J’ai tellement aimé la version carrousel du petit chaperon rouge qu’elle a sortie il y a peu que j’ai eu envie de poser quelques questions à Anne-Lise Boutin. Ensuite, on se glisse dans l’atelier d’un auteur/illustrateur qui nous a offert l’un des plus beaux albums de la fin de l’année dernière (Mes petites roues), Sébastien Pelon. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Anne-Lise Boutin
Vous venez d’illustrer une version très originale du Petit Chaperon Rouge, pouvez-vous nous raconter ce projet et comment vous avez travaillé dessus ?
Ce projet émane d’une proposition de nouvelle collection que souhaitaient lancer les éditeurs du Seuil Jeunesse.
Le concept ou principe de livre-jeu articulé autour de la forme du carrousel ainsi que le format de l’ouvrage étaient déjà posés. Nous avons donc réfléchi ensemble avec l’éditrice, le directeur artistique et Clémentine Sourdais (qui a illustré Boucle d’Or dans la même collection) à la manière de pousser un peu plus loin le projet.
Pour des histoires de coût de fabrication, on ne pouvait pas avoir plus de planches cartonnées pour les personnages découpés, je trouvais dommage que l’on ne puisse pas proposer plus de « sujets » ou « objets » à manipuler pour la phase de jeu, c’est ainsi que j’ai souhaité qu’il y ait d’autres « bonus » à l’intérieur du livret où l’on retrouve le conte illustré.
Nous avons aussi déterminé ensemble « les moments forts » du conte afin de choisir les 4 décors à réaliser : la maison du Petit Chaperon Rouge ; la forêt ; une vue extérieure de la maison de la grand mère et enfin l’intérieur de cette même maison.
Quelles techniques d’illustration utilisez-vous ?
De manière générale, je travaille en papiers découpés et collages : un jeu de formes et/ ou contre-formes en aplats de couleurs avec parfois des rehauts au crayon de couleur. (cf Cœur de Hibou – Rue du Monde ; 20 poèmes au nez pointus – Sarbacane)
Je travaille aussi beaucoup en numérique où j’essaie de rester dans l’esprit de mes papiers découpés réalisés de manière traditionnelle (Alba Blabla et moi – Rouergue ; Contes et Musiques d’Afrique – Milan).
Avant de démarrer tout projet, je crayonne beaucoup.
Dans mes carnets de recherches, je travaille presque exclusivement au feutre noir ou à l’encre de chine, où j’explore plus les qualités de traits, le jeu des trames – ce qui paraît assez peu probable si certains ne connaissent que mon travail en presse ou la plupart de mes ouvrages pour la jeunesse.
J’ai développé un travail sur des thématiques plus personnelles à l’encre ces dernières années, et je commence un peu à « exploiter » cet autre répertoire graphique pour des projets d’édition (Les Bébé Aspirateur – Sarbacane).
Pour le Chaperon Rouge, j’ai d’abord réalisé de nombreux croquis au feutre pour trouver mes personnages mais aussi pour me constituer un répertoire de plantes, de fleurs, d’insectes et d’animaux qui allaient me permettre d’enrichir mes illustrations.
Les illustrations de l’ouvrage à proprement dit, ont par la suite été toutes réalisées en numérique mais j’ai essayé pour cet ouvrage de croiser mes deux techniques traditionnelles de prédilection – à savoir le travail en aplat de couleurs en découpage et le travail à l’encre- en ramenant du trait sur mes aplats de couleur.
Faites-vous des recherches avant d’illustrer un ouvrage (je pense à cette version magnifique du Petit chaperon rouge mais aussi au superbe Contes et Musiques d’Afrique) ? Qu’est-ce qui vous inspire ?
Comme expliqué à la question précédente, je fais des recherches préalables mais souvent en me détachant du texte. Dans un premier temps, c’est souvent l’univers (au sens large) où va se dérouler l’histoire, les actions qui m’intéresse. Ce n’est vraiment pas l’usage en illustration jeunesse mais je ne fais que très rarement un chemin de fer et encore moins des croquis des scènes que j’illustrerais par la suite.
C’est probablement lié à la technique du découpage qui permet de déplacer les différents éléments découpés jusqu’à trouver la composition qui me semblera la plus pertinente avant la phase du collage. On peut travailler de la même manière avec les calques en numérique.
Par contre, pour le travail à l’encre, la phase dite de croquis est souvent incontournable.
Si par recherches, vous parliez plutôt de « références », je fais pour tout projet une recherche iconographique avant d’entamer la phase des croquis. Cette matière est protéiforme : je glane aussi bien des photographies, des sculptures, des illustrations, de l’art contemporain, de la peinture ou des « objets » issus de l’art Populaire.
Pour le Petit Chaperon Rouge publié aux éditions du Seuil, il y a dans ma recherche iconographique aussi bien des illustrations de Carson Ellis, des images tirées d’un livre sur la technique du Loubok (estampes populaire russe gravée sur bois), des papiers découpés suédois et polonais, des gravures du XIXème siècle représentant principalement des animaux et des plantes, des enseignes en métal découpés ou des photos d’intérieur tirées de magasines de décoration, et autres photos de maisons russes (datcha), polonaises voire américaines !
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
Après des études d’Art et Impression textile à Duperré, je termine mes études en Illustration aux Arts Déco de Paris en illustrant des faits divers pour mon diplôme.
Assez logiquement du coup, ma première commande sera d’illustrer un fait divers sordide pour Libération, le 1er d’une longue collaboration. Je travaille dans un premier temps surtout pour la presse quotidienne (Libé, Le Monde, Le Guardian, le New York Times) avec l’envie d’illustrer des livres jeunesse mais mes illustrations de crimes en tout genre ont dans un premier temps un peu freiné les éditeurs !
Actes Sud m’a assez vite fait confiance pour illustrer des documentaires où mes illustrations symboliques (assez proche de mon travail en presse finalement) servaient des textes de Patrick Banon autour de thèmes liés aux religions.
Et peu à peu, les propositions pour illustrer des albums se sont faites plus fréquentes ainsi que les projets d’affiches, de couvertures de livre, de collaborations avec des marques de luxe (parfums, joilleries..) etc…
Quelles étaient vos lectures d’enfant et d’adolescente ?
Ce n’est pas très original mais enfant, je me rappelle avoir été très marquée par Les Trois brigands de Tomi Ungerer. J’ai aussi passé des heures à lire, relire Porculus d’Arnold Lobel.
J’adorais aussi (toujours de Lobel), La soupe à la Souris, 7 histoires de souris et Le magicien des couleurs.
Je lisais et relisais aussi bcp de bandes dessinées (Tintin, Asterix, Gaston) mais aussi celles de mon grand frère moins adaptées à mon âge (Margerin, Liberatore ( !), Joos Swarte, Crumb, Jano, Serge Clerc, Loustal…).
A l’adolescence, (au lycée), je lisais beaucoup de livres d’Histoire de l’Art, sur certains artistes ou certains mouvements de l’art moderne.
Beaucoup de bandes dessinées aussi : j’avais une passion pour la série des Alack Sinner dessinés par José Munoz, les bd de Baudoin et plus particulièrement de son adaptation du Procès verbal de Le Clézio publié chez Futuropolis, idem avec le Voyage au Bout de la nuit de Céline illustré par Tardi .
J’ai eu un vrai choc artistique en découvrant Foligato de Nicolas de Crecy qui venait d’être publié et je voulais absolument devenir auteur de BD !
Par contre, j’avais développé une allergie à la littérature française « classique » (sûrement à cause d’une prof de français que je portais peu dans mon cœur) du coup, je lisais surtout des romans américains, espagnols ou sud américains ( John Fante, Brautigan, Mendoza, Jorge Amado…)
Parlez-nous de vos prochains ouvrages
Je viens d’illustrer deux ouvrages à paraître en avril chez Actes Sud Junior « Les naissances du Monde », une nouvelle édition réunissant en 2 livres une dizaine d’ouvrages sur les différentes mythologies (grecque, égyptienne, dogon, celte, japonaise…) .
A paraître aussi en avril, Vives et Vaillantes de Praline Gay Para, chez Didier Jeunesse, un recueil de contes autour de la figure de femmes qui ne s’en laissent pas conter ainsi qu’un livre de loisir créatif autour des Pochoirs chez Mango.
Je commence tout juste à travailler sur de nouveaux projets : une histoire de chevaliers pour Actes Sud et un projet d’album qui me tient énormément à cœur sur un texte d’Alex Cousseau (avec qui je me réjouis de travailler de nouveau après Alba Blabla et moi et L’ami L’iguane, tous deux publiés aux éditions du Rouergue.)
Bibliographie sélective
- Mon bébé aspirateur, illustration d’un texte de Béatrice Fontanel, Sarbacane (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Le Petit Chaperon rouge, illustration d’un texte de Jacob et Wilhelm Grimm, Seuil Jeunesse (2017), que nous avons chroniqué ici.
- ABC des petits bonheurs, illustration d’un texte d’Élisabeth Coudol, Père Castor (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Gommettes Circus, Sarbacane (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Le sucre, illustration d’un texte de Jérôme Berger, Prioro Éditions (2016).
- Cœur de hibou, illustration d’un texte d’Isabelle Wlodarczyk, Rue du Monde (2013).
- 1, 2, 3 étoiles ! – Je compte dans la nature, illustration d’un texte d’Anne-Sophie Baumann, Rue du Monde (2012).
- Contes et musiques d’Afrique, illustration de textes de Souleymane Mbodj, Milan (2015).
- Le ciel dégringole !, illustration d’un texte de Florence Desnouveaux, Didier Jeunesse (2015).
Quand je crée… Sébastien Pelon
Le processus de création est quelque chose d’étrange pour les gens qui ne sont pas créateur·trice·s eux-mêmes. Comment viennent les idées ? Et est-ce que les auteur·trice·s peuvent écrire dans le métro ? Les illustrateur·trice·s, dessiner dans leur salon devant la télé ? Peut-on créer avec des enfants qui courent à côté ? Faut-il de la musique ou du silence complet ? Régulièrement, nous demandons à des auteur·trice·s et/ou illustrateur·trice·s que nous aimons de nous parler de comment et où ils·elles créent. Cette semaine, c’est Sébastien Pelon qui nous parle de quand il crée.
La plupart du temps, je dessine à mon bureau. C’est mon espace, (presque) personne d’autre que moi n’y met jamais les pieds. Je peux donc laisser les choses s’accumuler, ce qui fait qu’il reste rarement rangé bien longtemps (mais je l’ai rangé pour les photos !).
Je suis en admiration devant les photos de certains ateliers d’artistes, avec de vieux meubles en bois pour ranger les originaux, du mobilier industriel chiné… Le mien est assez impersonnel, à vrai dire : une longue planche avec un espace ordinateur (je travaille sur une Cintiq, une tablette écran sur laquelle je dessine directement) et un espace davantage dédié au dessin et à la peinture, avec plein de livres et mon matériel. Mon atelier est situé sous les combles de ma petite maison. Je n’y tiens pas debout, car c’est très bas de plafond. Je monte, je me baisse et je m’assois. Il m’est arrivé d’oublier la poutre qui est au-dessus de ma tête avant de me lever, et j’ai vu des étoiles !
Mes murs sont étonnamment blancs. Je scotches mes chemins de fer et croquis au mur pour y avoir accès quand je travaille, mais sinon, c’est comme si je voulais qu’aucune image ne vienne me parasiter. Je me le formule en l’écrivant, je crois que c’était un peu inconscient…
Je travaille en deux temps, deux phases durant lesquelles je fonctionne de façon assez différente.
La première phase est une phase de recherche et de création. Je fais mes croquis, je cherche mes personnages, mes cadrages, la ligne directrice de l’album.
À ce moment-là, j’ai besoin d’être très concentré et de ne pas être dérangé. J’ai besoin de calme ou, du moins, d’être dans un lieu où je vais pouvoir créer ma bulle. Pour cela, je m’arrange mieux d’un brouhaha général (comme mes filles qui jouent à côté de moi) que de petits bruits parasites sur lesquels je fixe mon attention dans un environnement globalement silencieux.
Je ne travaille que très rarement en silence, mais la musique que j’écoute dans cette phase de recherche (image ou histoire) doit m’être familière, pour ne pas retenir toute mon attention. Je n’allume jamais la radio, sinon je l’écoute et je n’arrive pas à m’immerger dans la création.
Quand je travaillais sur Mes petites roues, je me suis appuyé sur la musique de Nicolas Jaar, et particulièrement ses 2 derniers EP Nymphs et Sirens. Ça commence de façon très calme, intimiste, il y a presque un côté Satie par moments ; c’est idéal pour bien se plonger dans son travail. Et puis ça alterne avec des morceaux plus éléctro qui amènent une dynamique sans être trop présents ; c’est impeccable pour rester en éveil.
Parfois, j’ai besoin de m’éloigner de mon bureau, de quitter cet espace connecté, où je risque de me perdre sur Internet. Je laisse mon téléphone et je vais sur la table de la salle à manger (ou du jardin s’il fait beau et assez chaud). Je prends juste le texte, mon carnet, une gomme et un crayon. Je me mets hors du temps, et ça m’oblige à être concentré sur l’essentiel. C’est la même chose dans le train. J’aime beaucoup travailler dans cet espace restreint, où je ne suis distrait par rien. Du moment que j’arrive à créer ma bulle, je peux travailler presque n’importe où (café, métro…)
J’ai toujours un carnet à portée de main, tout est dedans. Comme ça, quel que soit l’endroit où je suis, je ne perds pas le fil. Mais même quand je n’ai ni carnet ni crayon, je dessine des images dans ma tête, je cherche des idées en espérant qu’elles ne se seront pas envolées avant que j’aie trouvé de quoi les mettre noir sur blanc. En fait, j’ai l’impression de ne jamais être vraiment en pause. Quand je marche, je réfléchis à mes images. Quand je me couche, je compose mes cadrages…
La seconde phase de mon travail est celle de l’exécution des recherches, de la « mise au propre ».
Il est alors rare que je travaille ailleurs qu’à mon bureau, pour des raisons techniques, car ma palette graphique est intransportable (mais je teste des solutions numériques mobiles en ce moment, pour pouvoir fixer mon bureau presque n’importe où).
Durant cette phase, je dois être concentré bien sûr, mais pas de la même manière, je vais devoir dessiner plus précisément toutes mes recherches, puis ensuite en faire la mise en couleur. La musique joue alors un rôle essentiel, car c’est elle qui va donner l’énergie, le rythme, l’ambiance… Si j’ai besoin de geste, d’entrain, je vais mettre du « gros son ». Si je travaille sur des ambiances plus intimistes, je vais mettre du piano ou quelque chose de plus doux. J’écoute principalement du rap américain, du jazz et de la soul. Le choix de la musique est très important pour moi et certaines musiques sont intimement liées au travail que j’ai effectué sur un album.
Parfois, j’ai plus envie d’écouter des voix, d’avoir une présence, alors j’allume la radio ou j’écoute des podcasts. C’est comme si tout à coup des amis venaient discuter à côté de moi, et cette présence me plaît.
Je travaille seul depuis que je ne suis plus salarié (j’étais graphiste chez Flammarion). J’aimais beaucoup être en équipe, les discussions à la machine à café, la dynamique de groupe. Mais j’avais aussi parfois besoin de créer ma bulle pour travailler, alors je mettais mon casque sur les oreilles, ça m’isolait et pour mes collègues c’était comme un panneau « Ne pas déranger ».
Maintenant que je suis indépendant et que je me consacre presque essentiellement à l’illustration, beaucoup moins au graphisme, je préfère travailler chez moi (seul du moins), car j’ai besoin d’être sur mon propre rythme et pas celui des autres…
En général, je suis plus efficace en début de matinée. Il faut que je commence tout de suite, ce qui fait que je repousse toujours ce qui est « annexe », comme répondre aux mails, lire les contrats…, et qui fait que j’accumule toujours une liste longue comme le bras de réjouissances administratives à régler.
Si j’arrive à me remettre à travailler après le diner, quand mes filles sont couchées, j’ai toujours un temps avant de m’immerger, mais ensuite je peux travailler jusque très tard. Cela dit, je le fais de moins en moins. Avant j’aimais beaucoup cette ambiance nocturne, plus silencieuse. L’énergie est très différente la nuit, les bruits sont plus étouffés… Mais c’était avant d’avoir des enfants. J’y reviendrai peut-être plus souvent quand mes filles seront plus grandes.
Sébastien Pelon est auteur et illustrateur.
Bibliographie sélective :
- Mes petites roues, texte et illustrations, Père Castor (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Série Brune du lac, illustration de textes de Christelle Chatel, Nathan (2014-2017), que nous avons chroniqué ici.
- Le grand rendez-vous, collectif, Nathan (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Robin des bois, illustration d’un texte de Stéphane Frattini, Milan (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Mowgli et les loups, illustration d’un texte d’Anne Fronsacq, Père Castor (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Le déménagement de Maryse Cocotte, illustration d’un texte de Mim, P’titGlénat (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Les familles de la ferme et Le mémo des légumes, illustration de jeux, Père Castor (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Les rois malhonnêtes, illustration d’un texte de Reine Cioulachtjian, Magnard (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Contes de Russie, illustrations de textes de Robert Giraud, Père Castor (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Les fabuleuses aventures de Sinbad le marin, illustration de textes de Michel Laporte, Père Castor 2014), que nous avons chroniqué ici.
- Pourquoi les éléphants aiment-ils tant leur trompe ?, illustration d’un texte de Rudyard Kipling, Larousse (2013), que nous avons chroniqué ici.
- La Befana, illustration d’un texte de Sandra Nelson, Père Castor (2012).
- Matriochka, illustration d’un texte de Sandra Nelson, Père Castor (2012).
- Série Nitou l’indien, illustrations de textes de Marc Cantin, Castor Benjamin (2004-2011).
- Le loup et l’agneau et 3 autres fables de La Fontaine, illustrations de textes de Jean de La Fontaine, Père Castor (2003).
Retrouvez Sébastien Pelon sur son site : http://sebastienpelon.com.

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !