Aujourd’hui, je vous propose deux ouvrages mettant en lumière le rôle que les jeunes femmes ont pu avoir dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale.
Madeleine est née dans la Somme, quelques années après la Première Guerre mondiale. C’est une petite fille au caractère affirmé. Humiliée par des soldats allemands, pendant l’exode de 1940, alors qu’elle voulait venir en aide à son grand-père très affaibli, elle prend la résolution de s’engager, un jour, dans la Résistance. Mais la vie en décide autrement. Madeleine contracte la tuberculose et est envoyée dans un sanatorium pour se faire soigner. Bien que le lieu ne paraisse pas propice à ce type d’activité ni de sentiment, c’est pourtant bien là-bas que Madeleine va tomber amoureuse et nouer des contacts pour mener son projet.
« Dis, donc Rainer… Tu vas enfin l’ouvrir, ta gueule, oui ? … On doit raconter la vérité, dire comment ça s’est passé… Si tu continues à la fermer, tous nos camarades morts à dix-sept ans, personne ne s’en souviendra. » C’est sur ces mots prononcés par Raymond Aubrac dans les années 90 que Madeleine Riffaud s’est décidée à témoigner sur son passé de résistante. Depuis, elle n’a eu de cesse de le faire. La bande dessinée, elle n’y avait jamais pensé ; mais l’idée lui parut intéressante à partir du moment où elle comprit qu’elle pouvait toucher un nouveau public. Le trio Morvan-Riffaud-Bertail se lance donc dans la création d’une trilogie sur la vie de Madeleine pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien plus experte en Histoire qu’en bande dessinée, j’avoue, malgré tout, avoir été happée par ce livre. Au-delà de la parfaite mise en mots de Jean-David Morvan, aidée par la mémoire sans faille de Madeleine Riffaud, j’ai tout particulièrement apprécié le dynamisme de la mise en page, les traits donnés aux personnages et surtout l’utilisation du noir et blanc, qui nous plonge dans le passé. L’ouvrage nous propose un prologue et un épilogue contant les coulisses de la création qui sont très instructifs. C’est donc avec impatience que j’attends le deuxième tome à paraître début d’année 2023.
En 1939, Alice a 15 ans, elle est en troisième. Toute sa vie tourne autour de ses cours au collège et de ses deux meilleures amies, Colette et Angèle. Comme un certain nombre de jeunes personnes de son âge, elle écrit ses joies et ses peines dans un journal intime, imagine aussi des lettres qu’elle n’enverra jamais. Sa première grosse peine, c’est la mort sa grand-mère, Mamie Mag. Malheureusement, le bonheur n’est pas près de revenir, car la guerre, qui est de toutes les conversations, éclate. Rapidement, Alice s’engage dans la Résistance auprès de ses parents : d’abord, en transportant des tracts dans son cartable, puis en convoyant des aviateurs alliés. Quelques mois plus tard, la famille est dénoncée et arrêtée. Alice et sa mère sont séparées de son père et de son frère et envoyées en déportation dans le camp de Ravensbrück. Confrontées à l’horreur et à la mort, les deux femmes se soutiennent autant qu’elles le peuvent, s’appuyant également sur la solidarité entre déportées. Durant ces longs mois, Alice continue à écrire ce qu’elle vit et ce qu’elle ressent avec la fervente envie de pouvoir témoigner à son retour, auquel elle croit fermement.
Comme bien des ouvrages sur cette période de l’Histoire, Alice 15 ans résistante est poignant. Même si ce livre n’est pas un témoignage, Sophie Carquain s’est inspirée de personnes et de faits réels pour écrire ce roman. Dans la première partie, intitulée Résister, nous suivons Alice la collégienne, Alice la résistance. Parfois, on s’étonne de son insouciance et de sa légèreté. Mais dès les premières lignes de la seconde partie, intitulée Survivre, on comprend vite que cette insouciance n’existera plus. Avec le récit à la première personne, le lectorat est directement confronté à la violence du réel, ce qui en fait d’ailleurs un roman à ne conseiller qu’à partir de 15/16 ans, il me semble. À travers la volonté de l’héroïne d’écrire toujours et encore pour survivre puis pour se reconstruire, Sophie Carquain met en avant un élément essentiel de l’Histoire : le devoir de mémoire (qu’elle fait d’ailleurs avec ce roman). Parler, raconter, c’est ne pas oublier. Enfin, on soulignera l’intention de l’autrice de mettre en lumière la place des femmes et des jeunes dans la Résistance.
Madeleine, Résistante – Tome 1 – La rose dégoupillée![]() Scénario de Jean-David Morvan et Madeleine Riffaud, dessins de Dominique Bertail Dupuis, dans la collection Air Libre 23,50 €, 237×310 mm, 128 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Alice, 15 ans Résistante – Vous ne m’empêcherez jamais de rêver ![]() de Sophie Carquain Albin Michel Jeunesse, dans la collection Litt’ 14,90 €, 145×215 mm, 384 pages, imprimé en Espagne chez un imprimeur éco-responsable, 2022. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |

Fille des années 80, amoureuse des livres depuis toujours. La légende raconte que ses parents chérirent le jour où elle sut lire, arrêtant ainsi de les réveiller à l’aube. Sa passion des livres, et plus particulièrement des livres jeunesse, est dévorante, et son envie de partage, débordante. Elle est sensible aux mots comme aux images, et adore barboter dans les librairies et les bibliothèques. Elle aime : les albums au petit goût vintage et les romans saisissants, les talentueux Rebecca Dautremer et Quentin Gréban, les jeunes pousses Fleur Oury et Florian Pigé, l’humour d’Edouard Manceau et de Mathieu Maudet, les mots de Malika Ferdjoukh et de Marie Desplechin.

