Aujourd’hui, nous recevons Delphine Garcia, une illustratrice que j’ai découverte il y a peu à travers deux facettes très différentes. D’un côté Jean et Marguerite (sorti chez Les p’tits bérets), un album très personnel, et de l’autre son personnage de Gwen la bigouden (chez Locus Solus). J’ai eu envie de parler de ses influences et de son travail avec elle. Ensuite, pour notre rubrique Parlez-moi de… j’ai eu envie de revenir sur le superbe Mais… comment naissent les parents (que nous avons chroniqué ici) avec ses auteurs et son éditrice. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Delphine Garcia
Parlez-nous de votre parcours ?
Haute comme trois pommes, j’étais déjà passionnée par le dessin et franchement, je ne voyais pas quoi faire d’autre ! Naturellement, je me suis orientée vers un BAC arts appliqués à Brest puis un BTS communication visuelle à Quimper. À la fin de mes études, j’ai trouvé un poste de graphiste à Paris et n’imaginais absolument pas me mettre à mon compte 3 ans plus tard.
Aujourd’hui, je vis à Bordeaux avec ma petite famille.
Quelles techniques utilisez-vous pour vos illustrations ?
J’aime varier les plaisirs et ne pas me limiter à un style précis. Mon côté « graphiste » certainement.
J’utilise les techniques traditionnelles comme l’aquarelle, l’encre ou les crayons de couleur, mais aussi l’ordinateur pour l’ajout de matières par exemple.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Je n’ai jamais été une grande lectrice (pas bien !), vivant à Tahiti jusqu’à mes 8 ans, j’étais plutôt plage, cocotiers et tortue ! Dur dur, le retour en Bretagne ! Je me suis plongée dans la musique et le dessin. Ma mère a gardé tous mes livres d’enfant, contes, Casimir, Fantômette… j’étais fascinée par les illustrations.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’album Jean et Marguerite ?
Cet album est très personnel. Jean Coatéval, célèbre accordéoniste en Bretagne et Marguerite ont vraiment existé. Tous les deux étaient très attachants. À l’époque, j’étais jeune accordéoniste soliste dans les Fest-Noz, ils m’ont pris sous leurs ailes comme de vrais grands-parents.
Je travaillais sur le projet lorsque Manuel Rulier m’a contacté. Son texte est chantant et léger, il a tout de suite compris mes attentes. Les dessins sont très différents de mes autres albums, un trait vivant, dansant, correspondait mieux à l’ambiance du livre.
Ce projet est resté quelques années dans les cartons sans trouver d’éditeur, et un beau jour… Caroline Pérot des P’tits Bérets me contacte. Aujourd’hui, miracle, il est en librairie ! Mon seul regret : que Jean et Marguerite ne soient plus là pour le lire.
Y a-t-il des illustrateurs actuels que vous aimez particulièrement ?
Un tas !
Si je dois en sélectionner : la finesse du trait de Marie Desbons, le génie de Frédéric Pillot, l’exotisme de Judith Gueyfier (amie de lycée)…
Quels sont vos projets ?
Mon prochain album « Panique à la plage ! » avec les personnages de Marco, petit garçon plein de vie et Polo, son canard à roulettes doit sortir fin avril aux éditions Locus Solus. J’espère très vite une suite de leurs aventures mais aussi de Gwen la bigoudène.
Je réfléchis également à d’autres projets, en solo ou avec d’autres auteurs talentueux. Actuellement, je cogite à l’élaboration de livres plus graphiques, notamment, sur un en particulier, mêlant photos et illustrations, en collaboration avec une amie photographe.
Bibliographie :
- Panique à la plage ! Marco & Polo, Locus Solus (2014).
- Oh, les belles couleurs !, Locus Solus (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Cahier de jeux – Gwen et Job, Locus Solus (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Jean et Marguerite, illustration d’un texte de Manuel Rulier, Les p’tits Bérets (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Qualité et défauts, illustration d’un texte d’Anne-Marie Grosser, Éditions Formulette (2012).
- Mr Boniface, illustration d’un texte de Guy Jimenes, Éditions Lire c’est partir (2012).
- Astalik fait ses courses !, illustration d’un texte d’Eliette Abecassis, Thomas Jeunesse (2010).
- Mon cahier de gribouillage, illustration d’un texte d’Eliette Abecassis et Marie Delhoste, Thomas Jeunesse (2010).
- Mon grand livre des papas, illustration d’un texte de Didier Sustrac, Thomas Jeunesse (2010).
- Comment faire dodo quand on n’a pas envie de faire dodo, illustration d’un texte d’Yves Hirschfeld, Thomas Jeunesse (2010).
- Je ne veux pas dormir !, illustration d’un texte d’Eliette Abecassis, Thomas Jeunesse (2009).
- Il a tout et moi j’ai rien !, illustration d’un texte d’Eliette Abecassis, Thomas Jeunesse (2009).
- Le canard qui ne faisait pas coin-coin, illustration d’un texte d’Arthur Beauregard, Thomas Jeunesse (2008).
- T’es plus ma maman !, illustration d’un texte d’Eliette Abecassis, Thomas Jeunesse (2008).
- Chouette, il pleut !, Éditions Coop Breizh (2006).
- Une journée avec Gwen la bigoudène !, Éditions Coop Breizh (2004).
Retrouvez Delphine Garcia sur son site : http://www.dg-freedesign.com.
Parlez-moi de… Mais… comment naissent les parents ?
Régulièrement, on revient sur un livre qu’on a aimé avec son auteur, éventuellement son illustrateur et son éditeur. L’occasion d’en savoir un peu plus sur un livre qui nous a plu. Cette fois-ci, c’est sur un de nos coups de cœur, Mais… comment naissent les parents ? (chroniqué ici), de Jean Regnaud et Aude Picault que j’ai eu envie de revenir (avec aussi l’éditrice, Mélanie Edwards).
Jean Regnaud (auteur) :
Au départ, je voulais écrire une petite histoire toute simple pour expliquer à un enfant qui était né grâce à une PMA la genèse de sa création. Je souhaitais à tout prix éviter que cette particularité puisse être comprise comme une différence. C’est pourquoi le récit que j’ai imaginé met sur un pied d’égalité la PMA et toutes les autres façons de venir au monde, ou plutôt, de créer ses parents. Car, c’est une évidence, quelle que soit la manière dont on le conçoit ou reçoit (dans un lit, via une FIV, grâce à une adoption, avec d’autres mamans ou d’autres papas), c’est quand l’enfant arrive dans notre famille que nous devenons un parent.
L’envie d’écrire ce livre m’est venue bien avant les manifestations contre le mariage pour tous et les polémiques visant le contenu de certains ouvrages jeunesse. Ces opinions rétrogrades désirent un monde qui n’existe plus, mon histoire dépeint simplement, et humblement, le monde tel qu’il est. Dans nos maternelles, les enfants ont aujourd’hui des genèses chimiques, des parentèles ésotériques, et je suis très fier d’appartenir à ce monde ouvert et tolérant.
Enfin, je suis particulièrement heureux que Aude Picault ait accepté d’illustrer cette histoire. C’est elle qui a eu l’idée d’incarner les personnages par des petits animaux. Son talent graphique a apporté au récit une belle âme et une réelle douceur.
Aude Picault (illustratrice) :
J’illustre rarement les histoires des autres, mais celle de Jean m’a tout de suite plu, par sa simplicité, son humour et sa justesse.
Il pose un point de vue d’enfant imparable sur ce qui existe, en dehors des jugements « adultes » qui veulent diviser la vie en « Ça c’est bien, ça, c’est mal ».
J’aime dessiner mes histoires avec des animaux. Pour celle de Jean, ce choix me semblait aussi adéquat : après tout, combien de façons incroyables de se reproduire les animaux n’ont-ils pas déjà inventées ?
Le site d’Aude Picault : http://www.audepicault.com.
Mélanie Edwards (éditrice):
Lorsque j’ai reçu le projet de Jean et Aude, j’ai aussitôt autant aimé le texte que les illustrations (ce qui n’est pas toujours le cas quand un auteur et un illustrateur arrivent ensemble). Dans les petits crayonnés d’Aude, il y avait déjà la poésie, la délicatesse et la tendresse qu’on retrouve dans l’album. J’ai donc choisi un petit format, qui me paraissait bien préserver le côté intime et personnel du propos de Jean.
L’histoire, toute simple, m’a plu pour son humour, pour la façon qu’elle avait d’inverser l’éternelle question existentielle « d’où je viens ». Et surtout parce qu’elle ne posait aucun jugement sur les différentes situations de famille des enfants. Chacun raconte comment ses parents sont nés, et on ne se dit jamais que l’histoire de l’un est plus enviable que celle d’un autre. Pour l’anecdote, Jean avait écrit un livre Ma maman est partie en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill (Gallimard), Aude avait publié une BD qui s’appelait Papa (L’Association) en hommage à son père, et moi, en tant qu’auteur, j’avais publié un album qui s’intitulait Et me voilà ! (Bayard Jeunesse), qui racontait treize naissances différentes, alors nous étions faits pour nous rencontrer autour de Mais… comment naissent les parents ? Et le livre s’est fait avec une facilité très appréciable, dans le dialogue, l’échange et le plaisir. Je suis très contente qu’il paraisse à un moment où de grands débats agitent la société, parce qu’il apporte des réponses d’une simplicité désarmante, qui me paraissent justes et vraies, en adéquation avec la vie réelle des enfants, et de leurs parents.
Le site de Magnard : http://www.magnard.fr.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Merci pour la découverte d’une nouvelle illustratrice (enfin nouvelle pour moi bien sûr).
Je suis complètement fan de la rubrique parlez moi de qui revient sur un livre.
Vivement mercredi prochain 🙂
Bonjour!!
C’est encore un excellent post!! Toujours de nouvelles découvertes, de belles rencontres avec ces acteurs de la littérature jeunesse. Le livre “comment naissent les parents” m’interpelle! J’avoue qu’en regardant la couverture, je n’aurai pas choisi ce livre, je n’aurai pas eu envie de le lire. L’illustration est mignonne mais elle ne m’attire pas. Mais en lisant le point de vue de l’auteur, l’illustratrice, l’éditrice, je n’ai qu’une envie, c’est de m’y plonger. J’aime bien l’idée que les parents ont été enfant, qu’il y a eu une naissance de la personne mais aussi, et ça je n’y pensais pas à la naissance du statut “parent”!! Et oui sans enfant, on n’est pas des parents donc double naissance à la venue d’un bébé!! C’est fort comme idée!! ça me plaît!! ça me fait penser au roman “nos étoiles contraires” de John Green où lorsque la maman a peur de perdre sa fille, elle dit qu’elle ne sera plus maman!!
Bref, tout ça pour dire merci encore pour ce mercredi…et pour tous les autres jours de la semaine!!
Bonne journée
merci !
J’aime bien l’univers de Delphine Garcia, découverte avec Gwen la bigoudène du temps où elle est sortie chez Coop Breizh. J’avoue préférer d’ailleurs les premiers traits de cette bigoudène à ceux de maintenant. “Oh les belles couleurs” est bien conçu.
Même impression sinon pour le deuxième que l’avis de Nathalie. La couv ne donne vraiment pas envie. Mais ton post oui. Merci.