Aujourd’hui on parle du corps de manière ludique et poétique avec Le corps enchanté de Aina Bestard, puis l’on parle d’un corps fatigué et pourtant vivant grâce au magnifique Une histoire de cancer qui finit bien de Marianne Ferrer et India Desjardins.
Plongez à la découverte du corps, cet objet bizarroïde mais drôlement bien fichu ! Grâce aux os nous sommes articulé·e·s et nous pouvons courir et sauter ! Notre peau nous protège des chaleurs trop fortes comme des hivers trop rigoureux, notre bouche nous permet de goûter des mets délicats, nos globules blancs de lutter contre toutes les infections… Bref, grâce à toutes les petites particules qui nous constituent, nous pouvons profiter de la vie !
Après La forêt enchantée et la Mer enchantée, Aina Bestard nous propose un troisième volume sobrement intitulé… Le corps enchanté ! Ceux et celles qui connaissent le principe ne seront pas surpris·es, pour les autres le concept est simple : on suit Aina Bestard dans sa pérégrination qui nous emmène de la peau au globule blanc en passant par les os, les muscles, le cerveau, les yeux et le nez… Grâce à trois loupes placées au début de l’album, le lecteur·trice pourra percer les mystères de ce corps décortiqué et disséqué à chaque page : la lampe verte permet de voir le corps de manière extérieure, la loupe bleue tous les petits détails et la loupe rouge tout ce qui se cache à l’intérieur (organes…) ! Le dessin très esthétique et poétique de l’autrice séduira petits et grands. On plonge avec ravissement dans ce voyage initiatique qui propose une vision originale et amusante du corps humain !
Un très joli album, une première immersion dans le monde anatomique !
C’est l’histoire d’une jeune fille qui marche dans un couloir d’hôpital… Peut-être pour la dernière fois. Au bout du couloir, il y a le bureau de son médecin, qui lui annoncera si oui ou non elle est guérie. Car la jeune fille est atteinte d’une leucémie. Pendant qu’elle marche, elle se remémore les souvenirs de cinq années de lutte, de courage, et surtout de vie : son amitié avec une patiente, sa relation avec ses parents, son premier amour, son affection pour une infirmière en particulier… En espérant que tout ceci ne soit que le début de sa vie.
Une histoire de cancer qui finit bien est un album bouleversant. Il y a quelques années, l’autrice a rencontré une jeune fille atteinte d’une leucémie, cette dernière la priant de lui écrire une histoire de « cancer qui finit bien ». Cette histoire de cancer donc, vous l’aurez compris, ne se termine pas mal. Mais au-delà de ça, la force de l’album réside dans la narration du quotidien d’une jeune fille de 15 ans. Cette dernière se souvient de tous les petits moments de bonheur comme de tristesse qu’elle a pu vivre : la perte d’une amie, les différends qu’elle a eus avec sa mère, le moment où elle tombe amoureuse pour la première fois…
Au fond c’est l’histoire d’une adolescente comme les autres, si ce n’est que celle-ci est en sursis. Le texte est profondément touchant, écrit à la première personne, l’on est au plus près du ressenti et des émotions de l’héroïne. Mais jamais India Desjardins ne la présente comme une victime ou simplement comme une « malade ». Notre héroïne se tient debout, page après page, refuse qu’on lui dise qu’elle est « forte », elle vit, ou tente de vivre, tout simplement. Les illustrations de Marianne Ferrer nous plongent dans un univers onirique et poétique, aux couleurs douces, une bulle hors du temps. Jamais de bons sentiments, de mièvrerie, simplement, la vie d’une jeune fille de quinze ans atteinte d’une leucémie.
Un magnifique album coup de cœur !
Le corps enchanté![]() ![]() d’Aina Bestard Seuil Jeunesse 16 €, 271×288 mm, 32 pages, imprimé en France, 2017. |
Une histoire de cancer qui finit bien![]() Texte d’India Desjardins, illustré par Marianne Ferrer La Pastèque 19 €, 210×287 mm, 88 pages, imprimé en France, 2017. |

Née au début des années 90s, tour à tour professeure, amoureuse de la vie, de la littérature, de la musique, des paysages (bourguignons de son enfance, mais pas que…), des films d’Agnès Varda, des vers de Cécile Coulon et des bulles de Brétecher. Elle a fait siens ces mots de Victor Hugo “Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent”.



