Le prix Collidram est un prix de littérature dramatique remis par des collégiens. Chaque année, des élèves de collège (de la 6ème à la 3ème) de toute la France élisent ainsi leur pièce préférée. J’ai découvert ce prix dans l’émission de Véronique Soulé, Écoute, il y a un éléphant dans le jardin (où des classes participant au prix viennent partager leurs impressions) et j’ai eu envie de lire les quatre pièces finalistes. J’ai été assez surpris que les quatre pièces abordent des thèmes aussi forts (guerre et travestissement, viol, mort d’une mère, Alzheimer)
Un petit avertissement tout d’abord. Travaillant à l’école des loisirs depuis bientôt un an, je refuse, bien évidemment, de chroniquer les ouvrages d’une maison qui me paye. Or là, en chroniquant les quatre pièces nominées pour le prix Collidram il était impossible de faire l’impasse sur l’une des quatre. J’espère que vous comprendrez cette incartade et que mon avis vous semblera quand même objectif.
Alors que Monseigneur s’apprête à partir à la guerre, Christine découvre les plans de son père en ce qui la concerne. Il décidé qu’elle rentrerait au couvent. Son frère adoptif, lui, partira à la guerre ce qui ne le ravit pas vraiment. Ils vont décider de changer le destin.
Sous l’armure de Catherine Anne est une pièce particulièrement intéressante en cette période où une poignée d’imbéciles ont décidé qu’on ne pouvait pas, en littérature jeunesse, représenter des filles ou des garçons qui ne ressemblent pas à une caricature de leur sexe. Ici, Christine va s’habiller en homme pour aller combattre auprès de son père plutôt que d’entrer au couvent. Il sera aussi question d’une quête et d’un dragon. La langue est parfois déroutante mais l’histoire est captivante.
Une très belle pièce entre histoire chevaleresque et récit fantastique.
Au bois il y a le loup. Il y a aussi la grand-mère et la petite fille doit aller la voir. Et il y a également un chasseur…
L’histoire est connue mais la façon dont elle est traitée ici est particulièrement originale… je dirai même déconcertante. J’avoue que c’est cette pièce qui m’a donné envie de faire cette chronique. C’est en entendant les collégiens en parler dans Écoute il y a un éléphant dans le jardin que j’ai eu envie de parler de théâtre et du prix Collidram. Le sujet semblait passionnant (une jeune fille abusée sexuellement par quelqu’un de plus dangereux que le loup). Mais je suis totalement passé à côté… Ici pas de ponctuation, pas d’indication sur qui parle (au metteur en scène ou à la metteuse en scène de choisir)… et moi j’ai pas réussi à rentrer dedans. Par contre, ça m’a donné particulièrement envie d’en voir une représentation, pour voir ce qu’une troupe pouvait en faire. Le langage est souvent cru, la scène de viol assez dure… j’aurai aimé aimer ce texte.
Une femme, un homme, leur fille. La mère s’est noyée lors de vacances (on pense évidemment au tsunami), la fille est devenue climatologue, le père tente de continuer à vivre. La mère se pose beaucoup de question… Retrouvera-t-on un jour son corps ? Où est sa fille à présent ?
On continue donc dans les sujets joyeux avec cette pièce très forte, Atlantides de Jean-René Lemoine. Un texte court (quinze pages) mais marquant. On parle donc ici du deuil, de la reconstruction. La mère est extrêmement présente dans le texte, et il est difficile de rester insensible au personnage.
La pièce est suivie, dans l’ouvrage, d’une autre, Le Voyage vers Grand-Rivière. Cette seconde pièce s’adresse aux plus jeunes. Il y est question d’une fille élevée par son père qui veut retrouver sa mère partie dans un monde étrange. J’ai trouvé ce texte particulièrement intéressant.
Il est très vieux, elle est très vieille. Elle perd la tête, il veille sur elle. Elle se croit princesse, petite fille. Il décide qu’ils vont apprendre le sioux pour stimuler leur mémoire.
Cette dernière pièce, la dernière que j’ai lue est celle qui m’a le plus touché. La Princesse, l’Ailleurs et les Sioux parle de la vieillesse, de la sénilité (on pourrait même dire Alzeihmer). Elle ne sait plus qui elle est, elle se découvre parfois vieille, apprend qu’elle a des enfants. Son mari tente d’empêcher l’esprit de sa femme de s’en aller. C’est extrêmement fort, la fin est bouleversante, c’est sans nul doute le texte qui m’a le plus touché.
Lorsque j’ai commencé à écrire cette chronique je ne savais pas que le résultat du prix avait été donné. J’ai donc lu les pièces sans savoir quelle était la pièce gagnante. Je trouve amusant de constater que c’est celle qui m’a le moins plu, Au bois de Claudine Galea.
Plus d’informations sur le prix Collidram sur le site de l’association Postures.
Écoutez l’émission Écoute, il y a un éléphant dans le jardin spéciale Collidram ici.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué des pièces de théâtre (Mon frère, ma princesse, Huit farces pour collégiens et Sept farces pour écoliers) et également un ouvrage de Claudine Galea (À mes amourEs).
Sous l’armure Texte de Catherine Anne l’école des loisirs dans la collection théâtre 7 €, 125×190 mm, 79 pages, imprimé en France, 2013. |
Au bois Texte de Claudine Galea Éditions Espace 34 dans la collection Espace Théâtre 12,50 €, 130×210 mm, 72 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2014. |
Atlantides, suivi de Le Voyage vers Grand-Rivière Texte de Jean-René Lemoine Les solitaires intempestifs dans la collection Jeunesse 9 €, 110×175 mm, 61 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2014. |
La princesse, l’ailleurs et les Sioux Texte de Stanislas Cotton Éditions Théâtrales dans la collection Répertoire contemporain 11 €, 150×210 mm, 41 pages, imprimé en France, 2013. |
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !