Maman. Et c’est pareil pour Papa… Lui non plus ne s’appelait pas Papa.” Voilà comment commence ce très très bel album. Il et Elle ne se connaissaient pas et avaient autant de chance de se rencontrer que deux confettis au milieu d’un carnaval. Puis, à la faveur d’un ascenseur en panne, Ils ont fini par faire connaissance. Longue discussion, pique-nique improvisé et passion commune pour la tarte au citron, le temps a fait son affaire. Quelques rires, un passage au tutoiement, et enfin, embrassades, caresses et désir d’enfant… Elle tombe enceinte, Ils discutent prénoms, et un jour l’enfant a envie de savoir à quoi ressemble ses parents. C’est la naissance et la rencontre du trio : elle s’appelle Maman, et il s’appelle Papa.
J’ai essayé de vous retranscrire là toute la poésie de ce magnifique texte de Didier Jean et Zad, mais je suis moins forte qu’eux pour décrire avec force et simplicité des sentiments si complexes que ceux liés à la rencontre amoureuse, puis à la naissance. Déjà, j’ai beaucoup aimé cette métaphore des confettis, petites pastilles de couleur qui se rencontrent par hasard, en fonction du vent. Puis toute cette tendresse qui met en avant de petits détails simples, qui ont finalement leur importance dans une histoire. Et les illustrations de Sandrine Kao servent magnifiquement ce texte : les regards, les rondeurs, les couleurs, tout respire l’amour et l’harmonie (je m’enflamme un peu et dit comme ça ça peut paraître mièvre mais ce n’est absolument pas le cas, et c’est là aussi la force de cet album). A la fin, on retrouve une présentation de la diversité des familles d’aujourd’hui (recomposée, monoparentale, homoparentale, adoptive, d’accueil, et même sans enfants), et une double-page à compléter par quelques photos et renseignements personnels. Un livre pour les enfants et les adultes, et pourquoi pas en cadeau de naissance pour la naissance d’un premier enfant !
Ensuite, on retrouve Lapingouin, ce petit personnage mi-pingouin mi-lapin. Je vous avais déjà dit tout le bien que je pense de cette série d’albums pour enfants, et je vous présente aujourd’hui le dernier sorti. Dans Raconte-moi quand j’étais né, Lapingouin se pose plein de questions sur sa naissance.
Comment fait-on les bébés ? Comment grandissent-ils dans le ventre de la maman ? Qu’est-ce qu’ils entendent, qu’est-ce qu’ils perçoivent du monde extérieur ? Et surtout, comment ça se passe le jour de la naissance ? Le départ, l’émotion qui fait parfois faire n’importe quoi (Papa Pingouin a failli partir à la maternité sans Maman Lapin), les premiers moments après la naissance, les visites à la maternité,… Carole-Anne Boisseau et Galaxie Vujanic ont pensé à tout. Alors certes, c’est extrêmement romancé, et le monde onirique et fantaisiste de Lapingouin n’a pas grand-chose à voir avec le nôtre, mais il est très facile de transposer plein de choses et ce texte plein de tendresse contient par mal de réponses aux questions des enfants. Les illustrations de Masami Mizusawa sont toujours aussi douces et originales, et fourmillent de petits détails délicats. En voici une manière originale de parler de la naissance avec les enfants !
Et puis en grandissant, ce sont les enfants qui jouent à imiter les parents. Gaufrette et Nougat jouent au papa et à la maman, et ce n’est pas triste ! Nougat décrète d’emblée que Gaufrette restera à s’occuper de la maison pendant qu’il ira travailler mais la petite souris ne l’entend pas de cette oreille et décide que c’est à son tour d’aller jouer à travailler. Pendant ce temps-là son ami le chat prépare une délicieuse crème à la gadoue à base de terre, d’eau et de cailloux. Quand il a fini, Gaufrette n’est pas rentré du travail. Alors, il s’occupe de leur bébé (une poupée) et veut même lui donner la tétée. Gaufrette se moque de lui, mais le jeune chat a plus d’un tour dans son sac !
Encore une fois, l’écriture de Didier Jean et Zad fait mouche. Avec des mots et surtout des situations qui parleront aux plus jeunes, ils traitent d’un sujet important et qui nous tient à cœur : la lutte contre les idées sexistes. Et le plus fort est sans doute le fait que le message passe discrètement. Tout semble naturel pour ces enfants et le sujet principal du livre semble être avant tout le plaisir qu’ont ces enfants à s’inventer des histoires avec des bouts de cartons, trois cailloux et une poupée, et pas le fait que la souris aille travailler et le chat reste à s’occuper de la maison. Il se trouve que la souris est obligée de rouspéter pour avoir le droit de jouer ce rôle ce jour-là, mais comme deux enfants se chamaillent dans ce type de jeu au moment de la distribution des rôles. Mais finalement, on s’interroge quand même : qu’est-ce que ça veut dire être papa ? Et être maman ? Est-ce vraiment différent ? Pour ne rien gâcher, Sophie Collin signe de très belles illustrations colorées, douces et pleines de tendresse ! Un album à la fois simple et fort, comme on les aime !
Quelques pas de plus…
Retrouvez d’autres chroniques de livres de Didier Jean et Zad (Les Artichauts), Sandrine Kao (Le banc, Les larmes de Lisette, et Des crêpes à l’eau), Sophie Collin (Le secret de Lili, La folle journée de Marie-Belle) et d’autres aventures de Lapingouin (Aujourd’hui y’a école ?, Même pas peur des monstres).
Comme deux confettis Texte de Didier Jean et Zad. Illustrations de Sandrine Kao. 2 vives voix dans la collection Bisous de famille 15,50 €, 220 x 320 mm, 40 pages, imprimé en France (papier issu de forêts durablement gérées et encres végétales), 2013 |
Raconte-moi quand j’étais né… Textes de Carole-Anne Boisseau et Galaxie Vujanic. Illustrations de Masami Mizusawa. HC Editions dans la collection Lapingouin 12,50 €, 267 x 220 mm, 24 pages, imprimé en Espagne, 2013 |
Gaufrette et Nougat jouent au papa et à la maman Textes de Didier Jean et Zad. Illustrations de Sophie Collin. 2 vives voix dans la collection Gaufrette et Nougat 9,50 €, 200 x 200 mm, 32 pages, imprimé en France (papier issu de forêts durablement gérées et encres végétales), 2013 |
Marianne
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Coup de coeur pour le premier, il a l’air vraiment tout doux, tout beau .. 🙂
(Les autres aussi cela dit.)
Bonjour à tous,
L’album “Comme deux confettis” a l’air tout simplement superbe. L’article est très bien écrit et donne envie de l’acheter pour un enfant en bas âge, ou pour un enfant en “moins bas âge” comme moi !
Effectivement l’idée des pastilles de couleurs est vraiment bien trouvée… Et sincèrement, aucune mièvrerie ressentie dans ta critique 🙂 Elle donne tout juste envie d’aller découvrir ce petit bijou! Belle journée!
Les trois ont l’air très alléchants comme lecture mais la critique du premier est très bien écrite et donne sincèrement et rapidement l’envie de le lire….comme souvent les livres conseillés ici. Grâce à vous la bibliothèque de ma fille qui n’a déjà plus que quelques places va déborder, j’adore!