Aujourd’hui, c’est Christophe Nicolas qui a accepté de répondre à nos questions. Avec lui, on parle de son tout nouvel album (qui est d’ailleurs à gagner à la suite de cette interview), de la série Tétine Man et de son parcours. Puis c’est l’auteure/illustratrice Gwenaëlle Doumont l’invitée de notre rubrique Le coup de cœur/coup de gueule. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Christophe Nicolas
Vous venez tout juste de sortir « Le doudou de la directrice » chez Didier Jeunesse, les directrices ne sont pas souvent mises en avant dans les livres jeunesse, vous vouliez réparer cette injustice ?
J’ai remarqué que c’était un personnage super important pour les enfants. Et pour les autres personnels de l’école. D’ailleurs, quand elles/ils sont un peu nullos (mais ça n’arrive presque jamais…), c’est la catastrophe pour tout le monde.
Comment est né Tétine Man, le héros que vous avez imaginé avec Guillaume Long ?
J’ai eu trois garçons, très portés sur la tétine. Le dernier très très porté sur la tétine. Il a hérité du surnom et j’ai écrit ces histoires pour lui. Il a fini par lâcher sa tétine vers l’âge de 5 ans, peu avant la parution du 1er tome de la série. Il ne s’est pas trop retrouvé dans le personnage qui selon lui « exagère »…
Le titre du dernier tome, Tétine Man vous salue bien, fait peur… rassurez-nous on va revoir Tétine Man ?
Avec Guillaume Long, on a décidé en effet que ce serait le dernier. Guillaume a beaucoup de choses à dessiner, ses recettes, d’autres projets… Des raisons de se réjouir quand même, donc !
Un autre de vos personnages m’avait particulièrement plu, le Professeur Tagada. Depuis 2013, j’espère le recroiser, une suite prévue ?
Ha oui, on voudrait bien faire un genre d’encyclopédie historique. Un livre pour parcourir l’histoire, depuis les premières bactéries jusqu’à Michael Jackson. Il y aura le Professeur, son assistant Tsoin-Tsoin, un combi Wolkswagen magique et trois loupiots, Mona, Tom et Harold. Je voudrais que ce soit une aide aux repères chronologiques pour les écoliers de 7-10 ans. Nous avons commencé à y réfléchir un peu sérieusement. Parution à la rentrée 2017 si les vents porteurs sont de la partie.
Vous êtes auteur, mais vous avez aussi travaillé pour J’aime Lire, parlez-nous de votre parcours ?
J’ai fait plein de choses dans l’édition, lecteur de manuscrits, correcteur, rewriter, éditeur de romans pour les 8-13 ans chez Casterman entre 1995 et 2001, romancier contemporain déprimé au Serpent à plumes et au Seuil, et éditeur des fictions de J’aime lire jusqu’il y a deux ans. J’aime lire propose des petits romans de 15 000 signes qui doivent être lisibles même par les plus rétifs à la lecture. Je lisais les projets soumis à la rédaction, les proposais au comité de lecture et les éditais du mieux possible (coupes, travail sur le scénario, syntaxe). J’ai rencontré là des auteur-e-s formidables. Je suis aujourd’hui rédacteur pour la revue Astrapi, où je m’occupe entre autres de la rubrique philo, « La question ».
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
Tout ce qui me tombait sous la main… J’avais un copain dont le papa était éboueur, il nous rapportait des tonnes de trucs. Picsou, Arthur et Zoé, Petzi, Oui-Oui, Jojo Lapin, les Six compagnons, les BD cheap genre Blek le Roc ou Captain Swing, Astérix, Gaston, Lucky Luke, Tintin, le Petit Nicolas… La littérature jeunesse telle qu’on la connaît aujourd’hui n’existait pas trop à mon époque. Ado, j’ai adoré les livres de Jacques Lanzmann, le parolier de Dutronc, que j’empruntais à la bibli. Je suis resté un lecteur boulimique et très éclectique.
Quelques mots sur vos prochains ouvrages ?
Un prof Tagada est donc dans les tuyaux. Et aussi une histoire de fruits et légumes qui quittent leur frigo pour vivre une vie d’aventures, avec Estelle Billon-Spagnol, si on avance bien comme on a dit qu’on ferait. La suite de l’Apprenti chevalier que j’écris avec mon grand poteau Rémi Chaurand pour les premières lectures de Nathan. Et aussi une série pour les petits mettant en scène des affreux marmots avec Anouk Ricard, chez les Fourmis rouges. Et après, on verra bien !
Bibliographie jeunesse (sélective) :
- Le doudou de la directrice, album illustré par Maurèen Poignonec, Didier Jeunesse (2016).
- Série L’apprenti chevalier, romans co-écrits avec Rémi Chaurand, illustrés par Bérangère Delaporte, Nathan (2011-2016), que nous avons chroniqué ici et là.
- série Tétine Man, BD illustrées par Guillaume Long, Didier Jeunesse (2011-2016), que nous avons chroniqué ici et là.
- Henri ne veut pas aller au centre de loisirs, album illustré par Ronan Badel, Didier Jeunesse (2013), que nous avons chroniqué ici.
- La fabuleuse méthode de lecture du Professeur Tagada, album illustré par Guillaume Long, Didier Jeunesse (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Les Aventures Agricoles d’Harry l’Agriculteur, roman illustré par Ronan Badel, Albin Michel jeunesse (2012).
Concours :
Grâce aux éditions Didier Jeunesse, l’un.e d’entre vous va gagner l’album Le doudou de la directrice. Pour participer, il vous suffit juste de laisser un commentaire sous cet article en nous parlant d’une directrice d’école (réelle ou imaginaire). Le.la gagnant.e sera tiré.e. au sort parmi tous les commentaires. Vous avez jusqu’à mardi 20 h. Bonne chance à tous et à toutes !
Le coup de cœur et le coup de gueule de… Gwenaëlle Doumont
Régulièrement, une personnalité de l’édition jeunesse (auteur.e, illustrateur.trice, éditeur.trice…) nous parle de deux choses qui lui tiennent à cœur. Une chose qui l’a touché.e, ému.e ou qui lui a tout simplement plu et sur laquelle il.elle veut mettre un coup de projecteur, et au contraire quelque chose qui l’a énervé.e. Cette semaine, c’est Gwenaëlle Doumont qui nous livre son coup de cœur et son coup de gueule.
Je préfère si vous voulez bien, commencer par mon coup de cœur. Non attendez, mes coups de cœur : d’abord, il y a ma fille, Olivia. vous allez me dire ha mais ouais c’est normal hein ça, ça compte pas… Oui mais cet été elle a participé à un stage de chant et je l’ai vraiment vue s’épanouir sur scène, avec des musiciens, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Et je me dis qu’elle sera bien armée pour affronter un tas de trucs si elle chante. Ensuite, j’ai vu une vidéo d’un papa qui encourage sa fille avant d’aller à l’école et il lui dit qu’elle est merveilleuse, que personne n’est mieux qu’elle et surtout qu’elle n’est mieux que personne. Et je pense que tout le monde devrait avoir droit à ce discours, enfant. Le monde serait vachement meilleur sans compèt. (sans qu’on pète aussi) Et puis j’ai aussi entendu un monsieur dire qu’on est capable de tout si on veut bien faire l’effort de conditionner son subconscient, de croire que tout est possible. En gros que nous sommes seuls maîtres de nos vies et que si on a envie de faire un truc, ben faut le faire et point.
Mon coup de gueule. Je n’en pousse pas souvent, je dois dire… Mais dans l’actualité voyons… Si, il y a quand même un truc qui m’a vraiment énervée beaucoup, c’est « l’hommage » rendu par des gens et même des amis sur Facebook à ce jeune garçon mort de faim et de froid en Flandre, Jordy Brouillard. C’est trop tard, les gars. Et je pourrais appliquer ce coup de gueule à moi aussi, parce que c’est pas facile d’agir, je me sens souvent ridicule avec ma petite pièce ou mon petit café offert aux SDF de ma rue. Oui, je suis sincèrement désolée pour tous ces gens sans toit mais j’ai la trouille, la trouille de leur parler, la trouille de les accueillir chez moi, de leur proposer de l’aide réellement je veux dire, de prendre du temps pour eux. Il m’est déjà arrivé d’avoir envie de m’asseoir à côté d’un ou l’autre, par terre, pour discuter et même ça j’ose pas… Le voilà mon coup de gueule. Cet été je me suis dégonflée, je voulais aller à Calais aider au camp des réfugiés, ben j’y suis pas allée parce que j’avais la trouille encore une fois. Et je crois que c’est ça le pire aujourd’hui, c’est que les gens sont morts de trouille.
Gwenaëlle Doumont est auteure et illustratrice.
Bibliographie sélective :
- J’aime pas être belle, illustration d’un texte de Stéphanie Richard, Talents Hauts (2016).
- Poussin vert, illustration d’un texte de Marie-Hélène Lafond, La Palissade (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Lisa et Nouh, illustration d’un texte de Catherine Macé, Alice Jeunesse (2016).
- Le garçon qui parlait avec les mains, illustration d’un texte de Sandrine Beau, Alice Jeunesse (2015).
- J’aime pas le foot, illustration d’un texte de Stéphanie Richard, Talents Hauts (2015).
- J’aime pas la danse, illustration d’un texte de Stéphanie Richard, Talents Hauts (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Série P’tite Pomme, illustration de textes de Delphine Gilles Cotte, Magnard Jeunesse (2015-2016), que nous avons chroniqué ici.
- Une aventure de Super Poilu, illustration d’un texte de Sandrine Beau, Frimousse (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Je suis une lionne, illustration d’un texte de Sandrine Beau, Philomèle (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Tous différents, illustration d’un texte de Céline Claire, Les éditions des Braques (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Super Héros, illustration d’un texte de Céline Claire, Vert Pomme (2013).
- La tapette à mouches, illustration d’un texte de Céline Claire, Les éditions des Braques (2013), que nous avons chroniqué ici.
- À la recherche de truc, texte et illustration, Zoom éditions (2012).
- Firmin, illustration d’un texte d’Ingrid Chabbert, Gargantua (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Vive Moi, illustration d’un texte d’Alice Brière-Haquet, Amaterra (2011).
Retrouvez Gwenaëlle Doumont sur son blog : http://gwendoulash.blogspot.fr et sur son book : http://gwendoulash.ultra-book.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Parler d’une Directrice d’école ? Facile, je peux vous parler de ma maman dont c’est la dernière année d’enseignement ! Quarante ans à enseigner dont vingt cinq en tant que “chef d’établissement” (c’est comme ça que l’on dit dans sa grosse école pleine de petits nenfants). Elle a voué sa vie à cette école, c’est peu de le dire. Au point que je m’inquiète que cela se termine. Car ma maman sans son école…et bien, j’ai du mal à me la représenter ! Mais elle va enfin pouvoir se reposer, et ça c’est chouette. J’avais déjà prévu de lui offrir l’album “Le doudou de la directrice” en juin mais si je le gagne, ce sera chouette !
Une directrice d’école, dans mon école de campagne, elle était aussi ma maitresse et du haut de mes 4 ans je la voyais comme une mamie très très vieille. Encore aujourd’hui, je ne sais pas quel âge elle pouvait avoir !
Elle étai très mais alors très gentille, elle nous racontait plein d’histoires. Elle faisait super bien la grosse voix des méchants alors qu’elle était super douce. Elle nous emmenait souvent nous promener dans les champs et les forets !!!
Voilà pour la directrice qui a le plus marqué ma vie d’enfant.
Sinon, on aime beaucoup Tétine Man à la maison.
Merci la Mare aux mots !
Sœur Marie-Rose ! Avec ses cheveux tout serrés et ses lunettes. Du haut de son bureau perché sur une estrade. Derrière elle, l’horloge de la classe qui sonne tous les 1/4h. C’était ma maîtresse de CM1-CM2, sévère et implacable. Mais, quelque part, humaine et juste. En tout cas, une vraie maîtresse à l’ancienne
Merci la Mare !
Moi je vais parler de ma directrice actuelle. C’est une femme extra ! Une collègue au top ! On a le même niveau (TPS/PS) ce qui nous permet de travailler ensemble, d’avancer dans nos pratiques.
Avec les enfants c’est une maîtresse douce et compréhensive, qui prend le temps, qui rassure, qui cajole, qui encourage…une deuxième maman.
Avec les parents c’est une directrice qui ne se laisse pas faire, exigeante, qui impose, qui contrôle, qui est vigilante. Elle dérange parfois avec ce côté autoritaire. Et pourtant elle fait un boulot extraordinaire. Elle fait tourner une école maternelle de 9 classes en REP tout en ayant en charge sa classe.
Je lui tire mon chapeau pour tout ça et je suis très chanceuse de travailler avec elle.
Christelle , si un jour tu lis ça, sache que je t’admire et que je me demande qui pourra te succéder dans 15 ans (bon ok peut être pas 15 mais 10 au moins 😉 ).
un livre qui n’irait pas pour mon école: c’est un directeur qui a repris les renes depuis 3 ans. Heureusement pour moi, il est très carré et organisé.. super pour moi qui déteste l’administratif ( je n’y comprends jamais rien!!!)
MErci une nouvelle fois pour tous vos conseils livresques!!! mes 23 loustics adorent!!!
Je pense directement à cette charmante directrice de maternelle qui m’avait fait comprendre que mon fils n’avait aucune chance de trouver une place dans son école vu la longue liste d’attente et les règles de priorité. Elle m’a pourtant rappelé, enjouée, une semaine plus tard pour m’annoncer que mon fils était accepté, grâce à des désistements. Le gros soulagement pour nous qui ne voulions pas le séparer de son grand copain de crèche… Je lui suis toujours infiniment reconnaissante.
Merci une nouvelle fois pour ce concours.
Hey la Mare! Vous parler d’une directrice d’école? Celle qui fait des câlins aux enfants qui pleurent au moment de la rentrée quand c’est difficile de quitter papa et maman? Moi je l’aime bien celle là et c’est la maîtresse de mon fils 😉
Merci
Bonjour,
Arf… Mon fils est dans la classe de la directrice de l’école, et malheureusement, le dialogue a du mal à s’installer entre elle et moi (je ne passe malheureusement jamais à l’école et je manque d’infos dans le cahier).
J’ai toujours entendu du bien d’elle, très attentive aux besoins particuliers des enfants, n’hésitant pas à se former sur son temps libre si besoin, alors j’ai espoir que cela se passe bien entre nous, une fois ces malentendus dissipés….
Merci pour ce concours !
Et merci à Gwenaëlle Doumont pour son coup de cœur.. très beau et véridique.
Mais aussi son coup de gueule que je partage…. Je m’inclus dedans.. cette trouille qui me paralyse et c’est pas juste, car j’aimerai arrêter d’avoir peur pour avancer et faire que chacun puisse trouver une belle place dans la vie !
Merci pour les invités du mercredi, très fort ce coup de coeur coup de gueule de Gwenaelle Doumont.
Je pense à la directrice de mon école quand j’étais petite une grand femme stricte mais sympathique, avec un beau pull rouge des années 90 et des yeux bleus très impressionnants. Elle me faisait un peu peur mais elle inspirait le respect. Très charismatique !
La directrice de mon fils est très impressionnante pour les enfants… Un matin où je pressais mon p’tit loup en disant “Vite, on part pour l’école, sinon Mme H. va pas être contente !”, il me répondit : “Toi aussi, tu as peur de Mme H. ?” Moi ? Noooon ! (Bon un peu, j’avoue.)
Merci pour les invités du mercredi, et le concours !