Aujourd’hui, une chronique drôle et fantaisiste, à l’image des deux albums présentés. Le premier vous fera saliver en vous donnant une étonnante recette de galette, tandis que dans le second trois petits cochons se muent en enquêteurs pour découvrir qui a kidnappé le chat de la mère Michel !
Une reine un peu ronchonne attend avec impatience que son valet lui apporte une galette. Elle l’interpelle : « Denis, savez-vous comment j’aime la galette ? », un dialogue surréaliste s’installe entre les deux protagonistes pour concevoir le gâteau le plus gourmand possible. Jusqu’à ce qu’un dernier ingrédient vienne tout faire basculer.
Savoureux album que La galette qui met en scène une jeune reine autoritaire et son valet Denis. Ces deux personnages se lancent dans une joute verbale de haut niveau pour créer une véritable galette des rois. L’ouvrage est drôle, inventif et surtout très rythmé. La reine et Denis se renvoient la balle pour le plus grand plaisir des lecteurs et lectrices qui voient la galette se transformer et devenir une véritable corne d’abondance sucrée. Si les dialogues sont irrésistibles, nous mettant l’eau à la bouche, on apprécie tout particulièrement le travail de collage effectué par Mathilde Brosset qui nous propose de véritables compositions bariolées. Se fabrique sous nos yeux un extravagant gâteau, fruit de la fantaisie et surtout de l’exigence un peu ridicule de la petite reine qui finira en charpie. Aussi, rien ne sert d’avoir les yeux plus gros que le ventre, et être reine ne prévient pas des catastrophes !
La forêt est en émoi : il paraît que le chat de la mère Michel a disparu ! Trois petits cochons décident de mener l’enquête pour mettre la main sur le terrible assassin. Dans les bois, chacun·e y va de son commentaire : il paraît que le voleur coasse, qu’il a un long nez ou de grosses mains. Sans réfléchir, celleux qui se sont autoproclamé·es justicier·ères décident de donner des leçons aux potentiel·les agresseur·euses. Au risque de se tromper ?
Après Boucle d’ours et La culotte du loup, Stéphane Servant et Laetitia Le Saux récidivent avec C’est qui les méchants ?, un album hilarant sur le pourtant très sérieux sujet de la délation. Ainsi, on se retrouve au milieu d’une sale affaire qui ébranle le petit monde qui peuple la forêt dessinée avec talent par Laetitia Le Saux : le chat de la mère Michel a disparu. Très vite, trois petits cochons tentent de retrouver l’agresseur. Là, tout s’emballe. Tous les habitants ont vu quelque chose et les accusations s’enchaînent, sans véritable preuve. D’abord, l’on pense à la grenouille à grande bouche — que les trois enquêteurs s’empressent d’écrabouiller —, puis on soupçonne le renard « parce qu’il a un grand nez » — pas de problèmes, il suffit de lui mettre une bonne raclée ! Stéphane Servant nous décrit avec talent le processus qui conduit à des lynchages en nous mettant en garde contre la justice populaire et la loi du talion. Truffé de références aux contes de fée (on retrouve tous les personnages mythiques qui peuplent nos imaginaires), l’ouvrage dénonce avec intelligence les chasses aux sorcières, qui existent encore aujourd’hui de manière réelle et virtuelle, et se fondent malheureusement bien souvent sur des clichés. L’album se termine d’ailleurs par une jolie pirouette qui tord le nez à un stéréotype qui a hanté la littérature jeunesse pendant longtemps : celui qui ramène à la mère Michel son chat n’est autre que… le grand méchant loup !
La galette![]() ![]() de Mathilde Brosset L’étagère du bas 15 €, 212×299 mm, 40 pages, imprimées en France, 2022. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
C’est qui les méchants ?![]() ![]() Texte de Stéphane Servant, illustré par Laetitia Le Saux Didier Jeunesse 13,50 €, 240×258 mm, 28 pages, imprimé en France, 2023. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |

Née au début des années 90s, tour à tour professeure, amoureuse de la vie, de la littérature, de la musique, des paysages (bourguignons de son enfance, mais pas que…), des films d’Agnès Varda, des vers de Cécile Coulon et des bulles de Brétecher. Elle a fait siens ces mots de Victor Hugo “Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent”.




