Qui est cette femme qui marche dans les rues ?
Où va-t-elle
Dans la nuit brouillard où souffle un hiver glacé,
Que fait-elle ?
Cachée par un grand foulard de soie,
A peine si l’on aperçoit la forme de son visage,
La ville est un désert blanc
Qu’elle traverse comme une ombre
Irréelle.
La mort (Barbara 1978)
Aujourd’hui 3 livres qui évoquent un sujet pas facile… la mort. Ça peut sembler étrange que je fasse une chronique entière sur ce sujet difficile, mais quand on y est confronté ce n’est pas évident à expliquer aux enfants. Heureusement les livres sont là pour nous y aider.
Maman est morte ce matin. Ainsi commence le chef d’œuvre La croûte. Le début est brutal, franc, on ne tourne pas autour du pot. Ce petit garçon vit le moment d’après, juste après la mort. Il y a le père qu’il faut consoler (et qui ne sait pas bien faire les tartines comme maman) et ce n’est pas une mince affaire. Et il y a maman qui s’en va, le petit garçon fait tout pour que restent son odeur et sa voix, fermer les fenêtres, ne plus rien écouter. Et puis il y a la croûte qui s’est formé suite à une chute. Cette croûte il faut l’entretenir, la réouvrir sans cesse pour qu’elle reste Je me dis que tant que le sang coulera, je garderai la voix.
L’album est assez dur, très triste. Il n’y a que peu de raison de sourire ici (généralement dans les livres pour enfants dont le sujet est difficile les auteurs nous rajoutent de petits détails drôles, pour reprendre une respiration, ici ils sont extrêmement rares). C’est triste presque sur toute la durée du livre mais c’est quand même très beau. Charlotte Moundlic a une écriture fabuleuse et son texte est une pure merveille. Elle sait faire ressortir toutes les émotions de ce petit garçon, elle lui fait faire toutes sortes de petites choses qui peuvent paraître très bêtes pour un adulte mais qui sont très touchantes et très poétiques. Les illustrations d’Olivier Tallec sont comme toujours un régal. C’est certainement le plus bel album que j’ai vu sur le sujet.
Aujourd’hui je suis venu tout seul, c’est ce que Rémy Doury dit à son frère en venant lui rendre visite. Il vient d’ailleurs souvent le voir. Sauf que Victor Doury n’est pas dans un lieu banal, il est dans un cimetière. C’est là qu’on va voir Rémy Doury grandir au fur et à mesure des pages, voir ses jeux changer, évoluer. Mais surtout le plus important pour lui c’est son carnet, il y note toutes sortes d’informations : il note les morts comme s’ils étaient ses élèves, il y écrit des réflexions, des mots à son frère. Ce carnet il le cache dans le cimetière et l’enrichit à chaque passage.
C’est encore un texte absolument magnifique, par contre ici l’humour est régulièrement au rendez vous. On prend vraiment beaucoup de plaisir à lire ce petit livre de la collection Mouchoir de poche dont nous vous avions déjà parlé, de petits ouvrages très esthétiques, dont toutes les pages sont noires et les textes et les illustrations sont blanches. C’est le parfait exemple du livre qui arrive à traiter avec légèreté d’un sujet grave, avec finesse et intelligence. C’est jamais plombant et pourtant fort. Toujours beau. L’enfant est le seul personnage du livre, il est seul avec les tombes et leurs occupants (parfois un adulte passe juste et lui reproche de prendre ses aises), on vit vraiment l’histoire à travers ses yeux, on l’accompagne.
On change complètement d’univers avec Les contes de Petite Souris, tout simplement parce qu’on ne s’adresse pas au même âge !
Un matin Petite Souris se rend compte que son poisson n’est plus dans son bocal, Dame Oiseau lui explique qu’il est parti faire son dernier voyage. Elle va donc tenter de le retrouver.
Ici c’est un livre CD et donc on s’adresse aux plus jeunes, elles sont mignonnes les aventures de cette Petite Souris, les illustrations de Jacinthe Lavoie (qui est aussi l’auteure du conte et la conteuse du CD) sont très douces. Même si j’ai été moins touché par ce dernier album, il a le mérite d’exister car c’est souvent aux petits que la mort est la plus dure à expliquer. Le conte Mon ami le poisson est suivi d’un autre très joli Le plus fort du monde, Petite souris part ici à la recherche de l’être qui serait le plus fort du monde mais chaque animal ou chaque élément qu’elle va rencontrer lui indiquera toujours un plus fort que lui, l’histoire ressemble beaucoup au classique La plus mignonne des petites souris.
Retrouvez d’autres livres sur le sujet de la mort sur le forum.
La croûte de Charlotte Moundlic, illustré par Olivier Tallec
Les albums du père Castor. 10€
Public : A leur lire / Lecteurs débutants
Je suis venu tout seul de Nicole Dedonder
møtus. 4,50€
Public : Lecteurs confirmés
Les contes de Petite Souris de Jacinthe Lavoie
Planète rebelle. 22€ (ou 9,99€ sur les sites de téléchargement légal)
Public : A leur lire /lecteurs débutants (l’éditeur indique 3 ans ++)
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A part ça ?
Puisque plus haut je parle d’Olivier Tallec, c’est l’occasion de vous indiquer le festival A pas contés qui aura lieu à Dijon du 20 février au 2 mars et où il sera présent. Au programme dédicaces d’auteurs, théatre, concert,… bref de quoi ravir les enfants à partir de 10 mois ! Plus d’info ici : http://www.apascontes.fr
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !