Aujourd’hui je vous propose deux albums bouleversants et poétiques qui traitent d’un sujet d’actualité : les migrant·e·s. Le très beau La chanson qui venait de l’autre côté de la mer d’Emma Virke et Fumi Koike et le sublime Migrants d’Issa Watanabe… Bonne lecture.
Un soir, une grand-mère renard emmène son petit-fils en haut d’une montagne. Là, face à la mer, elle se met à fredonner une étrange chanson que le renardeau, Lazlo, ne connaît pas. Une chanson triste… La vieille animale se met alors à lui raconter l’histoire de cette musique. Une histoire de fuite, de migration, de rencontres… Une histoire de vie.
La chanson qui venait de l’autre côté de la mer est un magnifique album qui nous parle à la fois des migrations et de l’importance de la transmission des cultures familiales. Car cette chanson que la grand-mère fredonne à son petit-fils, c’est un patrimoine, un héritage riche et important. Emma Virke nous propose une magnifique histoire. On suit le parcours de vie de la grand-mère qui vient « de l’autre côté de la mer », contrainte de fuir lors d’une chasse, elle se réfugie dans les cales d’un bateau avec pour seule compagnie sa flûte qui lui sera confisquée… Le récit est infiniment beau et compréhensible à hauteur d’enfant. Les illustrations douces et lumineuses de Fumi Koike nous plongent dans un univers riche, où des animaux tentent de survivre face à la violence du monde. Tout est gracieux, vivant et surtout optimiste. On referme cet album en fredonnant un air qui nous rappelle notre « autre côté de la mer » à nous…
Un magnifique album sur la transmission familiale et les migrations ! Un coup de cœur
Tout le monde est là, prêt à partir : le loup, le lion, le lièvre, la grenouille, l’ours. Tous se préparent au voyage et à l’inconnu. Sur eux et elles, veille une drôle de créature portant un manteau fleuri : la mort. Elle attend sagement son tour…
C’est un album à la fois lumineux et puissant que nous propose Issa Watanabe. Un album sans texte. Simplement une suite de scènes sur fond noir où des animaux anthropomorphes évoluent. On suit la longue traversée de cette foule bigarrée et colorée, depuis leur départ d’une terre que l’on imagine détruite par des guerres, une famine… jusqu’à leur arrivée… Mais en chemin, ce groupe si uni et soudé va devoir passer la terrible épreuve de la mer (qui nous fait écho…), et la mort, si sage jusqu’à présent, n’épargnera pas l’un d’entre eux et elles. Malgré cette tragédie, Issa Watanabe nous propose un album qui se veut résolument positif. La dernière page nous dépeint la « scène d’arrivée » ou les plus jeunes s’extasient devant un arbre en fleur, signe de renaissance. C’est un album coup de poing que ce Migrants, un album qui nous prend aux tripes, nous fait monter les larmes aux yeux. Si l’autrice-illustratrice en fait un livre onirique et poétique, la dimension politique existe bel et bien. Et c’est peut-être là la force de l’ouvrage : en refusant « d’humaniser » les migrant·e·s, en en faisant des animaux (tous différents) Issa Watanabe touche à l’universel. Et c’est tant mieux.
Un album puissant et bouleversant sur les migrant·e·s. Un coup de cœur !
La chanson qui venait de l’autre côté de la mer Texte d’Emma Virke, (traduit du suédois par Nils Ahl), illustré par Fumi Koike L’étagère du bas 14 €, 300×225 mm, 32 pages, imprimé en France, 2020. |
Migrants d’Issa Watanabe La Joie de Lire 15,90 €, 238×235 mm, 40 pages, imprimé en France, 2020. |
Née au début des années 90s, tour à tour professeure, amoureuse de la vie, de la littérature, de la musique, des paysages (bourguignons de son enfance, mais pas que…), des films d’Agnès Varda, des vers de Cécile Coulon et des bulles de Brétecher. Elle a fait siens ces mots de Victor Hugo “Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent”.