Aujourd’hui, nous recevons tout d’abord Delphine Chedru, une auteure/illustratrice à l’univers original, très graphique. J’avais envie de lui poser des questions sur son travail. Ensuite, c’est Anne Ferrier qui a accepté de nous livrer un coup de cœur et un coup de gueule. Entre les deux, vous pourrez tenter de gagner un ouvrage grâce aux éditions Hélium. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Delphine Chedru
Parlez-nous de votre parcours
J’ai fait des études de graphisme aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Au sortir de cette école, j’ai exercé pendant 10 ans le métier de graphiste indépendante. J’ai eu un enfant, un fils qui a maintenant 12 ans, et suis alors retombée dans la littérature jeunesse. Je dis retombée car j’ai toujours eu un rapport très vivant et très fort avec la littérature jeunesse. Je n’ai gardé aucun de mes jouets mais j’ai par contre conservé presque tous mes livres d’enfant. Je me suis donc mise à dessiner et à écrire. Puis à aller à la rencontre des éditeurs. Et petit à petit les livres se sont faits. Aujourd’hui je ne fais plus de graphisme mais uniquement des livres.
Quelles techniques d’illustration utilisez-vous ?
Je travaille directement sur ordinateur. Je fais parfois un vague croquis auparavant mais très souvent je me mets directement devant l’écran. Je travaille avec un logiciel (Illustrator) qui me permet de dessiner des formes de couleurs, un peu comme s’il s’agissait de papiers découpés. Je définis en général une gamme de couleur par livre et me cantonne à cette gamme comme si j’avais juste quelques tubes de peintures à ma disposition. Le plus gros travail ensuite est celui de la composition. Encore une fois, comme si je travaillais avec des papiers, je cherche le placement, l’organisation de mon image. Une fois que celle-ci me convient, je passe à la suivante. Au fur et à mesure de mon travail, je visionne les unes après les autres les différentes pages afin de “tester” la compréhension, le rythme, l’évidence de mon histoire, de mon propos.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Enfant j’ai beaucoup aimé (et j’aime toujours car pour moi un bon livre jeunesse est un bon livre “tout court”, c’est à dire que l’on peut prendre plaisir à le lire également en tant qu’adulte) Les trois brigands de Tomi Ungerer, Max et les Maximonstres ainsi que Petit ours de Maurice Sendak, L’arbre, le loir et les oiseaux d’Iela Mari, les Histoires de Souris d’Arnold Lobel, Apoutsiak de Paul Emile Victor, et les Histoires comme ça dans la version illustrée par l’auteur, de Kipling. Une fois adolescente j’ai aimé les livres de Bernard Clavel, de Michel Tournier, ou le Pays où l’on arrive jamais d’André Dhôtel.
Quels sont, actuellement, les illustrateur-trice-s qui vous touchent particulièrement ?
J’ai de la chance car je partage un atelier avec des personnes dont j’admire le travail : Aurore Callias, Manu Boisteau, Marc Boutavant, Emile Bravo, Julien Magnani. Par ailleurs j’aime beaucoup le travail de Katsumi Komagata, de Paul Cox, et de Kitty Crowther.
Pouvez-vous nous parler de votre magnifique album La Chasse aux papillons ?
J’avais envie de faire un livre sur une poursuite… Où tout au long du livre, le lecteur espère trouver ce petit papillon que l’on voit en première page mais n’arrive pas, comme le petit renard, à le débusquer. C’est aussi un livre de cache cache, comme certains que j’ai déjà faits, autour des formes. Une forme pouvant en cacher une autre, et une souris peut ressembler à un papillon. J’ai utilisé une gamme colorée relativement douce avec des couleurs que je n’emploie pas généralement (le rose, le kaki, et le saumon) qui donnent, à mon sens, une certaine douceur à l’album.
Quels sont vos projets ?
Comme souvent je travaille sur plusieurs projets en même temps. Je viens de finir un abécédaire. Je suis en train d’illustrer des poésies anglaises du 19eme siècle et je réfléchis à une série de livres pour tout petits.
Bibliographie sélective :
- Mon pop-up des bisous, illustration d’un texte d’Eric Singelin, Nathan (2015).
- Myrtille, illustration d’un texte d’Isabelle Rossignol, l’école des loisirs (2015).
- Chien rond et chat carré, texte et illustrations, Hélium (2015).
- Bonjour au revoir, texte et illustrations, Albin Michel (2014).
- Le livre-tapis des animaux, illustrations, Actes Sud Junior (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Ma première crèche, illustration d’un texte de Caroline Pellissier et Virginie Aladjidi, Nathan (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Jour de neige, texte et illustrations, Autrement (2013).
- La chasse aux papillons, texte et illustrations, Hélium (2012).
- Que deviennent les ballons lâchés dans le ciel ?, texte et illustrations, La joie de Lire (2010).
- L’arbrier, texte et illustrations, Albin Michel (2010).
- Quand tu dors…, texte et illustrations, Gallimard (2010).
- Loup y es-tu ? Me vois-tu ?, texte et illustrations, Naïve (2009).
- La petite bête qui monte, texte et illustrations, Hélium (2009).
Concours :
Comme je vous l’annonçais en début d’article, Hélium vous propose de gagner un exemplaire de Chien rond et chat carré. Pour cela, il vous suffit de commenter cet article, nous tirerons parmi les réponses ! Vous avez jusqu’à mardi, 20 h !
Le coup de cœur et le coup de gueule de… Anne Ferrier
Régulièrement, un acteur de l’édition jeunesse (auteur, illustrateur, éditeur…) nous parle de deux choses qui lui tiennent à cœur. Une chose qui l’a touché, ému ou qui lui a tout simplement plu et sur laquelle il veut mettre un coup de projecteur, et au contraire quelque chose qui l’a énervé. Cette semaine, c’est Anne Ferrier qui nous livre son coup de cœur et son coup de gueule.
Ce qui me tord vraiment les tripes depuis des semaines, c’est la nouvelle réforme de l’éducation nationale annoncée pour 2016. C’est le naufrage de l’École, une véritable catastrophe, un déni total de la réalité et de notre travail. Je suis en colère, mais surtout très triste.
Les horaires dévolus au français deviennent ridicules et les programmes ne sont plus que sont plus que fantômes creux, inconsistants, pâles vestiges d’une littérature riche et vivifiante !
Pour donner un exemple concret, quand j’étais élève de 6è, j’avais 8h de français par semaine. Actuellement, les 6è en ont 4h30. Avec la réforme, ils bénéficieront de généreuses 3h30. Nous perdons des heures à tous les niveaux, et il faudra de plus utiliser cette pauvre quotité horaire pour faire des Projets Interdisciplinaires, qui sont sans aucun doute fort intéressants, mais certainement pas À LA PLACE des cours ! Comment réinvestir dans des projets divers et variés quand on n’a pas acquis les bases ?
(et après, on s’étonne des cours d’orthographe imposés en fac ou dans les grandes écoles ?)
Les nouveaux programmes font disparaître TOUTE allusion à des auteurs, quels qu’ils soient, et à la place apparaissent des films, séries télévisées, documentaires, presse, arts numériques, …
Mais, et la littérature ? La culture patrimoniale ? Hugo, Verne et Marivaux, Molière, Zola, Shakespeare, La Fontaine et Aragon ?
On va priver des quantités d’élèves de l’accès à la langue, à la beauté de la langue, à la lecture, au plaisir des romans et des histoires en rabotant à l’extrême ce qui existe, qui n’est pas parfait certes, mais qui permet au moins de garantir une éducation nationale.
La réforme va creuser de façon terriblement injuste le fossé entre ceux qui ont déjà accès à la culture et ceux qu’on cantonnera à Plus belle la vie (si si, nos programmes stipulent désormais en toutes lettres « fictions audiovisuelles», à la place de « romans, contes, théâtre, poésie ») parce qu’ils ont du mal à lire, parce qu’ils ont peur des livres et des bibliothèques, parce qu’écrire une phrase correcte et donc la déchiffrer à l’écrit leur est compliqué.
Et au lieu de les aider à défricher les chemins de la connaissance, de les amener à la compréhension des textes et du monde, avec exigence (non, l’exigence n’est pas un gros mot : c’est respecter l’homme en chacun de nous, c’est croire dans les capacités de réflexion et de progression de tout enfant, quel qu’il soit), on va les abandonner, avec un mépris insupportable.
Fin de « l’ascenseur social ».
Fin aussi du latin, du grec, des classes bilangues jugées trop élitistes, bienvenue au nivellement par le bas, à la médiocrité. Au renoncement.
Aragon écrivait : “La littérature est une affaire sérieuse pour un pays, elle est au bout du compte, son visage.”
Quel visage allons-nous offrir au monde, désormais ?
En comparaison, mon coup de cœur est assez naïf, je crois.
Pourtant je ne cesse de m’émerveiller devant les sursauts de solidarité, les trésors d’humanité et de bonté que l’être humain sait trouver pour contrer la connerie violente, l’intolérance, le racisme, la peine de mort et la bêtise crasse du quotidien. Tous ces élans spontanés d’individus qui finissent par former une foule, tous les « Je suis… » du monde opposés à ceux qui tuent, violent, asservissent. Tous ces mouvements porteurs d’espoir et d’émotions, de rires et de larmes mêlés, qu’il s’agisse de sauver des enfants, des jeunes filles, des arbres ou des loups, qui me laissent croire que l’homme n’est pas que cet être violent, cupide, sournois et cruel dont il a tendance à montrer le visage monstrueux plus souvent que sa face humaniste.
Je veux croire en cela, en la beauté et la lumière de l’humanité.
Parce que sinon, autant se jeter sous les trains.
Bibliographie sélective :
- Lancelot, l’enfance d’un chevalier, album illustré par Christelle Le Guen, Éditions Millefeuille (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Les Chroniques étranges des enfants Trotter ; T3 : Les pierres de prophétie, roman avec Régine Joséphine, Oskar Éditions (2012), que nous avons chroniqué ici.
- La meneuse de bêtes, roman, Oskar Éditions (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Morgane, L’enfance d’une magicienne, album illustré par Christelle Le Guen, Éditions Millefeuille (2012), que nous avons chroniqué ici
- Les Chroniques étranges des enfants Trotter ; T2 : le chien des ténèbres, roman avec Régine Joséphine, Oskar Éditions (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Arthur, l’enfance d’un roi, album illustré par Christelle Le Guen, Éditions Millefeuille (2011), que nous avons chroniqué ici
- Les Chroniques étranges des enfants Trotter ; T1 : la Malédiction Shakespeare, roman avec Régine Joséphine, Oskar Éditions (2011)
- Merlin, l’enfance d’un enchanteur, album illustré par Christelle Le Guen, Éditions Millefeuille (2010), que nous avons chroniqué ici
- Petit Pot de Colle, album illustré par Grégory Béal, Éditions Millefeuille (2009), que nous avons chroniqué ici
- Une vie de château, album avec Régine Joséphine, illustré par Virginie Grosos Éditions Millefeuille (2008), que nous avons chroniqué ici
- Un crocodile dans le ventre, illustré par Roselyne d’Oreye, Pastel (2008), que nous avons chroniqué ici.
- Patte Rouge, album avec Régine Joséphine, illustré par Virginie de Lambert Éditions Millefeuille (2007), que nous avons chroniqué ici
Retrouvez la sur son site : http://www.anne-ferrier.fr.

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
je tente ma chance pour mon loulou !
bon mercredi !
ce que j’adore avec vous, c’est qu’on découvre toujours des auteurs/illustrateurs trop chouette..;. cela dit mon banquier ne vous remercie pas. allez, je tente, pour le loustic, euh… pour moi aussi hein 🙂
quand au coup de gueule, je crois que je vais constituer au loustic une bibliothèque avec tous ces romans, pièces de théâtre, recueil de poésies… si l’école ne l’ouvre plus à ça, il va falloir le faire… mais c’est triste…
Hello 🙂
Très réceptive à l’univers de Delphine Chedru je suis très contente de la découvrir davantage à travers cet interview, merci !
Je tente ma chance également, merci pour ce concours!
Bonjour
Ca m’a fait drôle de lire qu’elle n’avait conservé aucun jouet de son enfance car c’est mon cas!
Mes parents à l’époque ont tout donné et j’ai la nostalgie des tourne disques fisher price et autres jeux sans pile ou électronique cette période!
Du coup je garde les beaux jouets de mon petit loup en espérant qu’il sera content de les retrouver plus tard!
Bref, là n’est pas le sujet… C’était ma petite confidence nostalgique!
Je tente ma chance pour ce super album pour mon garçon!
Merci!
Bonjour,
Je partage intégralement le coup de gueule d’Anne Ferrier… d’autant plus que je suis professeure de français !
Merci et bonne journée.
Bonjour !
Je participe et je me joins au coup de gueule d’Anne Ferrier, malheureusement…
J’ai beaucoup pensé à ces articles du mercredi pendant mes vacances car je suis tombée par hasard sur une expo d’illustrateurs de livres pour enfants magnifique.
Bonne journée
Céline
Bonjour et merci pour ce charmant concours ! Je tente ma chance. Bravo à Delphine Chedru pour ses livres tous plus magnifiques les uns que les autres (“Cherche la petite bête” … quel bonheur … malheureusement épuisé !). Bravo aussi à Anne Ferrier dont je partage le coup de gueule !
MA fille Estelle a bien envie de découvrir ce qu’est un chat carré !!
Belle journée à tous,
J’aime beaucoup le travail de Delphine Chedru, merci pour cette interview et pour ce concours !
Encore une belle interview, merci. Je partage le coup de gueule d’Anne Ferrier
Je participe au concours avec plaisir.
Je tente ma chance pour ma fille ! Merci pour le concours
Je participe car je suis le travail de Delphine Chedru et son graphisme , ses jeux de formes me plaisent beaucoup alors je croise les doigts . Et bravo à Anne Ferrier pour ce qu’elle dit.
Bonjour,
Merci pour cette interview très intéressante, nous cherchons souvent la ” petite bête” à la maison et l’imagier est très joli, très chic. Je joue pour mes enfants, bonne continuation
Bonjour,
Merci pour ces deux jolies découvertes.
Je vais m’empresser d’en lire un peu plus!
Bonne journée,
Elodie
Je ne connais pas tres bien les livres de Delphine Chedru, alors ce concours est une chouette occasion 😉
Sympa de découvrir la manière dont travaille Delphine Chedru.
Juste coup de Gueule d’Anne. Les projets interdisciplinaires sont d’une richesse indiscutables mais ne déshabillons pas Paul pour habiller Jacques. Quand à son coup de coeur, certes mais je ne suis guère aussi optimiste car le mot sursaut employé par Anne reflète malheureusement bin cet élan : un sursaut et ça retombe.
Merci pour ces invitées du mercredi. C’est toujours un plaisir de découvrir ou redécouvrir ces acteurs de la littérature jeunesse.
A la maison, nous sommes tous très fan de l’univers de Delphine Chedru.
Et bravo à Anne Ferrier pour ces coup de gueule et coup de cœur.
Encore un beau mercredi chez La mare aux mots.
De belles découvertes et un coup de gueule totalement partagé.
Je tente ma chance pour mon neveu et ma nièce.
Merci pour ce concours.
Merci pour toutes ces découvertes
Je tente ma chance pour le concours !
Hey la mare!
merci je tente ma chance!
🙂
Bonjour
Merci pour le concours.
Avec mon petit garçon on joue beaucoup avec les formes. on adore faire des robots.
Mais on a hate de découvrir ce que fait Delphine avec ses chiens et ses chats !
Merci
Bonjour,
Merci, je ne connaissais pas (encore) Delphine Chedru! Je tente ma chance…
Isabelle
Bonjour
avec un titre pareil chien rond chat carre, ça promet ! je participe avec grand plaisir ! merci pour ce nouveau rdv littérature 🙂
bien belle fin de journée a vous
Je tente ma chance car j’adore les livres de Delphine Chedru.
bien envie de découvrir ce livre avec ma fille 🙂
Bonne soirée
Bravo MORAN