Aujourd’hui, je vous propose un petit tour chez les sorciers.ères à travers trois albums qui nous offrent chacun un angle de vue bien différent.
Roussette vit à l’époque des chevaliers et des châteaux forts. Elle est orpheline, mais surtout elle est rousse. Au Moyen Âge, le roux c’était la couleur des flammes, donc de l’enfer. Dans son village, Roussette est considérée comme une sorcière. Les autres enfants se moquent d’elle et la bousculent. Un jour, ils réussissent même à la pousser dans une grotte profonde et obscure. Roussette se rend rapidement compte que cette grotte est habitée par de drôles de créatures, toutes blanches, des sortes de fantômes avec des oreilles pointues et des moustaches. Ce sont les « zaffreux ». Roussette essaye de les chasser mais ils restent plantés à la regarder. Ils lui apportent même une pomme pour le goûter. En fait, ce sont des « zaffreux mignons ». Grâce à eux, elle trouvera une sortie et donnera une bonne leçon aux vauriens du village.
Roussette est les Zaffreux est une petite fable sur l’exclusion et l’acceptation de la différence. Roussette finit par trouver dans son imaginaire la force de s’imposer aux autres enfants et de dédaigner leurs moqueries. Le texte de l’album est court et laisse toute la place aux illustrations, de larges aplats de couleurs, qui ne sont pas du tout statiques et figurent joliment la danse de la joie qui se fait jour dans l’imagination de Roussette.
Un joli album pour apprendre qu’il ne faut pas juger les gens sur leur aspect extérieur.
Sebastião est las ce matin, las de toutes les souffrances du monde qu’il a vu et photographié. Son pays natal lui manque, ses arbres et ses forêts. Il décide de rentrer chez lui, après de longues années d’absence. Quand il y arrive, stupeur ; la forêt a disparu. Son amie d’enfance, Gabriela, lui explique que c’est et l’homme et l’argent qui ont dévasté la forêt. Que faire ? Gabriela a une idée, il faut replanter la forêt. Mais il faudra de l’argent, il faudra des bras, il faudra du courage, de la volonté, de la persévérance. Qu’importe ! Le défi vaut la peine et Sebastião s’embarque dans l’aventure. Il trouve des graines, et de l’eau. Il rate, et il recommence inlassablement. Pour tous, il devient « le sorcier vert ».
Sebastião, c’est le photoreporter Sebastião Salgado, et Valentine Goby s’est inspirée de son histoire pour écrire ce conte écologique mais aussi des images de Muriel Kerba puisque c’est le principe de la collection « Les décadrés » (c’est à partir des illustrations que les auteurs.es écrivent un texte). Muriel Kerba a travaillé à partir de collages, grattage, utilisant pastel, crayons et acrylique. Le résultat est absolument magnifique, on se perd dans ces entrelacements de branches et de racines dans lesquels se mêlent nature et architecture, composant un paysage imaginaire de toute beauté. Le texte entre parfaitement en résonnance avec ces illustrations. Avec des mots simples, Valentine Goby réussit à transmettre la passion et l’engagement de Sebastião Salgado qui, pendant quinze ans, s’est consacré à replanter une forêt atlantique au Brésil.
Une fable écologique pleine de poésie qui nous redonne espoir.
Saviez-vous que parfois les chats accompagnent les sorciers dans leurs ballades afin d’apprendre à transformer les gens antipathiques en souris ? Que les sorcières aiment la couleur lavande car elle leur va bien au teint ? Ou encore qu’elles raffolent des limaçons crus en apéro ? Dans son nouveau dictionnaire, Grégoire Solotareff a décidé de tout nous apprendre sur les sorcières : leurs recettes fétiches (un ver de terre dans un verre de terre auquel on ajoute un verre de bave d’escargot, et beaucoup de sucre, miam !), leurs meilleurs amis (xanthies, lézards et autres chats, noirs bien sûr), leurs goûts vestimentaires, leurs formules magiques. Tout y passe. En tout cas tout l’alphabet. Mais dans le désordre s’il-vous-plaît, parce qu’il est bien connu que jamais une sorcière ne respecterait l’ordre alphabétique !
Sur le modèle de son célébrissime Dictionnaire du père Noël, Grégoire Solotareff nous livre ici un nouvel opus sur cet autre personnage classique de l’imaginaire enfantin, les sorcières. Avec des traits simples et de grands aplats de couleur, il nous dépeint les mœurs des sorcières. C’est drôle, impertinent, souvent absurde, et les enfants adorent ça !
Roussette et les Zaffreux![]() de Thomas Lavachery l’école des loisirs dans la collection Pastel 11,50 €, 240×170 mm, 32 pages, imprimé en Belgique, 2016. |
Le sorcier vert![]() Texte de Valentine Goby, illustré par Muriel Kerba Editions Thierry Magnier dans la collection Les Décadrés 16,80 €, 230×320 mm, 40 pages, imprimé en Belgique, 2016. |
Dictionnaire des sorcières![]() ![]() de Grégoire Solotareff école des loisirs 14,80 €, 190×190 mm, 188 pages, imprimé en France, 2016. |

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !


