Connaissez-vous le code alpha international, ou alphabet radio ? C’est un code utilisé dans l’aviation, la police ou chez les pompiers, pour communiquer par radio en étant sûr de se faire comprendre et où chaque lettre correspond à un mot. Par exemple, vous voulez épeler le mot « banane » (oui, je suis sûre que les pompiers utilisent beaucoup le mot « banane »), vous dites : bravo-alpha-november-alpha-november-echo. Finies les conversations du type :
« B.
– Hein ?
– B.
– J’ai pas compris. D comme David ou P comme Paulette ?
– Nan, B. Comme Bernard. »
De cet alphabet dont je viens de prouver l’utilité au quotidien (sauf que personne ne le connaît, donc en fait ça sert à rien), Isabelle Arsenault, déjà connue pour ses superbes ouvrages Jane, le renard & moi, et Virginia Wolf, tire un abécédaire tout en finesse et en sensibilité. Sur la page de gauche, les mots de l’alphabet radio, sur la page de droite, l’illustration correspondante. Face à « delta », un avion en papier. Face à « hotel », une maison rouge de Monopoly. Face à « Juliet », un flacon dans lequel se dessine le reflet d’une jeune fille. Face à « Romeo », un poignard dans lequel se dessine le reflet d’un jeune homme. Eh oui, on ne pouvait pas attendre d’Isabelle Arsenault un abécédaire basique : dans ce code très terre-à-terre, elle a vu un magnifique moyen de familiariser les enfants à l’alphabet et au langage codé et, y insufflant son talent, elle en a fait de la poésie.
Des extraits sur le site de l’auteure.
Ab est un grand bonhomme rouge, Cé est un petit bonhomme noir, et tous deux sont amis. Ils ne se parlent pas beaucoup, pas du tout même, mais ensemble, ils sautent d’une falaise en feu et plongent dans une flaque, ils rencontrent un koala qui les invitent à manger, ils dorment à la belle étoile mais sont surpris par l’orage, ils s’échappent d’un zoo tenu par un zèbre… Bref, ils en vivent, des aventures, en 26 lettres !
Cet album, qui se déplie comme un accordéon, est un abécédaire, comme le laisser présager son titre, mais un abécédaire un peu particulier, puisqu’il est consacré aux onomatopées ! « Aaahh » fait Cé quand il tombe, « Boum » fait son avion quand il s’écrase, « Ding Ding Ding » fait la cloche du bateau qui passe derrière eux, « Grrr » fait la grenouille sur laquelle ils sont tombés… On suit avec plaisir les deux petites créatures qui passent d’une île à la jungle, d’un bivouac en montagne à un poulailler, d’une usine à l’enclos d’un yack. Au premier coup d’œil, on se demande où est la cohérence, en dehors des onomatopées, pourquoi avoir mis des quilles dans le poulailler, pourquoi avoir fait passer une navette spatiale dans la nuit étoilée… Et puis ça fait tilt ! Ce qu’on avait pris d’abord pour un « simple » abécédaire des onomatopées se transforme en imagier, et on reprend chaque volet de l’accordéon cartonné pour trouver dans les très jolis dessins colorés tous les mots qui commencent par la lettre concernée. Et c’est assez génial !
On ne dirait pas comme ça, mais les enfants ont des journées rudement chargées, comme Tom. À 7 h 50, c’est l’heure du chocolat chaud : hum, la bonne odeur du cacao. À 8 h 10, c’est l’heure des chasses aux trésors : où est donc passée la deuxième chaussure ? À 10 h, c’est l’heure du Top départ : faites vrombir les tricycles ! À 13 h 35, c’est l’heure de rien, parce que c’est bien, parfois, de ne rien faire. À 15 h 15, c’est l’heure des couleurs : à vos pinceaux ! À 18 h 15, c’est l’heure des grandes traversées… dans le bain ! Et à 20 h 30, c’est l’heure des songes et de leurs mondes incroyables !
Pas facile pour les enfants de se figurer le temps qui passe et l’emploi du temps de la journée, surtout quand on ne sait pas lire l’heure. Voilà une jolie façon d’apprendre les heures importantes de la journée et de les rassurer sur ces moments loin de la maison qui peuvent leur sembler insurmontables. Avec beaucoup de poésie, Gwen Keraval donne vie à tous les « grands » moments des journées des enfants, avec de très belles illustrations au charme vintage. Celle de l’heure des songes est vraiment splendide !
Des extraits sur le site de l’auteur.
Le même vu par La Soupe de l’espace et Maman Baobab.
Qu’est-ce qu’elle travaille, la p’tite souris ! Le lundi, à Paris, dans la chapelle, elle fait de la dentelle ; le mardi, à Quimper, dans un hôtel, elle fait des bretelles ; le mercredi, à Angoulême, dans la ruelle, elle fabrique des ombrelles ; le jeudi, à Saint-Leu, sur la passerelle, elle tricote des gilets de flanelle… Quelle semaine !
L’auteure Bernadette Pourquié reprend ici la comptine « Bonjour Madame, quelle heure est-il ? », en imaginant d’autres situations, dans d’autres villes, avec d’autres personnages. Chaque page est l’occasion pour l’enfant d’apprendre sans en avoir l’air : les jours de la semaine d’abord, les villes ensuite, les couleurs enfin. Dans des tons plutôt gris, rehaussés par quelques touches de couleurs, les illustrations mettent en situation des personnages dans leur vie quotidienne, avec des adultes, des enfants, des animaux, et plein de détails à repérer : les enfants adorent ! Si après ça, ils ne connaissent pas les jours de la semaine sur le bout des doigts, il n’y a plus d’espoir que ça arrive un jour !
Le même vu par Le tiroir à histoires.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué des ouvrages d’Isabelle Arsenault (La Boîte à souvenirs), de Matthieu Maudet (Le Moustoc, Ouvre-moi ta porte, Un jeune loup bien éduqué, La croccinelle, Le ça, Bonjour facteur et Bonjour docteur), de Gwen Keraval (La Princesses Tralala, 10 contes de Chine, Drôle de planète !, Yoshka et La sorcière au nez de fer) et de Aude Poirot (Le charme d’Angèle et La chauve-souris). Retrouvez aussi notre interview de Matthieu Maudet.
Alpha D’Isabelle Arsenault La Pastèque 15 €, 197×197 mm, 60 pages, imprimé en Asie, 2015. |
Ab et Cé De Matthieu Maudet l’école des loisirs, dans la collection loulou & cie 11,30 €, 288×282 mm, 28 pages, imprimé en Malaisie, 2015. |
Les petites heures De Gwen Keraval Fleur de Ville 12,90 €, 195×195 mm, 30 pages, imprimé en Catalogne 2014. |
Il est midi petite souris Texte de Bernadette Pourquié, illustré par Aude Poirot Frimousse 15 €, 207×308 mm, 18 pages, imprimé en Slovénie, 2014. |
Marie
Mariée, 1763 livres et 1 canevas de Claude François