Aujourd’hui, deux jeux un peu à part, originaux, ludiques, poétiques, beaux. Le premier, Windosill, est un vrai coup de cœur. Il s’agit d’une sorte de casse-tête surréaliste. Créé par Patrick Smith en 2009, Windosill a d’abord été un jeu en ligne (qui est d’ailleurs toujours accessible sur ce site, où l’on peut tester la première partie du jeu). Tout commence par un écran noir, quelques formes bleues se détachent. Pas de consignes, pas de règles, aucune explication. Comment faire un peu de lumière sur cette énigme ? À vous de trouver…
Comment ça marche ? Je vais quand même vous donner quelques indices… Le jeu se déroule sur dix scènes qui sont autant de tableaux qu’il faut résoudre pour passer au suivant. L’objectif est de faire avancer une petite locomotive à vapeur. Elle arrive dans la scène par la porte gauche. De l’autre côté, une porte fermée qui ne s’ouvrira que lorsque l’on aura trouver la clef : un petit cube qu’il faut glisser dans l’emplacement prévu, au-dessus de la porte. Le décor est constitué d’objets et d’animaux hétéroclites, qui s’animent lorsque l’on les touche. On peut les bouger, les faire interagir entre eux. Chuuut car c’est un jeu qui s’écoute aussi : une goutte d’eau tombe, des carillons sonnent, des oiseaux piaillent. Au début, on y va un peu au hasard, on tapote l’écran un peu partout, la curiosité en éveil. Mais on comprend vite que chaque cause a son effet et que si les fleurs peuvent s’ouvrir, ce n’est pas pour rien ! On se retrouve donc à faire tout un tas d’expériences, à assembler, désassembler pour que le premier sésame s’offre enfin à nos yeux. Une fois obtenue, la clef s’insère dans la serrure, on frappe à la porte, et la petite locomotive peut poursuivre son chemin. Et si on reste bloqué dans un tableau ? Eh bien on y reste car il n’y ici pas d’aide ni d’indice. Ce sont des énigmes muettes qui défient notre patience et notre sens de la logique.
Et j’en pense quoi ? Windosill est un jeu absolument magnifique. Totalement déconcertant au premier abord, on se prend rapidement à sa logique interne. Le joueur se retrouve dans une atmosphère onirique, qui défie les lois et les règles. Le seul moyen de parvenir à la fin est d’expérimenter et de laisser notre imagination vagabonder. Bien que le jeu puisse paraître un peu abstrait, les enfants adhèrent immédiatement à cet univers étrange. Les animations sont fluides, le graphisme magnifique, et la fin du jeu particulièrement réussie. Un vrai bonheur.
On pourrait rapprocher Windosill de Monument Valley, jeu que l’on pourrait presque qualifier désormais de culte. Monument Valley est un jeu de réflexion basé sur une architecture impossible, dans lequel il faut parvenir à guider une princesse, Ida, à travers des palais pour retrouver sa vraie nature.
Comment ça marche ? Monument Valley constitue une sorte de gigantesque labyrinthe à la M. C. Escher, fait d’escaliers impossibles, qui n’aboutissent à rien, de portes qui débouchent sur le vide, de couloirs qui ne mènent nulle part. Rien ne sert de courir, il faut avancer étape par étape pour pouvoir débloquer au fur et à mesure les passages secrets, ou tourner les roues qui feront changer l’architecture du palais. Ici encore, le joueur doit mener le personnage de porte en porte, de salle en salle pour pouvoir débloquer le chapitre suivant. À première vue, les labyrinthes semblent infranchissables. Mais le monde d’Ida n’est fait que d’illusions d’optique, de trompe-l’œil savants, et il nous faut apprendre à déplacer notre regard. Les corneilles tenteront de vous barrer le passage, un totem magique vous aidera à explorer ces constructions mouvantes. En déplaçant les blocs, en maniant les leviers, en tournant des roues, des chemins se façonnent qui nous mènent vers la sortie. Le gameplay est extrêmement simple, il suffit de tapoter l’écran, pour que la princesse se dirige vers l’endroit désigné. De tableau en tableau, les énigmes se complexifient. Le jeu original se compose de dix chapitres, auxquels sont venus s’ajouter huit nouveaux tableaux, les « Forgotten shores » (« Les rivages oubliés »).
Et j’en pense quoi ? Monument Valley est un parcours initiatique, celui d’une petite fille à la recherche de son identité. Mais c’est un conte musical envoutant, qui nous transporte dans un monde doux et onirique. L’ambiance sonore, avec sa musique ambient (à la Brian Eno), est donc partie prenante de l’expérience. Et le graphisme, forcément géométrique, est époustouflant. Un plaisir pour les yeux et les oreilles ! On y apprend à s’affranchir du rationnel et à oublier les lois de la gravité. Incroyable puzzle de réflexion, Monument Valley est un petit bijou à savourer en prenant son temps.
Windosill de Patrick Smith Vectorpark Prix constaté : 2,99€ (Apple). |
Monument Valley Ustwo Prix constaté : 3,99€ (Apple) et 3,59€ (Android). |
Erica
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !