Avant que vous ne boucliez votre liste de Noël* je voulais absolument vous présenter Le grand arbre et autres histoires… seulement, j’avais du mal à trouver avec quels livres le chroniquer. En fait, les quatre histoires qu’il comporte parlent toutes, d’une manière ou d’une autre, d’aller vers l’autre… ça sera donc le thème de cette chronique.
Un homme très riche avait eu comme lubie d’acheter un arbre qu’il trouvait magnifique, il fallait donc le déplacer, il le voulait chez lui. Seulement les racines de l’arbre étaient liées à celles d’un arbrisseau, en coupant ces liens les deux mourraient. Le petit arbre appartenait à une vieille dame qui n’était pas prête à le vendre, mais qui allait changer la vie de l’homme.
Un petit garçon, fan de l’homme invisible, rencontre un jour un accordeur de piano aveugle. Pour ce dernier le petit garçon était tel que son héros, invisible. L’enfant décida de lui apprendre les couleurs. Une belle histoire entre les deux était née.
Un vieux lapin demandait chaque année trois jours de vie en plus à tous ses amis en cadeau d’anniversaire. Seulement les années passant, il se trouvait de plus en plus vieux et n’avait plus envie de ces bonus. Après avoir appris toutes ses connaissances de jardinier au jeune Touneuf il lui demanda de faire savoir à tout le monde que désormais il fallait lui offrir autre chose… et le laisser partir.
Léontine était si timide qu’elle se cachait sous un rideau de cheveux. Les autres se moquaient. Elle se souvenait à peine de son père, mort quand elle était petite, mais sa mère lui disait qu’elle avait ses cheveux, c’est dire l’importance pour elle de sa chevelure qu’elle n’avait jamais coupée. La rencontre avec Olaf allait changer sa vie.
Quatre histoires absolument magnifiques sont réunies ici dans un très bel album au beau papier et à la couverture épaisse. Rémi Courgeon aborde de nombreux thèmes : le partage, la transmission, l’amitié, l’amour, la timidité, les gens qui changent notre vie… C’est une super idée que d’avoir réuni ici ces quatre histoires. C’est typiquement le genre d’album qu’on garde précieusement, dont on se souvient encore une fois adulte (vous avez remarqué que les albums qui nous ont le plus marqués enfant sont des recueils d’histoires ?). Les illustrations de Rémi Courgeon sont superbes et il fait passer de très beaux messages dans ses histoires pleines de sens. Un magnifique album, cadeau parfait pour les fêtes de fin d’année.
Nahum était un jeune berger. Il s’était un peu perdu dans le désert, au milieu de la tempête de sable. Son seul agneau avait disparu. Pas de doute, le vent l’avait emporté et il était passé derrière le grand mur qui bordait le désert. Personne ne savait ce qu’il y avait derrière ce mur. L’océan pour certains, un monde d’autrefois rempli de bêtes féroces pour d’autres. Et si Nahum allait voir par lui-même ce qu’il y avait derrière ce mur et qui y vivait ?
Le mur est un magnifique album signé François Aubin. Ici, on parle de l’inconnu, de la peur qu’il déclenche en nous, on parle aussi des frontières, de la peur de celui qui est de l’autre côté de la barrière. La première rencontre entre Nahum et celui qui vit derrière le mur donne lieu à une double planche sans texte, juste les deux visages qui se découvrent l’un l’autre. Vraiment très beau.
C’est un jour de pluie que Mélina est arrivée dans l’école. Les enfants attendaient qu’il se passe enfin quelque chose dans leurs journées monotones, c’est une jeune fille de passage qui allait mettre du piment dans leur journée. Car Mélina n’était pas faite pour rester, avec ses parents elle bougeait tout le temps, d’où le nom qu’on leur donnait « gens du voyage ». Pourtant se poser de temps en temps serait agréable, mais comment faire quand on se fait traiter de voleur de poules, que les gens font tout pour vous faire partir ? Les héros de cette histoire ne comprennent pas… surtout qu’ils n’ont pas de poule à voler. Eux aimeraient que Mélina reste un peu avec eux…
Ah, les mots d’Alice Brière-Haquet… son écriture si poétique. Ici encore, elle nous raconte avec une infinie poésie, beaucoup de délicatesse cette histoire de gens qui refusent d’accepter ceux qui sont différents d’eaux, d’enfants qui ne comprennent pas la haine des adultes. Les jolies illustrations de Leïla Brient (bien que parfois un peu trop numériques à mon goût, mais c’est personnel) accompagnent parfaitement ce très joli texte. Une belle histoire pour rappeler la bêtise humaine et les a priori idiots.
Elle le voyait souvent sur son banc, ce vieux monsieur un peu original. L’air un peu triste il restait là à parler aux oiseaux. Elle avait même décidé de lui donner un nom : Marcello. Et malgré qu’on lui ai dit de se méfier (il faut toujours se méfier des originaux), elle avait décidé de lui parler. Très vite, ces deux-là se sont liés, il a commencé à sourire, mais il fallait surtout garder cette amitié secrète, que penseraient les parents…
Ici aussi, c’est une très belle histoire sur l’amitié que nous raconte Séverine Vidal. L’amitié transgénérationnelle, en se moquant des a priori et des on-dit. Parfois, il faut désobéir aux adultes, ne pas se fier à leurs peurs. Parfois, les enfants ont raison de ne pas voir le mal partout. Peu importe l’âge, peu importe le sexe, peu importe l’apparence quand on a un ami (qui rit tout le temps de surcroît).
Le même vu par Le tiroir à histoires.
Dans la classe de Simon, il y a Naslat. Simon ne voit qu’elle même si elle ne le regarde pas. Simon est ailleurs, il pense à Naslat, la petite fille pas toujours très sage et à qui il n’ose pas donner la main quand le maître demande de se mettre deux par deux. La jolie Naslat qu’il observe en cachette. Un jour peut-être que Simon osera dire à Naslat qu’il est amoureux d’elle.
Dans la classe de Naslat il y a Simon, celui que personne ne voit tellement il est timide, mais Naslat, elle, ne voit que lui. Parfois Naslat semble dans la lune, mais elle pense à Simon, elle pense qu’elle aimerait bien qu’il la regarde, elle pense qu’elle aimerait bien qu’il lui donne la main quand le maître demande de se mettre deux par deux. Naslat rêve, un jour peut-être qu’elle osera dire à Simon qu’elle est amoureuse de lui.
Simon et Naslat est un livre qui se lit dans les deux sens, d’un côté l’histoire de Simon, de l’autre celle de Naslat. Deux histoires qui nous montrent en parallèle deux personnages qui n’osent pas aller vers l’autre (alors qu’ils sont amoureux l’un de l’autre). Le texte d’Hélène Rice est très sensible, poétique, plein de douceur. Les illustrations de Ninamasina accompagnent avec beaucoup de délicatesse ce bien joli texte. Parfois, il faut oser aller vers l’autre…
Le même vu par Enfantipages.
*il y aura encore des idées cadeaux lundi prochain donc ne bouclez pas encore !
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué des livres de Rémi Courgeon (Contes d’Afrique, Pieds nus, Toujours debout, Pas de ciel sans oiseaux et Elvis Presley), François Aubin (Ma maison de nuit), Alice Brière-Haquet (Pierre la Lune, Une vie en bleu, Aliens mode d’emploi, Dis-moi l’oiseau, Le peintre des drapeaux, Paul, A quoi rêve un pissenlit ?, Perdu !, et Mademoiselle Tricotin), Leïla Brient (Les écharpes de Mamie Berthe), Séverine Vidal (55 oiseaux, Prune et l’argent de poche, Une girafe un peu toquée, Bad Lino, L’œil du pigeon, Au pays des vents si chauds, Petit Minus, Le laboureur de nuages & autres petits métiers imaginaires, La grande collection, Mon papa est zarzouilleur, Clovis & le pain d’épices, Rien qu’une fois, Philo mène la danse, Plus jamais petite, Comment j’ai connu papa, Arsène veut grandir, Lâcher sa main, Rouge Bitume, Comme une plume, J’attends Mamy, Roulette Russe tome 1 Noël en juillet, Je n’irai pas, Léontine, princesse en salopette, Mamythologie, On n’a rien vu venir, Du fil à retordre, Prune, tome 1 : La grosse rumeur, Prune, tome 2 : Le fils de la nouvelle fiancée de papa, Prune, tome 3 : Prune et la colo d’enfer, 5h22, Les petites marées et La meilleure nuit de tous les temps) et Vanessa Hié (Le carnaval des animaux). Retrouvez aussi nos interviews d’Alice Brière-Haquet, de Rémi Courgeon et de Séverine Vidal.
Le grand arbre et autres histoires de Rémi Courgeon Mango Jeunesse 19,50€, 210×285 mm, 106 pages, imprimé en Slovénie, 2013. |
Le mur de François Aubin Points de suspension 15€, 200×230 mm, 40 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2013. |
Mélina Texte d’Alice Brière-Haquet, illustré par Leïla Brient Les p’tits bérets dans la collection À grands pas 13,50€, 187×267 mm, 32 pages, imprimé en France, 2013. |
Mon secret rit tout le temps Texte de Séverine Vidal, illustré par Vanessa Hié Kilowatt 12,90€, 197×267 mm, 24 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2013. |
Simon et Naslat Texte de Hélène Rice, illustré par Ninamasina Philomèle 13€, 155×215 mm, 40 pages, imprimé en Bulgarie, 2013. |
A part ça ?
Maman Baobab raconte son Montreuil (dans lequel je suis un peu présent…) c’est ici !
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Le problème c’est que ma liste de Noël n’est pas du tout finie et s’ allonge chaque jour en passant ici 🙂
ahahahaha ! Désolé…
Quelle belle chronique !
Merci pour cette présentation de livres à se procurer de toute urgence.