A Vinaigrette-sur-Loire, on trouve la Rue de l’Articho. 16 illustrateurs très différents nous la présentent. C’est une rue très commerçante. On y trouve un boucher (Yassine), un pharmacien (Arnaud Boutin), un vendeur de farces et attrapes (Estocafich), un fromager (Vincent Pianina), une fleuriste (Nathalie Lété), un bazar (Delphine Durand), un magasin de sport (Lily Scratchy), un autre de jeux vidéos (Postics), un marchand de jouets (Vincent Mathy), un chausseur (Christian Aubrun), un poissonnier (Espen Friberg), un boulanger (Benjamin Chaud), une vendeuse de vêtements (Florie Saint-Val), une animalerie (Anouk Ricard), un libraire (Charles Dutertre) et un primeur (Chamo). Ça fait du monde j’en conviens ! Et ça donne donc lieu à un festival de couleurs et d’illustrations variées, souvent pleines d’humour. Le texte se résume à ce qu’on peut lire sur les vitrines à droite, et à la page de publicité de chaque magasin qui vante les mérites du commerce. C’est plein de jeux de mots, de produits farfelus, et de détails croustillants. Dans la vitrine de la librairie, qui a l’air d’être indépendante, soit dit en passant…), on retrouve par exemple des livres connus alors que l’animalerie propose des lapins myopes, des araignées funk, ou un caniche du Bengale. Et vous n’êtes pas au bout de vos surprises.
Même si de prime abord, j’ai pu penser que c’était une ode à la surconsommation, je l’ai finalement saisi dans l’autre sens : les illustrateurs, tous membres de l’association Articho qui vise à réunir des artistes d’horizons différents autour de l’image, se moquent finalement de toutes ces réclames, réductions, et stratégies plus farfelues les unes que les autres pour appâter le chaland !
On change de trottoir, pour se rendre Dans ma rue avec Rémi Saillard. Pas de mots, mais la force de l’illustration et de la trouvaille visuelle, et comme d’habitude, j’aime ces originalités. Le seul souci que je rencontre avec ce goût pour les livres un peu particuliers dans leur forme, c’est la difficulté que j’ai à être aussi claire que possible dans mes explications. Je me lance !
Dans ma rue, c’est donc une promenade dans cette allée résidentielle, de bâtiment en bâtiment. On démarre par la façade d’une petite maison à deux étages. On y observe des personnages : une dame qui regarde par la fenêtre, une jeune fille qui lit, un garçon qui s’avance d’un pas décidé vers l’arbre du jardin en tenant un nichoir dans ces bras, un homme marteau à la main et bleu de travail sur le dos… Sur cette page, deux trous.
On tourne la page, et comme par magie, on se retrouve à l’intérieur de la même maison, quelques minutes plus tard : on observe alors l’intérieur des pièces. Le temps a passé, les personnages ont bougé. La dame est affairée à soigner le doigt de l’homme (aïe le marteau), la jeune fille donne à manger au chien, le nichoir est en place et le petit garçon arrivé au grenier. On tourne de nouveau la page, et nous voici cette fois devant la façade de l’immeuble mitoyen. Et ainsi de suite, toujours sur le même principe. Tout au long des pages, on retrouve plusieurs détails : des personnages, mais aussi une cigale qui porte un baluchon, des oiseaux, des animaux…
J’aime beaucoup à la fois les traits et la fraîcheur des illustrations de Rémi Saillard (qui a aussi dessiné pour la presse, et dont j’ai reconnu immédiatement la marque, puisqu’il illustre plusieurs des magazines que je lisais enfant), mais également toute cette richesse visuelle. En écrivant la chronique, j’en découvre encore. Un beau support à la jolie couverture en relief cartonné, pour imaginer, discuter, et s’inventer les histoires de cette rue. Dans ces cas-là, le lecteur est auteur finalement, et j’aime cette idée !
Rue de l’Articho de Yassine, Arnaud Boutin, Estocafich, Vincent Pianina, Nathalie Lété, Delphine Durand, Lili Scratchy, Postics, Vincent Mathy, Christian Aubrun, Espen Friberg, Benjamin Chaud, Florie Saint-Val, Anouk Ricard, Charles Dutertre, Chamo Thierry Magnier 18 € |
Dans ma rue de Rémi Saillard Escabelle 12,90 € |
———————————————————————————————————————
A part ça ?
Une courte histoire d’amitié entre une marionnette de bois et un oiseau, c’est lumineux et poétique. Alors pourquoi s’en priver ?
Marianne
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Très jolie vidéo … Merci … Je partage sur mon FB …